Entre Métropole et Département : le Domaine d’O divisé

Le théâtre d’O va-t-il devoir fermer ? Un an après la signature de l’accord de transfert de compétences entre le département de l’Hérault et la Métropole de Montpellier, la situation reste encore floue pour le Domaine d’O.

Le Domaine d’O scindé en deux : voilà la conséquence du transfert de compétences signé en décembre 2016 entre Philippe Saurel, maire de Montpellier et Kléber Mesquida, président du département de l’Hérault. Le Nord du Domaine, avec l’amphithéâtre, le théâtre Jean-Claude Carrière et la pinède, sera transféré à la Métropole à compter du 1er janvier 2018. Et le Sud, avec le parc classé monument historique et le théâtre d’O, restera au Département.

Après des négociations tendues, Département et Métropole s’étaient finalement accordés sur le transfert de la compétence culture, fin décembre 2016. Marion Brunel, responsable communication et directrice de pôle adjointe du Domaine d’O se remémore les conditions de cet accord : « les spectateurs se sont constitués en collectif pour que le transfert de compétences aboutisse dans les meilleures conditions. Un accord entre la Métropole et l’Hérault n’était pas assuré à l’époque ».

« Grâce à EPIC, nous conservons notre indépendance et notre stabilité » – Valérie Daveneau

Valérie Daveneau, directrice générale par intérim du Domaine d’O, se satisfait de l’issue favorable des négociations, car la programmation n’en ressort pas amputée. La pérennité du fonctionnement et de l’activité culturelle du Domaine ainsi que la préservation des subventions est assurée : « grâce au statut d’EPIC (Établissement public industriel et commercial, [ndlr]), nous conservons notre indépendance et notre stabilité ». Elle est plus inquiète sur le sort qui sera réservé au Théâtre d’O : « nous espérons qu’il restera un lieu de culture, mais rien n’est encore sûr ». En clair, ce théâtre, lieu de création pour les petites compagnies et programmant des spectacles plus intimistes, voit son avenir compromis par le transfert de compétences.

« Dans tous ces jeux de pouvoir, le peuple est oublié » – Éva Loyer

Pour Éva Loyer, secrétaire générale de la CGT spectacle en Languedoc-Roussillon, les résidences d’artistes qui avaient lieu au Théâtre d’O sont en péril. La syndicaliste déplore le déménagement des salariés, recentrés sur le Nord du Domaine, dans des locaux qui « ne correspondent pas aux besoins de l’activité ». Selon elle, cette « tambouille politique » en oublie le bien commun, à savoir le public : « dans tous ces jeux de pouvoir, le peuple est oublié ».
Elle espère désormais que Jean Varela, directeur du Printemps des comédiens, pourra négocier au mieux pour sauver le Théâtre d’O par des conventions d’occupation. La perspective est plutôt optimiste en vue des événements déjà programmés en ce lieu jusqu’à la fin de l’année. Mais les victimes pourraient se trouver dans le domaine social en vue des deux autres compétences transférées : le fonds de solidarité pour le logement (FSL) et le fonds d’aide aux jeunes en difficulté (FAJ). Histoire à suivre de très près.

« Le bio doit être une agriculture de conviction, pas d’opportunistes »

Dans l’Hérault, 6 000 hectares de vignes ont été converties au bio ces dernières années. Préservation de l’environnement, raisons de santé, mais aussi motivations plus philosophiques… Paroles de vignerons pour qui le bio est un choix de vie.

« Ou on fait du bio, ou on fait de la chimie ». Les mots de Jean-Claude Daumond se distillent dans chaque cuve biologique du bassin montpelliérain. Au domaine Folle Avoine à Vendargues, la vigne macère de raisons sanitaires quand au domaine Clavel à Assas elle se bonifie d’ écologie. Mais partout, la grappe biologique se vinifie à partir de principes plus profonds.

Au tournant de cette conversion, divers éléments décisifs rentrent en compte. Les motivations du passage au bio sont hétéroclites mais les vignerons se retrouvent sur des fondamentaux ou autour des enjeux sanitaires et environnementaux, ainsi que sur des convictions d’ordre plus philosophique.

Les vignerons bio de l’Hérault que nous avons rencontrés ont le verbe fort. Ils dénoncent une viticulture conventionnelle « violente et industrielle ». Et pointent des risques majeurs pour la santé comme pour les ressources du terroir. D’où leur volonté d’en revenir aux sources authentiques de la viticulture traditionnelle.

