Le Maroc peine à faire entendre sa révolution

A l’occasion du premier anniversaire du mouvement de contestation du 20 février, nommé M 20 F, le comité de soutien de Montpellier organisait ce samedi un rassemblement sur la place de la Comédie. A cette occasion, Abel, l’un de ses membres, nous éclaire sur le contexte marocain.

A un an du début du mouvement, pourquoi organisez vous ce rassemblement à Montpellier ?

Nous avons voulu donner un écho en France à ce qu’il se passe aujourd’hui au Maroc et dont personne ne parle. Mais également parce que les membres du mouvement du M 20 F ont besoin de savoir que leur démarche est soutenue par les Marocains de l’étranger et par les autres pays. Or, les médias comme les partis politiques français n’ont presque rien dit de la situation actuelle.

Y a t il eu un événement particulier qui a provoqué la constitution du Mouvement du 20 Février?

Le Mouvement du 20 février est un mouvement de masse, initié par aucun parti politique ni aucun syndicat, mais qui regroupe aujourd’hui des centaines de milliers de personnes. Depuis le 20 février 2011, dans de nombreuses villes du Maroc, les gens se rassemblent chaque dimanche dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol. Ils exigent un changement radical de la part du pouvoir, le Marhzen[[Le Marhzen ou Makhzen désigne le roi et l’ensemble des pouvoirs économiques qui en dépendent.]], qu’ils considèrent responsable de la situation dramatique dans laquelle se trouve le pays.

Ce sont principalement des jeunes qui par l’intermédiaire de Facebook à la suite des événements en Tunisie, ont appelé à des manifestations avec des associations de défense des droits de l’homme. Mais déjà depuis plusieurs années, des initiatives telles que des grèves ou des rassemblements, étaient organisées dans différents points du pays. Par exemple, l’association des jeunes diplômés au chômage est très active et se fait entendre régulièrement. Dès le mois de janvier 2011, un comité de soutien aux Tunisiens en révolte s’est constitué, rassemblant divers collectifs. Et rapidement a émergé la question : « Et nous, qu’est ce qu’on peut faire? » C’est ainsi que tout a démarré. Maintenant plus d’une soixantaine de villes lancent leurs propres initiatives.

Par quels moyens la population peut elle participer ?

Le mouvement est national et il existe une coordination nationale, mais dans chaque ville le mouvement est indépendant. Chaque section tient des assemblées générales pour discuter des lignes à suivre et des actions à mener. Les tâches sont réparties entre des commissions internes et des responsables sont élus temporairement pour chacune d’elles. La multiplicité des regroupements à travers le pays permet que les revendications soient adaptées à la situation locale, mais aussi empêche le pouvoir de freiner le mouvement.

« La stratégie du pouvoir est toujours la même : montrer avec l’appui des médias que le mouvement n’a pas d’ampleur, l’ignorer. »

Comment réagit le pouvoir ?

Il y a eu de nombreuses arrestations, et plusieurs emprisonnements. Certains ont été libérés grâce aux protestations du M 20 F. Afin d’échapper à la répression, les marches ne partent pas toujours du même lieu et parfois plusieurs sont organisées simultanément à différents points de la ville.
Mais lorsqu’il s’agit d’intérêts économiques importants, le pouvoir réagit violemment. A Tanger, le port a été bloqué par les dockers auxquels se sont joints des membres du M 20 F. Or, c’est le principal centre d’exportation du phosphate, qui constitue l’une des premières richesses du pays. L’affrontement a duré deux semaines. Mais la stratégie du pouvoir est toujours la même : montrer avec l’appui des médias que le mouvement n’a pas d’ampleur, l’ignorer.

Comment expliquez vous que les médias relaient si peu l’information ?

Nous faisons face à une véritable situation de désinformation. Même en France, seuls Mediapart et L’Humanité ont évoqué la vraie lutte du M 20 F. Pour les autres médias, les réformes engagées par Mohamed VI sont la preuve d’un processus démocratique. Or, ce n’est pas vrai.
Le pouvoir a toute une stratégie visant à faire croire que le pays est démocratique. Chaque fois que survient un problème, une commission désignée par le roi ou ses ministres, est chargée de résoudre le problème. Seulement, et de manière systématique, ces personnes ne sont pas du tout représentatives de la population et les décisions se soldent toujours par une complète inertie. De même, il envoie des délégations à l’étranger communiquer sur sa démarche démocratique. Ainsi il pense aplanir les revendications du peuple, et laisse croire à une volonté de changement. Mais cette attitude a fini par provoquer l’effet inverse. C’était possible encore sous Hassan II car les gens croyaient à une alternative et de fait, les médias et l’opposition étaient plus libres. Mais c’est terminé, les Marocains sont dans une étape de maturation politique et ne croient plus à ces subterfuges.

