« Repenser l’université, voire la société »

Jean-Philippe Legois a travaillé sur les événements de mai 68 dans les université de Paris Sorbonne et Nanterre et également à Reims. L’objet de ses recherches, depuis une dizaine d’années, notamment dans le cadre du GERME est de comparer les différentes configurations locales. Il anime également un séminaire à l’IEP Paris sur le thème « Mouvements étudiants et Institutions » et dirige, depuis 3 ans, la Mission CAARME (vers la création, à Reims, d’un Centre d’animation, d’archives et de recherches sur les mouvements étudiants).

Qu’est-ce que Mai 68, une révolte, une révolution ?

La situation est au départ partout la même. Il s’agît d’une révolte qui éclate en solidarité avec des étudiants arrêtés. Puis le processus se radicalise. La radicalisation s’opère dans les formes du mouvement : une majorité des facs seront occupés. Elle s’opère aussi dans les revendications. De l’incident de départ, on se met à reconsidérer le projet universitaire. Finalement, c’est le projet de société tout entier que l’on repense.

Quel sens peut-on donner au fait que le mouvement social parte des étudiants ?

C’est difficile de répondre. En 68, ce sont les étudiants, mais en 1995, le mouvement est parti des cheminots. Il y a différentes modalités de départ des mouvements sociaux. En 68, on peut considérer qu’il y a un bon cocktail de circonstances en faveur des étudiants. Le milieu universitaire était considéré comme petit bourgeois, on ne s’en méfiait pas. Ce qu’il y a de notable, c’est que le mouvement étudiant devient une composante à part entière de la revendication syndicale.

Peut-on dire que c’est la première fois que le milieu étudiant devient un lieu de revendication ?

Oui et non. Les protestations étudiantes sont également importantes lors de la contestation contre la guerre d’Algérie. L’UNEF acquiert alors peu à peu un poids dans la négociation intersyndicale. Jusque là il s’agissait plutôt d’un regroupement associatif.

Les étudiants ont-ils été les principaux bénéficiaires des événements de 68 ?

Les autres fronts ne sont pas en reste : section syndicale d’entreprises, luttes féministes… Il y a eu des avancées importantes dans les universités. Notamment en ce qui concerne la représentation étudiante dans les conseils d’administrations des universités. Cependant, les acquis ne sont pas à la hauteur des revendications.

La révolte de mai 68 a t’elle laissé une sorte d’héritage aux mouvements étudiants ?

Oui et non. En 1986, un slogan disait « 68 c’est vieux, 86, c’est mieux ! ».Lors de mouvements plus récents, à l’occasion du CPE ou de la LRU, on ne constate pas de rejets de 1968, mais on ne trouve pas les mêmes formulations sociales et politiques dans les mouvements. Les formes de mobilisations, elles, s’inspirent largement de 68, notamment dans l’organisation nationale du mouvement sous forme de coordination. Dans chaque mouvement étudiant, derrière la revendication ponctuelle, on voit poindre l’idée de repenser l’université, voire la société.

« Fitna », le film ouragan qui déferle sur les Pays-Bas

Nulle autre affaire de cette envergure n’avait eu lieu en Europe depuis celle des caricatures de Mahomet. Ce 27 mars, à 19h, le parlementaire néerlandais Geert Wilders est parvenu à publier sur Internet un film-brûlot sur le Coran et la montée de l’islam aux Pays-Bas. Célèbre pour ses idées d’extrême droite et notamment islamophobes, il suscitait la polémique depuis plusieurs mois. Cible de nombreuses menaces de mort et leader du « Parti pour la Liberté », il vit depuis 2004 sous protection constante, dans un pays traumatisé par l’assassinat du cinéaste Théo Van Gogh.

Le titre du film, Fitna, bien qu’il possède une signification ambiguë, décrit un état de discorde. Il s’agit précisément de l’effet souhaité par son auteur. Le court-métrage d’une quinzaine de minutes se constitue d’une succession d’extraits audios, vidéos, de photos ou de coupures de journaux évoquant le terrorisme islamiste. Ponctuées par des citations de sourates du Coran, les images parfois choquantes mêlent discours de prédicateurs et extraits plus célèbres, notamment les attentats de New York, Madrid, Londres, et l’exécution du journaliste Daniel Pearl.

