Valéo, poil au parachute dans le dos

Attention les riches: l’alignement de la planète argent avec celle de la planète crise est à l’origine d’une très mauvaise conjoncture pour vous. Entre stock options et autres indemnités de départ à rendre jaloux Jean Marie Messier, l’étalage de vos privilèges pourrait attiser, non pas la convoitise, mais bien la haine du petit citoyen plan plan galérant bravement avec son Smic. L’ex PDG de Valéo, Thierry Morin, éjecté du navire le 20 mars avec un beau parachute doré de 3,2 millions d’euros constitue une beau spécimen du genre.

Indignation dans Ouest France: « Quelle gifle ont dû recevoir les salariés de l’équipementier automobile, particulièrement ceux qui seront du train de licenciements ». Vendredi 20 mars, la France apprenait la démission contrainte et forcée de Thierry Morin, PDG de Valéo. Et pas sans réticences puisque comme le précise 20minutes, « le parachute doré de 3,2 millions d’euros octroyé à l’ex-PDG de l’équipementier automobile en difficulté Valeo a déclenché hier une violente polémique ».

Mais pourquoi dégager Thierry Morin si l’ardoise à payer est aussi élevée? Une des explications relayées le plus largement par les médias est celle d’une « divergence stratégique ». Un proche du dossier nuance la chose dans le Parisien: « Il a su préserver les fondamentaux de Valéo, dynamique de coûts et contrôle de gestion, et renforcer l’innovation et la qualité. Mais, sous sa présidence, l’entreprise a stagné en termes de parts de marché ». Une stagnation peut être, mais au bilan calamiteux: avant de partir, Morin aura lancé un licenciement de 5000 personnes dont 1600 en France.

Bakchich, quant à lui, apporte une autre vision du départ du grand manitou de Valéo: «Morin, après 20 ans de boîte, a été viré par son conseil, qui lui reproche « de vouloir être présent sur trop de marchés au lieu de se concentrer sur son cœur de métier ! » Traduction, plutôt que de seulement faire des bouts d’auto pour Peugeot ou Renault, tel un golden boy, Morin faisait aussi du fric, de la finance et non des ailes ou des pare-chocs». Et de rappeler que «dans son micmac, Morin a perdu 207 millions en 2008 et 60% du prix de son action». Forcément dans cette situation, n’importe qui chercherait le parachute pour ne pas s’écraser à même le sol.

Même le Medef ne s’y reconnait pas, c’est pour dire!

Un parachute doré de 3,2 millions d’euros après un tel échec, ça la fout mal. Et en temps de crise économique internationale, ça la fout vraiment mal. Et quand on apprend que la société Valéo a reçu 19 millions d’euros de l’État en aide publique au secteur automobile, là, ça la fout encore plus mal.

Alors forcement, les réactions du monde politique et économique ne se sont pas fait attendre. Libération rapporte cette envolée outrée de Nicolas Sarkozy selon laquelle il ne «doit plus y avoir de bonus, de parachutes dorés ou de stock-options dans une entreprise qui reçoit une aide de l’État ou qui met en œuvre un plan social d’ampleur». Même son de cloche sur Europe 1 avec Luc Chatel, porte-parole du gouvernement: «L’État a accompagné cette société et je trouve choquant que, dans le contexte actuel, on mette en place ce type de rémunération». C’est bien simple, même Laurence Parisot s’indigne dans l’Express, puisqu’elle y « demande à Thierry Morin de renoncer « immédiatement » à ses indemnités de départ ». Encore mieux, dans les Échos, la présidente du Medef assure que « Le Medef ne se reconnaît pas dans le comportement d’un dirigeant qui piétine ainsi l’intérêt général de son entreprise, qui méprise ses salariés, bafoue les patrons de PME ». On croit rêver!

Un véto étatique sans grande valeur

Du coté de la gauche, le parachute doré de Morin est l’occasion d’enfoncer le clou. Jean-Marc Ayrault, porte parole du PS à l’assemblée, développe dans Libération : «Nous ne pouvons plus accepter que Nicolas Sarkozy, les membres du gouvernement, les responsables de l’UMP essaient de nous faire croire qu’ils vont remettre les choses en ordre, notamment en ce qui concerne les rémunérations des dirigeants alors que rien n’est fait pour agir concrètement».

