À Montpellier, Médecins du Monde soutient la communauté Rom

Le 10 mars dernier, la communauté Rom a évité le pire grâce à la censure faite par le Conseil Constitutionnel sur 13 articles de la loi Loppsi 2 [[loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure]]. L’un d’eux prévoyait l’expulsion des habitants installés de manière illicite et la destruction de leurs biens sans procédure contradictoire.
Malgré tout, la situation des Roms reste encore critique. À Montpellier, l’association Médecins du Monde ne les oublie pas et leur vient régulièrement en aide.

Cette organisation non-gouvernementale a pour vocation de soigner les populations les plus vulnérables grâce à l’engagement de nombreux bénévoles. À Montpellier, Maddy gère le centre d’accueil et l’équipe de 100 personnes.

Cette infirmière à la retraite est présente au sein de l’association depuis de nombreuses années et conserve toute son énergie. Deux fois par semaine, accompagnée d’autres bénévoles, elle vient à la rencontre des personnes en nécessité grâce à des missions mobiles. L’une d’elles consiste à rendre régulièrement visite à un camp de Roms, installé sur un terrain vague à Montpellier.

Une présence nécessaire

À l’entrée du camp, un gros tas de ferraille disgracieux repose sur la terre. Composé d’objets en tout genre, il représente le principal moyen pour les habitants de gagner leur vie. Une vingtaine de caravanes ou cabanons de fortune sont dispersés sur le terrain boueux. Les familles qui les habitent sont soudées, toutes originaires du même village en Roumanie. Sans eau courante ni électricité, la vie sur place est précaire et les conditions d’hygiène sont déplorables. C’est pourquoi la présence de Médecins du Monde est nécessaire.

Très mal, voire pas du tout informés de leurs droits, les Roms ne se soignent quasiment pas. Les bénévoles ont donc comme rôle principal de faire de la prévention. Ils les informent des risques encourus en l’absence de traitement ou les encouragent à aller voir un spécialiste en cas de maladie. Cette fois, c’est une femme enceinte qui attire l’attention de Maddy. Victime des mauvaises conditions de vie, elle semble fatiguée. Pourtant, cette jeune femme se préoccupe peu de son état. Au contraire, elle garde le sourire et assure qu’elle a tout ce qu’il faut. Comme habituée à ce quotidien, n’espérant rien de mieux. Son mari promet tout de même à l’infirmière d’emmener sa femme voir le médecin dans la semaine.

C’est d’ailleurs le scénario qui semble établi sur le camp. À l’arrivée des bénévoles, c’est à chaque fois la même histoire : les familles assurent que tout va bien et qu’elles n’ont besoin de rien. Mais quinze minutes plus tard, la camionnette de Médecins du Monde est prise d’assaut. Une rage de dent par ci, une blessure par là, ou encore une mauvaise grippe. Finalement, tous viennent demander conseil. Ce n’est qu’au bout d’une heure et demie que l’équipe peut quitter le camp.

IMG_0854.jpg

Une présence acceptée

La présence des bénévoles semble soulager les Roms. Même si le dialogue est souvent difficile dû à la barrière de la langue, l’accueil que la communauté leur réserve et les sourires qu’ils leurs adressent ne trompent pas. Avec le Collectif Rom, ils sont les seuls relais pour eux, face à une société qui ne tente ni de les comprendre, ni de les aider.

Pour ces « citoyens de nulle part » comme se définit l’un d’entre eux, la France apparaissait pourtant comme une solution. Rejetés en Roumanie et interdits de travailler dans ce pays, ils viennent ici convaincus que la situation ne pourra pas être pire. Pourtant, ici seule la mendicité leur permet de se nourrir. Bien qu’originaires d’un pays européen, ils sont par exemple soumis à une réglementation particulière qui oblige leur employeur potentiel à payer une taxe de 800 euros pour les embaucher !

Cependant, un constat positif s’impose : dans la journée, très peu d’enfants sont présents. Les bénévoles de l’association, avec l’aide du Collectif Rom ont réussi à convaincre la majorité des parents de scolariser leurs enfants. Ce qui représente un grand progrès pour eux.

La situation de la communauté est aujourd’hui en sursis, dépendante de la bonne volonté des autorités qui semblent malheureusement vouloir confirmer leur statut d’apatride.

Haïti : Un secouriste témoigne

A 24 ans, Christophe Urquia, sapeur-pompier et membre de l’ONG Secouristes Sans Frontières a participé au sauvetage d’une jeune Haïtienne, retrouvée vivante sept jours après le séisme, le mercredi 20 janvier. Rencontre.

