La Beaujolais Night retour aux origines (Vidéo)
En marge du salon Millésime Bio, les jeunes vignerons du Beaujolais ont invité les amateurs de vins à venir déguster leur production autour d’un buffet.
En marge du salon Millésime Bio, les jeunes vignerons du Beaujolais ont invité les amateurs de vins à venir déguster leur production autour d’un buffet.
Interview du troisième producteur espagnol de vin (1500 hectares dont un tiers en bio). La maison Miguel Torres est une institution familiale très impliquée dans l’écologie. Ils étaient présents au salon Millésime Bio pour la première fois cette année. L’équipe de Haut Courant est partie à leur rencontre.
Odorat, goût, ouïe, vue… Le salon Millésime Bio met nos cinq sens en éveil. Hautcourant a arpenté les allées du plus grand salon de vin bio au monde, qui s’est tenu à Montpellier du 26 au 28 janvier 2015. Une invitation à la découverte des facettes anecdotiques et traditionnelles de ce rendez-vous incontournable de la sphère viticole mondiale. Embarquez pour un parcours initiatique et une expérience sensorielle.
« Est-ce qu’il y a de la bière ? » Oui, pas de panique… Dans le plus grand salon de vin bio au monde, on trouve même de la bière biologique ! Vodka, rhum, ouzo, whisky, gin et autres alcools viennent gonfler les rangs de la production de boisson bio. Sur le seul stand britannique du salon, pas de vin mais des spiritueux «by appointment » du Prince de Galles. Avec sur la bouteille, un blason apposé tel un label ou une certification décernée par la famille royale. Classe. Mais le salon Millésime Bio c’est bien sûr l’antre du marché du vin bio.
Les professionnels du vin, cavistes, grossistes, restaurateurs, œnologues, importateurs sont là pour déguster, négocier et acheter la production de vignerons du monde entier. Un courtier rencontré au cours d’une dégustation dit en riant : « Je suis comme la bourse de Genève : neutre ! » Il doit évaluer le juste prix de la bouteille, et fait l’intermédiaire entre le producteur et le vendeur. Quand certains flânent au gré des stands, d’autres savent où ils vont et ce qu’ils cherchent. On déguste, on crache, on commente («ce vin, un vrai feu de garrigue…»), on re-goûte, on re-crache, on négocie, et rebelote. L’odeur enivrante des vapeurs d’alcool qui flotte dans les halls dès la matinée atteste de cette consommation effrénée. Sur les visages, des airs sceptiques, ravis, déçus, intéressés se dessinent. Tous sont parés de leur verre et d’un carnet de notes. Ils consignent des détails gustatifs et qualitatifs après chaque gorgée. Une véritable armée d’inspecteurs du pinard. Et chacun y va de son petit commentaire, parfois laissé sur un post-it, comme ici trouvé au bar de dégustation des vins médaillés : « Pas trop frais ! Petit fond de glace. »
Un brouhaha règne dans ces grands espaces ouverts, qui privilégient l’échange entre vignerons et visiteurs. On se rencontre, on s’interpelle et on bavarde. « Comment tu le trouves ? Il manque de corps, non ? » Ça parle allemand, italien, espagnol, anglais, portugais, chinois… Une triade de pays viticoles domine cette 22e édition : France, Espagne, Italie. Mais là, un stand bulgare, hongrois ou même grec. Nichés dans l’angle d’une allée, des vignerons ont parcouru près de 20 000 km pour avoir leur place au salon : trois domaines de Nouvelle-Zélande vendent pour la première fois ici des vins issus de la région de Malborought. Au milieu de toutes ces teintes rouges, blanches et rosées, un orange vif. Des oranges, des clémentines et des sanguines parsèment une table : le stand espagnol de Tarrangino, spécialisé dans les vins d’agrume, se démarque par son originalité.
La salle est profonde, la hauteur du plafond immense et l’architecture presque industrielle. Dans les trois halls du salon, les allées quadrillent de façon militaire les 632 stands. Des stands identiques pour chaque exposant : une table relevée d’une nappe blanche, deux chaises, un présentoir. Cette sobriété ne laisse aucune place au marketing. « Ce côté égalitaire est très appréciable » confie une vigneronne d’un petit domaine, qui se réjouit de ne pas être dans l’ombre d’un grand vignoble. Mais pour le responsable du stand de Miguel Torres, il ne fait pas bon être en entrée ou en sortie de couloir. Il regrette avoir été placé dans un angle. « Quand on rentre dans une maison, on ne s’éternise jamais trop dans l’entrée, on passe très vite au salon. » Et bien là même constat, il remarque que les passants ne prennent pas le temps de se poser en début d’allée, ils prennent plus de temps au milieu de ces dernières.
