Renforcement de la surveillance sur Internet : qui dit quoi ?

« Je suis Charlie » et les autres messages de solidarité nés sur les réseaux sociaux n’ont hélas pas écarté la circulation de propos haineux, appelant parfois au terrorisme. Le gouvernement socialiste a confirmé, mercredi 21 janvier 2015, le renforcement des contrôles sur le web et sa volonté de coopérer avec les différents opérateurs d’internet dans un cadre international. Ce cyber-volet du plan Vigipirate permettrait de mieux repérer les profils djihadistes et limiter les appels à la haine et l’apologie du terrorisme. Un dispositif qui relance le débat des limites de la liberté d’expression sur la toile.
Paroles d’acteurs de la société politique et civile.

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Affiches, slogans, dessins : la marche républicaine de Montpellier

La marche républicaine pour la démocratie, la liberté de la presse et la liberté d’expression aura bien porté son nom. Ce dimanche 11 janvier 2015 à Montpellier, des dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé, allant de l’esplanade de l’Europe au Parc du Peyrou. Un cortège qui a tenu à revendiquer son droit à l’expression en le manifestant. Papiers, dessins, pancartes et autres bricolages ont été le support de cette chère liberté.

Ce rassemblement républicain a rendu hommage aux 17 victimes des tueries commises ces derniers jours en région parisienne : l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo, la fusillade de Montrouge, et la prise d’otages de la Porte de Vincennes.

Au-délà du désormais fameux « Je suis Charlie », de nombreux slogans et proses ont fleuri sur le papier, carton et autre tissu des participants. Des messages de paix et de solidarité, et partout cette déclaration à l’unisson pour des valeurs communes : la défense de la liberté d’expression et la dénonciation des actes terroristes. Un message porté par les mots, le dessin et … beaucoup d’humour.

Je suis Charlie
Nos armes auront toujours une bonne mine
La barbarie tue à Paris comme elle tue à KobanéCharlie De Gaulle :
Liberté d'expression, 1er parti de France La liberté n'a pas de religion, seuls des c*** peuvent en douter
On est CharlieLe V de la victoire, représenté avec des crayons géants.
Des terroristes barbares et fascisantsLiberté = Démocratie. Une seule loi, celle de la nation.
L'aMALgame tue. Bande de lâches, nous n'avons pas peur.
Salam = Paix Nous sommes CharLibre
Pour toutes les victimes du terrorismeLettres ensanglantées mais pensées réveillées !
On ne tue pas !!!On peut tuer des hommes. On ne peut pas tuer des principes.
Intermède musical accordéoniste Mourir pour des idées.
L'encre doit couleur, pas le sang.
Unes de Charlie HebdoDroit de rire, droit de dire.
Ils ont assassiné Charlie au nom de l'obscurantisme. Ne le tuez pas une seconde fois au nom de la sécurité ! Le coq, emblème de la France et de la liberté d'expression.
Son seul crime était sa coiffure. Liberté, tolérance, laïcité. La France jamais assassinée.
Touche pas à ma presse Morts de rire
Le peuple kurde est Charlie Solidaires contre tous les fascismes qu'ils soient nationalistes ou religieux
Crayon ensanglanté, le poing levé. Je suis policier, je suis Charlie.
La paix dans le mondeL'immortalité de la tolérance.
Liberté Egalité Fraternité = Laïcité Liberté d'expression, article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
Je suis musulman, je suis Charlie.
Le fanatisme est un monstre qui ose se dire le fils de la religion, Voltaire. / L'invention de l'humour. Le crayon est une arme.
Jusqu'où iront-ils à contre-Coran ? #anti-amalgame Vivons en paix ! Vivons ensemble !
Abonne-toi à la liberté!!  Abonne-toi à Charlie !!!

« Big brother est arrivé »

Ce samedi 11 février, des manifestations ont essaimé dans de nombreuses villes européennes et françaises. Les manifestants battaient le pavé pour protester contre le projet de loi ACTA, accord commercial anti-contrefaçon, signé à Tokyo par la France le 26 janvier dernier.

