Label réalité : « Le bio ça veut tout et rien dire »

Bio or not Bio ? Situé à 20 km au nord ouest de Montpellier sur la commune d’Argelliers, le domaine Le Champ des Barbiers propose une viticulture biodynamique depuis 2007. Pourtant, les vins de Stéphane Gros ne portent pas de label puisqu’il n’a adhéré à aucun organisme pour le certifier. Explications.

L’agence Bio / OC recense cette année 407 exploitations converties au Bio en Occitanie, premier vignoble Bio de France, et Le Champ des Barbiers compte en faire de même. En effet, son fils va le rejoindre afin de faire les démarches de certification, au grand dam de son père. Stéphane Gros est sceptique mais comprend bien les intérêts commerciaux et la reconnaissance apportés par un label. Cependant, il préférerait obtenir un label Demeter correspondant davantage à sa démarche.

En 2000, Stéphane Gros quitte la restauration pour reprendre les rênes de l’exploitation familiale, héritage viticole depuis plus de quatre générations. Il explique avoir toujours pratiqué avec son père « la viticulture raisonnée », en utilisant du souffre et du cuivre plutôt que des produits de synthèse. « C’était le début de la mode du bio » se rappelle-t-il, mais l’investissement économique était important et il ne voyait pas, à l’époque, l’intérêt d’obtenir un tel label. Globalement, il affirme que « ça [lui] revient plus cher de travailler en biodynamie. Il faut passer plus souvent dans les vignes et éviter de trop labourer avec le tracteur ». Mais Stéphane est fier de produire du vin « plus proche du naturel ou Demeter » puisqu’il ne met aucun intrant, sauf « un peu de souffre et d’argile, autorisés par Demeter » mais il ne procède à « aucun collage ni filtrage ».

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Bio : entre utopie et réalité

Alors pourquoi ne pas adhérer à un organisme de certification ? Il connaît parfaitement les labels et leurs normes mais pour lui, « le bio, ça veut tout et rien dire. Il y a le vin conventionnel, chimique, puis le vin bio, les vins en biodynamie, le vin naturel et le vin s.a.i.n.s – sans aucun intrant ni sulfite ajouté » mais dans le vin bio « ils utilisent beaucoup de sulfite (SO2), environ 150 mg / L contre 40 mg pour moi, la norme pour les vins naturels ». Pour les vins s.a.i.n.s, il n’y a « pas d’étiquette » spécifique, ce qui traduit une philosophie différente de celle du bio. L’affiche ci-dessus, réalisée en 2013 par Cédric Mendoza pour l’association des Vins s.a.i.n.s, témoigne selon lui de cette réalité. Le caractère orienté de l’affiche mis à part, on remarque de nombreux intrants, tolérés par le vin conventionnel et bio, face à un vin s.a.i.n.s présenté comme parfaitement pur.

Stéphane Gros justifie par plusieurs raisons sa non-adhésion immédiate à un label : « J’ai toujours travaillé seul avec un agent qui gère toute la partie commerciale et ne vend que des vins bio et naturels, donc je ne m’en suis jamais préoccupé. Ça demande beaucoup de dossiers, je n’ai pas le temps et je n’aime pas ça, donc mon fils va s’en occuper ». Mais ce label va lui apporter une meilleure reconnaissance auprès des clients dans les caves – représentant 65% de sa distribution – ou les restaurants : « les gens regardent l’étiquette, s’ils voient que c’est pas marqué bio, ils ne goûtent pas ».

Le refus d’une grande distribution et ses contraintes

Son fils lui permettra aussi d’augmenter le volume de vin produit pour ne plus qu’il rate des marchés puisqu’il « exporte à l’international depuis quelques années : en Belgique, Grèce, Allemagne et Angleterre », or, « qui dit export dit volume » précise-t-il. Il refuse de vendre son vin en grande distribution (GD) car « c’est pas le genre de produits qu’ils recherchent et ça ne m’intéresse pas ». Mais aussi à cause du volume, « la GD il faut faire du vin et sortir des petits prix ». Les vins de Stéphane Gros sont situés entre 11 et 13€.

Le label va aussi lui amener des aides financières, dont il a bien besoin pour compenser la perte qu’il a essuyé cette année. En effet, il déplore les conséquences du réchauffement climatique sur les vignes, trop souvent tues : « cette année a été catastrophique pour moi, j’ai été gelé au mois d’avril et en été j’ai eu la sécheresse, j’ai perdu 80% de ma production et le gouvernement ne fait rien pour ça, surtout que je n’avais pas d’assurance jusqu’à maintenant, mais ça va bientôt devenir obligatoire ».

Mais il a toujours hésité à passer bio car il le voyait comme une limite : « j’avais peur que l’étiquette soit un frein, dans la GD on en voit partout. Il faudrait plutôt mettre la liste des ingrédients avec les doses plutôt qu’un logo bio. Ce logo cache beaucoup de choses derrière » confie-t-il.
Il espère éviter les « trois années de conversion imposées » pour l’attribution d’un label, en vue de sa pratique de la biodynamie. On l’aura compris, le label bio n’est pas son graal, et s’il fait certifier son vin, c’est pour les autres.

Le pari fou de la permaculture dans la vigne

François Ducrot, viticulteur dans l’Hérault, au domaine de l’Enclos de la Croix, s’est lancé depuis quatre ans dans la permaculture. Arbres, moutons, chevaux et ail ont fait leur apparition dans sa vigne.

« J’ai semé de l’ail et des fèves entre les pieds de vigne », explique sans ciller François Ducrot. Ces propos étonneraient plus d’un viticulteur. Depuis deux ans, ce vigneron de 34 ans expérimente la permaculture dans la vigne. Celle-ci s’étend sur 24 hectares, à la porte du bourg de Lansargues, dans l’Hérault.

En 2006, François Ducrot intègre l’Enclos de la Croix. Deux ans plus tard, avec le propriétaire, François Frézoul, ils passent en agriculture biologique. L’idée «d’une agriculture plus durable et plus respectueuse de l’environnement » motive les deux hommes. Pour aller plus loin, ils se tournent vers le concept de la permaculture. «Pour moi, la permaculture c’est des techniques agricoles qui permettent une agriculture permanente et résiliente », explique l’intéressé. Allier permaculture et vigne demande de repenser le fonctionnement du vignoble. Un long cheminement que François Ducrot présente au chaud, dans la boutique du domaine. Un abri opportun au vu des trombes d’eau qui tombent en cascade, ce dimanche matin de janvier. S’aventurer dans la vigne, c’est un bon rhume assuré à la sortie de la visite. On ne verra donc pas les premiers arbres plantés il y a quatre ans, au cœur du domaine, afin de diversifier l’écosystème du lieu.