Un enjeu de santé publique

« J’ai commencé dans la culture biologique à cause d’une intoxication à un produit chimique  », explique Jean-Claude Daumond, vigneron bio depuis trente ans, tombé malade en inhalant un insecticide. Viticulteur à Vendargues, il se souvient de sa conversion au bio : « Avant 1984, ça commençait un peu à me trotter dans la tête. Et puis j’ai eu pleins de problèmes de santé et ça a été le facteur déclenchant. » Il atteste avoir souffert de problèmes de foie, de peau, d’articulation, d’allergies « à tour de bras » et d’asthme.

En cause dans son cas, l’organophosphoré, un produit phytosanitaire utilisé fréquemment dans la viticulture dite conventionnelle. Selon l’enquête « Apache » de l’association Générations Futures de 2013, ce pesticide présente des effets sur la santé, et notamment sur les personnes qui les emploient telles que les vignerons. Mais, pendant des années, une omerta régnait autour de ce problème sanitaire. À l’époque de la maladie de Jean-Claude, la responsabilité de ces produits sur le plan médical n’était pas reconnue : « On ne parlait pas du danger des pesticides, on supposait seulement. » Chez lui, la pratique de la viticulture biologique s’inscrit dans une démarche sanitaire et soulève un véritable enjeu de santé publique : « Autant pour l’utilisateur que le consommateur, ça peut altérer la santé.  »

Moins catégorique, Virgile Joly, viticulteur du domaine éponyme de Saint-Saturnin-de-Lucian, affirme à son tour que la santé « est un facteur déterminant dans la conversion au bio, sans en être la raison première ». Il poursuit son raisonnement : « Le bio est moins nocif. Il en va de la sécurité du consommateur et de la mienne, car je suis le premier exposé. C’est une mesure de prévention. »

Préserver les ressources du sol

« Il s’agit de la santé des consommateurs, de ma santé personnelle et de celle de mon terroir  », renchérit Francis Bouys, vigneron de Saint Vincent de Barbeyrargues. Selon lui, diminuer les risques sanitaires et préserver l’environnement vont de pair. Son profond attachement à la terre constitue un élément fondamental de sa conversion. Il dit s’être mis à l’agriculture biologique « par amour du terroir qu’on nous a laissé et qu’on essaie de continuer à entretenir avec une bonne morale ». À Assas, Pierre Clavel ne parle pas de terroir mais de territoire : « Il faut être fort pour préserver les territoires viticoles des villes qui grignotent petit à petit. » Jean-Claude Daumond évoque plutôt un « état d’esprit » : « Il y a eu une prise de conscience et je suis en accord avec mes idées (…) sinon tu n’as plus de liens avec la terre. » Ce rapport au sol revêt une éthique environnementale certaine chez ces vignerons.

Au domaine Clavel, les motivations de la conversion au bio ont été « essentiellement environnementales ». « Avant 2007 (année de la certification Ecocert, ndlr), nos pratiques étaient déjà proches du bio » assure Pierre Clavel. Pour ce vigneron du Pic Saint-Loup, l’agriculture biologique permet de préserver les ressources et le potentiel des sols vivants, « et non pas les sols chimiques qui sont l’apanage de l’agri-industrie  ». Son refus d’employer des produits de synthèse pour traiter ses vignes tend à contribuer à la pérennisation de la biodiversité. Avec ce bémol que souligne Jean-Claude Daumond : « Le bio pur, ça n’existe pas. L’environnement extérieur, je ne peux pas le maîtriser. »

« Une agriculture de conviction »

Opter pour la viticulture biologique ne se réduit pas au simple rejet des pesticides : elle s’accompagne de pratiques plus larges. Pierre Clavel a par exemple équipé son domaine de panneaux photovoltaïques. Les bouchons en liège qu’il utilise proviennent de forêts gérées durablement. « Il s’agit de toute une démarche dans laquelle on s’est inscrit depuis des années » précise-t-il, « nous avons ça vissé au fond de nos tripes !  » Il martèle : « On revient à des choses simples, des compréhensions des cycles de la vie, des cycles lunaires…  » Au domaine Folle Avoine de Vendargues, la vigne est cultivée de manière traditionnelle. Le désherbage est mécanique voire manuel, et le compost a remplacé depuis trente ans les produits chimiques.

