Quand Werber se prend pour Dieu

La fin d’un cycle. Après 14 ans, Bernard Werber achève la trilogie des Dieux. Au delà du secret de la mort (Thanatonautes), de l’empire des anges, Michael Pinson se lance à la recherche de ce qu’il y a au dessus de Dieu… Et pourrait y trouver … l’auteur lui-même, plus narcissique que jamais.

Comme toujours chez Bernard Werber, le style est rythmé et fluide. bernard_2000.jpgMais rapidement, l’excitation de la fin d’une mythologie -lancée avec les Thanatonautes en 1994 (!!)- est submergée par l’égotisme et la mégalomanie dont fait preuve l’auteur dans ce dernier opus. Le héros Michael Pinson se réincarne sur Terre 18 en un auteur de science-fiction mal aimé des critiques, écrivant « le Mystère des Dieux ». Werber fait dire à son personnage : « Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ceci que les imbéciles sont tous ligués contre lui », répondant par là même à ses détracteurs.

Dans sa réincarnation, Michael crée également un jeu vidéo issu de son livre. Werber dévoile par là même les principes du jeu, du même nom que le roman, qu’il s’apprête également à sortir. Ou quand la publicité de l’auteur s’insère dans son roman! De plus, l’histoire de la Terre qu’il met en scène se réduit à une synthèse vaguement déguisée de nos livres d’histoire du XXème siècle.

Que dire de la chute ? Si décevante après 5 tomes où l’imagination de l’auteur, créant une sorte de nouvelle cosmogonie, nous avait ravi. Les Thanatonautes et l’Empire des Anges surprenaient, le cycle des Dieux interpellait et ouvrait des perspectives, ce dernier tome n’offre qu’une frustrante fin sans relief. Et une opinion vis-à-vis de l’auteur dont il sera difficile de se détacher.

Par une phrase typiquement « werberienne », le père des « Fourmis » écrit : « Allons jusqu’au bout de nos erreurs sinon nous ne saurons jamais pourquoi il ne fallait pas les commettre ».

Maintenant, il sait !

Documentaire et chaînes publiques

Si un « genre » de l’audiovisuel français peut s’interroger sur les nouveaux dispositifs en matière de financement des télévisions publiques, c’est le documentaire.

Olivier Mille, président de la commission d’aide à la création télévision Procirep, rappelle «le secteur public finance une part importante de la fiction et de l’animation et la totalité du documentaire» [[ Ecran Total n° 678, oct 2007]] L’apport des chaînes publiques dans le documentaire s’élève à 99,8 millions d’euros en 2006, soit un taux de financement de l’ordre de 45,2% [[Chiffres CNC]]
Le budget d’un documentaire de 52 minutes destiné à une chaîne hertzienne coûte en moyenne 150 000 euros . Dans ce budget, plusieurs acteurs interviennent selon un scénario très précis.
Scénario qui met en lumière la dépendance du documentaire envers la manne des chaînes publiques.
Pour financer un documentaire, trois acteurs sont indispensables : un diffuseur (dans ce cas les chaînes publiques), un producteur, et l’Etat (via le Cosip/CNC, compte de soutien à l’industrie des programmes audiovisuels) . Le Cosip, crée en 1986, est selon Didier Mauro, auteur de « Le documentaire, Cinéma et Télévision »[[ Le documentaire, Cinéma et télévision, éditions Dixit, Paris, 2003]] « le principal bailleur de fonds du documentaire » . Il est alimenté par une taxe sur la redevance et les recettes publicitaires des chaînes publiques et privées ainsi que sur les abonnements.

Un scénario précis

Lorsque qu’un documentariste a un projet destiné à être diffusé à la télévision, il peut espérer obtenir des aides à l’écriture via le CNC Centre National de la Cinématographie, la SCAM Société Civile des Auteurs Multimédias, les régions … .
Une fois ces aides obtenues (ou non, les dossiers sont nombreux), il doit trouver une société de production prête à s’investir afin de réunir les moyens nécessaires à la réalisation du film. Le producteur prépare alors avec l’auteur le dossier de présentation du projet .
Ce dossier est proposé aux chaînes de télévision en vue d’établir un contrat de diffusion ou de coproduction. Il sert ensuite à demander des financements aux institutions (Cosip, Procirep…). Le projet n’est éligible qu’une fois contractualisées les relations entre la société de production et la chaîne de télévision .
Les démarches visant à rechercher des financements complémentaires (aides de l’Union européenne, des collectivités territoriales, des ministères et musées, instituts de recherche, prévente de droits de diffusion etc.) ne seront elles déclenchées, qu’une fois établis les rapports entre le Cosip et la société de production.