Au service verrerie, ça carbure. Des petites mains poussent sans cesse leur chariot dans les allées, débarrassant les verres sales. Un des agents raconte sa journée : « Chaque jour à 9 heures, on met en place 15 000 verres sur l’ensemble des tables. Et on finit à 2 heures du matin, une fois tous les stands redressés. » Au total, 25 personnes assurent la rotation de 30 000 verres par jour. Malgré cette effervescence, une employée trouve le temps de papoter avec les vignerons et goûter leurs vins.
Le staff gère aussi ces énormes crachoirs, disposés à chaque coin de stand. Ils ressemblent à de grosses bouteilles de vin en verre foncé, d’une contenance de 12 litres, et sont chapeautés d’un entonnoir. André, le chef du service verrerie, ne quitte pas son talkie-walkie et son oreillette : « Les vignerons m’appellent quand le crachoir est plein. » Le service est bien rodé. Pour les deux plonges du salon, ça fait beaucoup de vaisselle!
Au restaurant, l’ambiance est aussi conviviale que rébarbative. Après avoir fait la queue au buffet bio, on s’attable avec des inconnus, vignerons et journalistes. L’échange se crée automatiquement dans cette immense salle qui accueille 1500 personnes chaque midi. « Moi je suis blogueur, je tiens un site sur les vins… et vous ? » À la table voisine, des vignerons ont apporté leur bouteille, pour accompagner leur repas d’un petit verre de rouge. En revanche, ils ont l’air sceptiques à l’idée de partager une goutte de leur pinard avec des inconnus.
Le dernier jour, le salon se vide. Les visiteurs tirent des diables, prêts à y empiler des caisses de vin. Au vestiaire, ça regorge de valises. Sur les tables du « coin repos », deux étrangers étudient la carte de Montpellier pour repartir en direction de la gare. Et s’ils ont besoin d’un petit coup de main, ils pourront toujours demander à Jean-François du Point Information. Jean-François, c’est un peu « le majordome du salon » : il répond à toutes les requêtes. « The sky is the limit » prétend-t-il. Appeler un taxi, réserver une chambre d’hôtel, prêter une paire de ciseaux, « on m’a volé mon vin ! », etc. Les demandes s’enchainent. Au comptoir, une vigneronne lui demande un rouleau de scotch pour fermer une caisse de vin. « Je suis l’arche de Noé, et les gens sont satisfaits.»
À la sortie, visiteurs et exposants sont invités à remplir des fiches de satisfaction. Un vigneron se dit content mais souligne un bémol. « Le prix du stand est tout de même élevé (1100 euros, ndlr). Je partagerais peut-être mon stand l’année prochaine, pour réduire le coût de moitié. » À cent mètres de la porte, un bruit résonne. C’est celui du verre qui se brise. Deux employés font des allers-retours entre le salon et le point de recyclage. Ils ont des caddies remplis de bouteilles vides. Pour elles aussi le salon est terminé, direction le centre de recyclage pour vivre une nouvelle vie.
Durant les premiers jours du salon millésime bio, les journalistes étaient invités à élire leur coup de cœur. C’est à dire le vin médaillé d’or qu’ils ont préféré. Retour sur les tenants et les aboutissants de ce concours.
Sylvain Fadat est un ultra du bio. Son domaine d’Aupilahc, situé à Montpeyroux pratique la culture biologique et biodynamique. Rencontre à l’occasion du salon Millésime Bio.
Il se veut plus bio que bio. Sylvain Fadat, vigneron du domaine d’Aupilhac près de Montpellier, a pourtant commencé voilà 25 ans en produisant du vin conventionnel. « Les chercheurs étaient à l’ouest ! Ils nous disaient que ce n’était pas dangereux. Moi qui utilisais du Roundup dans les champs, j’ai été empoisonné par les insecticides, victime de fièvres et de vertiges », se souvient avec agacement ce fils d’agrégés en sciences. Cette prise de conscience le pousse à rejeter les pesticides. D’agriculture raisonnée, il passe en agriculture biologique pour enfin être aujourd’hui en biodynamique. Une transition « logique » selon lui. Il s’en porte mieux, ses vignes aussi.
