La France est-elle trop dure avec les supporters ?

A l’initiative de l’Association Nationale des Supporters (ANS), une grève des chants de 20 minutes a été respectée par la majorité des groupes français au début des rencontres de football des week-end du 20 et 27 octobre.

Depuis plus d’un an, ils le martèlent : les supporters ne sont pas des criminels. Ce slogan choc, affiché dans tous les stades français, symbolise l’unité nouvelle chez des fans qui veulent défendre des droits qu’ils estiment de plus en plus bafoués par les préfectures et la Ligue de Football Professionnel (LFP).

« Supporters ni bandits, ni terroristes pourtant martyrs des pouvoirs publics ». Banderole sortie par les supporters lensois des Red Tigers 1994.

Spécialiste du supportérisme, Stan anime depuis 2011 Liberté pour les auditeurs, une émission de webradio de référence sur l’actualité des tribunes françaises.
La situation des supporters se détériore petit à petit ”, souligne-t-il. “Pourtant, les débordements, souvent mineurs, ne concernent que 3% des rencontres. En France, le hooliganisme n’existe pas. On s’en est rendu compte lors de l’Euro 2016 quand les hooligans russes ont débarqué. On a vu des scènes de guerre sur le Vieux-Port de Marseille et les autorités étaient totalement dépassées. Il faut dire que, les mois précédents l’événement, elles avaient interdit les déplacements de supporters français qu’elles jugeaient trop dangereux et s’étaient préparées en simulant des interventions dans des collèges.”

Des sanctions collectives jugées injustes

Deux ans après l’Euro, pas grand chose n’a changé pour les supporters français. “Cette saison, en trois mois, déjà 15 arrêtés préfectoraux et 2 arrêtés ministériels de restriction ou d’interdiction totale de déplacements” sont déplorés dans un communiqué par l’ANS.
On a parfois l’impression que les préfectures inventent des prétextes bidons pour justifier leurs arrêtés”, analyse Stan. “ Par exemple, les supporters nantais ont eu une restriction de liberté lors de leur déplacement à Rennes car “le samedi est, par nature, une journée d’affluence en centre-ville de Rennes.” On frise le ridicule.

Des sanctions auxquelles s’ajoutent des “fermetures de tribunes et des huis-clos”, prononcés par les instances sportives. En appelant à la grève, l’Association Nationale des Supporters entend notamment mettre fin à des mesures collectives qui se multiplient en France depuis plusieurs années.
Lorsqu’il y a des incidents, il est nécessaire de faire du cas par cas. Sanctionner l’ensemble des supporters pour les actes d’une minorité est injuste”, estime Stan.
Pour Christophe, président du Old Clan, groupe de supporters du Paris FC, il faut prendre exemple sur ce qui se fait à l’étranger. “La Belgique a totalement éradiqué la violence dans les stades et ne recourt jamais aux interdictions de déplacements. Les supporters se déplacent en bus, doivent se rendre à des check-points et sont systématiquement escortés par la police. Aux Pays-Bas, les supporters sont fichés et s’exposent à des sanctions individuelles en cas de débordements.
David, président des Saturdays FC, groupe de supporters de l’AS Nancy, fréquente souvent les stades allemands, références en Europe en terme d’affluence et d’ambiance.
Outre-Rhin, il n’y a pas d’interdictions de déplacements et on peut voir des parcages visiteurs de 8 000 fans ! En France, dès que plusieurs centaines de personnes veulent se déplacer, les autorités prennent peur.”

Le référent supporter, pierre angulaire d’un dialogue naissant

Les Allemands sont très en avance sur nous. Ils ont mis en place des référents supporters dans chaque club. Ils gèrent l’organisation des déplacements et l’accueil des fans visiteurs. A l’arrivée, il n’y a aucune surprise et très peu de débordements.” En France, le dialogue entre les instances et les supporters, réclamé depuis plusieurs années par l’ANS, se met peu à peu en place. En 2016, la Loi Larrivé crée au Ministère des Sports l’Instance Nationale du Supportérisme (INS) et contraint les clubs à nommer des référents supporters pour favoriser celui-ci. “ Sur certains points, comme l’expérimentation des tribunes debout, les supporters ont été rapidement entendus”, se réjouit Jean-Guy, membre de l’Union des Supporters Stéphanois et de l’INS. “Mais il y a encore beaucoup de choses à améliorer notamment concernant les conditions d’accueil des fans visiteurs. Le rôle de référent supporter est à ses balbutiements.” David confirme : “En Allemagne, il y en a plusieurs dans chaque club. En France, personne n’occupe ce poste à plein temps.”
“Le référent supporter doit devenir une pierre angulaire et pacifier les relations entre les instances et les supporters”  complète Jean-Guy. “La France a besoin d’un véritable dialogue pour rattraper son retard sur ses voisins.