Pas si sur. Car comme le rappelle les Échos, François Fillon a indiqué le 24 mars que l’État s’opposerait au versement d’un tel parachute. Une réaction spontanée, un peu vive, mais surtout irréalisable. En effet, le Nouvel Obs nuance en indiquant que « l’État n’a en réalité pas les moyens de s’assurer que son opposition à cette prime sera bel et bien suivie d’effets ». Et pour cause, puisque la participation de l’État au capital de l’entreprise ne représente que 8,33%, des parts, soit 10,55% des droits de vote. Autant dire que le veto étatique aura la même valeur que celui de Chirac contre la guerre en Irak. Peau de balle…

Eric Besson ne souhaite pas la « bienvenue » aux immigrés

Vous pensez qu’on fait une fixation? Qu’on frole l’acharnement? Eh bien vous avez raison. Oui, Eric besson, on ne peut pas le blairer. Oui, on execre sa politique, d’autant plus qu’il est actuellement ministre de l’immigration. Oui, on ne supporte pas que cet ancien du PS soit desormais le chouchou de Nicolas 1er. Alors avec tout le raffut autour du film de Philippe Lioret sorti le 11mars 2009, c’est bien simple, on n’a pas pu s’en empecher…

Un qui doit se frotter les mains, c’est Philippe Lioret, réalisateur de Welcome. « La polémique créée avec le ministre de l’immigration à propos des réfugiés de Sangatte a dopé les entrées du film au cours du premier week-end : 222.725 entrées sur 209 copies » annonce le Point. Un score plus qu’honorable pour un long métrage au sujet sensible. Comme l’indique la Croix, Welcome « raconte la rencontre entre un moniteur de natation de Calais et un jeune Kurde irakien, décidé à traverser la Manche à la nage pour retrouver celle qu’il aime ». L’occasion pour le réalisateur de s’attaquer à l’interdiction faite aux citoyens français de venir en aide aux personnes en situation irrégulière.

La promotion du film a alors pris une tournure politique. Quand Philippe Lioret s’est enflammé dans La voix du Nord en disant que « ça pourrait se passer en 1943. Il pourrait s’agir d’un type qui cache des juifs chez lui et se fait prendre. Sauf que ça se passe aujourd’hui à 200 kilomètres de Paris », la réponse ministériel ne s’est pas fait attendre. Éric Besson a contre-attaqué sur RTL:« Philippe Lioret a plus que franchi la ligne jaune. Suggérer que la police française, c’est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu’ils sont l’objet de rafles, etc., c’est insupportable».

Immigration choisie: Vive la boxe!

Ce qui est insupportable, c’est la politique sur l’immigration menée depuis plusieurs années par le gouvernement. Les reconduites à la frontière, la politique des quotas…, on en a déjà beaucoup parlé. Ce qui est également insupportable, c’est l’effronterie du ministre. Stratégie bonsoir: Éric Besson a invité la presse le jour même de la sortie de Welcome pour assister à la remise d’un titre de séjour à Sharif Hassanzadeh, un Afghan de 17 ans. Ce jeune champion de boxe française était jusque là en situation irrégulière. C’est outré que Bakchich rapporte les propos du ministre: « Par pudeur pour ce jeune, vous comprenez bien, il n’y aura pas de questions à l’issue de cette cérémonie… L’esquive fait partie du charme de ce sport, n’est-ce pas ? ». Mouais, l’esquive fait surtout partie du sport national qu’est la communication de bas étage…

«Nous ne sommes pas les fachos de l’Europe»

En tout cas, la feinte d’Éric Besson pour nous faire croire que la France est un grand pays d’accueil pour les étrangers est complètement tombée à l’eau. Tout comme la tentative du ministre d’éteindre le débat public sur la question de l’aide aux personnes en situation irrégulière. En effet comme l’indique le NouvelObs, « après avoir vu le film « Welcome » de Philippe Lioret, les députés socialistes ont déposé, mercredi 18 mars, une proposition de loi visant à supprimer le « délit de solidarité » avec les immigrés clandestins ». Le NouvelObs qui rappelle «qu’en vertu de l’article 622-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers, toute personne ayant facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger en France risque actuellement cinq ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende».