Dans la dizaine d’heures qui a suivie la publication des versions néerlandophone et anglophone de Fitna, le film comptait déjà près de 5 millions de visionnages.
Le Premier ministre, Jan Peter Balkenende, s’est exprimé au nom du gouvernement dans la soirée. «Ce film prône l’amalgame entre islam et violence. Nous rejetons cette interprétation. La vaste majorité des musulmans rejette l’extrémisme et la violence, dont elle se trouve souvent victime. (…) Nous regrettons ainsi que M. Wilders ait lancé ce film. Nous pensons qu’il ne sert aucun autre but que celui d’offenser.»

Geert Wilders, parlementaire néerlandais et réalisateur de Fitna - Crédit photo : De Telegraaf

Réactions sages

L’impact de Fitna sur les Pays-Bas concentrait les craintes. Depuis le mois de novembre dernier, les ambassades et expatriés se maintiennent prêts à évacuer les pays sensibles. Geert Wilders a pris le risque d’exposer son pays à de violentes émeutes. Ni les appels du Premier ministre à interrompre son projet, ni le refus massif de diffusion par les chaînes de télévision, ne l’ont dissuadé à freiner son élan de provocation.
La société Network Solutions, propriétaire du site officiel de Fitna, ayant refusé cette semaine d’héberger la vidéo, Geert Wielders s’était tourné vers Liveleak.com. Le site anglais, célèbre pour accepter ce que YouTube juge trop extrême, prône la liberté de parole et de « tout montrer, parce que ça existe ».

Paradoxalement, le feuilleton de la réalisation du film a causé davantage de réactions que Fitna lui-même. Les Socio-Démocrates, premiers à réagir, ont affirmé « ne rien voir de nouveau. Des extraits de vidéos anciennes, des généralités comme Geert Wilders en accumule depuis des années ».

Brahim Bourzak, porte-parole de la Représentation Nationale des Marocains, s’est dit soulagé après le visionnage du court-métrage, et les efforts du gouvernement néerlandais. « Mes inquiétudes quant aux émeutes possibles ont diminué.(…) Wilders a bien réfléchi, le film ne dépasse pas de frontière légale ».

Une seule plainte réelle

Pour l’instant, l’unique plainte déposée contre le film et ses auteurs vient d’un Danois. Kurt Westergaard, le caricaturiste du Jylland-Posten, auteur du dessin représentant Mahomet avec un turban-bombe, a constaté que ce portrait apparaissait dans Fitna. Il a taxé de « vol » l’utilisation de sa propriété intellectuelle sans permission préalable ni droits d’auteur. Kurt Westergaard a fermement réprouvé le contexte dans lequel elle figurait. « Mon dessin s’adressait aux terroristes de l’islam, et non à la religion elle-même ». Au cours d’une interview donnée à la chaîne publique Nederland 2, il a déploré le manque de nuance du propos, et affirmé qu’il n’aurait « probablement pas » donné l’autorisation de reprendre son dessin si elle lui avait été demandée.

Les jours qui suivent détermineront l’impact réel de Fitna, même si un certain soulagement en ressort pour l’instant. L’existence d’une version anglaise atteste de la volonté de Geert Wilders de provoquer par-delà ses frontières. Des réactions plus radicales risqueraient d’apporter de l’eau à son moulin.

« Fitna », le film ouragan qui déferle sur les Pays-Bas

Nulle autre affaire de cette envergure n’avait eu lieu en Europe depuis celle des caricatures de Mahomet. Ce 27 mars, à 19h, le parlementaire néerlandais Geert Wilders est parvenu à publier sur Internet un film-brûlot sur le Coran et la montée de l’islam aux Pays-Bas. Célèbre pour ses idées d’extrême droite et notamment islamophobes, il suscitait la polémique depuis plusieurs mois. Cible de nombreuses menaces de mort et leader du « Parti pour la Liberté », il vit depuis 2004 sous protection constante, dans un pays traumatisé par l’assassinat du cinéaste Théo Van Gogh.