Tout n’a pas toujours été aussi simple se rappelle Sylvain : « Au début, la vinification était faite dans des citernes de camion. Les caves n’existaient pas. Nous avons tout construit, même les caves ! »
Bio dans l’esprit et dans les actes depuis ses débuts, Sylvain n’a pas été pressé de le devenir officiellement. « Trop de paperasse » s’exaspère celui qui produit désormais 130 000 bouteilles pour 25 hectares répartis entre les lieux dits Aupilhac et Cocalière. Il se fait tout de même certifier bio par Écocert en 2006. Une simple étape pour ce personnage proche de sa terre et de ses vignes pour qui le bio n’est pas suffisant. En 2014, le domaine passe en agriculture biodynamique. Il est officiellement certifié la même année par le label Demeter (qui n’apparaît pas sur ses bouteilles). Cette méthode, encore assez méconnue mais faisant de plus en plus d’adeptes, se base sur l’homéopathie naturelle pour soigner les plantes. Elle utilise des techniques surprenantes comme du fumier de bovin enterré dans des cornes de vaches durant l’hiver puis déterrés et mélangés à de l’eau. Très riche pour la vie microbienne et l’humus, cette préparation participe à la vie du sol. Le tout en corrélation avec le calendrier lunaire. Sylvain justifie ce tournant : « C’est une question de bon sens paysan. La biodynamie active la vie dans les vignes. Les plantes nous envoient des signaux qui nous font découvrir leurs facultés de résistance ». Taxé d’ésotérisme, voire de mysticisme par ses détracteurs, notamment pour l’utilisation du calendrier lunaire, Sylvain s’offusque : « On n’est pas des illuminés. La lune à des effets sur l’eau, sur nous, sur la vigne. Il n’y a pas de doute ! ».
Engagé dans ses vignes, le vigneron Fadat l’est aussi avec les gens. Il a toujours privilégié les relations sur la durée avec sa clientèle de cavistes, restaurateurs et particuliers. « J’ai une clientèle fidèle depuis 25 ans, avant même d’être certifié, qui me fait confiance ». La confiance, le rapport humain : deux valeurs fondamentales à ses yeux. « Si un caviste fait du bon boulot, je ne vais pas voir quelqu’un d’autre, j’essaye que les gens ne se concurrencent pas. J’essaye d’être le plus possible à l’écoute de leurs problèmes, de faire le meilleur vin possible ». Vendu à 75% à l’export, son vin est présent dans 29 pays. Japonais, américains s’arrachent ses bouteilles mais le gros du business se fait avec les Canadiens (20 000 bouteilles par an). En Corée, il ne vend son breuvage qu’un un seul client : « Il a mon exclusivité morale, je lui fais confiance ».
Chef d’entreprise en mode plutôt alter, Sylvain Fadat garde les pieds sur terre ou plus exactement dans sa terre de Montpeyroux.
Créée il y a sept ans, l’association Vinifilles regroupe une vingtaine de viticultrices du Languedoc-Roussillon. Des femmes qui partagent toutes la même volonté de « parler du vin avec des voix de femmes ».
À quelques mètres de l’entrée du salon Millésime Bio, elles sont toutes regroupées dans la même allée. Les vigneronnes de l’association Vinifilles se sont fédérées en 2009 sous l’impulsion de leur présidente Pascale Rivière, au tempérament bien trempé : « L’idée est venue de trois-quatre copines, et puis on en a trouvé d’autres pour agrandir le cercle. Aujourd’hui, nous sommes 20. L’objectif, c’était de se créer un réseau, mais c’était aussi, et avant tout, l’entraide. Quand on est vigneronne, on est seule. » Venues du Gard, de l’Hérault ou des Pyrénées-Orientales, elles sont dix sur ce salon à représenter les domaines bio de l’association. Sur leurs tables on remarque aussitôt les autocollants et prospectus siglés Vinifilles, ainsi que des exemplaires de leur revue.