Cet engouement médiatique tombe plutôt mal. C’est France Soir qui pointe un cafouillage diplomatique: « Mardi soir (le 17 mars 2009 ndlr), le ministre anglais de l’immigration, Phil Woolas, annonçait la création d’un nouveau centre de « détention » dans les environs de Calais pour les migrants tentant de se rendre illégalement en Grande-Bretagne ». Émoi national puis démenti d’Éric Besson sur BFM TV: « Il n’est pas question de recréer Sangatte. Ce serait une erreur dans la gestion des flux migratoires avec le Royaume-Uni, cela nous placerait de nouveau dans une situation inextricable. » Décidément, on a jamais autant parlé de Calais…

C’est alors un véritable cri du cœur qu’a poussé notre cher Éric à Paris Match: « Nous ne sommes pas les fachos de l’Europe! ». Depuis la mort de Jorg Haider, on se posait justement la question…

Sarko sous le soleil de Mexico

Un petit gout de bling bling. En pleine récession et crise internationale, Nicolas Sarkozy avait du se serrer la ceinture. Pas de dépenses trop monstrueuses, pas de voyages sur le yacht de riches industrielles ni de repas dans un restaurant huppé parisien, le chef d’Etat avait su se retenir. Enfin, jusqu’au week-end dernier…

« A la veille de sa visite officielle au Mexique, le couple présidentiel a séjourné dans la station balnéaire de Manzanillon sur la côte sud-ouest du pays » indique l’Express. Parti jeudi 5 mars 2009 pour une rencontre officielle prévuew le lundi 9 mars, ça fait du bon petit week-end. Trois jours de détente pour un couple fort occupé, on comprend. Profiter d’une visite diplomatique pour prolonger un séjour privé, on comprend aussi. Ce que l’on ne comprend pas par contre, c’est la source du financement des petites vacances des Sarkozy…

Pour le Canard Enchainé, Carla et Nicolas ont été hébergé au sein de l’hôtel Tamarindo Beach and Golf Resort : le « summum du luxe ». A 2000 dollars la nuit pour la suite présidentielle, 4000 dollars la suite Océan avec majordome particulier, le citoyen français aurait pu grincer des dents. Mais qu’il se rassure, car selon l’hebdomadaire satirique, « l’Elysée a prévenu qu’il s’agissait d’une invitation du président Calderon ». Une invitation personnelle ? De bonnes bases pour entamer les négociations musclées concernant la détention de Florence Cassez…

Mais rebondissement dévoilé par RTL « la présidence mexicaine n’aurait rien payé pour un séjour hors d’une résidence de l’État mexicain ». Pour RTL, c’est sans aucun doute le propriétaire du fabuleux hôtel lui-même, Roberto Hernandez Ramirez, qui aurait financé le séjour. Et comme on est au Mexique, sans narcotrafiquant, la visite aurait manqué de charme. Heureusement, ce n’est pas le cas pour Rue89 qui a passé au peigne fin le passé de ce banquier milliardaire et accessoirement l’une des plus grosses fortunes du pays : «Dans les années 1990, il a été soupçonné au Mexique de faire transiter par ses propriétés de la cocaïne sud-américaine et de participer au blanchiment de l’argent de la drogue». Quel exotisme, c’est Carla qui a du être contente de cette immersion en pleines mœurs locales…

D’un S qui veut dire Sarko

Mais trêve de farniente, Nicolas n’était pas là pour rigoler (enfin pas trop…). « La visite de Nicolas Sarkozy au président Calderon est officielle, elle tend à raffermir les relations franco-mexicaines et elle était prévue de longue date » précise la Voix du Nord. Mais le passage de notre chef d’Etat « a pris un tour politique avec la lourde condamnation par la justice locale de la Française Florence Cassez » rappelle le Point. Condamnée à 60 ans de réclusion en appel pour enlèvement et séquestration, Florence Cassez réclame son transfert vers les prisons françaises. Comme si les prisons françaises valaient mieux que les mexicaines, la bonne blague !