Au-delà de la technique bio, ces vignerons sont d’abord habités par une philosophie et un mode de vie. Jean-Claude Daumond accuse ainsi  : « Je voudrais mettre sur mes étiquettes « agriculture non violente », car aujourd’hui l’agriculture est violente. Je me disais « comment est-ce possible qu’il faille employer des produits de mort pour donner la vie ?  », car la terre c’est la vie.  » Et il confie : « moi, je ne suis pas rentré dans le système !  » Pierre Clavel refuse quant à lui de travailler pour ce qu’il appelle « l’agri-industrie ». Il hausse le ton et trouve « énervant de devoir indiquer sur les étiquettes qu’ [il est] bio, ça devrait être la norme, c’est fondamental  ». Cet agriculteur de 55 ans rétorque enfin : « Le bio doit être une vraie agriculture de conviction et pas d’opportunistes. »

« On n’est pas des ayatollah du bio »

Alors finalement, sa conversion au bio, Jean-Claude la définit comme « un retour à une culture sans artifices, artisanale (…) comme on le faisait avant en fait, il y a cent ans  ». L’agriculture biologique, prétendument nouvelle et à la mode, ne serait autre qu’un retour en arrière, un « retour aux sources  » selon le vigneron vendarguois. Au domaine Cour Saint Vincent, Francis Bouys stipule que « dans le bio, il y a des choses qu’on ne fait plus par philosophie. On en revient automatiquement à des racines authentiques ». Quelques décennies aupravant, le bio était la norme et non pas l’exception comme aujourd’hui. «Cette période de chimistes n’a que 50 ans. On peut en revenir à des choses simples» espère Pierre Clavel. Les partisans de la viticulture biologique ne seraient donc pas des puristes-écolos, mais de simples vignerons, comme le scandent Jean-Claude et ses pairs. «C’est un mode de vie. On vit simplement, on n’est pas des ayatollah du bio.»

Montpellier à l’heure de la SELidarité

Pour lutter contre les effets de la crise économique, les Montpelliérains choisissent de plus en plus
les réseaux d’échanges comme remède. Les SEL (Systèmes d’échange locaux) représentent un
moyen d’entraide reposant sur la solidarité entre ses membres.

Selon un sondage IFOP du 5 novembre 2011, 68% des Français déclarent être affectés par la crise économique dans leur vie personnelle. Les Montpelliérains n’échappent pas à ce constat. Pour faire face à la crise, un système à le vent en poupe : le système d’échange local, communément appelé SEL.

Les SEL sont apparus dans les années 1980 outre-Atlantique, puis en France, en 1995. Il y en a maintenant un peu partout dans le monde, dont 451 référencés en France (12 dans l’Hérault, dont 2 à Montpellier : SEL de Montpellier et SELriz).

Qu’est-ce qu’un SEL ?

Un SEL est un circuit économique alternatif, utilisant une monnaie virtuelle afin d’échanger des biens et des services. Classé généralement dans l’économie sociale et solidaire, le SEL est aussi une idéologie. Adhérente du SEL de Montpellier, Sabine Lopez est d’avis que « d’avantage d’échanges et de solidarité entre les gens est un moyen de contrebalancer une consommation qui devient destructrice pour notre planète ».

797_6388dd51e59e7f8ce32d18115ede7d0a.jpgMais concrètement, comment cela marche-t-il ? « Nous échangeons des services sur la base d’une unité de temps appelé Grain de Sel (un grain de sel égal une minute) » explique Mme Lopez, avant de compléter : « Chacun dispose d’une feuille de richesse dans laquelle sont marqués les grains de Sels accumulés ou débités. Par exemple : Paul aide au déménagement de Pierre pendant 1 heure. Il devra donc marquer 60 grains de Sels qui seront débités sur la feuille de Pierre et crédités sur la sienne ».

Un système en expansion

« De plus en plus de monde est en recherche de système alternatif pour économiser et réduire sa consommation » souligne Sabine Lopez. Depuis 2008 et le début de la crise économique, le SEL de Montpellier a constaté qu’il y avait « de plus en plus d’adhérents ». Surtout, tous les âges sont représentés.
Le SEL, une bonne alternative pour réaliser des économies ? « Oui, bien sûr, c’est évident » répond Mme Lopez, « d’autant plus que nous pouvons également échanger des objets sous forme de bourse locale d’échange (BLE). Donc, avant d’acheter, nous passons une annonce à notre SEL pour savoir si quelqu’un a l’objet en question ».

