La faïence montpelliéraine à l’honneur

La faïence traditionnelle de Montpellier s’expose jusqu’au 12 juin prochain au sein du musée Albert Ciurana de la faculté de pharmacie. L’occasion pour François Siffre, dernier artisan à faire perdurer cette tradition, de présenter des pots d’apothicaires en collaboration avec le musée Fabre.

Musée d’Arts décoratifs : voyage entre le Siècle des Lumières et la IIIe République

Depuis l’ouverture de l’Hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espeyran à Montpellier, en janvier 2010, l’Agglomération enregistre près de 10 000 visiteurs. Cet hôtel réunit des collections datant du milieu du 18e au début du 19e siècle.

Avec l’Hôtel de Cabrières Sabatier-d’Espeyran, le musée Fabre remonte le temps jusqu’au Siècle des Lumières et la IIIe République. Situé à l’intersection de la rue Montpelliéret et de l’Esplanade Charles de Gaulle, ce musée d’Arts décoratifs a une vocation toute particulière : « il s’agit d’une vocation d’ambiance. Reconstruire un parcours chronologique et stylistique cohérent qui permettent de dérouler l’évolution des styles entre le premier et le deuxième étage du début 18e jusqu’au même du début 19e siècle si on termine sur un espace néo-classique » explique Jérôme Farigoule, conservateur de l’Hôtel. « Le coüt du chantier de restauration s’est élevé à plus d’un million d’euros. L’idée était de restaurer le luxe de ces appartements, tout en conservant les attaques du temps, relever les motifs, faire à l’identique tous les éléments de décors en utilisant des techniques traditionnelles ».

Légué en 1967 par Mme Frédéric Sabatier d’Espeyran à la ville de Montpellier, l’Hôtel Sabatier d’Espeyran deviendra par la suite une annexe du Musée Fabre. Cet hôtel particulier a été construit en 1873-1874 pour le comte Charles Despous de Paul, un notable Montpelliérain. Sa petite fille (Frédéric Sabatier d’Espeyran) et son mari ont rassemblé des pièces du 18e siècle dans leur appartement parisien.

L’organisation de l’Hôtel est très particulière et date du 19e siècle. Les domestiques vivaient en-dessous des toits (partie non-aménagée) et il existait un circuit des maîtres. Ce musée retranscrit également une histoire familiale : un réseau se tisse entre d’autres lieux Sabatier d’Espeyran. D’un côté, l’hôtel de Lunas à Montpellier qui dépend du centre des monuments nationaux et, de l’autre, le château d’Espeyran à Saint-Gilles du Gard. Il s’agit de faire passer cette géographie familiale.

Deux pensées différentes sont réunies en ce même lieu. La famille du comte Despous de Paul est très catholique et conservatrice. Elle s’allie au cardinal de Cabrières et au préfet de la Restauration Creuzé de Lesser, un ultra-monarchiste. Puis, la famille Sabatier-d’Espeyran, déjà célèbre au milieu du 19e siècle, qui est dans un ordre intellectuel tout à fait différent. François Sabatier reçoit Courbet, Il est même dit qu’il a invité Karl Marx. Sa tendance politique est plutôt fouriériste.

Trois collections regroupées par période historique.

Salon rouge du 1er étage. Style Napoléon III

Au rez-de-Chaussée, un ensemble de céramiques et d’orfèvreries réunissant des faïences européennes des XVIIe et XVIIIe siècles, des porcelaines françaises et allemandes des XVIIIe et XIXe siècles et d’Extrême-Orient exportées. Ce fond a été créé à partir du projet de Jean Thuile, spécialiste de la céramique et de l’orfèvrerie languedocienne. « Dans la perspective de doter le musée Fabre d’un grand ensemble d’Art décoratif, nous avons prolongé la volonté de ce conservateur en construisant un fond dédié à l’orfèvrerie qui était un domaine non traité » explique le conservateur.

Le premier étage de l’hôtel est dédié à la collection s’inspirant de la IIIe République. Cette collection est contemporaine à la construction de l’hôtel, elle est donc dans les lieux depuis 1874. Le comte Despous de Paul était visiblement un passionné de décoration. Il a reconstitué un décor au goût du jour. Cette démarche de collectionneur est plutôt rare en province : « ce style de grands décors est conservé dans des grandes compagnies nationales, comme les appartements du Duc de Morny au Louvre ou le château de Fontainebleau d’esprit Napoléon III. En revanche, en ce qui concerne une grande demeure provinciale, il n’y a pas d’autres exemplaires conservés » constate Jérôme Farigoule.

Enfin, le deuxième étage est consacré au mobilier du 18e siècle. Les pièces n’ont pas de destination très précise, hormis la chambre, pièce pour dormir. Jérôme Farigoule nous en dit un peu plus : « au 18e siècle, nous avions des enchaînements de salons et d’antichambres. Les grands fils conducteurs de ce siècle sont d’un côté le goût pour le mobilier donc confortable où nous allons quitter le grand style Louis Quatorzain, très monumental, pour un mobilier de plus en plus agréable, se défaire de l’étiquette de Versailles. Pour les espaces où rien n’est vraiment destiné, un ensemble de petits mobiliers est créé pour les besoins du journalier. Par exemple, les fauteuils cabriolets et les petits secrétaires qui sont des meubles typiques que nous allons déplacer soit devant une fenêtre soit devant une cheminée pour être à la lumière ». Ce deuxième étage a également une dimension littéraire avec le concept de salon. Le néo-classicisme est revisité avec le style à la grecque qui s’inspire directement de l’Antiquité. L’idée est de contextualiser les collections du 18e siècle, même les collections du musées Fabre (peintures et sculptures).