« On est cartésiens »

La diversification des cultures est un des principes clés de la permaculture. Elle fait partie du cheminement « cartésien » imaginé par le vigneron. En effet, il n’y a pas de philosophie de vie ou d’éthique proclamées dans la permaculture du viticulteur qui préfère se définir comme un environnementaliste plutôt qu’un écologiste. « On n’est pas des babacools qui fument de la moquette. On est plutôt cartésiens », ajoute-t-il. Il ne suit pas à la lettre les préceptes des « fondateurs » de la permaculture, qui y voient un système basé sur trois principes éthiques : prendre soin de la Terre, prendre soin de l’Homme et gérer équitablement les ressources. C’est dans les techniques agricoles qu’il faut chercher l’influence de la permaculture sur sa vigne.

Les arbres s’invitent en vigne

Les giboulées qui tombent ce matin-là sont une aubaine pour le vigneron. « Avec la sécheresse, la pluie est plus que la bienvenue ! » se réjouit-il. Mais le terrain sec et compact empêche l’eau de pénétrer en profondeur dans le sol. Avec leurs racines, les arbres « ouvrent » le sol et aident la terre à garder la précieuse eau. -561.jpgEt ils ont bien d’autres avantages : « Le vers de grappe et sa « transformation », le papillon sont les ennemis jurés de la vigne. Qu’est ce qui les mange ? Les oiseaux et les chauves-souris ! Mais où ils vivent ces animaux ? Dans les arbres ! Donc on plante des arbres. »

Mais pas n’importe lesquels, des cormiers, pour leur grande taille, appréciés des chauve-souris, et pour leur valeur : « C’est du bois d’œuvre qui se vend très cher !».
Pour financer ces travaux, le domaine a touché des subventions: 5000€ de la région Occitanie et 15 000 avec la fondation AccorHotels. Ces grands arbres apporteront aussi de l’ombrage aux plantations. « On a rajouté des abricotiers dans les rangs de vigne pour remplacer les pieds perdus. Là, il n’y a pas d’explication. C’est juste qu’on aime bien les abricots ». Peut-être pas si cartésien notre viticulteur finalement.

Mais revenons à nos moutons …« C’est pour éviter de passer la tondeuse au tracteur et ça enrichit la terre de leurs excréments », reprend l’intéressé. Ils descendent des Cévennes en hiver, pour pâturer dans la vigne, lorsqu’elle a perdu sa feuille et son raisin. Le domaine a dû s’adapter à ces nouveaux arrivants en installant 3km de clôture. Mais une petite brèche peut s’avérer fatale : « Une fois, notre potager a subi de gros dégâts et certains oliviers aussi ». Le viticulteur apprécie tout de même ces bêtes blanches et regrette qu’elles « ne puissent pas venir cette année, il n’y a pas d’herbe à cause de la sécheresse».

Le cheval, lui, pourra se déplacer. Le voisin Richard Sabde, vient labourer la moitié de la vigne, 12,5 hectares, au printemps et en hiver. « Cela permet un travail de précision. Nous perdons beaucoup moins de pieds et la terre n’est pas tassée comme elle le serait avec un tracteur. » Cette technique de labour est un investissement important, puisqu’elle nécessite trois fois plus de temps qu’un passage de tracteur.
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« On fait des expérimentations »

Si pour les arbres, le Domaine de l’Enclos de la Croix s’est inspiré de pratiques déjà existantes dans l’agroforesterie, l’ail et les fèves sont des innovations maison. « On espère que l’ail va repousser certains ravageurs de la vigne, tout comme les fèves et ceci fera un revenu supplémentaire pour le domaine.  » Ces plantations devraient permettre de diminuer l’utilisation du cuivre qui sert à contrer les éventuelles maladies. « En effet, le cuivre limite le développement de champignons qui sont très bons pour le sol  ». Et un sol équilibré, c’est une vigne en bonne santé.

Un plus pour la communication

« Dans une bouteille, c’est 50% de vin et 50% d’image  », explique François Ducrot, au début de la conversation. La permaculture, en plus de rendre la vigne résiliente et durable, donne une valeur ajoutée à son vin. « Jusqu’ici, dans la région, on avait du bon vin mais une mauvaise communication. On essaye d’apporter la seconde ». Même si ça n’est pas dit explicitement, le pari fou de la permaculture est aussi un pari pour permettre à son vin de se démarquer.

De la « vraie » permaculture ?

Certains spécialistes ont du mal à qualifier les pratiques du Domaine comme de la permaculture. Joint par téléphone, Christian Dupraz chercheur en agroforesterie à l’INRA et conseiller régional écologiste, définit la permaculture comme « un système d’agriculture, qui permet des rendements intensifs sur une petite surface, en associant les cultures, sans utiliser d’engins motorisés, qui s’applique surtout au maraîchage». Lui-même précise qu’il n’est pas spécialiste sur le sujet, avant d’ajouter : « En permaculture, il faut environ une personne pour s’occuper d’un hectare et demi  ». Ceci ne correspond donc pas exactement au Domaine de l’Enclos de la Croix, qui s’étend sur 24 hectares et qui utilise encore des engins motorisés. Mais la pratique de l’élevage, l’utilisation du cheval et les associations de cultures se rapprochent, tout de même, de l’idée générale de la permaculture.

« On verra dans cinq ans »

Quatre ans après la plantation des premiers arbres, il est encore trop tôt pour constater une évolution majeure sur la qualité du sol ou du raisin. Mais François Ducrot est loin de désespérer : « Ça prend du temps à se mettre en place, mais je suis persuadé que ça va payer ! ».

Les espoirs naissent dans le jardin : «Nos tomates du potager en permaculture sont magnifiques ! ». Pour la vigne, il va falloir attendre quatre à cinq ans, le temps que les arbres poussent et que l’équilibre s’installe.

De l’entrée du Domaine, on devrait alors apercevoir des feuillus de toutes tailles au milieu des rangs de vignes. Et à scruter de plus près, on pourra sentir les plantes aromatiques qui accompagneront ail et fèves entre les pieds de raisins. Espérons qu’à ce moment-là, le soleil se joigne à la visite.

Le Wwoofing s’installe dans ses vignes

Le bio est son « défi ». Pour assurer une conversion nécessitant pas mal de main-d’oeuvre, Thibaud Vermillard, jeune vigneron occitan, peut compter sur une fidèle équipe de wwoofeurs, ces néo-bénévoles globe-trotters.

