Deux géants du « rap game » à la barre. Booba et Kaaris ont été condamnés à 18 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Créteil, le 9 octobre dernier. Les divers « clash » qui alimentaient les réseaux sociaux depuis quatre ans ont fini par aboutir à cette confrontation brutale à Orly en août dernier.
La nouvelle scène rap ne s’est pas montrée indifférente face à ce fait-divers. Parmi les jeunes venus poser leurs textes sur diverses instrumentales, certains reprochent un manque de professionnalisme de la part des deux rappeurs. « Cette histoire permet à l’opinion publique de tirer une fois de plus sur le rap français, ce qui ne nous arrange pas en tant que jeunes artistes », regrette Nasty, 23 ans, étudiant et habitué des open-mic trois ans à Montpellier.
Peu de grands noms du rap ont souhaité s’exprimer publiquement sur ce sujet. Disiz la Peste avait déclaré qu’il s’agissait selon lui « d’un fait divers comme un autre » sur le plateau d’ « On n’est pas couché », le 14 octobre. Rohff, autre grand ennemi de Booba, s’était juste fait remarquer sur Instagram quelques heures après les évènements en qualifiant ce dernier de « lâche ». Le post est illustré d’un cliché montrant le « Duc » qui s’en prend à Kaaris avec l’aide de ses amis.
Des businessmen reconnus
L’Exorciste, membre du groupe LaRocca Vegetal Sound défend quant à lui un autre point de vue lié au style des deux rappeurs parisiens. « Dans leurs clips ils se sont souvent donné une personnalité agressive et cette confrontation a au moins eu le mérite de crédibiliser leurs paroles », explique le Perpignanais. Son acolyte, LRF, a lui vécu cette affaire comme un divertissement. « Cela ne représente pas la culture populaire qu’est le rap, il s’agit simplement d’un coup médiatique réalisé par des artistes qui ne vivent pas dans le même monde que nous », assure l’artiste présent sur la mixtape « Eclosion » sortie le 12 octobre dernier.
Malgré la mauvaise tournure qu’a prise ce clash entre Booba et Kaaris, la richesse de leurs carrières suscite tout de même l’admiration des nouveaux venus sur la scène. « Je ne me sens pas concerné par cette histoire mais ce qu’ils ont réussi à construire tout au long de leur carrière est respectable. Ils sont millionnaire, ont tout les deux créé leur propre marque de vêtements et ont lancé beaucoup de jeunes rappeurs.», rappelle PDB, grand adepte des open-mic à Montpellier.
Ce dérapage public est loin de mettre en péril les carrières des deux « gangsters » d’un jour. B2O a réunit 40 000 personnes lors de son concert à l’U Arena de Nanterre, le 13 octobre tandis que la star de Sevran a dévoilé la jaquette de son prochain album, « Or Noir 3 » sur Instagram. Punchlines à suivre.