L’Hôtel Sabatier d’Espeyran a bénéficié d’importants dons. Notamment ceux de François-Xavier Fabre dont le tableau représentant le frère de l’artiste. De la même façon, avec la bibliothèque dite Fabre qui est rentrée très tôt dans la collection. D’autres collectionneurs comme Antoine Valedau et Alfred Bruyas ont participé à l’enrichissement du musée. Le dernier légataire est l’antiquaire Jean-Pierre Rouayroux qui, en 2002, a donné un ensemble de 55 meubles et objets d’art du 18e et 19e siècle.

Cet Hôtel de Cabrières- Sabatier d’Espeyran ne semble pas être la dernière ambition du musée Fabre. Une fondation importante de reliures précieuses a été déposée au musée et sera très prochainement exposée. Des projets portant sur la géographie de la famille Sabatier-d’Espeyran sont aussi en cours.

http://museefabre.montpellier-agglo.com/index.php

Rencontre au 500ème degré avec Laurent, céramiste

« Sonnez, nous sommes dans l’atelier ». La porte de la boutique 500 degrés est close mais l’écriteau attise la curiosité. Derrière la vitrine, personne. Une jeune fille, décontractée, vient nous ouvrir : « mon patron est dans l’atelier en bas, suivez-moi ». L’escalier à la descente vertigineuse allait nous mener dans l’antre de Laurent Bourgoin, céramiste installé à Montpellier depuis 1997. En contrebas, il fait chaud. Sûrement la chaleur restante d’une précédente cuisson. Assis sur un tabouret, les mains dans l’émail, Laurent nous reçoit.

Céramiste, un métier, une passion, une vocation

Après un bac STI (Sciences et techniques industrielles) option arts appliqués, Laurent intègre un BTS en art céramique et verre dans la célèbre école Olivier de Serres à Paris. Diplôme en poche, son parcours se poursuit au Maroc : «j’ai travaillé avec un potier à Safi. Je faisais de la céramique populaire marocaine. J’ai ainsi appris pendant cinq années». Il entame ensuite une formation de tourneur au sein de l’École de céramique de Provence à Aubagne.

C’est en 1997 qu’il ouvre son premier atelier de céramique et de ferronnerie dans le quartier Sainte-Anne à Montpellier. Il ne quittera plus l’Ecusson depuis, mais se déplacera en 2004 pour inaugurer 500 degrés, rue en gondeau, sa boutique-atelier, lieu de notre rencontre.

Cinq ans après son installation, il fait un bilan plutôt positif : « la boutique est économiquement viable, les gens me le rendent bien. Ils viennent voir les nouvelles collections et l’évolution de mon travail ». L’artiste qualifie ses réalisations de «contemporaines » mais aussi de « populaires, dans le sens accessibles au plus grand nombre ». C’est ainsi qu’il a su fidéliser une clientèle et qu’il invite le chaland à pousser sa porte vitrée.

De l’art de transmettre

C’est toujours en train d’émailler des tasses que Laurent se raconte, avec passion. Son métier, il le compare à la cuisine : « l’avantage de l’argile, c’est que l’on peut travailler sur une grande variété d’objets, aux fonctions diverses, avec des terres différentes. Ce n’est pas du tout lassant, il y a un champ d’investigation très vaste. C’est un peu comme la cuisine : vous avez un four, un tiroir avec des outils, des ingrédients. Il y autant de façon de faire de la céramique que de la cuisine ». Un objet de prédilection à fabriquer ? « Hum! j’aime bien les tasses et les bols. Avec les bols, il y a un contact physique avec la matière plutôt agréable ».

Au fil de la discussion, Laurent interpelle non sans humour Ophélie, son apprentie depuis le mois de juillet et pour trois années : « alors, comment s’appelle les phases de cuisson ? ». On sent que le maître aime transmettre son savoir-faire. Il confie recevoir beaucoup de stagiaires « parce que moi j’ai fait des stages qui ont été déterminants », à l’image de Shai, Israélienne venue aussi apprendre à ses côtés.

Céramiste des villes, céramiste des champs

Le plus compliqué a certainement été de s’installer : « j’ai été confronté au fait de devoir faire vivre une activité de ses ventes ». Pour monter son entreprise, Laurent souligne l’importance de « la passion et de l’enthousiasme. Mais ça dépend aussi du pécule que l’on a au départ ». Il nous explique que peu de céramistes ont fait le choix d’être en ville. Beaucoup vivent dans les campagnes et dépendent d’une clientèle touristique. « La plupart, je dirai 98% de la profession a recours à la vente en gros, fait des salons ou le circuit des marchés de potiers ».

Mais le plus difficile d’après Laurent, « c’est d’être créatif et bon technicien », deux ingrédients essentiels dont il a le secret pour une recette réussie.

Bio express :

 1969 : Naissance

 1990 : Entrée à l’Ecole Olivier de Serres.

 1997 : Ouverture d’un atelier quartier Sainte-Anne à Montpellier.

 2003 : Traversée du Sahara par la Mauritanie où il décide de se consacrer exclusivement à la céramique.

 2004 : Ouverture de 500 degrés, boutique–atelier à Montpellier