Les modifications apportées à la constitution et l’organisation avancée des législatives ont elles modifié le cadre politique ?

Ces deux étapes font précisément partie de cette même stratégie visant à faire croire à un processus démocratique. Au Maroc le pouvoir est détenu par le roi qui est entouré de « prédateurs »[[Le terme de « prédateur » est employé par Catherine Graciet et Eric Laurent, Le roi prédateur : main basse sur le Maroc, Seuil, 2012]] qui cherchent à s’enrichir. Ils détiennent l’économie du pays et ont démantelé l’ensemble des services publics, sur conseil du FMI dans les années 80.
La révolte actuelle de la population remet en cause le pouvoir du roi, qui s’est vu obligé de faire un semblant de réformes à la suite de nos revendications. Les modifications apportées à la constitution sont superficielles et ne modifient en rien la toute puissance du roi. Il s’appuie sur un gouvernement fantoche qui ne détient aucun pouvoir. Les postes importants du secteur public et de la justice ainsi que les ministres sont désignés par le roi. Le M 20 F montre que la population n’est pas dupe et que cette politique a atteint ses limites.

« Le soulèvement au Maroc est différent de ceux de Tunisie ou d’Égypte »


En Tunisie comme en Égypte on parle du rôle accru des « islamistes » suite aux Révolutions arabes. Qu’en est il au Maroc?

Le soulèvement au Maroc est différent de ceux de Tunisie ou d’Égypte. Les élections législatives anticipées de novembre ont vu les islamistes modérés du PJD (Parti de la Justice et du Développement) s’installer au gouvernement, mais cela n’a rien modifié car son pouvoir est nul. Au départ certains membres du PJB (Parti de la Justice et de la Bienfaisance, islamistes de l’opposition) faisaient partie du M 20 F. Mais la foule a demandé leur départ car elle ne voulait pas associer sa lutte à des revendications religieuses. Les plus extrémistes d’entre eux ont quitté les rangs du M 20 F.
En réalité, le mouvement est traversé par plusieurs courants. Même certains libéraux y adhèrent car ils attendent eux aussi la fin de l’oligarchie du Marhzen. De même aucune centrale syndicale n’est officiellement associées au mouvement, même si elles y participent. Ce qui importe, c’est la participation au mouvement sans récupération partisane.
Par contre, la nouveauté est l’importante participation des filles. Pourtant ce sont elles qui sont les premières visées par la police. Elles prennent le micro, portent des drapeaux ou se mettent en première ligne des manifestations.

La situation économique du Maroc a t elle été un facteur déclenchant des révoltes ?

Le territoire est divisé depuis des dizaines d’années entre un « Maroc utile » et un « Maroc délaissé ». C’est là que le quotidien est le plus dur. Les services publics sont minables : à l’école, les bâtiments sont délabrés et les professeurs médiocres. Les services de santé sont catastrophiques. Dans certains villages il n’y a même pas de route. L’ IDH (Indice de Développement Humain) du Maroc est classé 130 ème.[[Rapport sur le Développement Humain 2011. L’ IDH est un outil de mesure qui permet d’évaluer qualitativement la richesse d’un pays par rapport à son niveau de développement. Chaque année l’ ONU publie un classement de la plupart des pays.]]*
Beaucoup de filles sont retirées de l’école par leurs parents car les frais de scolarité coûtent trop cher. Les femmes sont pourtant obligées de travailler dans ce contexte économique difficile. Certains ne sont plus capables de payer l’eau et l’électricité. Les tarifs sont les mêmes qu’en France. Une famille de classe moyenne dont les deux parents travaillent doit débourser la moitié de son revenu pour payer l’électricité. Et si elle veut mettre ses enfants dans une école de qualité, elle doit encore verser de grosses sommes.
C’est ainsi que les Émirats Arabes investissent dans l’éducation. Il n’y a aucun contrôle dans ces écoles, l’enseignement est décidé par les investisseurs. C’est un moyen idéal pour diffuser des idées islamistes.

« Les Marocains n’ont plus peur et sont déterminés à faire naître une véritable démocratie. »


Quels projets vous attendent ?

Nous ne sommes qu’au début du processus : pour le moment, le manque de coordination est une faiblesse. Mais le pouvoir est désormais obligé de réagir. Les Marocains n’ont plus peur et sont déterminés à faire naître une véritable démocratie. Nous sommes attentifs à ce qu’il devrait se passer au Maroc le dimanche 19 février car il est très probable que le nombre de manifestants soit important. Mais peut être qu’ils préféreront attendre une autre date, afin de contourner la répression [[La participation de ce dimanche 19 février a été de plusieurs milliers de personnes à travers le pays. C’est moins que ce qui était attendu, mais les formes de luttes ont été diverses : blocage, rassemblements, rencontres syndicales…Le mouvement était présent dans la plupart des villes.]] .