Arrivé sur place, Zorro-Sarko est arrivé sur Tornado pour faire la loi et ridiculiser le sergent Calderon. Mais las, le succès ne fut pas au rendez-vous comme avec les infirmières bulgares ou les membres de l’Arche de Zoé. Florence Cassez a ainsi été contrainte de renoncer à un pourvoi en cassation, pourvoi qui aurait pu permettre d’établir son innocence, afin d’effectuer son transfert vers la France. Dans un climat de tension au Mexique où les enlèvements constituent un véritable fléau, la démarche française est très mal perçue.
« La mise en place d’une commission bilatérale pour revoir la situation juridique de Florence Cassez est, de quelque côté qu’on le voie, une honte nationale » s’insurge le quotidien de gauche et d’opposition La Jornada. Et d’enfoncer le clou : « Le gouvernement mexicain s’est plié à la logique raciste et discriminatoire imposée par le président de la France, Nicolas Sarkozy ».

Réduit à user de prudence, « le président français et son homologue mexicain Felipe Calderon ont officiellement engagé hier (mardi 10mars ndlr) la procédure de transfèrement, en vertu de la convention de Strasbourg de 1983. Une commission de juristes des deux pays réglera les derniers détails dans les trois semaines » précise le Parisien.

C’est donc ulcérée que la population mexicaine observe son chef d’état s’accommoder des lois pour le bien fondé de la diplomatie. C’est également outrée qu’elle observe le pouvoir politique se mêler

Ne sachant pas quoi faire de son stock de balles, il le poste à ses ennemis politiques

Cette semaine, Satire à vue se la joue Faits Divers. Peut être parce que la police de la France entière a les yeux braqués sur Montpellier… En effet, un montpelliérain a été arrêté mercredi 4 mars 2009 . Il est suspecté d’avoir terrorisé plusieurs personnalités de droite en leurs envoyant des lettres de menaces de mort contenant des balles d’armes à feu. Pour une fois qu’on parle de notre belle ville : Célébrité, nous voilà !

Montpellier sous les feux de la rampe, ou plutôt sous le feu des balles. Le Point relate que « Un homme âgé de 47 ans, informaticien et militaire de réserve, a été interpellé mercredi 4 mars à son domicile à Montpellier dans l’enquête sur l’envoi, ces dernières semaines, de courriers accompagnés de menaces de mort visant Nicolas Sarkozy, plusieurs ministres et d’autres personnalités ». 20minutes complète, l’arrestation aurait été faite sur « la foi d’une dénonciation de son ex-compagne […] qui aurait alerté la police car il aurait employé pour la menacer des termes proches de ceux utilisés dans les lettres ». Ca, c’est de la preuve…

De Lamalou les Bains à l’Elysée

Mais remontons aux sources de l’affaire. C’est le quotidien Sud-Ouest qui déclencha l’emballement médiatique en révélant mardi 3 février qu’Alain Juppé avait reçu une balle de 9 mm lundi matin dans une enveloppe kraft adressée à la mairie de Bordeaux. Le tout accompagné de menaces de mort bien sur, sinon c’est pas drôle.
Mais Alain Juppé n’est pas l’unique victime du corbeau comme le dévoile Rue89 : « Quelques heures plus tard, parquet, Elysée et ministères concernés révélaient que Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie et Rachida Dati avaient reçu des plis de même teneur, en fin de semaine dernière. Des élus locaux aussi: le sénateur de Lozère Jacques Blanc et le sénateur-maire de Béziers (Hérault), Raymond Couderc -calibre 38 pour lui (à peine plus gros qu’une balle de 9 millimètres) ».
A Satire à vue, on pense détenir un indice : le coupable ne doit pas être de droite.

Mais comme quand on aime, on ne compte pas, l’effroyable serial menaceur s’en est même prit aux médias. Apres Nonce Paolini, PDG de TF1, une « enveloppe est arrivée ce matin (4 mars ndlr) au siège de France Télévision » indique Le Figaro. Autant dire qu’avec une telle brochette de célébrités sarkoziennes, l’affaire ne pouvait pas s’éterniser indéfiniment.
On en oublie même la première victime, Marcel Rocques, modeste maire nouveau centre de Lamalou les Bains. L’édile s’est vu honoré le 31 mai 2007 « d’une missive, accompagnée d’une balle d’arme de poing de calibre 44 Remington Magnum de marque RP » précise le Parisien. Désolé Marcel, mais Lamalou les bains, ça fait pas frétiller la brigade anti-terroriste…