 

« Fitna », le film ouragan qui déferle sur les Pays-Bas

Nulle autre affaire de cette envergure n’avait eu lieu en Europe depuis celle des caricatures de Mahomet. Ce 27 mars, à 19h, le parlementaire néerlandais Geert Wilders est parvenu à publier sur Internet un film-brûlot sur le Coran et la montée de l’islam aux Pays-Bas. Célèbre pour ses idées d’extrême droite et notamment islamophobes, il suscitait la polémique depuis plusieurs mois. Cible de nombreuses menaces de mort et leader du « Parti pour la Liberté », il vit depuis 2004 sous protection constante, dans un pays traumatisé par l’assassinat du cinéaste Théo Van Gogh.

Le titre du film, Fitna, bien qu’il possède une signification ambiguë, décrit un état de discorde. Il s’agit précisément de l’effet souhaité par son auteur. Le court-métrage d’une quinzaine de minutes se constitue d’une succession d’extraits audios, vidéos, de photos ou de coupures de journaux évoquant le terrorisme islamiste. Ponctuées par des citations de sourates du Coran, les images parfois choquantes mêlent discours de prédicateurs et extraits plus célèbres, notamment les attentats de New York, Madrid, Londres, et l’exécution du journaliste Daniel Pearl.

Dans la dizaine d’heures qui a suivie la publication des versions néerlandophone et anglophone de Fitna, le film comptait déjà près de 5 millions de visionnages.
Le Premier ministre, Jan Peter Balkenende, s’est exprimé au nom du gouvernement dans la soirée. «Ce film prône l’amalgame entre islam et violence. Nous rejetons cette interprétation. La vaste majorité des musulmans rejette l’extrémisme et la violence, dont elle se trouve souvent victime. (…) Nous regrettons ainsi que M. Wilders ait lancé ce film. Nous pensons qu’il ne sert aucun autre but que celui d’offenser.»

Geert Wilders, parlementaire néerlandais et réalisateur de Fitna - Crédit photo : De Telegraaf

Réactions sages

L’impact de Fitna sur les Pays-Bas concentrait les craintes. Depuis le mois de novembre dernier, les ambassades et expatriés se maintiennent prêts à évacuer les pays sensibles. Geert Wilders a pris le risque d’exposer son pays à de violentes émeutes. Ni les appels du Premier ministre à interrompre son projet, ni le refus massif de diffusion par les chaînes de télévision, ne l’ont dissuadé à freiner son élan de provocation.
La société Network Solutions, propriétaire du site officiel de Fitna, ayant refusé cette semaine d’héberger la vidéo, Geert Wielders s’était tourné vers Liveleak.com. Le site anglais, célèbre pour accepter ce que YouTube juge trop extrême, prône la liberté de parole et de « tout montrer, parce que ça existe ».

Paradoxalement, le feuilleton de la réalisation du film a causé davantage de réactions que Fitna lui-même. Les Socio-Démocrates, premiers à réagir, ont affirmé « ne rien voir de nouveau. Des extraits de vidéos anciennes, des généralités comme Geert Wilders en accumule depuis des années ».

Brahim Bourzak, porte-parole de la Représentation Nationale des Marocains, s’est dit soulagé après le visionnage du court-métrage, et les efforts du gouvernement néerlandais. « Mes inquiétudes quant aux émeutes possibles ont diminué.(…) Wilders a bien réfléchi, le film ne dépasse pas de frontière légale ».

Une seule plainte réelle

Pour l’instant, l’unique plainte déposée contre le film et ses auteurs vient d’un Danois. Kurt Westergaard, le caricaturiste du Jylland-Posten, auteur du dessin représentant Mahomet avec un turban-bombe, a constaté que ce portrait apparaissait dans Fitna. Il a taxé de « vol » l’utilisation de sa propriété intellectuelle sans permission préalable ni droits d’auteur. Kurt Westergaard a fermement réprouvé le contexte dans lequel elle figurait. « Mon dessin s’adressait aux terroristes de l’islam, et non à la religion elle-même ». Au cours d’une interview donnée à la chaîne publique Nederland 2, il a déploré le manque de nuance du propos, et affirmé qu’il n’aurait « probablement pas » donné l’autorisation de reprendre son dessin si elle lui avait été demandée.

Les jours qui suivent détermineront l’impact réel de Fitna, même si un certain soulagement en ressort pour l’instant. L’existence d’une version anglaise atteste de la volonté de Geert Wilders de provoquer par-delà ses frontières. Des réactions plus radicales risqueraient d’apporter de l’eau à son moulin.