A Montpellier c’est autour de l’appel au boycott à la consultation organisée à l’occasion de la réforme de la constitution que le collectif s’est construit. A cette occasion, nous nous étions rendus au consulat : il y eu une manifestation et nous avions dialogué avec le consul. Désormais nous rassemblons à Montpellier plusieurs dizaines de personnes, beaucoup d’étudiants, mais aussi des ouvriers, des chercheurs ou des gens qui n’ont pas de lien direct avec le Maroc mais qui soutiennent notre démarche. Le comité de soutien d’Avignon a fait partir une caravane vers le Maroc afin d’appuyer le mouvement. Nous envisageons d’en faire autant.

En France comme ailleurs, le projet prend petit à petit de l’ampleur. Des comités de soutien se créent un peu partout dans le monde. Un site internet devrait voir le jour très prochainement, regroupant l’ensemble des vidéos et articles réalisés autour du mouvement. Il devrait aussi permettre aux différents comités de soutien de se faire connaître et de diffuser de l’information dans plusieurs langues.

Le 18 février plusieurs membres de notre comité sont partis à Bruxelles afin d’alerter les responsables politiques européens. Un membre du M 20 F venu du Maroc était spécialement venu déjà l’an dernier à Bruxelles. Mais c’est compliqué de faire venir quelqu’un. Depuis peu de temps, des associations de défense des droits de l’homme nous appuient, et le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) ou le Front de Gauche relaient nos appels.

2 bulletins d’informations ont été édité par le collectif de Montpellier. Pour les recevoir ou les contacter : soutien.20fevrier.maroc.montpel@gmail.com

Dialogue de sourds au Sahara Occidental

Le 10 octobre dernier, entre 10 000 et 20 000 Sahraouis militant pour l’autodétermination du Sahara Occidental s’installaient à une quinzaine de kilomètres d’Al Ayoun. Leur camp appelé Gdeim Izik (‘‘camp de la liberté’’ en arabe) a été démantelé dans la violence le 8 novembre par les autorités marocaines.

Le 7 novembre, représentants marocains et sahraouis se réunissaient à Manhasset, aux États-Unis, pour discuter de l’avenir du Sahara Occidental. Le lendemain, la police et l’armée marocaines menaient l’assaut aux abords d’Al Ayoun pour démanteler le camp installé par le Front Polisario, organisation luttant pour l’autodétermination des Sahraouis. Cette intervention marocaine a provoqué de violents affrontements dans la ville d’Al Ayoun, chef-lieu du Sahara Occidental. Les chiffres, concernant cet événement, ne sont pas clairs. Selon les autorités marocaines, le bilan fait état de onze morts, dont dix policiers marocains.

Le journal algérien El Watan, quant à lui, rapporte la mort de 19 Sahraouis. 723 personnes auraient été blessées au cours de l’attaque, et 159 personnes resteraient à ce jour disparues, selon le même journal. Rendre compte de la réalité des faits est d’autant plus difficile que le gouvernement a instauré un embargo sur l’information. Les journalistes étrangers, et notamment espagnols, peinent depuis le 8 novembre à se rendre à Al Ayoun. Les autorités marocaines les en empêchent pour des questions de ‘‘sécurité’’.

Une terre sans statut juridique

SaharaCette attaque marocaine en terre sahraouie n’a fait qu’accroitre un climat politique déjà très tendu. Le Sahara Occidental est, depuis le retrait de l’Espagne en 1975, considéré par l’ONU comme territoire non autonome et sans administration. Autant dire une terre sans statut juridique, qui a donné lieu à une violente lutte de souveraineté entre le Maroc et les indépendantistes de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), fondée en 1975 par le Front Polisario. Depuis 1991 et la fin des hostilités directes, le Maroc administre 80% du territoire quand le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, ennemi historique de son voisin chérifien, en administre 20%. Une situation qui n’aurait dû être que temporaire.

Des négociations bilatérales avortées

Le groupement sahraoui a demandé à maintes reprises l’organisation, par le biais de l’ONU, d’un référendum d’autodétermination où le peuple choisirait entre l’indépendance du Sahara Occidental, l’autonomie sous souveraineté marocaine, et le rattachement complet au royaume chérifien. Ce dernier milite activement pour que la seconde solution soit choisie sans passer par l’aval des Sahraouis. C’est sur ce point que portait la réunion informelle des deux parties à Manhasset la semaine dernière. Le démantèlement du camp Gdeim Izik et le blocus pratiqué sur Al Ayoun ont précipité l’échec annoncé des négociations.