Le monsieur te dit : « vous êtes dans les starting blocks de la mort »

Niveau prose, le contenu des lettres est digne de tout activiste dyslexique qui se respecte. Le parisien nous communique ainsi quelques extraits choisis : « Le mépris total de vous envers le peuple nous impose d’agir », ou bien « Le dispositif de surveillance nous a permis de vous cibler vous et les vôtres dans tous vos déplacements donc vous êtes ciblés et verrouillés. Le temps pour nous est sans importance puisque vous êtes déjà mort, en sursis, seulement », ou encore «Vous UMP Nouveau Centre FN et autres collabos centristes et socialos collabos, vous êtes dans les starting blocks de la mort». Quel charmant personnage. On est persuadé que Royal, Bayrou, Bockel et Morin apprécieront l’amalgame collabos-centristes et socialos-collabos.

Devant ce haut sommet de littérature, la réaction de Michèle Alliot-Marie a été tres… mesurée. Dans un éclair de lucidité, elle a déclaré au NouvelObs que l’auteur des lettres de menaces est « de toute évidence (…) quelqu’un qui est un petit peu dérangé ».
Rappelons à juste titre par le biais des Echos que « L’envoi de lettres de menace de mort est puni d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à trois ans et 45.000 euros d’amende ». Alors jeunes corbeaux en herbe, même si les politiques vous agacent, n’essayez pas de reproduire ce difficile exercice chez vous, et ce même en présence d’un adulte.

Touchés mais pas coulés dans le Golfe de Gascogne

Quelles sont les probabilités pour que deux sous-marins nucléaires ultra-perfectionnés se rentrent tout simplement dedans dans les eaux profondes du Golfe de Gascogne? Très faibles sans aucun doute. Mais c’est ce qui est arrivé dans la nuit du 3 au 4 février 2009 entre Le Triomphant et le HMS-Vanguard, un bâtiment britannique. A l’horizon, pas de constat à l’amiable mais une marée de questions…

Gloire et Déboires de la marine française. Cette semaine, c’est la collision entre deux sous marin nucléaires français et britannique qui nous a bien fait marrer. Révélé le 16 février, l’Express n’hésite pas à pointer du doigt « le lourd silence qui a entouré pendant deux longues semaines cet événement survenu dans le golfe de Gascogne, dans la nuit du 3 au 4 février ».

Lourd silence ou plutôt beau foutage de gueule ? En effet, France Info rappelle que « le ministère de la Défense français expliquait que Le Triomphant avait heurté un « objet immergé » alors qu’il était en plongée, mais qu’il avait pu regagner la base de l’Ile-Longue (Finistère) par ses propres moyens ». Par objet immergé, le ministère sous entendait alors un container qui, par on ne sait quel hasard, ce serait retrouvé à flotter dans l’océan atlantique. C’est vrai que c’est bien connu, l’océan est une grande poubelle : on y trouve n’importe quoi, y compris des containers en profondeurs…

Bref, soucieux de balayé l’accusation de « flagrant délit de mensonge » dont parle le Point, « Hervé Morin a démenti, mardi, toute tentative de dissimulation ». Et c’est là que le ministre de la défense dévoile sur Canal Plus les rouages complexes de la diplomatie étrangère : Suite à l’annonce de la marine française faisant état d’un choc avec un objet immergé, « les Britanniques (…) nous ont dit, ah dites-donc nous aussi on a un problème ». Et voilà comment fonctionne la communication internationale…