Ce vigneron n’a rien de conventionnel. Depuis sa conversion en bio débutée il y a trois ans sur son domaine de Lunel-Viel, à 30 minutes de Montpellier, Thibaud Vermillard passe par le Wwoofing.

Le Wwoofing ? Ordinairement l’apanage des exploitations agricoles de type verger, jardin, potager ou élevage, le WWOOF – de l’anglais World-Wide Opportnunities on Organic Farms – est un concept de voyage alternatif qui fait fureur.

Des particuliers se proposent d’accueillir des wwoofeurs pour partager leurs connaissances et savoir-faire dans leur domaine d’activité. En échange de ce coup de main non-rémunéré, les bénévoles se voient offrir le gîte et le couvert, en immersion dans le mode de vie de leurs hôtes.

Une méthode « économique et humaine » selon Thibaud Vermillard, pourtant peu employée dans le monde viticole, que le néo-converti utilise pour répondre, à moindre frais, au plus grand besoin de main-d’oeuvre que nécessite l’agriculture sans pesticide. Et ça marche du tonnerre.

Un échange de bons procédés

Pour Thibaud Vermillard, l’idée de s’y adonner lui a été soufflée par l’un de ses proches en 2014. Bien que le concept lui était jusqu’alors inconnu, le trentenaire l’a expérimenté dès l’année de sa conversion, en 2015, via WWOOF France, un organisme mettant en relation les volontaires avec plus de 1200 fermes biologiques dans l’Hexagone.

Et depuis, pour chaque vendange, il recrute ces petites mains qui lui sont si indispensables : « Pour faire simple, en agriculture conventionnelle, il suffit de répandre du pesticide sur les cultures pour éliminer les mauvaises herbes. En agriculture bio, on les arrache à la force de ses bras ! » Pour ses huit hectares de production, dont une première moitié sera certifiée bio cette année, il en faut donc de l’huile de coude.

Attentifs, fiables et efficaces

Souvent sans expérience et, de fait, moins rapides, les wwoofeurs sont néanmoins « plus attentifs et très fiables », assure Thibaud Vermillard. Sa règle d’or : ne leur attribuer que des tâches non-dangereuses ne nécessitant aucune compétence particulière. Et à l’entendre, « la qualité de leur travail est même meilleure que celle d’ouvriers qualifiés ».

Mais le jeune vigneron le certifie, le Wwoofing n’est pas qu’une astuce pour tirer un bénéfice uniquement pécunier. L’aspect relationnel est, selon lui, indissociable.

« J’ai eu de tout ! Des Neo-zélandais, Australiens, Japonais, Chinois, Scandinaves, Canadiens, Allemands… mais aussi des Français, voire des gens du coin. » Le trentenaire s’épanche sur ses wwoofeurs dont aucun n’échappe à ses souvenirs. De belles histoires, il en a à raconter. « J’ai gardé contact avec beaucoup d’entre eux… et certains m’ont recommandé auprès de leurs proches pour les vendanges suivantes ! Une année, j’ai accueilli la soeur d’une ancienne wwoofeuse allemande dont le grand-père, qui vit en Espagne, est venu un jour m’apporter des oranges ! L’été dernier, j’ai également accueilli Lucas, le frère d’un ancien wwoofeur australien. J’en ai même qui reviennent chaque année. C’est notre noyau dur ! » Et la barrière de la langue ? « Via l’anglais, on se comprend toujours. »

« On forme une communauté »

Si les wwoofeurs qu’il reçoit sont majoritairement jeunes – des femmes pour les deux-tiers – le plus souvent en quête d’une expérience à l’étranger à moindre frais, il a déjà eu d’agréables surprises : « Cet été, j’ai eu mon doyen ! Un Canadien de 55 ans pour qui le Wwoofing représentait une sorte de voyage initiatique, suite à une remise en question professionnelle ». Et parfois, des surprises moins agréables : « Une année, il y en a un que j’ai carrément dû mettre à la porte pour des problèmes de comportement… Mais c’est bien la seule fois ! En trois ans, je n’ai eu que deux mauvaises expériences. »

Et l’hôte veille systématiquement à l’épanouissement de ses wwoofeurs : « J’en prends toujours deux ou trois par vendange, de sorte à créer une dynamique de groupe, une cohésion. Je m’assure qu’il y ait de bonnes relations sur le terrain comme à la maison. Avec ma compagne, on s’occupe également d’eux en-dehors des heures de travail. En les emmenant le weekend à la plage par exemple. Ou à des festivals locaux. Et parfois, ils nous payent des bières ! On forme une communauté ». Et ces étés en communauté, il les savoure : « Ça nous booste d’avoir des gens à gérer ponctuellement au cours de l’année ».

Pour cet été, « on a déjà notre équipe ! s’enthousiasme-t-il. Deux Allemandes, qui ont participé aux trois dernières vendanges, et un Écossais. » Thibaud Vermillard est définitivement un converti. Au bio… et au Wwoofing !
Hors-vendanges, les tâches à effectuer sur les vignes étant beaucoup plus techniques, Thibaud Vermillard préfère embaucher des salariés qualifiés.

Terra Vitis, un label plus bio que le bio ?

Le vin bio a la côte. En témoigne la floraison des étiquettes « vertes » sur les bouteilles, star des certifications écolo. Moins connue, la viticulture raisonnée se veut tout autant respectueuse de l’environnement. Terra Vitis, seule certification en la matière, se targue de rivaliser avec le label bio.

« L’agriculture raisonnée ça va plus loin que le bio ». Situé sur la commune de Lavérune (Hérault), le domaine Château de l’Engarran a préféré la viticulture raisonnée à la biologique, et il le revendique. Certifié Terra Vitis depuis 2001, le choix des propriétaires s’est naturellement tourné vers un cahier des charges « plus pointu ».

La fédération Terra Vitis, fondée en 1998 dans le Beaujolais, compte aujourd’hui plus de 500 adhérents en provenance de toutes les régions viticoles. Elle est la seule certification de viticulture raisonnée reconnue par le Ministère de l’agriculture.

Contrairement à l’agriculture biologique, elle permet l’utilisation de produits chimiques sur les vignes lorsque cela est nécessaire, afin d’assurer la rentabilité économique des exploitations. Le cahier des charges, solide, en limite tout de même l’application.

