Méconnu du grand public, José Luis Guerín est l’invité de la 40e édition de Cinemed. Ses films sont diffusés tout au long du festival. L’occasion de découvrir un réalisateur atypique.
Un béret couvrant presque toujours sa toison bouclée, José Luis Guerín a un petit air bien français. Il faut dire que l’histoire du réalisateur espagnol est liée de près à la France, dont il maîtrise très bien la langue. “Je n’ai pas fréquenté d’école de cinéma. Ma formation, je l’ai faite à Paris, comme spectateur du ciné rue Champollion”, rappelle, sourire aux lèvres, le cinéaste qui vit désormais en Provence.
La France, José Luis Guerín l’a aussi filmée. Dans la ville de Sylvia (2007) utilise les rues de Strasbourg comme décor. “Mes films sont nés de l’exploration d’un territoire”, confirme celui qui, à 58 ans, en a exploré beaucoup. Parmi eux, Cong, petit ville de l’Ouest de l’Irlande, dans laquelle il a suivi les traces John Ford, l’un des cinéastes qui l’a inspiré, pour son long métrage Innisfree.
Cinéaste du mélange
Mais ce qui caractérise Guerín, c’est aussi et surtout sa vision originale du grand écran.
“Le cinéma que je veux produire est un mélange calcul et de hasard. Quand je filme un plan, j’aime voir survenir la surprise. Je ne cherche pas à masquer les défauts ou à produire quelque chose de parfait comme ce qu’on peut voir dans l’industrie cinématographique.”
Dans ses productions, Guerín entremêle avec brio documentaire et fiction. Et donne une importance cruciale aux images par rapport aux sons.
“Ça me vient de mon enfance. Franco avait pour habitude de modifier les doublages des acteurs pour faire passer des messages de propagande”, se souvient-il. “Aujourd’hui encore j’aime visionner mes films sans la bande son. Ça me permet de me demander : “qu’est-ce que j’aimerai entendre à ce moment là ?” Et de ne pas être soumis aux sons.”
Opposé au séparatisme catalan
Atypique, Guerín l’est assurément. Par moment, il est aussi un homme engagé. L’année passée, le natif de Barcelone a signé un manifeste aux côtés d’autres artistes et intellectuels espagnols contre le référendum organisé par les séparatistes Catalans, jugé illégal et peu transparent. “Plus globalement je considère que le nationalisme est un processus de victimisation et de narcissisme collectif. Mais dans le même temps, l’action du gouvernement espagnol a été la pire possible et a donné les images dont le nationalisme avait besoin. C’est en partie pour ça que j’ai déménagé en Provence.”
Un nouveau décor pour son prochain film actuellement en phase d’écriture ? “Je l’espère ”, esquisse simplement le réalisateur.