« Fitna », le film ouragan qui déferle sur les Pays-Bas

Nulle autre affaire de cette envergure n’avait eu lieu en Europe depuis celle des caricatures de Mahomet. Ce 27 mars, à 19h, le parlementaire néerlandais Geert Wilders est parvenu à publier sur Internet un film-brûlot sur le Coran et la montée de l’islam aux Pays-Bas. Célèbre pour ses idées d’extrême droite et notamment islamophobes, il suscitait la polémique depuis plusieurs mois. Cible de nombreuses menaces de mort et leader du « Parti pour la Liberté », il vit depuis 2004 sous protection constante, dans un pays traumatisé par l’assassinat du cinéaste Théo Van Gogh.

Le titre du film, Fitna, bien qu’il possède une signification ambiguë, décrit un état de discorde. Il s’agit précisément de l’effet souhaité par son auteur. Le court-métrage d’une quinzaine de minutes se constitue d’une succession d’extraits audios, vidéos, de photos ou de coupures de journaux évoquant le terrorisme islamiste. Ponctuées par des citations de sourates du Coran, les images parfois choquantes mêlent discours de prédicateurs et extraits plus célèbres, notamment les attentats de New York, Madrid, Londres, et l’exécution du journaliste Daniel Pearl.

Dans la dizaine d’heures qui a suivie la publication des versions néerlandophone et anglophone de Fitna, le film comptait déjà près de 5 millions de visionnages.
Le Premier ministre, Jan Peter Balkenende, s’est exprimé au nom du gouvernement dans la soirée. «Ce film prône l’amalgame entre islam et violence. Nous rejetons cette interprétation. La vaste majorité des musulmans rejette l’extrémisme et la violence, dont elle se trouve souvent victime. (…) Nous regrettons ainsi que M. Wilders ait lancé ce film. Nous pensons qu’il ne sert aucun autre but que celui d’offenser.»

Geert Wilders, parlementaire néerlandais et réalisateur de Fitna - Crédit photo : De Telegraaf

Réactions sages

L’impact de Fitna sur les Pays-Bas concentrait les craintes. Depuis le mois de novembre dernier, les ambassades et expatriés se maintiennent prêts à évacuer les pays sensibles. Geert Wilders a pris le risque d’exposer son pays à de violentes émeutes. Ni les appels du Premier ministre à interrompre son projet, ni le refus massif de diffusion par les chaînes de télévision, ne l’ont dissuadé à freiner son élan de provocation.
La société Network Solutions, propriétaire du site officiel de Fitna, ayant refusé cette semaine d’héberger la vidéo, Geert Wielders s’était tourné vers Liveleak.com. Le site anglais, célèbre pour accepter ce que YouTube juge trop extrême, prône la liberté de parole et de « tout montrer, parce que ça existe ».

Paradoxalement, le feuilleton de la réalisation du film a causé davantage de réactions que Fitna lui-même. Les Socio-Démocrates, premiers à réagir, ont affirmé « ne rien voir de nouveau. Des extraits de vidéos anciennes, des généralités comme Geert Wilders en accumule depuis des années ».

Brahim Bourzak, porte-parole de la Représentation Nationale des Marocains, s’est dit soulagé après le visionnage du court-métrage, et les efforts du gouvernement néerlandais. « Mes inquiétudes quant aux émeutes possibles ont diminué.(…) Wilders a bien réfléchi, le film ne dépasse pas de frontière légale ».

Une seule plainte réelle

Pour l’instant, l’unique plainte déposée contre le film et ses auteurs vient d’un Danois. Kurt Westergaard, le caricaturiste du Jylland-Posten, auteur du dessin représentant Mahomet avec un turban-bombe, a constaté que ce portrait apparaissait dans Fitna. Il a taxé de « vol » l’utilisation de sa propriété intellectuelle sans permission préalable ni droits d’auteur. Kurt Westergaard a fermement réprouvé le contexte dans lequel elle figurait. « Mon dessin s’adressait aux terroristes de l’islam, et non à la religion elle-même ». Au cours d’une interview donnée à la chaîne publique Nederland 2, il a déploré le manque de nuance du propos, et affirmé qu’il n’aurait « probablement pas » donné l’autorisation de reprendre son dessin si elle lui avait été demandée.

Les jours qui suivent détermineront l’impact réel de Fitna, même si un certain soulagement en ressort pour l’instant. L’existence d’une version anglaise atteste de la volonté de Geert Wilders de provoquer par-delà ses frontières. Des réactions plus radicales risqueraient d’apporter de l’eau à son moulin.