« C’est comme une deuxième jeunesse »
« Parler entre femmes ou entre hommes, ce n’est pas la même chose. Nous, on se retrouve à 40, 50 ans, avec 19 copines, c’est comme une deuxième jeunesse. On s’entraide entre nous. Et puis, tout doucement, on a appris à se connaître. » poursuit Pascale Rivière. Une solidarité entretenue grâce à des critères d’adhésion spécifiques, comme l’explique Françoise Ollier, membre fondatrice de l’association, qui s’occupe du domaine Ollier Taillefer situé à Fos (Hérault): « On n’est pas la pouliche de service. Il n’est pas obligatoire d’exploiter seule, certaines travaillent leurs terres avec un frère, un père, un mari… mais avant tout, elles sont chefs d’entreprise. Surtout, si quelqu’un désire adhérer à l’association, elle doit être validée par l’ensemble des filles. On connaît toutes les facettes du métier. On n’a pas besoin de gens qui soient passifs, on est toutes là pour s’aider mutuellement. »
« Commercialement, c’est super intéressant »
Pour les Vinifilles, l’association permet aussi aux viticultrices de s’y retrouver financièrement. « Commercialement, c’est super intéressant. On se rend chez les cavistes à plusieurs, on peut faire des achats groupés. Et puis, au sein de l’association, l’ambiance de travail est très agréable. » Une dynamique que les viticultrices prennent soin de faire perdurer. Ensemble, elles se sont déjà rendues à Paris, Amsterdam ou Londres, et fréquentent régulièrement des salons internationaux comme Vinisud et Vinexpo. En prenant soin d’inclure une dimension éducative à leur projet de marketing. « On va prendre le temps d’aller dans des écoles pendant les vendanges pour expliquer comment on fait le vin. Pour la plupart, on est quasiment tous des maman. Toute cette communication, c’est important. »
Déguster le vin, reconnaître un cépage ou déceler les arômes comme un professionnel nécessite pas mal de connaissances et d’expérience. Mais, relax, les non-initiés peuvent aussi profiter de ses charmes. A condition de laisser parler ses sens.
« La dégustation est un échange, un partage, dit Michel Tata, œnologue au Domaine de la Colombette à Béziers, mais il existe de nombreuses perceptions possibles des vins. » A les entendre discourir sur une cuvée, les professionnels donnent souvent le sentiment de pratiquer un art élitiste. Pourtant, « les œnologues se doivent de rester humbles dans la dégustation » souligne Michel Tata.
Déguster un vin est un art. Il consiste à déceler ses arômes, distinguer sa robe ou mesurer son intensité. Et ce n’est pas si compliqué.
Le vin touche les sens. Il les anime, les réveille, les émeut ou les crispe. La dégustation est un chemin, une progression vers l’identité d’un cru.
Première étape : l’œil se porte sur la couleur du vin. Sa robe éclaire la bouteille mais surtout la carafe et bien sûr le verre. Elle recèle une part de son identité qui en dit déjà beaucoup sur sa qualité, son harmonie et sa structure. Michel Tata confirme que la vue joue un rôle primordial dans l’appréciation d’un vin : « Elle permet de distinguer la brillance et les défauts qu’il peut exister. » D’un vin blanc brillant et ensoleillé à un rouge sombre et profond, la vue se laisse guider par la teinte et l’intensité colorante d’un vin. Pour Thierry Trebillon, œnologue consultant, « la couleur peut permettre de distinguer le millésime du vin. Plus un vin est violacé, plus il y a de chance que ce soit un vin jeune ».
Après la vue, place à l’odeur. Elle anime le nez, le chatouille, l’excite. « L’approche olfactive est très importante. Elle définie l’aspect du vin et son éventuelle acidité » poursuit Michel Tata. Le nez d’un vin se fait en deux temps. Une première approche, directe, laisse échapper certains arômes, discrets ou ténus. Vient ensuite le moment de la danse, tournoyante. Agité, le vin laisse exploser des parfums dominants. L’oxygène incorporé offre alors une nouvelle expérience sensorielle. Il dévoile l’intensité aromatique du vin. Le nez s’approche, décèle une palette d’arômes, leur puissance et leur dominante.
Il est un guide suprême ! Arômes de fruits rouges, d’agrumes, ou d’épices, les sensations sont éveillées. L’intensité aromatique est dévoilée par la distance entre le nez et le verre. Certaines effluves sont très prononcées au premier abord puis se diluent et laissent échapper des odeurs plus discrètes à mesure que le nez s’approche.
L’excitation des sens se poursuit par la dernière phase de la dégustation. Il est temps de solliciter le goût. Le vin se dépose sur les papilles et le palais. Il raconte une histoire et appelle à l’interprétation. « En bouche, on doit déceler un équilibre entre l’alcool, l’acidité, les sucres, les arômes et les tanins » insiste Thierry Trebillon.