D’autant que l’intervention chimique ne serait pas forcément plus nocive que certains produits naturels. « Le cuivre, même si c’est un produit naturel [autorisé en agriculture biologique ndlr], pollue les sols. Or nous avons une grande réserve d’eau sous le domaine », explique Lionel Ciechocki, le directeur technique du Château de l’Engarran. Dans les vignobles Terra Vitis, la viticulture est basée sur l’observation, « on intervient que si nécessaire. L’agriculture bio traite systématiquement, deux fois plus souvent que nous », ironise le viticulteur.

Une démarche éco-responsable « du vignoble à la bouteille »

Terra Vitis c’est surtout une démarche qui tient compte de l’exploitation dans son ensemble, pour une viticulture durable. Protection de la vigne, de l’air, de l’eau, des sols, de la biodiversité, de la santé de l’homme et gestion des déchets sont de rigueur. « On ne met pas d’insecticide, on laisse pousser l’herbe pour la pollinisation, l’eau usagée qui sort de la cave est recyclée, on ne pulvérise pas à une certaine distance pour les voisins », détaille Lionel Ciechocki.

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Au-delà des considérations environnementales, Terra Vitis revendique une dimension sociale : « Ça fait partie de l’éthique de Terra Vitis depuis sa création, et on souhaite aujourd’hui le développer », raconte Sandra Tourrière, animatrice Terra Vitis Rhône-Méditerranée. L’association a d’ailleurs embauché une apprentie pour travailler sur l’intégration de la norme (ISO 26000) de Responsabilité sociétale des entreprises dans la certification, afin de consolider « la démarche qui comprend le vignoble jusqu’à la bouteille ».

Mais alors, la viticulture raisonnée c’est plus « bio » que le bio ?

Chaque année pourtant, quelques adhérents de Terra Vitis partent vers le label Agriculture Biologique. C’est le cas du domaine Château la Dournie à Saint-Chinian. Passé en parallèle en AB, le vignoble abandonne Terra Vitis cette année. Pour Véronique Etienne, la propriétaire, il s’agit « d’aller plus loin dans la démarche, d’être le plus naturel possible. C’est une question de philosophie ». Mais pour la viticultrice, les deux certifications se valent : « Le bio n’est pas forcément plus respectueux. Quelqu’un en Terra Vitis l’est tout autant. On peut être en bio sans faire attention à la dose d’intrant. »

Question de réputation en réalité. « Il y a de la demande en bio. C’est dans l’ère du temps, les gens sont assommés par les perturbateurs endocriniens », grommèle Véronique Etienne.

L’agriculture raisonnée a le désavantage de ne pas suffire au niveau des marchés, notamment européens, alors que la certification AB est soumise à la réglementation de l’UE. « Le label bio ça permet de plus facilement accéder au marché », concède la vigneronne. Bien qu’elle commence à se faire un nom dans le milieu viticole, la certification Terra Vitis « n’apporte pas davantage de visibilité » au Château de l’Engarran, selon Lionel Ciechocki.

Des démarches complémentaires

Bien qu’il ne soit pas possible de cumuler les deux certifications, l’animatrice Terra Vitis l’affirme : les deux démarches sont complémentaires. C’est ce que confirme Laurent Gourdon, chef du service viticulture à la chambre d’agriculture de l’Hérault : « Terra Vitis, ils sont très fort techniquement, la traçabilité est pointue du fait de l’utilisation des produits chimiques. Et le cuivre c’est le point noir du bio. Mais on ne peut pas véritablement les comparer. »

Viticulture raisonnée ou biologique, « au final, ils vont dans le même sens mais pas par le même chemin », conclut si bien Laurent Gourdon.

Richard, cavalier-laboureur des vignes

Richard Sabde a longtemps tenu un commerce de proximité. Il y a quatre ans, il décide d’assouvir ses deux passions : la terre et les chevaux. Depuis, il laboure avec son cheval dans les vignes bio. Portrait.

« J’ai le plus beau bureau du monde ! », s’amuse Richard Sabde, en scrutant le paysage rempli de verdure et de vignes, au château La Roque à Fontanes (Hérault). Et ses collègues de travail à quatre pattes ne sont pas des plus ennuyeux … les chevaux ! Aujourd’hui, il fait équipe avec Dasko, un trait Comtois de 5 ans, qui effectue sa première année de labour.

Quatre ans plus tôt, Richard se plaignait de voir sa clientèle, pourtant fidèle, disparaître peu à peu de son épicerie de proximité, tenue avec sa femme. Et puis un jour, grande décision : stopper son commerce pour vivre – enfin – sa passion. Labourer les vignes avec ses chevaux. Plus facile à dire qu’à faire … Richard ne connait pas le travail de la terre. « J’avais seulement le souvenir de mes grands-parents viticulteurs », raconte-t-il. En quête d’outils pour les vignes, il se rend à Paris au salon de l’Agriculture. Il y rencontre Thomas, qui pratique le labour avec ses mules. C’est lui qui lui apprendra le métier et le formera. « Ce n’est pas une activité évidente ou innée, il y a des techniques à apprendre, il faut savoir parler au cheval ».

Ça tombe bien, côté équidés, Richard en connaît un rayon. Son premier, il l’a eu en cadeau avec ses parents à l’âge de 16 ans. Depuis, la passion ne l’a pas lâché. A ce jour, il en possède cinq, dont trois servent au travail des vignes. Et il les connait par cœur. « Dasko, c’est un pataud, il est assez calme, mais il faut parfois lever la voix, alors que Vaillant est plus émotif, il ne faut pas le brusquer », détaille-t-il. Quant à Sauterelle, «elle a du caractère, il ne faut pas se laisser faire, même s’il faut être conscient que physiquement on ne fait pas le poids ».
Avec ses compagnons de route devenus ses outils de travail, il effectue le labour dans les vignes de deux domaines : L’Enclos de la croix à Lansargues, puis le château La Roque à Fontanes. Il travaille sur 10 hectares pour chacun. L’Enclos de la croix produit du vin bio, et le château La Roque du vin bio et biodynamique. Quand on lui demande s’il apprécie le vin des deux domaines, Richard Sabde ne peut répondre. Il ne boit pas d’alcool. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas le vin, c’est la vigne.
«Je travaille sur des parcelles où il n’y a que les chevaux qui peuvent accéder », explique Richard. A l’Enclos de la croix, un domaine viticole de 23 hectares, « il a y très peu de cailloux, explique Richard Sabde, c’est tout plat, mais au château de La Roque (32 hectares), il y a pas mal de relief et beaucoup de cailloux. Le cheval est beaucoup plus malléable que la machine motorisée ».