A Montpellier, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées et ont défilé selon le trajet traditionnel. Parti de la place de la Comédie, le cortège, essentiellement composé de jeunes est monté jusqu’au Peyrou avant de rejoindre le Corum aux cris de « Liberté d’expression ! » et de « Libérez le futur, non à la censure !». Nombre d’entre eux portaient le masque emblématique de V pour Vendetta des Anonymous.

Alors que le cortège suit son circuit, un petit nombre de manifestants fait le pied de grue devant la fontaine des Trois Grâces. « Nous restons là pour sensibiliser les gens, discuter avec eux et distribuer des tracts » explique Ergo en costume, cravate masqué qui souhaite préserver l’anonymat et se présente donc sous son pseudonyme. Il confie cependant avoir un vingtaine d’année, être étudiant et faire parti du groupe des Anonymous depuis quelques mois. Selon lui l’ACTA « c’est l’arrivée de big brother. Sous pretexte de lutter contre le copyright, l’Etat pourra nous surveiller ».

Sa pancarte où figure l’un des slogans des Anonymous interpelle les passants curieux de connaître les motifs de leurs revendications. « Les médias communiquent peu sur l’évènement et la signature de ce texte » se plaint Boris Cailly étudiant à l’ESMA qui témoigne à visage découvert. « En tant que sympathisants du mouvement, nous n’avons pas à nous cacher » souligne Louisiane. Entre deux conversation Boris raconte qu’il a souhaité faire parti du mouvement mais n’ayant pas les compétences informatiques nécessaires mais il contribue à sa hauteur : « moi je fais des images et des tracts, on fait avec ce qu’on a ».

Ergo qui semble plus impliqué pense que le mouvement a été propulsé suite à la fermeture du site MegaUpload par le F.B.I. Sur Montpellier il estime qu’il y a environ 400 personnes qui sont bien impliquées dans le mouvement des Anonymous.

Rencontré en fin de cortège, Laurent G., jeune infirmier est présent aujourd’hui pour se renseigner sur ce projet de loi qu’il estime « pas explicite » même après lecture intégrale. «La partie du texte qui me dérange le plus et celle relative aux médicaments». Le tract explique en effet qu’au nom des brevets, l’ACTA donnera aux grandes sociétés le pouvoir d’arrêter la production de médicaments génériques.

L’Acta, un projet qui suscite méfiance et controverse


L’appel à la manifestation a été lancée depuis les réseaux sociaux. Sur la page Facebook Anonymous Montpellier, 600 personnes avaient répondu présentes. Le groupe d’hacktivistes anonymes mène depuis 2008 des actions informatiques et physiques en faveur notamment de la liberté d’expression sur Internet.

Cette fois-ci le gouvernement européen suscite la colère de ces cracks de l’informatique qui ont appelé à la mobilisation pour protester contre la signature de cet accord par 22 pays européens. Négocié entre l’Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, Singapour, la Corée du Sud, le Maroc, le Mexique et la Suisse, ce texte est destiné à lutter contre la contrefaçon de manière très large, depuis les médicaments et autres marchandises, jusqu’au téléchargement illégal sur l’internet.

C’est déjà la deuxième manifestation depuis la signature du projet le 26 janvier. Les réactions ont été vives en Europe de l’Est et l’Allemagne a suspendu vendredi 10 février le processus de ratification du traité. De nombreuses voix s’élèvent contre ce projet mené à huis-clos depuis plusieurs années.

Kader Arif a démissionné de son poste de rapporteur de la loi au Parlement européen le jour de la signature de l’accord pour « alerter l’opinion publique » et a dénoncé « une mascarade » sur le site internet des députés socialistes européens. En effet, les eurodéputés socialistes, libéraux, et verts dénoncent les dangers d’un texte qui défend trop, à leurs yeux, les intérêts des ayants droit au détriment des citoyens.