Cela fait quelques semaines que les quatre commissions se réunissent régulièrement en vue de formuler des réponses à chacune des interrogations suivantes : Quel avenir pour les métiers du journalisme ? Comment régénérer le processus industriel de la presse écrite ? Quels modèles pour la presse écrite après le choc d’Internet ? Comment répondre aux attentes des lecteurs et des citoyens ?
Un site Internet directement rattaché à celui de l’Élysée reflète l’opacité du débat tandis que la presse, pourtant directement concernée, ne lui accorde qu’une très modeste couverture. Résultat : ceux à qui elle se destine, et qui seront donc les premiers touchés par les réformes entreprises, c’est-à-dire les lecteurs, ignorent la tenue de ce « grenelle », ou si par miracle ils en ont vaguement entendu parler, ils n’en connaissent ni les tenants ni les aboutissants.
On observe un manque d’intérêt et de pugnacité d’une profession au sujet de laquelle tout le monde s’accorde pourtant à dire qu’elle est gage de démocratie.
L’enjeu ne serait-il pas si fondamental ?
Il ne faut pas ignorer que les rapports Montaigne et Giazzi, dont s’inspire largement l’Élysée, prônent la mise en place d’un véritable Plan Marshall visant à distiller une aide temporaire massive de l’État dans la presse. Mais à terme, il s’agit de laisser la Presse obéir aux seules lois du Marché. Pour assurer sa survie dans la jungle de la concurrence mondiale, on va donc chercher à créer ou renforcer de grands groupes plurimédias. Et pour faciliter la création ou la restructuration de ces « superstructures », on invoque la nécessité d’abolir la clause de conscience, disposition législative protégeant le journaliste lorsque celui-ci voit son journal racheté par un actionnaire qui voudrait en modifier la ligne éditoriale. Enfin, pour permettre une meilleure circulation de l’information au sein de ces groupes, on envisage d’abolir les droits d’auteur, et de compenser la perte de ce revenu supplémentaire par une augmentation de salaire dans le contrat de travail du journaliste salarié.
Foncièrement, la presse a besoin de fortifier ses fondations. L’incapacité de ses différents acteurs à se réunir pour prendre le problème à bras le corps a conduit le Président de la République à prendre les devants. Ayant vu les répercussions de ses déclarations chocs au sujet de la réforme de l’audiovisuel public, Nicolas Sarkozy a retenu les leçons d’une communication trop franche et directe et préfère œuvrer discrètement pour accroître une influence déjà forte dans le domaine de la presse écrite. Tellement discrètement que personne ne semble s’offusquer que des rapports citant en exemple Berlusconi puissent ouvertement affirmer que «la concentration est un gage de pluralisme». On entend notamment réformer l’ordonnance de 1944 qui instaure un dispositif anti-concentration qui interdit à une même personne, physique ou morale, de détenir plus de deux médias sur trois (presse écrite, TV, radio) à compter d’une certaine audience. Il faut avoir en tête que de nombreux titres de presse en France sont déjà détenus par des grands patrons comme Bernard Arnault ou encore Serge Dassault. Qu’en sera t-il une fois que les dernières barrières législatives seront levées ?
C’est au vu du flou ambiant et de l’absence de communication et d’information sur l’avancée des débats et leurs conséquences futures que l’équipe de Haut Courant s’est lancée dans l’élaboration de ce dossier, sans néanmoins prétendre à une exhaustivité impossible.
Vous y trouverez un éclairage sur différents domaines touchés par les États Généraux de la presse :
Un état des lieux dans la rubrique Décryptage
Pourquoi est-ce que l’organisation de ces États Généraux peut porter à polémique ?
Quel est le rôle d’internet dans le paysage audiovisuel actuel ?
Que se passe-t-il dans la Blogosphère ?
Quelle est la place du lecteur dans ces États Généraux ?
Où se situent les éditeurs de presse dans ces discussions ?
Les réponses de différents acteurs dans la rubrique Réactions
Journalistes comme François Sergent, Claude Droussent ou Claude Soula
Blogueurs comme Guy Birenbaum
Universitaires comme Françis Balle ou Jean-Marie Charon
Directeurs des écoles de journalisme comme Christophe Deloire du Centre de Formation des Journalistes de Paris et Daniel Deloit de l’école Supérieur de Journalisme de Lille
Compte-rendu des contre États Généraux organisés par Mediapart et Reporters Sans Frontières, accompagné d’interviews de [ François Bonnet
>http://www.hautcourant.com/Un-enorme-simulacre-de-l-Elysee,564?var_mode=calcul], directeur éditorial de Mediapart, et de Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF.
Mais aussi une analyse de l’état de la presse à l’étranger (en Allemagne, aux États Unis), une analyse de l’état de la presse sportive…
Les conclusions des discussions dans le Livre Vert publié le 8 janvier 2009.
Les conclusions de Nicolas Sarkozy, le 23 janvier 2009.
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