Sans faire de bruit, le SEL de Montpellier arrive à conquérir un nombre croissant de personnes. Si quelques adhérents sont arrivés par l’intermédiaire des médias (télévision et presse), beaucoup ont connu ce système grâce au bouche à oreille.
Pour plus de convivialité, des réunions sont fréquemment organisées. Ainsi, grâce à l’aide de toute une communauté, un lien social se crée, en plus des économies réalisées.

En temps de crise, il y a ceux qui se retranchent dans leur coin à se priver, et les autres, qui préfèrent faire jouer la solidarité pour économiser au mieux.

L’après-Frêche : entre continuité et rupture

La mort de Georges Frêche, le 24 octobre 2010, a signé la fin d’une histoire politique extraordinaire, qui aura duré près de quarante ans en Languedoc-Roussillon. Élu député socialiste pour la première fois en 1973, puis maire de Montpellier de 1977 à 2004, pour enfin devenir président de la Région jusqu’à sa mort, le natif de Puylaurens dans le Tarn aura laissé une trace indélébile. Les conséquences de sa disparition sont encore floues. Toutefois, les contours se dessinent déjà.

Quel héritier à Georges Frêche ?

La succession de Georges Frêche dans le monde politique socialiste pose un certain nombre de questions. L’une d’elles concerne son héritage direct. Aujourd’hui, plusieurs de ses proches tentent de se positionner comme successeur de « l’Empereur de Septimanie ». Présentation de quatre d’entre eux.

Une aubaine pour l’extrême droite ?

Il y a un aspect crucial concernant les conséquences politiques du décès du président de la Région Languedoc-Roussillon : le profit que pourrait en tirer le Front National. Car la captation d’une partie de cet électorat par Georges Frêche n’était plus un secret. Pour Jacques Molénat, « aucune voix ne lui était indifférente, de l’extrême gauche à l’extrême droite. »

Tour d’horizon des partis politiques

Alors que le Parti socialiste tente de se réorganiser en Languedoc-Roussillon et que la bataille s’intensifie pour se positionner en tant que leader, les autres partis politiques ne sont pas en reste. Les prochaines échéances électorales vont se transformer en une lutte pour récupérer un certain nombre d’électeurs qui étaient davantage fidèles à un homme, Georges Frêche, qu’à un parti politique.

Emmanuel Négrier : « Le PS est obligé de réintégrer les exclus héraultais dans la perspective des primaires »

Le décès de Georges Frêche provoque le bouleversement d’un système politique bien ancré en Languedoc-Roussillon et des défis à relever pour ses successeurs. Emmanuel Négrier, directeur de recherche en Science Politique à l’Université Montpellier 1 et membre du CNRS, apporte un éclairage sur les perspectives de l’après-Frêche.

Haut Courant : Quels vont être les principaux défis du successeur de Frêche, Christian Bourquin, à la tête de la région pour les mois à venir ?

Emmanuel Négrier : Les principaux défis vont être d’instituer une continuité de gouvernement et en même temps d’imposer une marque particulière. La région est une institution très personnalisée, surtout en Languedoc-Roussillon. En l’occurrence, Christian Bourquin a une posture présidentielle puisqu’il a exercé la présidence au sein d’un département. Son défi personnel est d’imposer sa marque tout en donnant à l’administration, le gage d’une certaine continuité politique. Dans cette phase immédiate d’après-Frêche, un peu dramatisée, on a pu voir ses deux facettes. Elles sont personnalisées d’une part par le fait qu’il ait donné beaucoup de gages à celui qui représente l’administration, Claude Cougnenc, directeur général des services, et d’autre part en intégrant des alliés très proches des Pyrénées-Orientales comme Jacques Cresta. Il a également revu à la baisse le rôle de certains conseillers régionaux comme François Delacroix. Autrement dit, il y a l’appui sur des forces de l’administration, la force des amitiés politiques proches et la force de la coalition frêchiste qui se situe à l’échelle régionale et à l’échelle de l’agglomération.

Est-ce que la réforme des collectivités territoriales et la situation économique de la région ne vont pas être un frein à ces défis ?

Le deuxième défi est justement d’assumer les effets de la réforme des collectivités territoriales. Avec une diminution des marges de manœuvre et l’anéantissement en pratique du pouvoir fiscal, c’est-à-dire la possibilité de jouer sur le taux des impôts reversés au Conseil Régional, les finances de la région vont être soumises à plus de rigueur.
Le troisième défi est de faire sortir le Languedoc-Roussillon de ce marasme que l’héroïsme frêchiste n’a pas réussi à masquer. La place de la région en terme d’emplois et de développement économique montre qu’il y a beaucoup de marge de progression sans forcément beaucoup de moyens pour le faire. La recherche des moyens et des ressources pour le développement par le biais de l’institution régionale reste difficile sachant que ce n’est pas la collectivité la plus puissante.

