Rencontre au 500ème degré avec Laurent, céramiste

« Sonnez, nous sommes dans l’atelier ». La porte de la boutique 500 degrés est close mais l’écriteau attise la curiosité. Derrière la vitrine, personne. Une jeune fille, décontractée, vient nous ouvrir : « mon patron est dans l’atelier en bas, suivez-moi ». L’escalier à la descente vertigineuse allait nous mener dans l’antre de Laurent Bourgoin, céramiste installé à Montpellier depuis 1997. En contrebas, il fait chaud. Sûrement la chaleur restante d’une précédente cuisson. Assis sur un tabouret, les mains dans l’émail, Laurent nous reçoit.

Céramiste, un métier, une passion, une vocation

Après un bac STI (Sciences et techniques industrielles) option arts appliqués, Laurent intègre un BTS en art céramique et verre dans la célèbre école Olivier de Serres à Paris. Diplôme en poche, son parcours se poursuit au Maroc : «j’ai travaillé avec un potier à Safi. Je faisais de la céramique populaire marocaine. J’ai ainsi appris pendant cinq années». Il entame ensuite une formation de tourneur au sein de l’École de céramique de Provence à Aubagne.

C’est en 1997 qu’il ouvre son premier atelier de céramique et de ferronnerie dans le quartier Sainte-Anne à Montpellier. Il ne quittera plus l’Ecusson depuis, mais se déplacera en 2004 pour inaugurer 500 degrés, rue en gondeau, sa boutique-atelier, lieu de notre rencontre.

Cinq ans après son installation, il fait un bilan plutôt positif : « la boutique est économiquement viable, les gens me le rendent bien. Ils viennent voir les nouvelles collections et l’évolution de mon travail ». L’artiste qualifie ses réalisations de «contemporaines » mais aussi de « populaires, dans le sens accessibles au plus grand nombre ». C’est ainsi qu’il a su fidéliser une clientèle et qu’il invite le chaland à pousser sa porte vitrée.

De l’art de transmettre

C’est toujours en train d’émailler des tasses que Laurent se raconte, avec passion. Son métier, il le compare à la cuisine : « l’avantage de l’argile, c’est que l’on peut travailler sur une grande variété d’objets, aux fonctions diverses, avec des terres différentes. Ce n’est pas du tout lassant, il y a un champ d’investigation très vaste. C’est un peu comme la cuisine : vous avez un four, un tiroir avec des outils, des ingrédients. Il y autant de façon de faire de la céramique que de la cuisine ». Un objet de prédilection à fabriquer ? « Hum! j’aime bien les tasses et les bols. Avec les bols, il y a un contact physique avec la matière plutôt agréable ».

Au fil de la discussion, Laurent interpelle non sans humour Ophélie, son apprentie depuis le mois de juillet et pour trois années : « alors, comment s’appelle les phases de cuisson ? ». On sent que le maître aime transmettre son savoir-faire. Il confie recevoir beaucoup de stagiaires « parce que moi j’ai fait des stages qui ont été déterminants », à l’image de Shai, Israélienne venue aussi apprendre à ses côtés.

Céramiste des villes, céramiste des champs

Le plus compliqué a certainement été de s’installer : « j’ai été confronté au fait de devoir faire vivre une activité de ses ventes ». Pour monter son entreprise, Laurent souligne l’importance de « la passion et de l’enthousiasme. Mais ça dépend aussi du pécule que l’on a au départ ». Il nous explique que peu de céramistes ont fait le choix d’être en ville. Beaucoup vivent dans les campagnes et dépendent d’une clientèle touristique. « La plupart, je dirai 98% de la profession a recours à la vente en gros, fait des salons ou le circuit des marchés de potiers ».

Mais le plus difficile d’après Laurent, « c’est d’être créatif et bon technicien », deux ingrédients essentiels dont il a le secret pour une recette réussie.

Bio express :

 1969 : Naissance

 1990 : Entrée à l’Ecole Olivier de Serres.

 1997 : Ouverture d’un atelier quartier Sainte-Anne à Montpellier.

 2003 : Traversée du Sahara par la Mauritanie où il décide de se consacrer exclusivement à la céramique.

 2004 : Ouverture de 500 degrés, boutique–atelier à Montpellier