Touchés mais pas coulés dans le Golfe de Gascogne

Quelles sont les probabilités pour que deux sous-marins nucléaires ultra-perfectionnés se rentrent tout simplement dedans dans les eaux profondes du Golfe de Gascogne? Très faibles sans aucun doute. Mais c’est ce qui est arrivé dans la nuit du 3 au 4 février 2009 entre Le Triomphant et le HMS-Vanguard, un bâtiment britannique. A l’horizon, pas de constat à l’amiable mais une marée de questions…

Gloire et Déboires de la marine française. Cette semaine, c’est la collision entre deux sous marin nucléaires français et britannique qui nous a bien fait marrer. Révélé le 16 février, l’Express n’hésite pas à pointer du doigt « le lourd silence qui a entouré pendant deux longues semaines cet événement survenu dans le golfe de Gascogne, dans la nuit du 3 au 4 février ».

Lourd silence ou plutôt beau foutage de gueule ? En effet, France Info rappelle que « le ministère de la Défense français expliquait que Le Triomphant avait heurté un « objet immergé » alors qu’il était en plongée, mais qu’il avait pu regagner la base de l’Ile-Longue (Finistère) par ses propres moyens ». Par objet immergé, le ministère sous entendait alors un container qui, par on ne sait quel hasard, ce serait retrouvé à flotter dans l’océan atlantique. C’est vrai que c’est bien connu, l’océan est une grande poubelle : on y trouve n’importe quoi, y compris des containers en profondeurs…

Bref, soucieux de balayé l’accusation de « flagrant délit de mensonge » dont parle le Point, « Hervé Morin a démenti, mardi, toute tentative de dissimulation ». Et c’est là que le ministre de la défense dévoile sur Canal Plus les rouages complexes de la diplomatie étrangère : Suite à l’annonce de la marine française faisant état d’un choc avec un objet immergé, « les Britanniques (…) nous ont dit, ah dites-donc nous aussi on a un problème ». Et voilà comment fonctionne la communication internationale…

Théorie du chaos, crevette et espace tridimensionnel

Que le citoyen français se rassure. L’incident du Golfe de Gascogne n’est pas dû à un déficit de technologies mais à un perfectionnement de celles-ci. Ouf, on est sauvé ! Explication d’Hervé Morin : « Ces sous-marins sont indétectables, ils font moins de bruit qu’une crevette et ne peuvent pas émettre, parce que s’ils émettent, ils deviennent détectables ». Elémentaire mon cher Watson… Le Guardian préfère ironiser devant le loufoque de la situation : « La bonne nouvelle, c’est que nous tenons la preuve que la présence des sous-marins nucléaires britanniques est presque indétectable. La mauvaise, c’est que le HMS Vanguard l’était sans doute un peu trop ». Le Canard Enchainé lui, relativise : « Ca aurait pu être pire. Imaginez le ridicule si on avait heurté le Clemenceau ». Pragmatique, le Daily Mail insiste sur le caractère exceptionnel de cette collision: «seuls les sous-marins britanniques, américains et français sont indétectables à ce point. Et comme la marine française n’a généralement jamais deux appareils de ce type en patrouille en même temps… c’est une incroyable malchance pour la marine britannique d’être tombée sur le seul vaisseau du monde qu’elle est incapable de détecter et dont elle ne sait rien»!

Mais quelle est la probabilité pour que deux sous-marins se retrouvent au même endroit, au même moment, dans l’espace immense qu’est un océan, en trois dimensions, et sans réglementation de circulation qui plus est ? Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération, nous éclaire de sa lanterne : « Il y a une chance sur quelques millions qu’un tel accident se produise. Sauf si on nous ment -ce que je ne crois pas- cela s’est produit. La semaine dernière deux satellites se sont percutés à 800 km/heure au dessus de nos têtes. Cela dit, il se peut que les sous-marins empruntaient une route que les sous-mariniers connaissent bien, dans des couches d’eau où ils sont plus discrets».

De toute façon, c’est surement la faute aux anglais. S’ils ne voguaient pas à gauche, ça ne serait jamais arrivé…