Théorie du chaos, crevette et espace tridimensionnel

Que le citoyen français se rassure. L’incident du Golfe de Gascogne n’est pas dû à un déficit de technologies mais à un perfectionnement de celles-ci. Ouf, on est sauvé ! Explication d’Hervé Morin : « Ces sous-marins sont indétectables, ils font moins de bruit qu’une crevette et ne peuvent pas émettre, parce que s’ils émettent, ils deviennent détectables ». Elémentaire mon cher Watson… Le Guardian préfère ironiser devant le loufoque de la situation : « La bonne nouvelle, c’est que nous tenons la preuve que la présence des sous-marins nucléaires britanniques est presque indétectable. La mauvaise, c’est que le HMS Vanguard l’était sans doute un peu trop ». Le Canard Enchainé lui, relativise : « Ca aurait pu être pire. Imaginez le ridicule si on avait heurté le Clemenceau ». Pragmatique, le Daily Mail insiste sur le caractère exceptionnel de cette collision: «seuls les sous-marins britanniques, américains et français sont indétectables à ce point. Et comme la marine française n’a généralement jamais deux appareils de ce type en patrouille en même temps… c’est une incroyable malchance pour la marine britannique d’être tombée sur le seul vaisseau du monde qu’elle est incapable de détecter et dont elle ne sait rien»!

Mais quelle est la probabilité pour que deux sous-marins se retrouvent au même endroit, au même moment, dans l’espace immense qu’est un océan, en trois dimensions, et sans réglementation de circulation qui plus est ? Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération, nous éclaire de sa lanterne : « Il y a une chance sur quelques millions qu’un tel accident se produise. Sauf si on nous ment -ce que je ne crois pas- cela s’est produit. La semaine dernière deux satellites se sont percutés à 800 km/heure au dessus de nos têtes. Cela dit, il se peut que les sous-marins empruntaient une route que les sous-mariniers connaissent bien, dans des couches d’eau où ils sont plus discrets».

De toute façon, c’est surement la faute aux anglais. S’ils ne voguaient pas à gauche, ça ne serait jamais arrivé…

Jégo ne guadeloupe pas son avion

Chaleur dans les Dom Tom. Prix trop élevés, salaires trop bas, le mécontentement s’accélère depuis le 20 janvier 2008 dans ce petit coin de paradis qu’est la Guadeloupe. Face à la contestation grandissante, la métropole s’organise. Enfin, essaye…
Yves Jégo, secrétaire d’État à l’outre mer, tente de gérer la crise aux gré de ces déplacements. Mais quand ce dernier est rappelé en urgence par le premier ministre, le règlement de la situation semble bien compromis.

Panique sous les tropiques. Depuis le 20 janvier, la Guadeloupe vit au rythme des manifestations et des blocages. En gros, c’est la galère. Le Nouvel Obs rappelle les faits : « une grève générale à l’appel de 52 organisations réunies dans un « Comité contre l’exploitation outrancière » (LKP) réclame (…) une baisse du prix des carburants, des produits de première nécessité, des impôts et des taxes, ainsi qu’une hausse du salaire minimum de 200 euros ». Une situation alarmante qui ne l’est pas forcément pour nos dirigeants. De toute façon, la Guadeloupe, c’est loin, il y fait chaud et les fonds marins sont fabuleux, alors il n’y a vraiment pas de raison de grogner. Pourtant, c’est l’escalade du mécontentement, et ce sont de 12 à 18 000 manifestants qui prennent d’assaut Pointe-à-Pitre les 29 et 30 janvier derniers.

Mais ou était Yves Jégo ? En pleine révision de l’intégrale du guide du routard collection DOM TOM ? Qui sait, en tout cas, le secrétaire d’Etat à l’outre mer a tardé à réagir. Pour le Canard Enchainé, la raison est toute autre : « Si Jégo a attendu deux semaines avant de s‘envoler pour Pointe à Pitre, c’est tout simplement parce qu’il voulait rester à Paris jusqu’au 31 janvier, jour de la réunion de son club groupusculaire Nouvelle Société ». Le temps d’enlever sa toge et d’enfiler son bikini, Jégo a tout de même fini par s’envoler le 1er février. Une réaction un peu trop tardive qui a provoqué l’amertume du président. « Il a merdé » a-t-il constaté dans le Canard Enchainé. Et de poursuivre : « Une crise comme celle de la Guadeloupe, si on ne la règle pas dans les 48 heures, on ne peut la régler normalement ».