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En observant le quinquagénaire déambuler dans la vigne avec son cheval de trait et son béret sur la tête, on change brusquement d’époque. La charrue qu’il utilise date d’ailleurs des années 50 ! Mais l’apparente vétusté de l’outil n’entache en rien la précision du travail effectué. Sur le chemin pour aller labourer, Richard Sabde relève ses manches : « je n’ai pas de montre ». Lui, travaille à l’hectare, pas à l’heure. Cela lui permet de gérer son temps comme il le souhaite. « Le propriétaire des vignes ne me donne pas de rendements, je dois simplement faire du bon travail ». Sa seule contrainte est météorologique. « Cette année, avec les grandes sécheresses, le sol était très sec, donc difficile à pénétrer par la charrue, indique Richard. On attendait la pluie ».

Avec son cheval, il lui faut huit heures pour labourer un hectare, quand il n’en faut que trois pour un tracteur. « Mais le rendu n’est pas du tout le même. Labourer avec la charrue et le cheval permet d’éviter le désherbant chimique. De plus, la charrue ne désherbe qu’en surface alors que la machine motorisée désherbe plus en profondeur, ce qui assèche la terre », indique le nouveau spécialiste. « Mais c’est avant tout une philosophie de travail et de vie. Ceux qui ne font ça que pour l’image de marque, ça ne sert à rien ». Richard effectue un travail sous le rang. Aujourd’hui, c’est le buttage, qui consiste à ramener la terre sur le pied de vigne. Plus tard dans l’année, il pratiquera l’opération inverse : le décavaillonnage.

Au château La Roque (Fontanes), le cheval et la charrue sont utilisés dans les vignes où le cépage est plus prestigieux, où la vigne a plus de valeur. Mais à Lansargues, le laboureur – ou « prestataire de service en traction animale » pour la version administrative – pourrait avoir plus travail puisque le domaine veut passer au labour à la charrue pour la totalité de la superficie, soit 23 hectares. « En France, nous ne sommes plus qu’une quarantaine à exercer ce métier dans la vigne», raconte M. Sabde. Pas sûr qu’il puisse trouver de l’aide, donc.

A la fin de la journée de travail, Dasko le cheval a bien mérité son repos…et quelques pommes pour récompense. Richard, lui, n’en a pas terminé. Il doit maintenant aller s’occuper de ses quatre autres chevaux. Et pas à reculons !

Agriculture bio : les viticulteurs s’inquiètent des désengagements de l’Etat

Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a confirmé le maintien des « aides à la conversion » en agriculture bio. Mais il a aussi annoncé que les « aides au maintien » seraient, elles, transférées aux régions. Peu rassurant pour les vignerons.

En décembre Haut courant s’était déjà interressé à la disparition programmée des aides au maintien dans l’agriculture bio. Ces subventions qui permettent de compenser les pertes de rendements par rapport à l’agriculture conventionnelle, et engager plus de main d’oeuvre nécessaire à l’entretien des surfaces biologiques, sont dans le collimateur de l’État. Aujourd’hui, le plus grand flou règne quant à leur avenir. Dans un communiqué de presse (PDF), l’association Sudvinbio s’inquiète pour les vignerons bio du Languedoc-Roussillon.

Les aides au maintien dans la viticulture bio, ça représente quoi concrètement ?

Aujourd’hui, les aides au maintien représentent au total, la très modeste somme de 10 millions d’euros par an. Dans la viticulture, elles s’élèvent à seulement 150€ par hectare et par an (PDF).

Un signal négatif envoyé aux producteurs bio

Maladies et conditions climatiques (gel, grêle,…) ont déjà compliqué les choses cette année pour les viticulteurs qui ont enregistré des pertes de rendements.
La disparition des aides au maintien, engendrerait pour les producteurs une nette baisse de leur rémunération, risquant d’en rebuter certains. L’accumulation des difficultés, pourrait décourager les hésitants, explique Michael Hausdorff, un vigneron en bio depuis 2010 dans le Gard. Il affirme cependant que ce ne sera pas suffisant pour le dissuader.

Ce qui ne l’empêche pas de constater que quelques producteurs se sont déjà désengagés de l’agriculture biologique et sont « revenus en conventionnel, en raison des maladies de la vigne et complications dues au climat ». Il estime le recul de l’Etat comme facteur de découragement chez les jeunes sur le point de s’engager. C’est un « signal négatif envoyé aux producteurs bio, qui pourrait avoir un impact important » en freinant la conversion en forte hausse ces dernières années, s’indigne ce vigneron du Gard.

Le financement des aides au maintien par les régions s’avère difficile

Depuis 2015 et la nouvelle politique agricole commune (PAC), les aides sont co-gérées par l’État et les régions. Le nouveau ministre de l’Agriculture a fait de la conversion sa priorité. Il souhaite donc que les régions « continuent de financer des aides au maintien sur de nouveaux contrats, mais sans mobiliser les crédits du ministère ». Stéphane Travert affirme par ailleurs que c’est maintenant « au marché de soutenir le maintien de l’agriculture biologique car la demande est là ». Le ministère s’est quand même voulu rassurant et a affirmé que « les aides au maintien attribuées jusqu’en 2017 seront bien évidemment financées jusqu’à leur terme » et que les crédits d’impôts devant prendre fin en 2017, seraient également prolongés pour les producteurs en bio.

Mais « sur les régions qui ont déjà des budgets ric-rac, cela va être compliqué » explique M. Haudsorff. « Dans la région Occitanie il y a une volonté » précise-t-il. La région, placée en première position dans le nombre d’exploitations et de conversions en bio, possède un hectare sur quatre en agriculture biologique. « Mais est-ce qu’il y aura le budget pour pallier au désengagement de l’État ? J’en doute » désespère-t-il. Certaines régions comme la Normandie ont déjà annoncé qu’elles ne se substitueraient pas au désengagement de l’État, préférant privilégier les aides à la conversion en agriculture biologique.

Le refus, pour les producteurs, d’une compensation par le marché et les consommateurs

Faire payer le consommateur pour palier à cet arrêt de financement par l’Etat ? Une possibilité que les producteurs écartent.
Pour Virginie Berthuit, responsable parcellaire de la cave de l’Ormarine, si le prix est trop élevé « les gens n’achèteront pas, cela ne marchera pas ». Pour Michael Haudsorff, les consommateurs s’engagent déjà en achetant du vin bio, alors « [les] faire payer, ce n’est pas une solution » s’exclame-t-il. Avant d’ajouter que, « soit il y a une volonté politique d’aider l’agriculture biologique, soit il n’y en pas ».

