Patrice Drevet a déposé ses listes pour les élections régionales en Languedoc-Roussillon samedi 13 février à la préfecture. Le candidat est fier de présenter une liste écologiste centriste, comptant de nombreux militants MoDem dans ses rangs, mais indépendante du parti de François Bayrou.
Marc Dufour, officiellement investi par les militants MoDem lors des primaires des 7 et 8 janvier, vient de renoncer aux élections, visiblement découragé par l’ancien présentateur météo. Rencontré devant la préfecture, cet amateur de bon mots semble déterminé à trouver sa place dans la région.
Qui seront les têtes de liste dans les cinq départements ?
Samuel Serre pour le Gard, Maryse Lapargues pour les Pyrénées-Orientales, Philippe Colombes dans l’Aude, Christophe Calage en Lozère et moi-même pour l’Hérault.
Pourriez-vous nous expliquer ce qu’il s’est passé ces deux dernières semaines entre vous, M. Dufour et M. Bayrou ?
C’est une affaire entre le MoDem et le MoDem. Mais je vais quand même vous expliquer. Cela s’est passé en trois étapes. Au début, alors que je travaillais avec Mme Labrousse (Ndlr, conseillère municipale MoDem à Montpellier) pour préparer les régionales, un premier sondage, publié par Midi-Libre me crédita de 7% d’intentions de votes contre seulement 3% pour Marc Dufour. La direction du Modem a commencé à se demander si je n’étais pas mieux placé pour rassembler des voix. Mais François Bayrou hésitait encore. Un deuxième sondage a été réalisé et là, les choses se sont aggravées pour M. Dufour. Malgré le fait que M. Dufour ait été investit aux primaires, j’ai pu monter une liste en ayant le soutien d’une partie du Modem. Mais les affaires internes du Modem ne m’intéressent pas.
Mais vu de l’extérieur vous apparaissez un peu comme une épine dans le pied pour le MoDem local, vous ne pouvez donc pas ignorer votre rôle dans cette affaire.
Pas du tout ! C’est le MoDem qui a fait appel à moi. Je n’ai rien demandé. Et je ne connais même pas Marc Dufour, je ne l’ai rencontré qu’une fois. Si le Modem est dans une mauvaise passe, il s’y est mis tout seul.
Et pourtant vous avez des colistiers qui viennent du MoDem et vous vous revendiquez du centre ?
En effet, il y a beaucoup d’anciens du MoDem, mais les salades internes n’intéressent pas les gens. Aujourd’hui je veux proposer une alternative entre les frêchistes et les anti-frêchistes
Justement, si vous passez la barre des 5%, avec qui ferez-vous alliance ?
Avec celui qui sera le plus crédible sur le plan de l’écologie. Si c’est Frêche ça sera Frêche, si c’est Couderc ça sera Couderc. Moi je veux faire de l’écologie de proximité. Si Frêche lance des grands projets qui s’étalent sur 15 ou 20 ans, je veux être là pour penser aux détails qui compteront dans la vie quotidienne des gens et pouvoir valoriser l’écologie à l’échelle des citoyens. J’espère d’ailleurs dépasser les 10%. Il faut être optimiste.
Puisqu’apparemment vous ne voulez pas vous mêler de politique politicienne que proposez-vous comme mesures concrètes ?
Classer la Camargue comme parc naturel régional, développer la géothermie dans l’Hérault ou gérer au mieux le retraitement des déchets. Cela fait partie des idées que nous voulons faire passer dans la région. Vous savez, je suis tatillon et têtu, alors je ne compte pas m’arrêter maintenant!
Christian Jeanjean, le candidat de l’Union Républicaine Populaire URP, dissident UMP, a tenu vendredi 12 février, un meeting pour la présentation de ses listes aux élections régionales 2010. Sur un terrain conquis, du haut du phare de la Méditerranée, le premier élu de Palavas a dévoilé la liste des 77 candidats à ses sympathisants et administrés venus nombreux.
L’adoubement des candidats
A quelques minutes de la présentation des candidats, les militants commencent à investir le phare de la Méditerranée. Vu le contexte, tous préfèrent se réclamer du gaullisme que de l’UMP. Paul Trinca, ex-responsable du RPR sétois, voit en Jeanjean « le seul candidat gaulliste. Couderc, lui, il arrive de la gauche de la Gauche, il cumule, et il n’a rien apporté à Béziers. Sur le terrain, et je le vois, les sympathisants se reconnaissent davantage en Jeanjean. Pour nous, l’objectif c’est de dépasser Couderc, au moins dans l’Hérault. ».
Jacques Llorca, proviseur au lycée Pierre Mendès-France de Montpellier, est cinquième sur la liste héraultaise: « Je me suis engagé à ses côtés parce qu’en tant que professionnel, je me retrouve dans ses propositions sur la formation, une compétence centrale de la région. Grâce à la division de la Gauche, l’objectif des 10% (seuil de maintien au second tour) peut être atteint ».
Tête de liste dans les Pyrénées-Orientales et président régional du Mouvement Pour la France (MPF), Roger Foinels a rencontré des difficultés dans la constitution de son équipe: « J’aurai dû suivre l’UMP, mais je ne pouvais pas me ranger derrière Couderc. Je l’ai dit à Philippe de Villiers (dirigeant du MPF), le candidat de la majorité était, et est encore un homme de Gauche. Jeanjean s’est lancé dans une campagne qui est tournée avant tout dans l’interêt régional ».
La grand-messe débute par un discours de Jeanjean recyclé. Le candidat a resservi presque mot pour mot son allocution du 30 janvier dernier, alors qu’il inaugurait son siège de campagne. Il commence même par un argumentaire frêchiste, en clamant: « Nous sommes les Languedociens, ce ne sont pas les Parisiens qui vont nous dicter qui se présente », se référant une nouvelle fois à son duel face à Raymond Couderc. Il se targue d’avoir « davantage de gens de l’UMP sur notre liste que sur celle de Couderc ».