Mais tout le monde n’a pas la frénésie présidentielle. Moins Speedy Gonzales que Rantanplan, Jégo vit la crise à la cool, sans pour autant être insensible au sort des insulaires. Dans un entretien au Journal du Dimanche, il constate une situation plus qu’alarmante : « Il est normal que l’éloignement ait un impact sur les prix, mais certains prélèvent des marges qui paraissent abusives ». Le secrétaire d’état s’est même engagé « à revenir ici chaque mois pour rendre des comptes aux Guadeloupéens » rapporte la Provence. Quel zèle ! Tu m’étonnes John, la crise aurait été à Saint Pierre et Miquelon, ça n’aurait surement pas été la même…

Guadeloupe en quarantaine: Risques de contagion

Qui n’aurait pas été séduit par une ambiance surement plus caliente que la neige parisienne ? Yves Jégo, à la fraiche et détendu de la valise diplomatique, en a même oublié d’être un sale con. Deuxième reproche de Nicolas Sarkozy recueilli par le Canard Enchainé : « Sur place, Jégo a lâché trop vite. Dans une telle négociation, si on lâche tout tout de suite, c’est la fuite en avant assurée ». En avant, on sait pas. Mais fuite, ça s’est sur il y aura. Rue 89 nous fait ainsi part du départ en urgence d’Yves Jégo : « Dimanche 8, au soir du vingtième jour de grève en Guadeloupe, le ministre de l’Outre-mer a quitté Basse-Terre, pour aller chercher « des solutions à Paris » ».

Surprise dans la population Guadeloupéenne. Mais que leur hospitalité ne soit pas mise en cause, car la raison de cette précipitation était à cherche ailleurs. Pour Bakchich, « François Fillon a la réponse. C’est lui qui a rappelé à l’ordre le secrétaire d’État, jugé trop généreux ». Le Monde indique quant à lui une autre hypothèse : « le gouvernement craint la contagion ». « En donnant satisfaction au collectif (LKP) de syndicats et d’associations de Guadeloupe qui mène la grève générale depuis le 20 janvier, l’Etat sait qu’il s’expose à coup sûr à une revendication similaire en Martinique et en Guyane » a complété Libération.

Un dossier à prendre avec des pincettes donc. Mais pourquoi utiliser des pincettes quand on peut y aller au bulldozer ? Sortant la grosse artillerie, François Fillon a enfin permis le retour dans l’ile de son secretaire d’état. « Yves Jégo est revenu en Guadeloupe dans la nuit de mardi à mercredi, en compagnie de deux médiateurs nommés par le Premier ministre, explique la Tribune. Ces derniers auront pour tâche de trouve un accord salarial entre le patronat et le collectif KLP à l’origine de la grève générale démarrée dans l’île le 20 janvier ». Et pendant ce temps, Yves Jégo retourne à son intégrale du guide du routard ?

Il leur a dit d’aller siffler sur une autre colline

A force de déplacer, échanger, nommer et remplacer, une mutation en deviendrait presque banale. Jean Charbonniaud, préfet de la Manche, et Philippe Bourgade, son directeur départemental de la sécurité publique, ont été aimablement conviés à dégager respectivement les mercredi 28 et jeudi 29 janvier 2009. En cause, la manifestation du 12 janvier à Saint Lo au cours de laquelle le président a été amplement sifflé. Encore deux victimes de plus sur son tableau de chasse.

Jeudi noir et blancs benêts

Éducation, transport, services publics et entreprises privées, préparez-vous: la France s’arrêtera jeudi 29 janvier. Et alors que l’angoisse commence tout doucement à monter dans les chaumières, certains font déjà des nuits blanches rien qu’à l’évocation du blackout qui se profile. Petit medley des réactions de nos personnages politiques.

Jeudi noir et blancs benêts

Éducation, transport, services publics et entreprises privées, préparez-vous: la France s’arrêtera jeudi 29 janvier. Et alors que l’angoisse commence tout doucement à monter dans les chaumières, certains font déjà des nuits blanches rien qu’à l’évocation du blackout qui se profile. Petit medley des réactions de nos personnages politiques.

Quand on fait une grève à la SNCF, on s’en apercoit (encore)…

Au départ, l’agression d’un employé de la SNCF mardi 13 janvier 2009. Au milieu, une auto-flagellation en public du PDG de la SNCF. À la fin, un resserrement probable de la loi du 2 août 2007 sur le service minimum prévu pour le mois prochain. Mais que s’est-il donc passé à la gare Saint Lazare pour aboutir à une telle réaction en chaine? Retour sur une grève qui passe mal dans le gosier présidentiel.