Challenge Millésime Bio : « Ici on ne boit pas, on goûte »

Ça renifle, ça observe, ça déguste et ça recrache. Mais où donc ? Au concours des vins Millésime bio, qui s’est tenu dix jours avant l’ouverture du salon. Reportage.

9h30 à l’Altrad Stadium. Les rugbymens montpelliérains Louis Picamoles, Nemani Nadolo et consorts, résidants habituels des lieux sont aujourd’hui remplaçants. Remplacés plûtot, par une équipe autrement plus disparate : les dégustateurs du Challenge Millésime Bio. L’horaire est bien matinal pour déboucher les bouteilles mais plusieurs dizaines de personnes s’amassent déjà dans la salle de réception du stade. Une organisation bien ficelée pour les 400 membres du jury qui vont délivrer les précieuses médailles d’or, d’argent ou de bronze. À l’heure des croissants, c’est tout le petit monde de la viticulture qui se retrouve pour le plus grand salon du vin bio hexagonal. « Ici, on ne boit pas, on goûte !  », lance Didier, œnologue amateur, présent pour la deuxième fois au concours. Une nuance importante que les crachoirs à vin disposés sur chaque table vient rappeler.

La voix de Thierry Duchenne, le directeur de Sudvinbio et organisateur du Challenge, retentit. Le gong vient de sonner. Les dégustateurs rejoignent les dizaines de tables rondes où ils ont été soigneusement placés. « Un minium de trois personnes par table, comprenant au moins un professionnel du vin », explique une organisatrice. Il s’agit de ne pas délivrer les précieuses médailles à la légère ! Un macaron doré ouvre bien souvent la voie à de nouveaux marchés et une augmentation des ventes.

Notre table est choisie, celle du jury DU avec ses 16 bouteilles présentent sur la table, dont la provenance est cachée par des poches en plastique noir. -554-r90.jpg « Il est vrai que le nombre de vins à déguster peut conduire à une saturation de la bouche et des papilles, relate Norbert, agent commercial. Sur les dernières bouteilles, c’est plus difficile de distinguer les saveurs mais cela se gomme avec de l’entraînement».

La dégustation commence, les vins du Languedoc s’écoulent dans les verres du jury DU. « Le premier que nous allons juger sera le 1735, un vin de 2014 » annonce Bruno, sexagénaire, lunettes fixées sur l’étiquette. Au cours du concours, la centaine de jurys va goûter des vins du monde entier selon leurs types – rouge, blanc, rosé, doux ou mousseux – sans savoir le domaine dont ils proviennent. « Certains œnologues arrivent quand même à reconnaître le domaine dont le vin provient juste en le goûtant  », déclare admirative Élodie, jeune œnologue tout juste diplômée en rejoignant sa table.

La dégustation du vin : tout un art

L’étrange rituel des jurés commence alors dans un calme absolu. Tous les sens sont mis à contribution. D’abord l’œil, il s’agit d’observer la robe. De définir son intensité, sa limpidité, sa brillance mais également ses défauts, s’il y en a. Les nez plongent ensuite dans les verres pour dégager les arômes.-555.jpg « Boisé », « floral », « fruité » ou même « curry », les senteurs peuvent être très variées !

Changement de table et donc de jury pour observer la conclusion finale : l’examen gustatif. Le non-initié est souvent surpris par le rite de dégustation des amateurs de vin : « Il faut aspirer pour augmenter l’intensité des arômes sans avaler », témoigne Charlie.-556.jpg Une fois les papilles gustatives chargées, le juré n’avale pas le vin. Il recrache la boisson dans les sceaux prédestinés. Cette pratique gutturale est habituelle lors des dégustations. Toutefois, le format XXL de ce challenge rend la vision des choses pour le moins pittoresque. Observer 400 personnes cracher de concert est une expérience assez peu ragoûtante. Enfin, après quelques secondes de réflexion, le juré va mettre une appréciation d’ensemble ainsi qu’une note sur 20 à la bouteille qu’il vient de goûter avant de passer à la suivante.

Le choix cornélien des médaillés

Les vins défilent à une vitesse constante, parfois ponctuée par une bouteille bouchonnée. « Si cela arrive, on va en commander une autre », explique un juré. Une fois la dégustation terminée, le jury met en commun ses notes et sélectionne les domaines qui méritent d’être médaillés. À notre table, le choix est cornélien pour Isabelle, jeune œnologue, Patrick, viticulteur et Charlie, président d’un club de dégustation. « Nous avons fait le choix de présélectionner sept à huit vins qui ont retenu notre attention afin de les goûter de nouveau et de dégager ceux qui peuvent être médaillés  ». Si nos jurés peuvent parfois être secs dans leur jugement, « celui-là il est nul  », ils essayent de ne pas être dans l’excès : « J’ai vu des gens qui mettaient des 4,6,18… J’essaye d’être nuancée. Je mets généralement entre 10 et 16 car je n’aime pas saquer les vignerons » détaille Isabelle.
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Alors que le brouhaha monte en raison des débats animés autour des tables, nos trois jurés peinent à faire leur choix : « On doit en sélectionner cinq au maximum du fait du règlement mais on hésite encore entre huit vins » soupire Charlie.

Finalement, après de longues tractations et alors que toutes les tables ont déjà désigné leurs médaillés, nos trois jurés d’un jour rendent leur verdict : « Médaille d’or pour le 1505 et le 1308, médaille d’argent pour le 1196, le 1200 et le 795  ». « On n’a pas voulu donner de médailles de bronze car c’est une médaille qui intéresse peu le consommateur. Il aura plus tendance à aller vers l’argent ou l’or » reprend Isabelle. Près de deux heures de dégustations ont été nécessaires aux 400 jurés pour décerner leurs récompenses. Le total des breloques n’excédera pas 33% des vins comme cela est imposé par le règlement.

L’heure est venue pour tout le monde de se détendre près du buffet après une concentration de tous les instants. « J’avoue avoir un peu mal à la tête » sourit un des participants. Il lui faudra vite se remettre car le Millésime Bio va ouvrir ses milliers de bouteilles dès le 29 janvier au Parc des Expositions de Montpellier.

Vin: Un quiz bio pour la santé

Avant la dégustation, testez vos connaissances sur le vin bio. Vous apprécierez davantage votre verre.

