Handball : Le MHB mate Nîmes

Pour ce duel fratricide entre Montpellier et Nîmes, la différence s’est faite en fin de match. Les hommes de Patrice Canayer ont fini en boulet de canon, emmenés par un grand Melvyn Richardson.

Un derby qui sentait la poudre. À égalité avant la rencontre (19 points chacun), MHB et USAM attendaient ce choc avec impatience. L’enjeu ? Le Passer les fêtes de fin d’année au chaud, sur le podium, juste derrière Paris et Nantes.

Face à une équipe invaincue à l’extérieur (!), les Montpelliérains n’ont à aucun moment semblé inquiet, toujours sûrs de leur force. Pourtant, les Nîmois démarrent fort la rencontre. Dans le sillage d’un excellent Mohammad Sanad (11 buts ce soir), les Vert et Blanc défendent comme des morts de faim, se montrent efficaces face au but en bonifiant chaque perte de balle héraultaise. « Pendant les 20-25 premières minutes, on fait jeu égal avec eux » analysait en fin de rencontre Rémi Desbonnet, le gardien nîmois.
Puis vient l’heure pour Patrice Canayer de sortir son facteur X, Melvyn Richardson. Le jeune prodige, boosté par sa fougue et son insouciance, fait basculer la rencontre presque à lui tout seul (13 buts). Un signal fort envoyé au sélectionneur de l’équipe de France Didier Dinart, à quelques semaines de la Coupe du Monde. À la pause, 18-14 pour les locaux.

Quand Nîmes craque, Montpellier accélère

Dans un derby délocalisé dans une Sud de France Arena à moitié pleine, la seconde mi-temps marque le retour des Nîmois. À la 40e, les protégés de Franck Maurice reviennent à -1 grâce à Micke Brasseleur et ont même une possession pour égaliser. Mais la défense montpelliéraine bloque le passage et Melvyn Richardson, encore lui, remet son équipe dans le sens de la marche. Les cadres prennent les choses en main et emballent la rencontre. L’inoxydable Mickaël Guigou bonifie chaque ballon qu’il touche, Valentin Porte et Mathieu Grebille reprennent confiance… En face, Rémi Desbonnet encourage ses troupes pour ne rien lâcher.

Mais la fin de match tourne largement en faveur du champion d’Europe en titre. « On a su rien lâcher jusqu’à la fin » commente Guigou auteur de cinq buts hier soir (100% de réussite). Face à un adversaire aussi coriace que Nîmes, il fallait répondre dans l’agressivité sur 60 minutes: « Nîmes montre vraiment de belles choses. On l’a vu, on a été accrochés une grosse partie du match. Ce n’est pas étonnant au vue de la première partie de saison qu’ils font » conclut l’ancien capitaine. « Il fallait être rugueux ce soir (hier soir), ils l’ont été plus que nous » glisse, fataliste, Quentin Dupuy. Le kung-fu en fin de match conclu par Richardson incarne le final en apothéose du MHB.

Malgré les dix premières minutes moyennes de la deuxième mi-temps, les Montpelliérains ont ensuite fait la course en tête de jusqu’à la fin. Pour un score final sans appel et logique, au vue de la belle soirée de handball que les protagonistes ont proposé aux supporters, de 33-27.

Réactions : 

Patrice Canayer (entraîneur du MHB) : « Face à une équipe invaincue à l’éxtérieur, on est satisfaits du résultat. On a effectué un bon match. On est dans une bonne dynamique, on a fait preuve de caractére et il y a eu du bon dans le jeu. Les dix premières minutes de la seconde période m’ont déplu. C’est un match de qualité face à un adversaire de qualité. C’est un match solide, j’ai aimé le repli défensif. J’ai aimé le match qu’on a livré ce soir. On a joué une saison en une demi-saison. Globalement, on est encore envie en champonnat, qualifié pour les deux coupes et on a encore une petite chance en coupe d’Europe. »

Franck Maurice (entraîneur de Nîmes) : « Il nous a manqué l’expérience. On prend un 5-0 en première mi-temps. On est rattrapé par l’énervement. On a manqué de lucidité dans les moments importants. Pourtant, c’est notre meilleur match en attaques placées de la saison. On a laissé Montpellier se gaver de buts faciles. » 

Melvyn Richardson :

 

 

 

Handball : Et si Nîmes devançait Montpellier ?