Le titre du film, Fitna, bien qu’il possède une signification ambiguë, décrit un état de discorde. Il s’agit précisément de l’effet souhaité par son auteur. Le court-métrage d’une quinzaine de minutes se constitue d’une succession d’extraits audios, vidéos, de photos ou de coupures de journaux évoquant le terrorisme islamiste. Ponctuées par des citations de sourates du Coran, les images parfois choquantes mêlent discours de prédicateurs et extraits plus célèbres, notamment les attentats de New York, Madrid, Londres, et l’exécution du journaliste Daniel Pearl.

Dans la dizaine d’heures qui a suivie la publication des versions néerlandophone et anglophone de Fitna, le film comptait déjà près de 5 millions de visionnages.
Le Premier ministre, Jan Peter Balkenende, s’est exprimé au nom du gouvernement dans la soirée. «Ce film prône l’amalgame entre islam et violence. Nous rejetons cette interprétation. La vaste majorité des musulmans rejette l’extrémisme et la violence, dont elle se trouve souvent victime. (…) Nous regrettons ainsi que M. Wilders ait lancé ce film. Nous pensons qu’il ne sert aucun autre but que celui d’offenser.»

Geert Wilders, parlementaire néerlandais et réalisateur de Fitna - Crédit photo : De Telegraaf

Réactions sages

L’impact de Fitna sur les Pays-Bas concentrait les craintes. Depuis le mois de novembre dernier, les ambassades et expatriés se maintiennent prêts à évacuer les pays sensibles. Geert Wilders a pris le risque d’exposer son pays à de violentes émeutes. Ni les appels du Premier ministre à interrompre son projet, ni le refus massif de diffusion par les chaînes de télévision, ne l’ont dissuadé à freiner son élan de provocation.
La société Network Solutions, propriétaire du site officiel de Fitna, ayant refusé cette semaine d’héberger la vidéo, Geert Wielders s’était tourné vers Liveleak.com. Le site anglais, célèbre pour accepter ce que YouTube juge trop extrême, prône la liberté de parole et de « tout montrer, parce que ça existe ».

Paradoxalement, le feuilleton de la réalisation du film a causé davantage de réactions que Fitna lui-même. Les Socio-Démocrates, premiers à réagir, ont affirmé « ne rien voir de nouveau. Des extraits de vidéos anciennes, des généralités comme Geert Wilders en accumule depuis des années ».

Brahim Bourzak, porte-parole de la Représentation Nationale des Marocains, s’est dit soulagé après le visionnage du court-métrage, et les efforts du gouvernement néerlandais. « Mes inquiétudes quant aux émeutes possibles ont diminué.(…) Wilders a bien réfléchi, le film ne dépasse pas de frontière légale ».

Une seule plainte réelle

Pour l’instant, l’unique plainte déposée contre le film et ses auteurs vient d’un Danois. Kurt Westergaard, le caricaturiste du Jylland-Posten, auteur du dessin représentant Mahomet avec un turban-bombe, a constaté que ce portrait apparaissait dans Fitna. Il a taxé de « vol » l’utilisation de sa propriété intellectuelle sans permission préalable ni droits d’auteur. Kurt Westergaard a fermement réprouvé le contexte dans lequel elle figurait. « Mon dessin s’adressait aux terroristes de l’islam, et non à la religion elle-même ». Au cours d’une interview donnée à la chaîne publique Nederland 2, il a déploré le manque de nuance du propos, et affirmé qu’il n’aurait « probablement pas » donné l’autorisation de reprendre son dessin si elle lui avait été demandée.

Les jours qui suivent détermineront l’impact réel de Fitna, même si un certain soulagement en ressort pour l’instant. L’existence d’une version anglaise atteste de la volonté de Geert Wilders de provoquer par-delà ses frontières. Des réactions plus radicales risqueraient d’apporter de l’eau à son moulin.

« Fitna », le film ouragan qui déferle sur les Pays-Bas

Nulle autre affaire de cette envergure n’avait eu lieu en Europe depuis celle des caricatures de Mahomet. Ce 27 mars, à 19h, le parlementaire néerlandais Geert Wilders est parvenu à publier sur Internet un film-brûlot sur le Coran et la montée de l’islam aux Pays-Bas. Célèbre pour ses idées d’extrême droite et notamment islamophobes, il suscitait la polémique depuis plusieurs mois. Cible de nombreuses menaces de mort et leader du « Parti pour la Liberté », il vit depuis 2004 sous protection constante, dans un pays traumatisé par l’assassinat du cinéaste Théo Van Gogh.