Courbettes et prouesses acrobatiques : ramper en public est un exercice difficile. Guillaume Pépy, PDG de la SNCF, n’y est pas allé de main morte pour présenter ses plus plates excuses lors du JT de France 2 en date du mercredi 14 janvier.
A Arrêt sur Image, on s’amuse du bon cœur que Pépy met à l’ouvrage. « Comment la SNCF communique : notre premier jeu ! ». Apprenez ainsi que « un tel exercice de contrition sur le plateau du 20 Heures obéit à des codes immuables. Fausse note interdite ! Dans les mots, mais aussi dans les gestes ». Sur le site d’ASI, le lecteur est ainsi convié à relier expressions toutes faites et gestuelles qui vont avec.

Mais au fait, pourquoi tout ce battage ? Un scandale financier à la SNCF ? 3000 licenciements prévus pour février ? Ou mieux, ont-ils enfin constaté que le rapport qualité/prix concernant les sandwichs vendus à la buvette était franchement douteux ? Non. La cause du mea culpa de Guillaume Pépy est des plus banales puisqu’il s’agit d’une grève déclenchée le 13 janvier par des conducteurs solidaires de leur collègue agressé la veille. « Cette dernière a été présentée en début de matinée par la SNCF comme une «grève sauvage», touchant «30 à 40% des conducteurs», explique le gratuit 20 Minutes. «Mais une heure plus tard, on apprenait que le trafic était totalement interrompu et que la gare Saint-Lazare était évacuée et fermée pour raisons de sécurité ». Une grève, on ne peut pas dire que l’incident est des plus surprenants.

Ce qui l’est en revanche, c’est les proportions qu’a pris l’événement. Ainsi, le Nouvel Obs nous apprend que « Nicolas Sarkozy a demandé mercredi en conseil des ministres à la SNCF de « s’excuser auprès de ses abonnés » et « d’indemniser les voyageurs » ». La voici, la source du petit numéro de Guillaume Pépy. Sitôt demandé, sitôt exécuté : A nous de vous faire préférer le train.

Un train de réformes peut en cacher un autre

Sur tous les tableaux, le chef de l’État n’en était pas pour autant attendu sur celui-ci. Le problème, c’est que l’affaire de la gare Saint Lazare révèle la légèreté du système construit par Nicolas Sarkozy. Tout d’abord, et malgré ce qu’il avait annoncé, les voyageurs franciliens ont pu constater que, en France, quand on fait une grève, on s’en aperçoit encore. Rageant…

Mais c’est surtout les limites du service minimum, pointées par le Monde, qui ont dû initier les foudres présidentielles. « Les syndicalistes radicaux savent se servir des failles de la législation pour la contourner et la neutraliser. Le recours aux fameuses mini-grèves tournantes de cinquante-neuf minutes en est une bonne illustration. Tout comme le recours abusif au droit de retrait qui évite les préavis ». En première ligne, le syndicat Sud Rail semble être devenu expert es provoc. « Les syndicats de Sud sont des irresponsables, accuse Nicolas Sarkozy dans les colonnes du Canard Enchainé. On ne peut pas accepter que la France soit prise en otage sans préavis ». Des propos qui n’ont bien sur pas calmé les salariés de la SNCF.

Pour serrer la vis, la réponse de la présidence ne devrait pas se faire attendre. On murmure déjà autour d’une refonte de la loi du 2 août 2007 sur le service minimum. Libération indique que « le nouveau ministre du Travail, Brice Hortefeux, remettra sa copie sur le service minimum dans les transports dans un délai d’un mois ». Une copie que les grévistes affubleraient volontiers d’un zéro pointé. Selon le Canard Enchainé, « La nouvelle loi devra faciliter les réquisitions lors des grèves spontanées, interdire le droit de retrait qui autorise le personnel de la SNCF et des transports publics à faire grève sans préavis en cas d’agression. Enfin, cette loi devra permettre de frapper sévèrement au portefeuille les grévistes afin de les dissuader de recourir à des arrêts de travail de 59 minutes ».

Si les cheminots espèrent en leur for intérieur un soutien populaire, il serait tant de déchanter : démocratie et droit de grève contre trains à l’heure, faut pas déconner.