Le Front Polisario a depuis durci le ton à l’égard du Maroc. Son porte parole, Mohammad Abdelaziz a exigé que soit mise en place une commission d’enquête internationale sous l’égide de l’ONU. La classe politique marocaine, elle, se félicite de la bonne gestion de la crise. Quand les uns réclament une enquête sur une attaque meurtrière, les autres saluent l’action pacifique menée par ses forces de l’ordre. Un véritable dialogue de sourds, donc, tandis que la communauté internationale demeure muette.

Une journée avec le raid Students Challenge

La troisième édition du Students Challenge Marocco s’est déroulée du 27 décembre au 7 janvier dernier. Ce raid de régularité engageait une centaine de participants dont une majorité d’étudiants, sur les pistes marocaines. Du nord du pays à l’Atlas en passant par le désert, les participants ont pu apprécier la diversité des paysages du Maroc. Reportage sur la 4ème étape du raid.

Des étudiants fêteront le Nouvel An au cœur du désert marocain

Du 27 décembre au 7 janvier prochains, aura lieu la troisième édition du Students Challenge Marocco. La centaine de participants, étudiants et ex-étudiants, partira à la découverte des paysages du Maroc au volant de leur 4L, 2CV, et autres Renault 5. Organisé par la société marocaine « Arrow Communication », ce raid de régularité se veut éthique, écologique et responsable.

El Ghalia Djimi, militante sahraouie en territoire occupé

Invitée par la commission du droit des femmes du Parlement Européen, une délégation de femmes sahraouies a fait escale à Paris, en décembre, afin de sensibiliser les Français à la répression marocaine que subissent encore les sahraouis en mal d’indépendance. Rencontre avec El Ghalia Djimi, vice présidente de l’ASVDH, (Association Sahraouie des Victimes des Violations Graves des Droits Humains), à Laayoune.

Le teint brun, les yeux pétillants, cette femme de 47 ans n’a rien perdu de ses capacités d’indignation, malgré des tentatives d’intimidation radicales. Elle naît en 1961 à Agadir, au Maroc, où elle passe son enfance. Ses parents ayant fuit le pays, elle est élevée par sa grand-mère, Fatimatou, qui lui transmet sa culture sahraouie et son dialecte traditionnel, le Hassania. A cette époque, le Sahara Occidental, au sud du royaume marocain, est encore entre les mains de l’Espagne. C’est en novembre 1975 que tout bascule. Le Maroc envahit le territoire, et pousse les indépendantistes sahraouis à l’exil, dans le sud algérien, après des représailles sanglantes. Du haut de ses 14 ans, El Ghalia observe les évènements ; sa fibre militante s’éveille. Mais c’est la disparition de sa grand-mère, en 1984, qui la propulsera au coeur de la bataille. Elle rejoint sa terre d’origine et intègre alors des mouvements de résistance sahraouis.

Ils lui banderont les yeux trois années durant

En 1987, El Ghalia se joint à un groupe de militants qui s’apprête à dénoncer la répression marocaine auprès d’une commission de l’ONU, à Laayoune. L’arrivée de la commission est repoussée, mais les militants, identifiés. Le 20 novembre, El Ghalia est dans son bureau, à la direction provinciale de l’agriculture, quand des « agents de la sûreté nationale » lui ordonnent de les suivre. « Je leur ai demandé d’attendre, pour aller chercher mon sac à main. Ils m’ont dit que ça ne durerait pas longtemps… » Elle grimpe dans un Land Rover ; ils lui banderont les yeux trois années durant. Elle passera ses années de captivité et de torture dans une geôle secrète au beau milieu du désert. « A mon arrivée, ils m’ont allongée sur un banc pieds et mains liés, et m’ont versée des détergents dans la gorge. Ils m’ont battue… J’ai été victime d’abus sexuels… Ils m’ont électrocutée ». Près de vingt femmes sont entassées dans une pièce. Dans les cellules voisines, des hommes ont également été capturés. Parmi eux : son futur mari, Dafa. Aujourd’hui, tout deux portent encore les stigmates de leur détention. Sous son foulard aux couleurs vives, El Ghalia n’a plus de cheveux à cause des produits chimiques. Elle garde aussi, imprimées sur sa peau, des traces de morsures de chiens. « J’ai été libérée avec quelques camarades, grâce aux pressions internationales… mais finalement, ce que j’ai subi, ce n’est rien comparé à d’autres, enfermés parfois plus de dix ans ». Au sortir de ces trois années d’enfer, elle donne enfin un nom à son combat, c’est celui des droits de l’Homme. Elle ne parle ni d’indépendance, ni d’autonomie, ni de territoire. Elle veut la paix, et la reconnaissance des violences subies par son peuple. Dès 1991, elle épouse Dafa. Depuis, ils vivent auprès de leurs cinq enfants, à Laayoune et s’évertuent encore à dénoncer le sort des prisonniers politiques, à travers l‘ASVDH. « Et je continuerai, insiste El Ghalia, jusqu’à ce que justice soit faite… »