L’agriculture héraultaise se lance dans l’alternance

Des agriculteurs Héraultais utilisent une nouvelle technique de travail du sol pour favoriser un équilibre écologique naturel.

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Dans l’Hérault, quelques agriculteurs se mettent à l’agriculture dite de conservation, déjà bien présente au Brésil, mais encore marginale dans le sud de la France. Fini le labour traditionnel. Tenez-vous bien ! Place… à la TCS, au SD et au SDCV ! Le labour, bien qu’encore pratiqué dans 80 % des exploitations françaises, connaît une forme plus simplifiée avec la TCS, technique culturale simplifiée. « La terre n’est plus creusée en profondeur, elle est travaillée superficiellement », explique Christophe Muret, viticulteur à Castelnau-de-Guers, près de Pézenas. Il a déjà adopté cette technique et, dès les prochaines cultures de blé, il passera aux SD, semis directs, et aux SDCV, semis directs sous couverture végétale. Ces deux méthodes, encore très rares, ne concernent qu’un pourcent des surfaces en France. Les agriculteurs languedociens convertis se comptent sur les doigts de la main.

Des réductions d’engrais et de désherbants

Comme son nom l’indique, le SD consiste à replanter sans le moindre labour. Entre deux cultures, il faut planter une couverture végétale (SDCV) afin de permettre la rotation de la terre. Une fois la vigne taillée, Christophe Muret passe du temps devant l’ordinateur ; il se documente. Des entreprises spécialisées lui fournissent une documentation importante. Il a déjà cette certitude : le passage à cette agriculture s’impose par « nécessités économiques et écologiques ». Entre deux cultures de blé – une graminée – une légumineuse est plantée pour fixer l’azote par ses racines. Ce gaz capté dans l’air est restitué à la terre à la destruction de cette couverture. Le blé, au moment de la pousse, bénéficie de cet apport en azote. Les choix du couvert, très nombreux, dépendent du climat et de la nature du sol.

L’impact écologique, plus difficile à apprécier reste notoire. Une réduction de l’érosion se mesure par effet des vers de terre et des racines qui laissent la possibilité à l’eau de s’écouler. En un mot « la terre retrouve un rythme de vie plus naturelle, équivalent à celui d’une prairie ».

Les premières années, le rendement s’infléchit légèrement, compensé en parti par des gains de productivité : moins de main d’oeuvre et utilisation réduite de machines agricoles. Christophe Muret estime, pour sa part, économiser cinquante litres de gazole par hectare, mais également réduire les engrais et les désherbants. Ces économies sont tant financières qu’écologiques.

Le retour sur investissement s’effectue, normalement, au bout de la quatrième année. A ce terme, les agriculteurs escomptent un gain d’environ 10% de leur productivité.

Avec ces nouvelles techniques, l’agriculteur se met au vert en préservant ses marges et sa production.

Sale temps pour les OGM

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Jeudi 31 janvier, dans la matinée, place du Nombre d’Or à Antigone, un ensemble d’organisations anti-OGM[[Avec Greenpeace, ATTAC, les Faucheurs volontaires, Agir pour l’environnement, la Confédération paysanne, l’UNAF]] a lancé un appel national pour la liberté et le droit de vivre et produire sans organismes génétiquement modifiés. Ils mettent en garde la société civile face au projet de loi examiné au Sénat entre le 5 et le 8 février. Selon eux, ce texte qui prétend organiser la coexistence entre filières OGM et non OGM ne correspond pas aux attentes du Grenelle de l’environnement ni à la clause de sauvegarde qui vise le maïs OGM Monsanto 810. La réglementation européenne n’est pas non plus respectée. Ils rappellent les propos de Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie et du développement durable : « sur les OGM, tout le monde est d’accord : on ne peut pas contrôler la dissémination. Donc, on ne va pas prendre de risque »[[Le Monde 21 septembre 2007]].

Jean Sabench, membre de la Confédération Paysanne de l’Hérault explique que « le projet de loi organise la pollution généralisée ». La consommation de pesticides, réduite les trois premières années dans les cultures d’organismes génétiquement modifiés, monte en flèche par la suite. Jean Sabench met directement en cause le parlement qu’il assimile à une « chambre de commerce à la solde de l’industrie agro-alimentaire ». La coexistence entre filière OGM et non OGM est impossible selon les signataires de l’appel. Un champ « propre » contaminé est dévalué, des agriculteurs biologiques ont ainsi perdu qualification et clientèle en raison de la dissémination. Le principe même de la propriété privée paraît ainsi en jeu. Autrement dit, si les « promoteurs des OGM veulent exercer leur liberté d’entreprendre sans remettre en cause celle d’autrui, ils doivent faire en sorte de ne provoquer aucune contamination. En conséquence, la loi doit garantir l’indemnisation de tout préjudice remettant en cause la possibilité d’étiqueter sans OGM, c’est-à-dire toute contamination dépassant le seuil de détection ». Tous les opérateurs de la filière OGM doivent être solidairement responsables, à l’image de la condamnation de Total lors du procès de l’Erika.

Les faucheurs volontaires risquent deux ans de prison

Les signataires de l’appel ont tenu à saluer le grand succès de l’opération « Caravane STOP OGM 34 » qui a parcouru le département pour sensibiliser la population. Un millier de signatures a été récolté en deux semaines et la pétition remise aux hommes politiques locaux. Cette réussite confirme la statistique selon laquelle « 80% des Français ne veulent pas d’OGM ». Jean-François Roux, faucheur volontaire, regrette que « la plupart des politiques se cachent derrière les expertises scientifiques. Jusqu’à aujourd’hui, ils ont tout fait pour faire passer la loi sur la coexistence de la manière la plus extensible possible ». Cela a provoqué sa récente grève de la faim aux cotés de José Bové pour faire appliquer les mesures du Grenelle de l’environnement. La Haute Autorité sur les OGM leur a donné raison.

