Le début du désamour
Depuis les émeutes au Tibet en mars 2008 et la position considérée pro-tibétaine de la France vis à vis de la Chine, les liens amicaux entre les deux pays s’étaient légèrement refroidis. Mais le passage tumultueux de la flamme olympique à Paris et l’appel au boycott des jeux par des politiciens français ont été les gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase.
Les relations bilatérales se sont considérablement refroidies par presse interposée. Particulièrement lorsque le président français a attendu que le vent tourne pour annoncer sa venue à Pékin le 8 aout 2008, jour de l’ouverture des J.O. Ne sachant pas sur quel pied danser, le Président français n’a pas hésiter à faire attendre l’invitation des chinois.
A la même période, le gouvernement français a annoncé la rencontre, le 7 décembre 2008, entre Nicolas Sarkozy, alors président de l’Union Européenne, et le chef spirituel tibétain, le Dalaï-lama, à Gdansk en Pologne, à l’occasion des cérémonies du 25e anniversaire du Nobel de la Paix à Lech Walesa.
La Chine a menacé à de nombreuses reprises la France des conséquences d’une telle rencontre. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao a d’ailleurs déclaré le 4 décembre 2008, «Nous attachons une grande importance à notre partenariat stratégique avec la France aussi bien qu’avec nos liens commerciaux, ces deux points sont liés. C’est seulement s’il y a de bonnes relations bilatérales que nous pouvons créer une bonne atmosphère pour nos relations commerciales.»
Les déclarations s’enchainent
En réponse à cette entrevue entre le Dalaï-lama et Nicolas Sarkozy, la Chine a annulé le Sommet UE-Chine prévu pour le 1er décembre. La position de la France avait été claire, Nicolas Sarkozy n’a d’ailleurs pas hésité a déclarer devant l’Assemblée européenne qu’il était « libre de son agenda ». Il a également ajouté quelques heures avant sa rencontre avec le chef spirituel, « En tant que président du Conseil de l’Europe, je porte des valeurs, des convictions. C’était mon devoir de le faire, je le fais bien volontiers ».
Dès lors un boycott des produits français est lancé en Chine. De nombreux magasins « Carrefour » très implantés en Chine ont été boycottés, mais pas pour longtemps. Car les magasins Carrefour emploient majoritairement des chinois et vendent des produits chinois.
Toutefois, le 8 décembre, la rencontre se fait. Les rotatives tournent, l’agence Chine Nouvelle condamne dans ces colonnes « l’initiative opportuniste, irréfléchie et à court terme », prise par « la partie française ». Malgré la courte durée de l’entrevue à Gdansk, le gouvernement chinois se dit mécontent et ne compte pas en rester là.
Effectivement, quelques heures après, l’ambassadeur de France en Chine, Hervé Ladsous est convoqué par le ministère des Affaires étrangères chinois pour s’expliquer sur cette «ingérence grossière dans les affaires intérieures de la Chine». Pékin a annoncé lors d’une conférence de presse quotidienne que cela a «blessé non seulement les sentiments des Chinois, mais miné aussi les relations sino-françaises».
Wen Jiabao est en Europe
Ne souhaitant pas dramatiser la situation, le Premier ministre Wen Jiabao s’est rendu à Davos, le 28 janvier 2009 avec l’unique intention d’apporter des solutions aux problèmes de la crise financière mondiale. Il est ensuite allé à Berlin pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel, avec qui il a annoncé le renfort de la coordination et de la coopération sino-allemande afin de surmonter la crise et développer les relations entre les deux pays.
Il est ensuite allé à Bruxelles pour rencontrer José Manuel Barroso, président de la Commission européenne avec qui il a convenu d’une date future pour le nouveau Sommet UE-Chine. La Chine souhaite renouer économiquement et diplomatiquement avec l’Europe. Des contrats ont d’ailleurs été signés entre le groupe aéronautique européen EADS et le chinois Avicopter pour la construction d’une usine produisant des composites en fibre de carbone pour le nouvel avion A350 d’EADS, le 30 janvier 2009.
La faute de Nicolas Sarkozy
De nombreux chinois attestent que depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de la France, les relations entre les deux pays se sont détériorées. Ils ne pensent pas que les choses vont s’améliorer dans l’avenir. D’autant plus que la Chine fête cette année plusieurs anniversaires. Les 20 ans de la place Tian an men ou les émeutes de Lhassa en mars auront un an.
La position de la France vis à vis de la Chine va être observée à la loupe. Après les attaques virulentes de l’ancien président de reporters sans frontières, on se demande ce qui va se passer lors des vingt ans des manifestations de Tian an men.
Pékin attend un geste de la part de Paris afin que les relations se réchauffent. Mais pour le moment, la Chine suit son chemin en Europe et tente de résoudre en collaboration avec les autres pays du monde la crise financière qui touche durement le pays.