Pensez-vous que l’accession de Christian Bourquin est synonyme de continuité du Frêchisme ?

Cette accession est le signe d’une crise de pouvoir dans un cadre de continuité. Mais en même temps, l’ouverture vers d’autres possibilités de gouvernement, de rapprochement avec le parti socialiste. Dans l’immédiat après-Frêche, c’est la victoire d’un certain frêchisme contre des candidats qui étaient éventuellement prêts à tourner la page de manière un peu plus nette avec les Gardois et les Audois. La faiblesse de la région est de se présenter comme une petite compétition interdépartementale, où ce sont les Pyrénées-Orientales et l’Hérault de Navarro qui donnaient le ton au Gard et à l’Aude.

Est-ce que la nomination de Robert Navarro comme premier vice-président de la Région, n’est pas une erreur stratégique pour réintégrer les 58 membres frêchistes au sein du Parti socialiste ?

Cela pourrait être une erreur stratégique si la réintégration des 58, et particulièrement des Héraultais dans ce lot, était un objectif impératif. La stratégie adoptée consiste au contraire à maintenir une frontière entre le parti lui-même et l’appareil politique régional. Dans une logique de maintien d’autonomisation d’un Parti socialiste en Languedoc-Roussillon, cette stratégie peut se comprendre d’emblée dans l’après-Frêche. Si on avait liquidé immédiatement l’appareil du parti socialiste héraultais au sens de Navarro, le président de la région se serait rendu dépendant de l’autre clan. Il devait négocier avec l’autre branche du parti socialiste composé par Vézinhet, Alliès. L’idée est de compter sur les conseillers régionaux qui vont procéder à l’élection du président. Ce n’est pas une élection populaire mais une élection entre pairs, donc il fallait tenir compte des forces vives des conseillers régionaux. A terme, la stratégie est de dire que le PS est obligé de réintégrer les exclus héraultais dans la perspective des primaires. Cette fédération est quand même un bastion du Parti Socialiste.

Maintenant que Jean-Pierre Moure est à la tête de l’agglomération, le projet d’une « grande agglomération » va-t-il pouvoir aboutir ?

Jean-Pierre Moure n’est pas la reproduction de Georges Frêche. C’est un personnage à part qui peut se tourner vers la constitution d’une grande agglomération. Le plus logique serait une métropole jusqu’à Sète mais politiquement, c’est délicat. La région de Montpellier a toujours été un foyer de contentieux intercommunal très vif avec des entrées et des sorties du périmètre.

Est-ce que le film Le Président apporte un réel éclairage sur la personnalité de l’homme politique ?

Le film apporte beaucoup d’éclairage sur la politique sous Frêche, sur une forme de vide du quotidien d’une politique en campagne. Il montre aussi le rapport ambivalent de la jeune garde, comme Frédéric Bort, qui apparaît encore plus cynique, encore moins ouverte à l’expression d’une vision politique que Georges Frêche. C’est un film qui se déroule durant une période très particulière de la vie politique de Frêche où l’on ne parle absolument pas de l’action publique, de projets. On se gargarise sur une vague populiste, sur un petit monde politique local et régional, du coup ça ne traduit pas ce que Frêche était en politique pendant les 33 années de son action à l’échelle de Montpellier et de la région depuis 2004. C’est une vision épuisée du Frêchisme.

Robert Navarro : « L’après-Frêche a surpris tout le monde »

Premier secrétaire de la fédération socialiste de l’Hérault de 1990 à 2010, Robert Navarro fait partie des 58 exclus du Parti Socialiste. Il a su profiter de la redistribution des cartes de la « Frêchie » en devenant premier vice-président du conseil régional du Languedoc-Roussillon. Directement concerné par la succession de Georges Frêche, il a accordé un entretien à Hautcourant dans lequel il évoque l’héritage du « Président », la fédération de l’Hérault ainsi que son avenir politique.

