Manneken Pis : « Une grande légende pour 50 centimètres de bronze »

Situé à l’angle d’une rue perpendiculaire à la Grand-Place, le bonhomme en bronze est à la fois à nu et dans une position stratégique pour être vu de tous.
« Depuis toute petite, on me raconte la légende de ce petit garçon qui aurait éteint une mèche de dynamite en faisant pipi dessus, évitant ainsi à Bruxelles de brûler », raconte Julie, 28 ans, une Belge d’origine. Les histoires autour de cette minuscule statue sont nombreuses. « Chaque Bruxellois a la sienne », ajoute-t-elle.

Manneken en djellaba

Le mystère est accentué par les déguisements qu’il revêt souvent. Ce jour-là, c’est en djellaba et coiffé d’un tarbouch [[petit chapeau rouge de Fès (Maroc)]] qu’il accueille les touristes pressés devant son grillage en fer forgé. « Il possède près de 800 déguisements qui sont exposés à la Maison du Roi, un musée de la Grand-Place », s’exclame Tessalyn. Cette jeune fille de 22 ans travaille dans une boutique de souvenirs à quelques mètres de la statue. Colorful Manneken Pis by mkisono/flirckrDans son magasin, le Manneken Pis est décliné sous toutes les formes possibles : du porte-clefs au décapsuleur, en passant par l’objet déco incontournable. Pour elle, la légende est différente. « Le fils d’un bourgeois richissime se serait égaré pendant quelques jours. On l’aurait retrouvé, faisant pipi au coin de cette rue. »

À partir du XVe siècle, le nom du petit bonhomme apparaît dans les textes belges. Mais ce n’est à l’époque qu’une statuette en pierre. En 1619, elle est remplacée par l’œuvre de Jérôme Duquesnoy l’Ancien. Le Manneken en exposition actuellement ne serait qu’une réplique de l’originale, volée dans les années 60.

Une toute petite statue

Julie, belge de naissance, connaît Bruxelles comme sa poche. Elle explique que le mystère est décuplé par le fait qu’à deux pas du petit garçon, on trouve sa jeune sœur, la Jeanneke Pis et son chien.

Fraîchement bruxellois, Maxence, 23 ans, venu dans la capitale belge pour finir ses études, relativise la popularité du petit personnage. « On m’en avait tellement parlé que je m’attendais à quelque chose d’exceptionnel. Quand je me suis retrouvé devant cette toute petite statue, j’ai été déçu. » Cependant, il trouve beau le mystère que les Bruxellois ont créé autour. « Ça reste quand même une grande légende pour 50 centimètres de bronze », conclut-il.

Légendes lyonnaises : la Tête d’Or du Christ toujours recherchée

Ce week-end, Haut Courant vous propose une série consacrée aux mystères. Dans la capitale des Gaules, les légendes sont aussi nombreuses que les bouchons lyonnais. Chaque quartier peut se targuer d’avoir une histoire non expliquée, un mystère historique ou une énigme fameuse à raconter. Mais de tous ces mythes urbains, un seul est connu et aimé de l’intégralité des Lyonnais : celui de la Tête d’Or du Christ.

Le parc de la Tête d’Or est le poumon de Lyon. Avec une centaine d’hectares de terrain, un lac et un jardin zoologique, il est la bouffée d’air vert de la ville. Tout Lyonnais a une histoire avec ce parc. L’apprentissage du vélo étant enfant, le jogging à la tombée de la nuit, les après-midi sur les grandes étendues d’herbe grasse et verte, le pique-nique à l’ombre d’un immense séquoia, les batailles de boules de neige dans les allées structurées à l’anglaise… on ne compte plus les témoignages prouvant que la Tête d’Or est bien le Jardin des Gones.

Une légende plusieurs fois centenaire

Mais peu connaissent la véritable histoire que renferment les enceintes de ce lieu. Le parc a été bâti en 1856 grâce aux paysagistes Denis et Eugène Bulher, et à l’instigation du sénateur-maire Claude-Marius Vaïsse qui voulait «offrir un jardin aux Lyonnais qui n’en ont pas.» Or, le nom du lieu ne trouve pas son origine lors de la construction du parc, il est beaucoup plus ancien. Sous François Ier, dans les années 1530, le terrain alors marécageux est déjà connu sous ce nom. Dès cette période, une légende circule à son propos. Des croisés auraient caché un trésor dans le sol flottant du terrain, dont une tête de Christ en or. Le mythe a ainsi perduré jusqu’au XIXe siècle, période à laquelle les recherches de la fameuse sculpture précieuse se sont accentuées.

L’une des versions de l’histoire mentionne une voyante qui aurait été engagée pour retrouver le trésor tant recherché. Mais cette interprétation est peu racontée car elle se termine beaucoup trop rapidement : la voyante aurait été incapable de soulager l’attente des Lyonnais, et la Tête d’Or serait restée introuvable.

Une autre variante de la légende est bien plus attrayante et plus amusante à conter. Elle tire son origine des canuts, les tisseurs de soie qui au XIXe siècle ont connu une longue période de crise. Lors de la construction du parc en 1856, les soyeux au chômage auraient été engagés pour aider à creuser le terrain destiné à l’accueil du futur lac. La pioche de l’un d’eux aurait butté sur un bloc dur. La Tête d’Or du Christ, après plusieurs siècles, est retrouvée.

Des canuts vénaux, un Christ attristé

C’est là que l’histoire prend un tournant hautement métaphysique. Les compagnons du bienheureux, envieux de sa trouvaille, le rossent de coups. Une violente rixe se déclenche rapidement. Il est alors raconté que le Christ, attristé par le comportement vénal de ces hommes, se serait mis à pleurer par l’intermédiaire de sa statue. Il faut croire que les pleurs du fils de Dieu sont perçus comme plus importants que n’importe quel mortel. Ses larmes auraient suffi à fournir toute l’eau du lac qui était en train d’être creusé. Par ce déluge, la Tête d’Or aurait été à nouveau perdue.

Si peu de Lyonnais connaissent la véritable histoire de la Tête d’Or, une grande partie sait cependant qu’une rare sculpture est enfouie dans les profondeurs du lac. Légende ou réalité, personne ne le sait vraiment, bien sûr. Mais il est fréquent, lorsque l’on se laisse promener le long des rives calmes du lac, d’entendre des enfants excités à l’idée de trouver le trésor perdu.

Rencontre avec une grenouille de bénitier

Ce week-end, Haut Courant vous propose une série consacrée aux mystères. Aujourd’hui, direction Narbonne et sa basilique Saint-Paul-Serge à la rencontre d’une grenouille, un animal bien ordinaire qui a trouvé refuge dans un lieu insolite. Découverte de cette curiosité locale qui attire chaque jour bon nombre de curieux.