Une longue et pénible énumération des 77 candidats et de chacun de leurs parcours a pourtant réussi à tenir en haleine, pendant plus de deux heures, près de deux cents supporters… Les alliés de Jeanjean ont réussi, malgré les doutes de leurs adversaires, à boucler des listes. Mais au prix d’un certain mélange des genres… Sur la liste audoise, les militants du MPF côtoient une dissidente du MoDem.
A 26 ans, Marion Bolle assume son choix, celui de ne pas soutenir son parti de conviction le MODEM, pour s’afficher sur la liste de Jeanjean, ex UMP, dans l’Aude. « La campagne c’est tout nouveau pour moi. Jean-Louis Soulié qui est un ami m’a demandé de figurer sur les listes, alors j’ai accepté mais à condition de ne pas être en position éligible. » explique la jeune centriste. Elle souhaite garder son indépendance et refuse de se faire taxer d’opportuniste : « Ma candidature c’est avant tout pour réveiller le MODEM. Je suis déçue par mon parti, qui a mon sens n’a été construit que pour l’élection de Bayrou à la présidentiel. » Pour les régionales, la consultante en relation publique et communication confesse qu’elle ne votera pas pour le parti orange.« Finalement tu as la place de traitre » conclut avec ironie un de ses ami venu la soutenir dans sa démarche.
Chapeautée par Jean-Louis Soulié, docteur en Droit et élu à Narbonne, la liste de l’Aude a surpris en présentant une benjamine de 19 ans, Myrtille Toupet, de Carcassonne: « Ce n’est pas souvent que les jeunes ont la possibilité de s’exprimer. Nous sommes pour le Languedoc de l’avenir, nous allons entrer sur le marché du travail, mais encore faut-il qu’il y soit. »
Dans le Gard, Igor Kureck, tête de liste, a placé en troisième position le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan « Debout la République », en la personne de Pierre Bories: « Je suis chrétien et je veux défendre mes valeurs ». Diversifiée, la liste est composée de tendances allant du monde artistique à l’écologie, et du Parti Radical Valoisien au MPF. Yann Legoff, en quinzième position, révèle à lui seul les pressions subies par les militants UMP qui sont entrés en dissidence: sa femme, élue UMP, a dû lui laisser la place.
Christian Jeanjean, premier dans l’Hérault, a laissé à Christine Brun, sa colistière, maire UMP de Faugères, le soin de dévoiler les vingt-six candidats du principal département languedocien.
La sélection « fourre-tout » laisse quelques doutes sur la capacité à mobiliser de l’élu palavasien. Beaucoup de ses amis figurent sur la liste, comme Clément Marcou, sportif professionnel, Jean-Yves Bougerol, son collègue à la communauté de communes de l’Etang de l’Or, et Laury Chauvet, élue au Conseil municipal de Palavas. O’Holy Da Lage, en dixième position, représentant Pézenas, ne vit dans la région que depuis… huit mois. Des représentants des communautés de pieds-noirs et de harkis figurent aussi sur cette liste.
En Lozère, c’est François Pelras et Régine Fabre qui dominent la petite liste de cinq candidats. Enfin, les Pyrénées-Orientales ont été représentées par Roger Foinels. Ce dernier a dénoncé les pressions de la majorité: « On a eu certains maires UMP qui ont dit à leurs adjoints: ‘si tu pars avec Jeanjean, tu dois démissionner (ndlr. les dires de M. Foinels n’ont pu être prouvés) ».
Non loin de là, dans les rues de Palavas …
Hors du phare de la Méditerranée, dans les rues palavasiennes, les habitants portent un regard contrasté sur Christian Jeanjean. Plutôt satisfaits par l’action du maire, les administrés sont plus détachés par rapport à sa candidature, voire même parfois complètement désintéressés.
Marie-Claude, 52 ans, le confesse: « Je ne connais pas son programme. Je ne suis même pas sa campagne pour les régionales… Mais il a fait beaucoup pour Palavas, au point de vue esthétique comme au niveau de l’équipement ».
Hélène partage ce point de vue: « Nous avons une commune bien entretenue ». Pour Vincent, restaurateur de 49 ans, le seul point noir de ce bilan réside dans la rupture avec l’agglomération montpelliéraine: « C’est problématique pour les habitants, qui ne bénéficient pas des mêmes avantages au niveau des transports, entre autres ». Les Palavasiens, qui ont été près de 75% à élire Jeanjean en 2008, sont aussi partagés sur sa prise de position face à Raymond Couderc. Hélène le reconnaît: « C’est un peu dommage qu’il se lance dans cette course en franc-tireur, mais il a la courage d’aller jusqu’au bout pour défendre ses idées. »
Vincent est plus critique: « Je pense qu’il aurait dû se mettre d’accord avec Couderc. Maintenant les voix vont s’éparpiller, lui rendant la tâche plus difficile pour s’imposer ».
Marie, 47 ans, en arrive même à douter de l’interêt de cette lutte: « Personnellement, je ne vois pas vraiment à quoi ça sert la région, et je pense qu’il doit continuer d’agir pour la commune avant tout ». Hélène le croit capable de prétendre à la présidence : « C’est un homme qui agit honnêtement, et qui pourrait rendre la région moins nébuleuse, au niveau de l’utilisation des fonds ».
En revanche, François, 47 ans, est dithyrambique: « C’est un homme profondément humaniste, qui a mis les Palavasiens au cœur des problématiques. Il a toutes les compétences pour être un bon président de région. »