1) A quelle époque apparaît le vin bio dans le monde ?
A. En 1789
B. Dans l’entre-deux-guerres
C. Après la seconde guerre mondiale
D. Au début du 21e siècle

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Réponse :
B. Dans l’entre-deux-guerres.
L’apparition du vin bio s’est faite en concomitance avec le développement de l’agriculture biologique dans l’entre-deux-guerres (1920-1940). C’est d’abord en Allemagne que le mouvement biodynamiste Demeter a mis en place la certification de produits bio.
C’est ensuite en Grande-Bretagne dans les années 1940 que le mouvement de l’agriculture organique promeut le compostage et milite pour revenir à une agriculture paysanne autonome.
Il faut attendre les années 1960 pour que se développent différents mouvements écologistes qui prônent la reconnaissance officielle et la règlementation de l’agriculture biologique. Elle sera adoptée en France en 1981. En Europe c’est en 1991 que l’agriculture biologique est encadrée par le règlement « Principes de production bio et étiquetage », qui définit les règles de la production, transformation, distribution, importation, contrôle, certification et d’étiquetage.

2) Quel est le plus grand pays producteur de vin bio au monde ?
A. La France
B. L’Espagne
C. L’Allemagne
D. L’Italie

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Réponse :
B. L’Espagne est le plus grand producteur de vin bio mondial avec 106 719 ha cultivés en 2016. D’après le Ministère espagnol de l’Agriculture, en 2017, les principales surfaces de vin bio se situent dans les régions de Castille-la-Manche (59 337 ha), en Catalogne (13 851 ha), en Murcie (12 360 ha) et à Valence (10 335 ha).
En deuxième position, arrive l’Italie avec 103 545 ha. Les vignes sont majoritairement situées en Sicile (38 935 ha), dans les Pouilles (15 990 ha) et en Toscane (12 832 ha).
La France se situe sur la dernière marche du podium avec 70 740 ha de surface cultivée en 2016.

3) Quelle est la différence entre le vin bio et le vin bio-dynamique ?
A. Le vin bio-dynamique ne suit pas le cahier des charges européen
B. Le vin bio-dynamique a recours à des OGM
C. Les préparations du vin bio-dynamique s’effectuent en fonction du calendrier lunaire contrairement au vin bio.

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Réponse :
C. les préparations du vin bio-dynamique s’effectuent en fonction du calendrier lunaire contrairement au vin bio.
Le vin bio répond aux règles définies par le cahier des charges européens. Aucun produit de synthèse, aucun OGM (organisme génétiquement modifié) et aucun herbicide n’a été employé dans la réalisation du vin.
Le concept de biodynamie vient des écrits du philosophe autrichien Rudolf Steiner. L’objectif est de prendre en compte l’environnement dans sa globalité avec un système de production équilibré entre la plante, le sol et l’environnement. Cette préparation peut paraître mystique puisque le vigneron se réfère au calendrier lunaire pour cultiver ses vignes. Il adapte ses préparations par rapport aux rythmes célestes et planétaires.
Le vin biodynamique doit être certifié « vin biologique » et respecte donc le cahier des charges européens. Il ne contient donc pas d’OGM. Il doit être également reconnu par les labels Demeter ou Biodyvin et respecte le cahier des charges privé de Demeter ou de Biodyvin.

4) En 2017, quel pourcentage de Français boivent du vin bio ?
A. 1 Français sur 10 boit du vin bio
B. 1 Français sur 3 boit du vin bio
C. Tous les Français boivent du vin bio car les Français boivent de tout.

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Réponse :
B. 1 Français sur 3 boit du vin bio d’après l’étude d’IPSOS pour Sudvinbio.

5) Quel label de vin n’est pas reconnu ?
A. Vin naturel
B. Vin végane
C. Vin sans sulfites ajoutés

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Réponse
A. La mention vin « nature «  ou vin « naturel » est proscrite par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Elle est interdite car elle peut être mal interprétée par le consommateur par rapport au mode de vinification auquel elle peut être assimilée.
La mention vin « végane » existe pour les vins bio et conventionnels. Elle certifie que le vin a été réalisé sans aucun intrant d’origine animale.
La mention « sans sulfites ajoutés » peut être inscrite sur l’étiquette si aucun sulfite n’a été introduit lors de la fabrication du vin. Mais si la teneur en sulfites est supérieure à 10mg/l, il est obligatoire d’inscrire la mention « contient des sulfites ».

6) Parmi ces 3 affirmations, trouvez laquelle est fausse
A. Le domaine de La Romanée-Conti (Bourgogne) et de la Vieille Julienne (Châteauneuf-du-Pape) produisent du vin bio.
B. Le vin bio ne contient pas de sulfites.
C. Le vin bio n’utilise pas d’intrants chimiques.
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Réponse :
B. Le vin bio ne contient pas de sulfites.
C’est faux : tous les vins contiennent des sulfites car ils sont naturellement présents dans le vin. Les sulfites sont des composés chimiques qui proviennent du soufre. Ce sont des anti-oxydants utilisés pour la conservation des produits. Le viticulteur ajoute des sulfites pour conserver la qualité de son vin plus longtemps.

7) Combien de temps nécessite la conversion vers le bio ?
A. Immédiatement, les pratiques de l’agriculture biologique font instantanément effet sur les vignes.
B. 1 an
C. 3 ans
D. 5 ans

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Réponse :
C. 3 ans.
Pour convertir ses vignes en bio, il faut attendre au moins la deuxième année de conversion pour avoir une mention « produit en conversion vers l’AB ». C’est seulement au bout de trois ans de conversion, que le vigneron peut obtenir le label « vin biologique ».

8) Quelle région française produit le plus de vin bio en France ?
A. Nouvelle-Aquitaine
B. Occitanie
C. Bourgogne-Franche-Comté
D. Provence-Alpes-Côte d’Azur

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Réponse :
B. La première région productrice de vin bio française est l’Occitanie avec 25 142 ha, suivie par la région PACA avec 16 200 ha, et en troisième position la Nouvelle Aquitaine avec 11 475 ha.
La Bourgogne-Franche-Comté est loin derrière avec 3042 ha.

9) Le vin bio est composé en moyenne
A. De 25% d’eau
B. De 40% de vinaigre
C. De 50% d’alcool
D. De 80 à 90 % d’eau
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Réponse :
D. De 80 à 90% d’eau
Dans un litre de vin, il y a 80 à 90% d’eau et de 7 à 10% d’alcool éthylique. Mais attention, ce n’est pas parce que le vin est essentiellement composé d’eau qu’il faut le boire toute la journée pour se rafraîchir. Le vin est à consommer avec modération.

