Vous avez vécu deux générations en équipe de France, les Barjots et les Costauds, laquelle vous a le plus marqué ?
Les Barjots ! Les débuts sont toujours plus intenses. Ca restera l’équipe la plus contestée, on a dérangé tout le monde. C’était une équipe de cœur, de passion, qui a vécu dans la douleur, systématiquement en conflit : procés, plaintes, gardes à vue… On a failli tous se battre, un truc de malade ! On n’a pas eu le droit à la Légion d’honneur avec les Barjots, contrairement aux Costauds. Aujourd’hui tout ça est enterré, on est amis et on se revoit à l’occasion.
«La veille de la finale 95, on s’est couché à 4 heures du mat’!»
Cette équipe a réussi dans l’adversité.
Non, dans la douleur. Notre mode de fonctionnement était illogique : comment réussir en faisant tout à l’envers. Je n’ai jamais revu ça de ma vie et aujourd’hui encore je ne comprends pas comment ça a pu marcher. Par exemple, la veille de la finale du championnat du monde 1995 (ndlr : victoire de la France contre la Croatie 23 à 19), on s’est couché à 4 heures du matin. Quand il fallait s’entraîner, on n’était pas aux entraînements. Quand on devait prendre l’avion, la Fédération réservait des places sur trois vols parce que personne n’était là pour le premier.
Et avec les Costauds ?
Avec les Costauds, c’était beaucoup plus professionnel, plus cadré. Mais la meilleure équipe reste les Barjots, où tous les postes étaient doublés et où il y avait un talent fou.
Ce sont donc deux époques radicalement différentes ?
Quand j’ai commencé, je voulais croquer la vie à pleines dents. Je me sentais comme un poisson dans l’eau avec les Barjots. J’ai commencé à être vraiment professionnel à l’age de 26, 27 ans (ndlr : dix ans après ses débuts professionnels). Avant, je m’amusais. Avec la naissance de mon fils, à 28 ans, j’ai dû me calmer.
«Arrêtons de prendre les gens pour des cons, l’étranger on y va pour l’argent»
Vous avez été fidèle à Montpellier pendant toute votre carrière professionnelle, vous n’avez jamais été tenté par l’étranger ?
Pas du tout. Je n’ai jamais couru après l’argent. Le challenge était de gagner la Ligue des Champions, le plus haut niveau possible en club (ndlr : Montpellier l’a gagné en 2003 contre Pampelune, l’équipe de Jackson Richardson). Arrêtons de prendre les gens pour des cons, l’étranger on y va pour l’argent. Si on propose à un joueur moins de sous pour un championnat soi-disant plus relevé, il n’ira pas.
Vous avez terminé votre carrière de joueur en juin 2007, quel est aujourd’hui votre rôle au sein du club montpelliérain ?
Je suis au service marketing, où je fais la prospection des partenaires. On s’était mis d’accord il y a cinq ans. C’était une continuité logique dans le club.
Comment voyez-vous l’avenir sportif du club ?
Dans les trois ans qui viennent, cette équipe, avec deux ou trois joueurs de plus, peut remporter la Ligue des Champions. Il y a de très bons jeunes. Alexandre Tomas, jeune ailier droit, qu’on n’attendait pas du tout à ce niveau là. Or il est en train de tout casser.
«Le hand, et le sport en général, est un axe de communication»
Appréhendiez-vous cette reconversion ? Le terrain vous manque-t-il ?
Non, je ne l’appréhendais pas. J’avais vraiment envie d’autre chose depuis trois ans. Maintenant je fais partie d’une association multisports où je ne fais pas de hand. Je préfère jouer au foot, pour le plaisir. J’ai également une société à mon nom qui produit du vin, je suis inscrit dans une école privée et je bosse pour Canal Plus. Enfin, d’ici deux ans, j’aurai peut-être une émission de sport sur 7L TV (ndlr : télévision locale de Montpellier).
Le terrain ne vous manque pas ? Vous n’avez pas l’envie d’entraîner ?
Jamais de la vie.
Le sport de haut niveau est très présent à Montpellier. Vous suivez cela avec attention ?
C’est faux. A Montpellier, il y a très peu de sport de haut niveau. Le haut niveau c’est la Première division. J’ai beaucoup d’amis au club de foot. J’aimerais pouvoir emmener mes enfants voir des matchs de Ligue 1 à la Mosson.
Et le rugby ?
Il y a la place à Montpellier pour une grande équipe de rugby. Il y a trois, quatre joueurs qui sortent du lot, la question est de savoir si on pourra les garder.
Le hand, et le sport en général, sont un axe de communication. Si les clubs s’entendent, il y a la place pour tout le monde.
«Frêche et Mandroux, c’est un peu l’eau et le feu»
Dans cette reconversion, il y a également votre engagement politique. Pourquoi n’étiez-vous finalement pas sur la liste d’Hélène Mandroux aux dernières municipales ?
Pour être sur une liste, il faut être résident à Montpellier. Or je devais acheter un appartement à Montpellier mais suite à des soucis avec le vendeur, ça ne s’est pas fait. Je me suis donc retiré de la liste.
Etes-vous encarté au Parti socialiste ?
Je ne suis pas encarté mais j’ai des convictions socialistes. De toute manière, avant d’élire un parti, il faut élire des êtres humains. Aujourd’hui au PS, il n’y a personne au plan national pour qui j’aimerais m’engager.
Pourquoi Hélène Mandroux ?
Je connais Hélène Mandroux depuis quinze ans. Au niveau de sa personnalité et sa façon de voir la vie, c’est quelqu’un de très rare. C’est moi qui lui ai proposé de figurer sur sa liste, sans contrepartie. Je suis très content de son élection mais je ne lui demande rien. Frêche et Mandroux, c’est un peu l’eau et le feu. C’est ce qui fait leur complémentarité.
Serez-vous présent sur une liste aux prochaines élections municipales ?
Si la tête de liste du PS ne me convient pas, je ne m’engagerai pas. Hélène Mandroux est vraiment la femme que j’ai envie de suivre.
Étiquettes : Barjots, Costauds, élections municipales, Georges Frêche, Grégory Anquetil, Handball, Hélène Mandroux, Ligue des champions, MAHB, Montpellier, parti socialiste