Ce jeudi 8 janvier, à Montpellier, le thermomètre est passé en dessous des zéros degrés. Pourtant, les rues de la ville grouillent de monde. Pour beaucoup, les soldes ont commencé. D’autres, moins nombreux, ne sont pas là pour des emplettes, mais pour faire la manche.
« Ma maison, c’est le trottoir depuis que j’ai 19 ans », Virus, 33 ans, originaire de Caen, cuisinier de formation. Depuis qu’il est majeur, cet homme n’a toujours connu que la rue. Il ne travaille pas. Il s’est installé récemment à Montpellier car les hivers y sont moins rudes. Il a l’air grave de celui qui a déjà vécu mille vies. Encore jeune, son visage témoigne d’un passé difficile. Pourtant, il raconte son histoire, sans émotions, le regard vide, une bière à la main : « Je ne m’entendais pas avec mes parents, je suis parti de chez moi… J’ai choisi cette vie parce que je ne voulais pas me faire avoir par les patrons, la société et son système pourri ». Ses piercings et ses vêtements sombres aux imprimés morbides peuvent effrayer au premier abord. Pourtant, l’homme est propre, se montre poli et parle dans un langage châtié. La vie dehors ne semble pas l’effrayer : il dit avoir appris à se protéger et à se débrouiller seul : « Les Restos du cœur, je n’y vais jamais ! ». Il affirme avoir tout ce dont il a besoin grâce à ses revenus : il touche le RMI et fait la manche. Si cela ne suffit pas, il confie ne pas hésiter à fouiller les poubelles pour se nourrir.
« Ce sont les poivrots qui meurent de froid ! », Mat, 24 ans, originaire de Rennes, paysagiste de formation. Au chômage et SDF depuis cinq ans. Avec son visage d’ange et sa voix cassée, il explique : « Ils picolent et s’endorment dehors complètement saouls et débraillés. Pas étonnant qu’ils finissent par mourir de froid ! ». Puis il confie avec conviction : « Cela ne risque pas de m’arriver. Je sais me protéger du mauvais temps et je ne bois pas. Sinon je serais déjà mort ». Il affirme partager les mêmes valeurs que son ami Virus : « Je vis dans la rue parce que je rejette le système ». Pourtant, sa voix est soudain moins assurée.
Virus, Mat et leurs compagnons d’infortune, humains et canins, vivent dans un squat en périphérie de la ville. Une maison qu’ils ont « investie ». Ils affirment être heureux ainsi. Mais qu’ont-ils connu d’autre ? Vie choisie ou vie subie ? Là est vraiment la question…
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