Le titre du film, Fitna, bien qu’il possède une signification ambiguë, décrit un état de discorde. Il s’agit précisément de l’effet souhaité par son auteur. Le court-métrage d’une quinzaine de minutes se constitue d’une succession d’extraits audios, vidéos, de photos ou de coupures de journaux évoquant le terrorisme islamiste. Ponctuées par des citations de sourates du Coran, les images parfois choquantes mêlent discours de prédicateurs et extraits plus célèbres, notamment les attentats de New York, Madrid, Londres, et l’exécution du journaliste Daniel Pearl.

Dans la dizaine d’heures qui a suivie la publication des versions néerlandophone et anglophone de Fitna, le film comptait déjà près de 5 millions de visionnages.
Le Premier ministre, Jan Peter Balkenende, s’est exprimé au nom du gouvernement dans la soirée. «Ce film prône l’amalgame entre islam et violence. Nous rejetons cette interprétation. La vaste majorité des musulmans rejette l’extrémisme et la violence, dont elle se trouve souvent victime. (…) Nous regrettons ainsi que M. Wilders ait lancé ce film. Nous pensons qu’il ne sert aucun autre but que celui d’offenser.»

Geert Wilders, parlementaire néerlandais et réalisateur de Fitna - Crédit photo : De Telegraaf

Réactions sages

L’impact de Fitna sur les Pays-Bas concentrait les craintes. Depuis le mois de novembre dernier, les ambassades et expatriés se maintiennent prêts à évacuer les pays sensibles. Geert Wilders a pris le risque d’exposer son pays à de violentes émeutes. Ni les appels du Premier ministre à interrompre son projet, ni le refus massif de diffusion par les chaînes de télévision, ne l’ont dissuadé à freiner son élan de provocation.
La société Network Solutions, propriétaire du site officiel de Fitna, ayant refusé cette semaine d’héberger la vidéo, Geert Wielders s’était tourné vers Liveleak.com. Le site anglais, célèbre pour accepter ce que YouTube juge trop extrême, prône la liberté de parole et de « tout montrer, parce que ça existe ».

Paradoxalement, le feuilleton de la réalisation du film a causé davantage de réactions que Fitna lui-même. Les Socio-Démocrates, premiers à réagir, ont affirmé « ne rien voir de nouveau. Des extraits de vidéos anciennes, des généralités comme Geert Wilders en accumule depuis des années ».

Brahim Bourzak, porte-parole de la Représentation Nationale des Marocains, s’est dit soulagé après le visionnage du court-métrage, et les efforts du gouvernement néerlandais. « Mes inquiétudes quant aux émeutes possibles ont diminué.(…) Wilders a bien réfléchi, le film ne dépasse pas de frontière légale ».

Une seule plainte réelle

Pour l’instant, l’unique plainte déposée contre le film et ses auteurs vient d’un Danois. Kurt Westergaard, le caricaturiste du Jylland-Posten, auteur du dessin représentant Mahomet avec un turban-bombe, a constaté que ce portrait apparaissait dans Fitna. Il a taxé de « vol » l’utilisation de sa propriété intellectuelle sans permission préalable ni droits d’auteur. Kurt Westergaard a fermement réprouvé le contexte dans lequel elle figurait. « Mon dessin s’adressait aux terroristes de l’islam, et non à la religion elle-même ». Au cours d’une interview donnée à la chaîne publique Nederland 2, il a déploré le manque de nuance du propos, et affirmé qu’il n’aurait « probablement pas » donné l’autorisation de reprendre son dessin si elle lui avait été demandée.

Les jours qui suivent détermineront l’impact réel de Fitna, même si un certain soulagement en ressort pour l’instant. L’existence d’une version anglaise atteste de la volonté de Geert Wilders de provoquer par-delà ses frontières. Des réactions plus radicales risqueraient d’apporter de l’eau à son moulin.