La question de la succession directe de Georges Frêche semble problématique. Existe-t-il un héritier naturel ? Robert Navarro donne son avis :

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La fédération socialiste de l’Hérault a été mise sous tutelle en septembre 2010. La gestion de l’ancien premier secrétaire est vivement critiquée par ses détracteurs. Robert Navarro est notamment soupçonné d’avoir falsifié le fichier des adhésions et d’avoir créé la XIe section, bras armé au service des Frêchistes. Il répond à ces accusations :

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Georges Frêche se plaçait au-dessus des partis politiques. En plus des votes de gauche, il avait réussi à capter un électorat traditionnellement de droite. Avec sa disparition, la gauche languedocienne est-elle en danger ? Robert Navarro répond et aborde la question de son avenir politique personnel :

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Montpellier à l’heure du haut débit

La qualité du débit de connexion à Internet est devenue un vrai enjeu pour la ville et le département. Tous les deux ont misé sur la nécessité d’intégrer à leur politique le développement du réseau haut et très haut débit.

Augmenter la rapidité d’accès à Internet compte aujourd’hui comme un enjeu politique, culturel et social. Dans cette optique, Montpellier s’est lancée dans la course à l’équipement numérique dès 1983 avec le réseau Pégase.
La ville fait très tôt le pari d’équiper son réseau de télécommunications pour les entreprises et de l’étendre par la suite aux structures de la ville et aux citoyens.

En 2005, Montpellier s’est engagée aux côtés de DRl’agglomération pour apporter le haut débit. Désormais, la fibre optique est la nouvelle priorité et trouve des appuis auprès des principaux fournisseurs d’accès. Quatre quartiers de Montpellier en bénéficient depuis fin 2010 : Malbosc, Croix-d’Argent, Antigone, Hôpitaux-Facultés. Et d’ici 2012, toute la ville sera desservie selon la mairie. Elle rejoint ainsi la liste des principales agglomérations bénéficiant de la nouvelle technologie, comme Bordeaux, Lyon ou Lille.

Un équipement d’envergure départementale

Dans cette dynamique, le département a de son côté tablé depuis 2007 sur le développement du réseau Num’Hér@ult, soutenu par la région Languedoc-Roussillon. Soucieux de garantir l’accès large à une connexion de bonne qualité, le Conseil Général de l’Hérault s’est engagé à étendre le réseau public Internet et garantir au minimum 2 Mégabits/seconde via des infrastructures de télécommunications.Crédit photo CCI Montpellier

Plusieurs entreprises se sont rattachées à l’initiative pour permettre de couvrir les villages les plus reculés et, à terme, permettre la réception du très haut débit d’ici 2011. En mêlant les différentes technologies de réception Internet (fibre optique, ondes radio), le département veut réduire les inégalités que rencontrent les habitants des quatre coins de l’Hérault. Coût de l’opération : 81,75 millions € dont 27,9 millions d’euros provenant de participation publique selon le Conseil Général de l’Hérault ; 61,7 millions d’euros selon la Gazette de Montpellier.

La commercialisation du réseau par Hérault Télécom, la société délégataire du département auprès des divers fournisseurs d’accès, permettra d’obtenir des offres similaires à celle des grandes agglomérations telle Montpellier, assure le Conseil Général. Les efforts déployés en matière de connexion par les collectivités contribuent à donner un rayonnement numérique à Montpellier.

Quelques dates :

1983 : Montpellier lance un programme de câblage, le réseau Pégase.

2005 : Lancement d’«Agglomération innovante», programme d’amélioration des infrastructures de réseaux haut-débit. La couverture ADSL de l’agglomération montpelliéraine passe de 94,4 % du territoire à 98,2 % à la fin de l’année.

Mise en place de « Quartier Wi-Fi Access », couverture de 85 sites par la technologie Wi-Fi par Orange.

2007 : déploiement des premiers réseaux fibre optique par la ville de Montpellier. Le Conseil Général de l’Hérault lance Num’Hér@ult, projet d’équipement du réseau départemental.

2008 : Free est associé à Montpellier pour poursuivre la mise en place de la fibre optique.

2009 : équipement des parcs d’activités de la ville en réseau fibre optique : Eurêka, Euromédecine, Grabels, Millénaire, parc de l’Aéroport à Pérols par l’agglomération.

Été 2010 : Orange lance un plan d’investissement en fibre optique pour Montpellier d’un montant de deux milliards d’euros. 98,7% des Héraultais bénéficient d’un débit de 2 Mbit/s minimum selon le Conseil Général.

2011 : l’Hérault compte couvrir l’ensemble du département en très haut débit.