« Le plus difficile dans la dégustation est d’analyser le vin pour reconnaître le cépage ou la région d’origine. L’expérience joue alors un rôle primordial » selon Michel Tata. Thierry Trebillon conseille aux non-initiés de ne pas chercher à déterminer tel ou tel arôme, avec précision. Il regrette l’inscription sur les étiquettes des mentions d’arômes présents dans le vin. « C’est du folklore commercial. Je considère que c’est trompeur pour le consommateur. L’objectif est de retrouver des familles d’arômes. Est-on plutôt en présence de fruits rouges, de fruits noirs ou d’agrumes ? » A vous de jouer !
Si la France poursuit sa croissance dans le domaine du vin bio, le Portugal et ses quelques producteurs locaux se battent pour développer leur activité. Plongée au cœur du vin bio portugais pour que soit plus belle la vigne.
La vallée du Haut Douro, située dans le nord du Portugal, produit deux vins aux appellations d’origine contrôlée : le porto et le douro. Dans cette région, la vigne est essentiellement exploitée par de petits producteurs possédant leur propre domaine, appelé quinta. On dénombre pas moins de 30 000 hectares de vignes dans la région avec des caves qui vendent leur porto aux grandes compagnies mais également en vente directe. L’exportation fait partie éminente des caves coopératives portugaises.
Peu en vogue au Portugal, le vin bio est l’apanage de quelques familles qui se succèdent de génération en génération. La société Clemente Menéres, qui espère voir le secteur se développer à l’avenir, ne déroge pas à la règle. Cette société agricole, créée en 1874, est basée en marge du fleuve Douro au nord-est du pays. Elle pratique exclusivement du bio, que ce soit pour le vin ou l’huile d’olive. 36 personnes travaillent quotidiennement dans les parcelles. Et même jusqu’à 40 puisque quatre personnes s’occupent du restaurant du domaine. Les équipes effectuent des rotations pour s’occuper à tour de rôle de la production du vin, de l’huile d’olive mais aussi du liège, matériau indispensable de par son pouvoir isolant. D’autant plus que les hivers sont très froids et humides et les étés très chauds et très secs dans cette région au climat continental.
Une véritable affaire de famille en somme (cinquième génération) qui conserve le même esprit tout en essayant de perfectionner les techniques ancestrales avec soin et dévouement. «Tout est relié pour qu’on puisse travailler tous ensemble et ne pas faire de monoculture», assure João, le fils du patron du domaine qui prendra le relais dans quelques années. L’échelle humaine prédomine dans leur travail pour la préservation du terroir tout en étant à la recherche de nouveaux arômes.
La famille Menéres se vante de pouvoir produire un des meilleurs vins du Portugal en termes de qualité. Elle en veut pour preuve de son succès, son export : les cinq plus gros acheteurs étrangers proviennent des États-Unis, d’Angleterre, de Belgique, du Danemark et de la Belgique. Au salon Millésime Bio, la Quinta do Romeu espère conquérir de nouveaux marchés, trouver des acheteurs potentiels pendant ces trois jours et obtenir plus de reconnaissance pour leur travail. En effet, les vins du Porto sont souvent tombés entre les mains de grands groupes internationaux (Cruz, Fonseca, Sandeman, Graham’s, …) au détriment de société familiales 100% portugaises qui fabriquent parfois encore leur vin en foulant toujours le raisin dans les lugares, ces grandes cuves naturelles où sont stockés puis mis en sommeil les vins destinés prochainement à la consommation lorsque ceux-ci seront en bouteilles.
Dans leur domaine de 25 hectares situé à 320 mètres d’altitude, la famille Menéres obtient ses meilleurs vins avec des raisins issus de cépages noirs portugais comme la Touriga nacional. Grâce à ses faibles rendements, cette variété à petits grains et peaux épaisses joue un rôle essentiel dans les assemblages du vin de Porto ou du Douro en apportant au vin puissance et équilibre mais le domaine produit aussi des rosés et des blancs à des prix abordables situés entre dix et quinze euros pour le grand public. «Nos meilleurs vins sont de 2011 pour les rouges, de 2012 pour les blancs et de 2013 pour les rosés. Toutes nos bouteilles oscillent entre 11 et 14 degrés d’alcool», commente João.