« Fitna », le film ouragan qui déferle sur les Pays-Bas

Nulle autre affaire de cette envergure n’avait eu lieu en Europe depuis celle des caricatures de Mahomet. Ce 27 mars, à 19h, le parlementaire néerlandais Geert Wilders est parvenu à publier sur Internet un film-brûlot sur le Coran et la montée de l’islam aux Pays-Bas. Célèbre pour ses idées d’extrême droite et notamment islamophobes, il suscitait la polémique depuis plusieurs mois. Cible de nombreuses menaces de mort et leader du « Parti pour la Liberté », il vit depuis 2004 sous protection constante, dans un pays traumatisé par l’assassinat du cinéaste Théo Van Gogh.

Le titre du film, Fitna, bien qu’il possède une signification ambiguë, décrit un état de discorde. Il s’agit précisément de l’effet souhaité par son auteur. Le court-métrage d’une quinzaine de minutes se constitue d’une succession d’extraits audios, vidéos, de photos ou de coupures de journaux évoquant le terrorisme islamiste. Ponctuées par des citations de sourates du Coran, les images parfois choquantes mêlent discours de prédicateurs et extraits plus célèbres, notamment les attentats de New York, Madrid, Londres, et l’exécution du journaliste Daniel Pearl.

Dans la dizaine d’heures qui a suivie la publication des versions néerlandophone et anglophone de Fitna, le film comptait déjà près de 5 millions de visionnages.
Le Premier ministre, Jan Peter Balkenende, s’est exprimé au nom du gouvernement dans la soirée. «Ce film prône l’amalgame entre islam et violence. Nous rejetons cette interprétation. La vaste majorité des musulmans rejette l’extrémisme et la violence, dont elle se trouve souvent victime. (…) Nous regrettons ainsi que M. Wilders ait lancé ce film. Nous pensons qu’il ne sert aucun autre but que celui d’offenser.»

Geert Wilders, parlementaire néerlandais et réalisateur de Fitna - Crédit photo : De Telegraaf

Réactions sages

L’impact de Fitna sur les Pays-Bas concentrait les craintes. Depuis le mois de novembre dernier, les ambassades et expatriés se maintiennent prêts à évacuer les pays sensibles. Geert Wilders a pris le risque d’exposer son pays à de violentes émeutes. Ni les appels du Premier ministre à interrompre son projet, ni le refus massif de diffusion par les chaînes de télévision, ne l’ont dissuadé à freiner son élan de provocation.
La société Network Solutions, propriétaire du site officiel de Fitna, ayant refusé cette semaine d’héberger la vidéo, Geert Wielders s’était tourné vers Liveleak.com. Le site anglais, célèbre pour accepter ce que YouTube juge trop extrême, prône la liberté de parole et de « tout montrer, parce que ça existe ».

Paradoxalement, le feuilleton de la réalisation du film a causé davantage de réactions que Fitna lui-même. Les Socio-Démocrates, premiers à réagir, ont affirmé « ne rien voir de nouveau. Des extraits de vidéos anciennes, des généralités comme Geert Wilders en accumule depuis des années ».

Brahim Bourzak, porte-parole de la Représentation Nationale des Marocains, s’est dit soulagé après le visionnage du court-métrage, et les efforts du gouvernement néerlandais. « Mes inquiétudes quant aux émeutes possibles ont diminué.(…) Wilders a bien réfléchi, le film ne dépasse pas de frontière légale ».

Une seule plainte réelle

Pour l’instant, l’unique plainte déposée contre le film et ses auteurs vient d’un Danois. Kurt Westergaard, le caricaturiste du Jylland-Posten, auteur du dessin représentant Mahomet avec un turban-bombe, a constaté que ce portrait apparaissait dans Fitna. Il a taxé de « vol » l’utilisation de sa propriété intellectuelle sans permission préalable ni droits d’auteur. Kurt Westergaard a fermement réprouvé le contexte dans lequel elle figurait. « Mon dessin s’adressait aux terroristes de l’islam, et non à la religion elle-même ». Au cours d’une interview donnée à la chaîne publique Nederland 2, il a déploré le manque de nuance du propos, et affirmé qu’il n’aurait « probablement pas » donné l’autorisation de reprendre son dessin si elle lui avait été demandée.

Les jours qui suivent détermineront l’impact réel de Fitna, même si un certain soulagement en ressort pour l’instant. L’existence d’une version anglaise atteste de la volonté de Geert Wilders de provoquer par-delà ses frontières. Des réactions plus radicales risqueraient d’apporter de l’eau à son moulin.