Après cinq journées de championnat, les deux clubs sont déjà aux coude-à-coude. En fin de saison, Nîmes parviendra-t-il à devancer Montpellier pour la première fois depuis 1994 ?

C’était il y a presque 25 ans. Les Nîmois de l’USAM, quatre fois champions de France en six saisons, remportaient la Coupe de France et finissaient second du championnat, juste devant les Montpelliérains du MHB. En proie à des difficultés financières, l’USAM déposait le bilan à l’issue de cet exercice 1993/1994. Depuis, les Héraultais règnent sur la France du handball et les Gardois tentent de se reconstruire pas à pas. Cette saison, les Nîmois semblent en mesure de retrouver les premières places. Suffisant pour devancer son voisin et rival à l’issue du championnat ?

Pourquoi l’USAM peut finir devant le MHB.

Tout le monde le sait, les Nîmois sont capables d’exploits. L’an passé, dans sa bouillonnante salle du Parnasse, l’USAM a fait tomber le PSG, Nantes et Montpellier. Ni plus ni moins que les trois représentants français en demi-finale de la Ligue des Champions. “Ces dernières années, l’USAM était une équipe qui surprenait ses adversaires par sa capacité à remonter très vite les ballons”, estime Hugo Lauzy, rédacteur pour Handnews en Occitanie. “Cette année ils sont capables de calmer le jeu et de marquer sur attaques placées. Ils ont une des meilleures bases arrières du championnat alors que c’était leur point faible jusqu’à présent.

Avec l’arrivée du pivot Nieto, on est aussi plus dur à bouger en défense”, ajoute Bastien Amy, membre du groupe de supporter le Green Kop. “Avec les arrivées de Garain, Brasseleur et Nieto ils ont progressé dans leurs secteurs défaillants”, résume Hugo Lauzy.
De son côté le MHB, sacré champion d’Europe l’an passé, a perdu Ludovic Fabregas à l’intersaison.
C’est probablement le meilleur pivot du monde”, souligne Hugo Lauzy. “Il jouait tous les matchs l’an passé et il était crucial en attaque comme en défense. Pour le moment, son remplaçant, Fredric Petterson, souffre de la comparaison.” Comme pourrait l’écrire Lamartine, “un seul être vous manque et tout est dépeuplé”.

Pourquoi le MHB reste plus fort que l’USAM.

Tout ? Pas vraiment. Car si pour l’heure l’USAM fait un parcours parfait, avec quatre victoires et un nul obtenu contre le PSG, Montpellier n’est qu’à un point derrière et pourrait vite refaire son retard.
L’USAM est spécialiste des départs canons. Mais en général, ça se gâte après la mi-saison. L’an passé la Green Team était seconde à la trêve. Elle a finalement terminé huitième”, rappelle Hugo Lauzy. “En cause, leur manque d’expérience et leur faible budget, le 10e de la division. Nîmes est rapidement mis en difficulté dès que les blessures s’accumulent. L’an dernier, ils sont allés en finale de Coupe de France et ça les a pénalisé pour le championnat.”

De son côté, le MHB dispose d’un effectif plus complet et expérimenté.
“S’ils ont du mal en Coupe d’Europe, en championnat ils assurent. Ils n’ont perdu que contre Nantes pour le moment. A l’image de leur match contre Dunkerque, ils savent gagner même quand ils jouent moins bien. Compte tenu de tout cela, j’estime que l’USAM a 30% de chance de devancer le MHB en fin de saison. »

Une saison clé pour l’USAM

Si devancer le MHB reste hypothétique, les Gardois peuvent raisonnablement rêver d’un top 5 et d’un retour en Coupe d’Europe, 24 ans après l’avoir quitté. Pour la Ligue des Champions, le PSG, le MHB et Nantes ont une longueur d’avance. Mais la course pour la qualification pour la Coupe EHF est très ouverte. “C’est l’objectif affiché du club mais ça va être difficile face à Chambéry, Saint-Raphaël, Dunkerque ou Aix”, tempère Bastien Amy.
Pour y parvenir il faudra que Nîmes reste solide après la trêve”, estime Hugo Lauzy. “L’USAM arrive à un tournant. S’il n’est pas européen, ce sera presque impossible de conserver des jeunes talents comme Elohim Prandi, Quentin Dupuy ou Micke Brasseleur. Mais s’il se qualifie pour une compétition européenne, Nîmes pourra conserver ses pépites et peut-être en attirer d’autres.
L’heure pour l’USAM d’écrire une nouvelle page de son histoire.