Les associations écolos se plaignent au passage de la crise démocratique que révèle la problématique des OGM. Cumul des mandats oblige, les parlementaires élus locaux prennent rarement le temps de dialoguer avec eux. Jean-François Roux estime que les élus sont « les instruments des lobbies OGM, des néolibéraux positivistes à la Claude Allègre avec des positions attardées autour du productivisme ». Face à ces critiques, Jacques Domergue, député UMP, a assuré que chacun votera pour le projet de loi « en son âme et conscience ».

Les peines contre les faucheurs se sont par ailleurs durcies, ils risquent deux ans ferme comme Jean-Baptiste Libouban, fondateur historique des Faucheurs volontaires, convoqué le 12 février au tribunal de grande instance de Montpellier. Elles sont encore plus importantes contre les fauchages de champs réservés à la recherche. Les organisations débattent en interne sur le problème de la destruction de plans thérapeutiques tout en précisant que les médicaments peuvent être fabriqués en laboratoire, sans modification génétique, ce qui est par exemple le cas pour le traitement de la mucoviscidose.

Fred Baldy, membre d’ATTAC, a enfin posé la question du choix de société mondiale dans laquelle nous souhaitons vivre. Il a vivement dénoncé la doctrine selon laquelle « pour faire du profit, il faut marchandiser le vivant ». Puis conclut : « si gouverner c’est prévoir, on demande juste aux gouvernants de penser loin ».

Un potier marginal se retire en terre d’Hérault

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Son garage abrite une ancienne chapelle à Saint-Jean-de-Fos. Sur l’avenue du Monument aux Morts, bordée de platanes couleur safran, le potier Mathieu Duval s’est trouvé un havre de paix. Son atelier, Le Corbeau Bleu, projette une lumière chaleureuse sur l’allée déserte où souffle un vent glacial. On a envie de s’y réfugier. A l’intérieur, des photophores en terre cuite se balancent dans l’air, suspendus à un fil. L’artiste expose ses dernières pièces sur des plaques en bois. Pas unes ne se ressemblent. Une véritable caverne d’Ali Baba. Ici et là s’entreposent coupes, boîtes, cendriers, tasses, théières et jeu d’échecs. Une fontaine aux têtes de dragon interpelle le regard. Les monstres aux gueules béantes s’apprêtent à recevoir le filet d’eau, toutes dents dehors. Derrière l’étagère, des pièces cuisent dans le four. Il faut bien suivre les vis le long du parquet pour atteindre le plan de travail sans faire trembler la machine. Le faïencier pétrit l’argile rouge. Il ignore encore quelle forme elle prendra. Les résidus collent au sol, et renvoient un doux reflet cuivré. Il s’installe ensuite devant le tour ; pendant dix minutes, la pâte se modèle sous ses mains. « La terre concentre les quatre éléments à la fois. Elle a quelque chose de magique. » Mathieu verse de l’eau sur la boule rouge, et la rend ainsi malléable. Cette étape terminée, le modèle sèche à l’air libre. Il cuit une première fois avant que son inventeur ne le colore. Le travail des émaux parait complexe. Une histoire de réactions chimiques, semble t-il. Peu importe, cela ne le décourage pas. Il se rappelle des cours de science, sur les bancs du lycée. Il ne reste plus qu’à plonger l’œuvre d’art dans le four pour la deuxième tournée. Et le résultat est là… Ou pas. Les pots cassés atterrissent au même endroit et demeurent bien en vue, comme pour un rappel à l’ordre.

Ni feuille, ni raisin.

Ce curieux personnage s’est installé dans le lieu qu’il appelle « ma grotte » depuis juin 2006. Habitant à 5 km de là, il se rend chaque jour en stop au village. Ses confrères l’ont enfin accepté. Entre eux, la concurrence est rude. Saint-Jean-de-Fos est réputé pour sa poterie traditionnelle. Désertée l’hiver, la commune accueille durant la période estivale Anglais, Allemands et Hollandais. En sillonnant les ruelles, les pancartes de potiers se succèdent. Aucun autre commerce à l’horizon. Mais le petit jeune du patelin, comme le surnomment les autres, n’a pas à s’en faire. Ses œuvres sont différentes. Ni feuille de vigne, ni grappe de raisin ne les décorent. Toutes sont originales et uniques. « Une pièce a son histoire. Je travaille beaucoup sur le côté instinctif. » Depuis le début, cet autodidacte tourne le dos à la reproduction en série. Il commence dès l’âge de 15 ans à suivre des cours de poterie à Paris. Ca fait 10 ans qu’il est dans le métier. Sa marque de fabrique ? Le photophore. Sur une musique du groupe General Electric, la tension est à son comble. « Ca réveille la machine qui est en moi », murmure t-il dans un sourire. La matière reste encore molle. Le geste précis et l’œil concentré, il manie le scalpel avec une adresse redoutable. Un travail d’orfèvre.
Finalement, cet homme solitaire a eu raison de quitter la capitale. Ici, au calme, il prend le temps de laisser libre court à son imagination, pour son plaisir. Juste pour le plaisir.

Atelier Le Corbeau Bleu,
21 rue du Monument aux Morts,
34 150 St Jean de Fos