10) Parmi les européens, quels sont les plus grands consommateurs de vin bio ?
A. Les Allemands
B. Les Britanniques
C. Les Suédois
D. Les Français
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Réponse :
C. Les Suédois
Contrairement aux idées reçues, les Français ne sont pas les grands consommateurs de vin bio. D’après une étude réalisée par IPSOS pour Sudvinbio, les Suédois sont les plus nombreux à boire en moyenne du vin bio. Un consommateur suédois sur deux a déjà bu du vin bio. Les Français sont 35,8% à avoir goûté du vin bio.

11) Quand peut-on boire du vin bio ?
A. Quelques semaines après les vendanges entre octobre et novembre car le vin bio se conserve mal
B. Toute l’année
C. Pendant les années bissextiles
D. Seulement pour regarder un match de football
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Réponse :
B. Toute l’année comme pour les autres vins. Si vous êtes connaisseur vous pourrez accorder les vins bio avec vos plats et les consommer quand vous le souhaitez, devant un match de football ou autre.

12) Un vin bio ne peut pas être vendangé avec une machine
A. Vrai
B. Faux
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Réponse :
A. Faux.
Les viticulteurs bio utilisent certains outils comme les tracteurs à chenille pour respecter au maximum le sol. Mais les agriculteurs bio recourent aussi à des méthodes plus naturelles et font appel aux animaux. Ils mettent souvent des abris à chauve-souris ou des araignées prédatrices qui se nourrissent d’animaux nuisibles à la vigne.

Millésime Bio 2018 : une cuvée record

Le grand salon du vin bio se tient à Montpellier du 29 au 31 janvier 2018. Haut Courant y sera présent et dévoile les nouveautés 2018 avec l’un de ses organisateurs, Nicolas Richarme, vigneron bio en Côtes-du-Rhône.

Quelles sont les caractéristiques de Millésime Bio 2018 ?

C’est un salon 100% bio où on peut trouver exclusivement des vins certifiés et non pas des vins en conversion. Cette année, il y aura 950 exposants. Quinze pays seront représentés dont notamment l’Italie ou encore l’Autriche. La Région Occitanie – 1ère région productrice de bio, tous secteurs confondus – est bien présente avec 320 exposants. Millésime Bio permet avant tout aux vignerons de faire du business. C’est là tout l’intérêt et la force de l’événement. Pour cela, il y aura plus de 5 000 acheteurs professionnels tout au long des trois jours du salon.

  Quel est l’objectif prioritaire cette année ?

Nous souhaitons dépasser le nombre de visiteurs de l’an dernier qui était de 4 850 au Parc des expositions de Marseille-Chanot. Le but est de faire un meilleur salon que le précédent pour confirmer l’aura de Millésime Bio.

Nicolas Richarme, nouveau président de la Commission Millésime Bio

  Quelles sont les innovations de cette édition ?

Cette année, nous mettons en place une application qui permettra de se repérer sur le site et qui proposera un cheminement pour les visiteurs. Il y aura, en parallèle, des conférences techniques et économiques autour du vin bio. Pour les 25 ans du salon, il y aura une belle fête dès le premier soir afin de célébrer le succès constant de cette vitrine mondiale du vin bio.

  Depuis sa création, le salon ne cesse de grossir… Jusqu’où ?

Pour preuve de son succès, il y a eu plus de 130 vignerons qui sont restés sur liste d’attente. À Millésime Bio, chaque exposant est mis sur un pied d’égalité. Chacun a une table d’exposition. Les places sont même tirées au sort.
Le salon s’agrandit progressivement, on rajoute entre 80 et 100 exposants en moyenne tous les ans. Le but est de ne pas aller trop vite afin d’avoir un équilibre entre exposants et nombre de visiteurs.

  Quelles sont les principales évolutions du vin bio depuis 25 ans ?

En 2016, les ventes de vin bio ont progressé de 18% en France et 32% à l’export. On constate aussi un accroissement du nombre de conversions du côté des vignerons. De 2010 à 2017, on passe de 170 à 467 entrées en conversion, ce qui est très positif.
Entre 2010 et 2016, on dénombre une augmentation de 35% de viticulteurs bio. Une augmentation qui se remarque aussi dans la part du vignoble français avec une progression de 3% sur la même période.

  Quel est le profil type du consommateur de vin bio ?

Pour moi, même si je travaille plus avec des grossistes, il n’y a pas vraiment de profil type. Le bio reste pour tout le monde. On essaie de rendre le vin bio accessible au plus grand nombre et à toutes les bourses. En général, le prix d’une bouteille se situe entre 5 et 15€, ce qui n’est pas non plus excessif par rapport à du vin industriel.

  Le prix est-il un critère pour les consommateurs ?

Comme dit précédemment, le prix moyen d’une bouteille reste abordable. Le vin bio dispose d’un bon rapport qualité-prix. Après, c’est certain, il n’y pas de petits prix comme pour du vin industriel. Mais on espère que les consommateurs soient plus attentifs à la qualité d’une bouteille qu’à son prix.

  La France est actuellement 3e productrice de vin bio, pensez-vous, à terme, pouvoir atteindre la première place ?

Pour l’instant, cela reste difficile. L’Italie et l’Espagne sont encore loin devant. En France, on observe une légère stagnation du nombre de conversions, sauf en Occitanie.

  Le vin nature a le vent en poupe. Est-ce un vrai concurrent pour le bio ?

Si un vin est certifié bio et qu’il est nature, cela ne me dérange pas. Par contre, si un vigneron déclare son vin nature sans qu’il soit certifié, ce n’est pas pareil. Aujourd’hui, nous avons des certifications, des contrôles, même pendant le salon. Preuve que l’on fait les choses dans les règles. Sans certification, il est difficile de croire quelqu’un disant de son vin qu’il est nature.
Les vignerons bio sont des gens qui font attention à ce qu’ils font, à la fois en matière technique et écologique. Leur but est de fournir aux consommateurs des vins de qualité.

  L’Etat aide-t-il suffisamment les viticulteurs bio ?

On essaie de se battre pour que le revenu brut par hectare pour chaque vigneron soit entre 8 000 et 10 000 € en moyenne. On met en place une véritable politique économique et promotionnelle afin de jouer sur les prix de vente. Cela permet, quoi qu’il arrive, de ne pas dépendre directement des aides de l’Etat, dont le montant est compris entre 200 et 300 € par hectare. Cela reste infime pour les vignerons. La fin de l’aide au maintien n’est donc pas une mauvaise nouvelle pour nous, elle ne change, au final, pas grand-chose. Mais c’est certain qu’il manque des mesures pour inciter les vignerons à se convertir en bio.