Les dessins au Canard
La satire de la Vème République pèse 650 pages et non moins de 4,5 kilos. C’est un minimum, car il y a de quoi dire. La Conférence-débat commence à 18h. Cabu est encore attablé dans le coin des dédicaces. C’est alors Jacques Lamalle qui ouvre le débat, auprès de Didier Thomas Radux du Midi Libre, qui anime la rencontre, et de Man, dessinateur pour ce même journal. Le Canard Enchaîné, c’est une douzaine de dessinateurs. Pour l’ancien rédacteur en chef, il y a eu de bons clients comme « le Grand Charles » (de Gaulle), Giscard, et aujourd’hui « le petit nerveux » (Nicolas Sarkozy). De Gaulle était aussi bon lecteur. Comme le rappelle J. Lamalle, le Général avait coutume de demander : « Que dit le volatile cette semaine ?« . Mais la meilleure vente date d’octobre 1979. Le journal révélait l’affaire des diamants de Giscard [[Cette affaire mettait en cause Valery Giscard d’Estaing lorsqu’il était ministre des finances au début des années 1970. Il aurait reçu du président centrafricain des plaquettes de diamants d’une valeur d’un million de francs. L’affaire est révélée par le Canard Enchaîné.]] Plus d’un million d’exemplaires sont vendus.
Le coeur à gauche
Jacques Lamalle le concède. « On a le coeur à gauche… Mais nous ne sommes pas encartés« . Fouillant dans sa mémoire, il revient sur l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. « Nous étions contents. Puis, soudain, nos sources ne parlaient plus« . Finalement, un Canard Enchaîné complaisant n’a pas lieu d’être. Au delà des clivages politiques, l’ancien rédacteur en chef résume : « Notre vocation est d’être dans l’opposition, plutôt que du côté de la majorité au pouvoir« .
Il est 20h, Cabu n’a pas rejoint la conférence. La foule devant la table des dédicaces s’est dissipée trop tard. Pas le temps de lâcher son crayon. Il file vers la sortie, lançant un baiser en guise de mot d’excuse…