Toujours à la recherche d’une parfaite harmonie entre les personnes, l’environnement et la culture agricole et profondément attaché aux traditions religieuses et à la terre, la famille Menéres se désigne comme «étant consciente d’avoir les pieds sur terre et d’avoir Dieu dans le ciel». Venue au tout bio depuis 1998, la Quinta do Romeu est entièrement certifiée, ce qui «valorise notre volonté de produire une culture qui respecte l’environnement et la santé de nos consommateurs », explique João. Pour le plus grand bonheur de leurs compatriotes. Les Portugais apprécient ainsi tout particulièrement la dégustation de ces vins avec du bacalhau, plat typique de la cuisine portugaise confectionné à base de morue. «Pas avec la cuisine italienne, les sushis ou la nourriture light» prévient João, de manière catégorique. Les vins du Douro semblent donc se marier à la perfection à une nourriture traditionnelle.
Hommage, humour, satire, marketing… L’étiquette est un puissant outil de communication. Surtout chez les vignerons étrangers qui excellent en créativité. Balade thématisée avec nos reporters sélects.
Katzenthal signifie en alsacien la « vallée des chats », traduit la vigneronne Francine Klur. D’où la présence de ces chats (Katz), symbole du village. Avec ce contre-pied visuel entre le chat blanc assoupi pour la cuvée « Voyou » et le chat noir « Gentil » éveillé. Un « Katz » qui a du nez !
Des papillons aériens peints à la main. Car « le bio c’est bon pour l’environnement et les animaux symbolisent la nature vers laquelle renvoie l’image de nos étiquettes ». Le vigneron autrichien du domaine Zillinger Johannes Bioweingut pratique le papillon depuis trente ans. Mais il aime aussi les canards. Qui trônent sur les étiquettes de certaines cuvées depuis les années 1990. Comme pour donner des ailes à la production et aux ventes, depuis trois ans, l’oiseau figure sur les bouteilles des derniers millésimes.
Madame voulait une étiquette en longueur sur les bouteilles, monsieur des animaux. Ces vignerons du château Barbanau passionnés d’Afrique et de photos animalières, se sont tirés la grappe pour trouver un compromis : ce sera girafe et zèbre. Plutôt réussi !
Une histoire un peu tirée par les « pics », mais assez charmante. Il était une fois une petite route, la Brosse, qui traversait le domaine viticole de Thierry Delaunay. Tellement petite, que ce dernier la surnommait la « brossette ». Ce sobriquet lui évoquait des « pics » et un animal « piquant ». Il a tranché, aïe, et voilà un hérisson.
Au cœur de la Dordogne, les vignes du château Grinou puisent leurs racines. Ce domaine a hérité d’un riche passé agricole dont les viticulteurs recueillent fréquemment les vestiges. Silex affuté, hache polie, et grattoir ergonomique refont ainsi surface lors des travaux viticoles. Des trouvailles datant du Paléolithique que les exposants ne manquent pas de présenter aux visiteurs du stand de ce vin sans sulfites !
Les Autrichiens représentent un fort contingent d’exposants au salon Millésime bio 2015. Pour se démarquer, Anton et Astrid Hirschmugl ont décidé de recourir à une curieuse illustration: leurs cuvées sont décorées de dessins réalistes de couleuvres à donner la chair de poule. Les reptiles seraient nombreux sur le domaine du couple de viticulteurs installé près de la frontière slovaque…
Mi-écossaise, mi-française, Nathalie Coquelle est une jeune viticultrice qui a repris le flambeau de ses aïeux. Pour marquer ce lien de filiation, elle a repris à son compte un vieux surnom donné aux fondateurs du vignoble : les Annibals. Celui-ci provient d’une déformation de l’italien du nom du général carthaginois Hannibal qui, en -200 avant J-C, opéra une traversée des Pyrénées et des Alpes pour tenter d’assiéger Rome à l’occasion des guerres puniques. Il serait passé par Brignoles laissant ses empreintes ou plutôt celles de ses éléphants pour l’éternité. Du coup, les pachydermes viennent illustrer les bouteilles du château Annibals. Les cuvées sont toutes aussi originales portant les noms de « Fesse-Mathieu » en référence à la faible productivité d’un cépage, « Suivez-moi jeune homme » renvoyant aux rubans des jeunes filles d’antan, ou de « Jouvencelle » en hommage à l’expression disparue du dictionnaire…
Peu de gens le savent, mais la Bulgarie est un pays à longue tradition viticole issue de la culture thrace. S’inscrivant dans cette lignée, Blagoy Roussev a donc repris un symbole thrace pour illustrer l’étiquette de son vin bio de la région de Mělník. Ses spirales sans fin, représentant l’éternité, s’inspirent des anneaux de ceinture que portaient les femmes de cette illustre civilisation de la Mer Noire.