Les règles du scénario

Les règles qui régissent ce scénario sont nombreuses . Elles portent sur le statut de l’œuvre audiovisuelle, sa définition, sa production, sa diffusion (les chaînes publiques ont une obligation de diffusion de 40 % d’oeuvres françaises et 60 % d’œuvres européennes). Certaines de ces règles sont aujourd’hui remises en question.
La commission Copé sur la « nouvelle télévision publique » a pour but de réfléchir à quatre grandes thématiques : le financement, les nouvelles technologies, la définition du futur contrat de service public et enfin la gouvernance d’entreprise, c’est-à-dire les rapports entre France Télévision et l’Etat. Une façon de mettre en route «l’une des plus grandes réformes accomplies» durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Sauf que la réforme de l’audiovisuel était, bien avant ces effets d’annonces, déjà en chemin.
En octobre dernier, le gouvernement reculait sur la procédure d’adoption du décret visant au renforcement des obligations d’investissement des diffuseurs dans les œuvres audiovisuelles. Ce décret, voté par le Parlement, précisait la notion d’oeuvre et le pourcentage des quotas leur revenant.
A peu près au même moment, Christine Albanel confiait une mission de concertation à David Kessler et Dominique Richard ayant pour but de réfléchir à l’évolution des décrets Tasca, au motif qu’ils seraient désormais inadaptés «à l’ère du numérique ». Décrets qui contraignent les chaînes à investir 16% de leur chiffre d’affaire dans la production audiovisuelle .
Ces discussions ont contribué à augmenter les tensions entre producteurs et diffuseurs.
Désaccords vites aplanis après l’intervention du 8 janvier de Nicolas Sarkozy . Muriel Roze, directrice des magazines et documentaires sur FR3, a résumé l’état actuel des choses, en commentant le projet de suppression de la publicité sur les chaînes publiques « Les producteurs sont forcément un peu inquiets, c’est évident, leur sort est très largement lié au nôtre ».

Un journaliste français enlevé en Somalie

Dimanche 16 Décembre 2007, aux environs de midi, Somalie. Gwenaouel Le Gouil, cameraman français, effectue un reportage sur les immigrants clandestins. Il se trouve dans le Puntland, à environ 70 Km de Bossasso, la ville principale de cette région semi autonome du Nord Est somalien. Le territoire est considéré comme l’une des plaques tournantes du trafic. Il filme les passeurs, lorsque un commando d’hommes armés d’AK-47 le kidnappe. Ils réclament 70 000 $ de rançon.

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Le gouverneur du Puntland, Yusuf Mumin, a affirmé dimanche ne pas détenir d’informations sur l’identité du journaliste enlevé ou le nom du média pour lequel il travaillait. Mais des contacts plus récents, entre le Ministère des Affaires Etrangères français et les chefs de clans locaux, ont confirmé l’identité de Gwen le Gouil. Des liens sont désormais établis avec les ravisseurs pour que le journaliste soit ramené sain et sauf. Selon Ali Abdi Aware, un gouverneur local du Puntland, « une opération est en cours pour le récupérer ».
Gwen le Gouil, jeune journaliste reporter d’images venait de commencer son enquête sur ce trafic. Il avait proposé son sujet à Arte, qui a accepté le projet.
Gwen est diplômé du CUEJ (centre universitaire d’enseignement du journalisme) de Strasbourg. En 2007, il est lauréat du prix Albert Londres audiovisuel, conjointement avec Anne Poiret et Fabrice Launay. Leur reportage diffusé par France 5, portait sur l’assassinat en 2006 de travailleurs humanitaires sri lankais, travaillant pour l’O.N.G. Action contre la faim et intitulé : « Mutter : un crime contre l’humanitaire ». Gwen vient de monter une petite entreprise de production audiovisuelle avec l’un de ses amis, Jean Laurent Bodinier.
Le trafic part des villes de la région du Puntland, situées sur le littoral du golfe d’Aden, face au Yémen. C’est là que les passeurs emmènent les candidats à l’immigration clandestine, dans des barques de fortune. Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés, il y a eu plus de 26 000 migrants en 2006, par ce canal. Ce trafic, géré par la mafia, rapporte 2 à 3 millions de dollars par an. Les enquêtes autour de ce trafic s’étaient multipliées ces derniers temps, gênant les passeurs et leurs commanditaires.