Christian Mocci est un grand amateur d’histoire et d’art. Cet ancien professeur d’origine corse fait partager sa passion sur les étiquettes de ses bouteilles. Ses lectures historiques lui permettent de dénicher de vieilles illustrations, blasons ou autres tableaux qui singularisent sa production Mas de Martin. Une caricature de Louis XVI coiffé d’un bonnet phrygien orne ainsi la cuvée du « Roi patriote », un tableau vénitien décore la cuvée « Casanova », ou un dessin d’Eve représente la cuvée de « Vénus » !
Situé entre Valence et Albacete, le domaine d’Andres Valiente se revendique de l’influence de la tradition viticole phénicienne. L’étiquette du vin bio Caprasia représente sur une frise circulaire quatre étapes capitales de la production du précieux nectar : le raisin sur son cep, le foulage du raisin dans des cuves rupestres, le stockage en amphores, et le transport en Méditerranée sur les bateaux « commerciaux ronds » typiques de cette civilisation. Le producteur ne regarde pas uniquement en arrière et sait aussi se projeter vers l’avenir. Ainsi son vin « Rebel.lia » porte une inscription à l’envers, originale et tendance, à destination des jeunes générations.
Cette étiquette atypique est avant tout un hommage des descendants de la famille Moser au créateur du domaine. Sepp pour diminutif de Joseph, et une déclinaison en plusieurs langues pour un vin destiné au marché international. Une démarche marketing assumée par ce producteur autrichien.
Du côté du domaine Bassac, situé à Puissalicon (Hérault), Louis-Adrien Delhon a souhaité apporter un peu de tendresse sur ses bouteilles. Ici, un message d’amour destiné à sa compagne qui vit toujours au Japon. L’histoire raconte que cette dernière a aperçu ce vin dans une vitrine de la capitale japonaise. Un sacré signe du destin !
Dans un autre registre, les frères Delhon ont souhaité rendre un hommage appuyé au grand-père, avec cette représentation d’une moustache sur la cuvée « Le Manpot ».
Depuis 1895, les figures emblématiques de la dynastie familiale du domaine de la Bodega Cerron illustrent les étiquettes des différents millésimes. Les photos d’une beauté surannée témoignent des amours possibles, de la passion, de rencontres et d’échanges autour d’un verre de vin. Telle est la philosophie de ce vignoble espagnol.
A chaque naissance au domaine de Malavieille, une cuvée spéciale. Les Petits Dragons sont ainsi un clin d’œil à Arthur et Eva, jumeaux de la descendance familiale. Et Benoît Bertrand d’expliquer : « Ce sont les enfants qui ont choisi ce symbole. Ces créatures légendaires sont censés représenter leur caractère. On peut aussi remarquer que pour les distinguer, le nœud papillon ne se situe pas au même endroit. »
Dans la même veine, la petite Louise avait choisi quelques années auparavant un bélier, son signe astrologique.
Une rencontre. Un dessin. Cabu au crayon. Et voilà Thierry Julien et un journaliste de RTL caricaturés sur les bouteilles du Temps des Gitans.
La pin-up et les couleurs vives ? C’est juste pour le marché japonais… et pour des ventes hautes en couleur !
La cuvée René, c’est avant tout un dessin reconnaissable entre mille! Sur l’étiquette, René Monbouché, croqué par un dessinateur lors d’un autre salon viticole. Un portrait tellement ressemblant que la famille a décidé de la reprendre à son compte. Embonpoint prononcé, barbe fournie, cigarette fumante et verre de vin à la main : René est un bon vivant.
Cette étiquette suscite la polémique, car jugée « trop marketing » par la profession, selon la commerciale Françoise Roux du domaine de Mayrac. Un choix délibéré et assumé par le vigneron Laurent Vives. Traditionnellement indiquée sur la contre-étiquette, la mention « sans sulfites » est ici portée au premier plan. Une volonté de mettre en avant ce qu’il n’y a pas dans la bouteille !
Tous crédits photo : Michaël Meiller
À la nuit tombée, l’Association Grenache paye sa tournée en organisant l’after officieux du salon Millésime Bio. Le temps d’une soirée, les vignerons offrent une dégustation de ce cépage, où personne ne recrache vraiment son vin. Ambiance.
« On n’est pas du tout dans une dégustation académique, ici, les gens sont là pour s’amuser, découvrir et déguster avec les vignerons. » Il est 20h30 lundi 26 janvier et du haut des escaliers qui mènent aux sous-sols de la brasserie le Grand bazar, situé proche de la Comédie à Montpellier, Marlène Angelloz, chargée de communication de l’association Grenache, accueille les premiers exposants aux bras chargés de cartons de bouteilles. Ces vignerons viennent de la Vallée du Rhône, de Provence, du Languedoc-Roussillon mais aussi d’Espagne. Tous partagent une même particularité: celle de cultiver du grenache, un cépage typique du bassin méditerranéen introduit en France au Moyen-âge. Une légende vigneronne raconte que Thomas Jefferson himself l’aurait importé aux Etats-Unis durant ses années d’ambassadeur U.S en France.
La Grenache night, « c’est une dégustation, les vignerons viennent présenter leurs cuvées majoritairement ou 100% grenache, dans une ambiance plutôt conviviale, avec de la musique », assure d’emblée Marlène Angelloz dont le site communique essentiellement en anglais.
Tonight, great #Grenachenight with 18 producers! Join us in Montpellier and enjoy #Grenache #Garnacha! #millesimebio
— Grenache Association () 26 Janvier 2015
« On est là pour parler des vins, du grenache »
Lumière tamisée, tables hautes, la salle se remplit peu à peu. Richie Craig, venu spécialement de Londres pour Millésime Bio admet dans sa langue maternelle aimer les vins français: «Ils sont faits proprement et sont très élégants. Peut-être que j’achèterai quelques bouteilles ce soir. » Sur fond de musique lounge, Charles Perez, du domaine du Mas Becha, apprécie: « Ces événements permettent de déguster des grenaches de différents origines, toujours de même cépage mais toujours vinifier de façon différente. On est là pour parler des vins, du grenache.» Ce dont ne se prive pas Laurence Henry, au domaine éponyme situé à Saint-Georges d’Orcques: « Le grenache, c’est un cépage qui est merveilleusement bien adapté au climat méditerranéen. Dans ces vins, on retrouve une certaine souplesse, beaucoup de tendresse, de suavité. Et en même temps, cette buvabilité. On a la chance d’avoir aussi la fraîcheur et le caractère de notre terroir, qui génère des vins à la fois nerveux, avec beaucoup de vivacité, d’acidité aussi ».
At this #grenache tasting in a disco bar underground in Montpellier, it's not surprising… http://t.co/beRb608tGR pic.twitter.com/DZwOnL0Nov
— instaMontpellier (@InstMontpellier) 27 Janvier 2015
« Il y a toujours beaucoup d’alcool dans le grenache »
Verre à la main, toujours tenu par le pied, les hôtes goûtent un à un les vins présentés. Le brouhaha est joyeux, et les crachoirs se font ici plus discrets. Les minutes défilent aussi vite que les bouteilles se vident. Les langues toujours plus déliées couvrent maintenant la musique. Le degré d’alcool des vins, qui avoisine parfois les 16°, n’y est forcément pas étranger. « Il y a toujours beaucoup d’alcool dans le grenache. C’est un cépage sucré, qui donne des vins riches, ronds, fruités. Ils ont une sorte de souplesse, de caractère, ce sont des vins enjôleurs», explique Arnaud Guichard du domaine de la Guicharde d’Uchaux (Vaucluse), présent plus tôt au salon Millésime Bio et habitué des Grenache Night. Plateaux à la main, les serveurs se relaient pour assurer l’approvisionnement en fromage et charcuterie auprès de la soixantaine de convives en train de savourer du grenache. « Le blanc en grenache, c’est vraiment adapté au fromage. Il a ce côté un peu rance des vins secs légèrement oxydés. On retrouve des affinités avec le gruyère suisse, avec le comté. Alors qu’avec le grenache rouge, on est plus sur quelque chose qui va avec le fromage de brebis ou les fromages persillés, les bleus par exemple ». De quoi alimenter les conversations et les bouches quelques heures encore.