Disqueuse thermique, groupes électrogènes, tentes, médicaments …
La mission de l’ONG Secouristes sans Frontières (SSF) en Haïti s’est achevée samedi 23 janvier. Aux associations haïtiennes, ils ont fait don de 20 000 euros de matériels techniques.
« On a laissé 800 kilos d’équipements, annonce Christophe, il nous faut tout racheter pour être prêt à repartir en cas d’urgence. » [[Adressez vos dons à l’ordre de : « Secouristes Sans Frontières » 21 rue des Roussottes 21 000 DIJON]]

Encore sous le coup de l’émotion, le jeune président de la délégation Aquitaine enchaîne les plateaux et les interviews. Raconter, au delà de la douleur, la tristesse et l’indescriptible odeur de mort, pour rappeler leur victoire. Elle porte le nom d’Hoteline Losana, une jeune Haitienne de 25 ans qui fait partie des 133 rescapés.

« Ses premiers mots ont été «Merci !»»

«C’est la concrétisation des années d’entraînements», apprécie Christophe.
Il aura fallu douze heures aux membres de SSF assistés par un groupe de pompiers Haïtiens et une équipe de secours américaine pour sortir la miraculée des décombres. Dans le fracas des marteaux piqueurs sur les dalles de béton, les secouristes se sont relayés pour préserver le contact avec la jeune femme.
« Je lui disais que l’équipe ne partirait pas tant qu’elle ne serait pas sortie.»

Au moment du séisme, Hoteline se trouvait dans un supermarché à la recherche d’un cadeau pour une amie. Les appartements situés au dessus du magasin se sont effondrés sur elle.
«Elle doit sa survie à une poche d’air. Quand le bâtiment s’est écroulé, elle s’est retrouvée coincée entre deux dalles de béton, soutenues par une table sous laquelle elle a pu se protéger.
Pour l’extirper, on a dû d’abord consolider la zone, puis évacuer un corps sans vie qui gênait le passage. Il n’ y avait pas d’autres survivants. C’est déjà miraculeux d’avoir sauvé une vie sept jours après le drame.
»

Après lui avoir administré une solution saline, Hoteline a été conduite dans un hôpital où elle a été soignée pour quelques égratignures.
« Ses premiers mots ont été «Merci !» Elle a ensuite demandé des nouvelles de son frère. Celui-ci, sans nouvelle de sa soeur, l’avait crue morte.» témoigne Christophe.

DSCN0161.jpg

«Un deuxième tsunami»

Pourtant, cette opération aurait pu ne jamais avoir lieu. Composée de cinq médecins, une infirmière et de spécialistes du sauvetage-déblaiement, les vingt volontaires de SSF n’ont pu atterrir à Port-au-Prince que quatre jours seulement après la catastrophe.
«Dans ce genre de mission, tout se met en place minutes par minutes et on ne pensait qu’à une chose partir.»
L’ONG a finalement réussi à décoller dimanche avec un avion de la sécurité civile.

«Les américains qui gèrent l’aéroport principal de Port-au-Prince, ont fait d’abord venir leurs équipes. Une fois installés, ils ont autorisé les autres équipes de secours du monde à venir. Ici, l’enjeu ce n’est pas les victimes, c’est celui qui aura le marché de la reconstruction. »

A leur arrivée, les bénévoles de SSF ont été accueillis par une cellule de l’ONU.
«D’abord, on s’enregistrait, puis on a monté notre campement sur l’aéroport et là, on a attendu qu’ils nous donnent des missions. Le premier jour, on nous a conduit dans un hôpital de campagne pour prodiguer des soins aux blessés. On a aidé l’équipe belge en place jusqu’au couvre-feu de 18 heures. »

Pour organiser l’aide, des réunions de l’ONU regroupant toutes les ONG sont prévues tous le matins à six heures et une autre le soir.
«Le mardi (ndlr : 19 janvier), on a décidé de trouver notre propre véhicule auprès de la population locale. On ne voulait plus être tributaire de l’ONU pour se déplacer. A partir de ce moment, on était autonome et on nous a confié des missions beaucoup plus intéressantes. C’est à dire des missions d’urgence et de fouilles pour lesquelles on est compétents et équipés.»

Dans les rues de la capitale, SSF a aussi porté secours à la population, «Les gens avaient besoin d’aide, ils venait directement à notre rencontre dès qu’on arrivait.»
Ce que Christophe dit garder en mémoire ce sont les visages des gens, les cris et toutes les habitations effondrées. «C’est comme un deuxième tsunami. Il y a tellement de détresse. Tous ces gens là ne vivent pas, ils survivent.»

Malgré des souvenirs qui l’ont marqués, Christophe a repris ce lundi son travail à la caserne de Langon, en Gironde. «Çà a été dur pour moi de rentrer en France et de retrouver le quotidien. J’aimerai y retourner pour les aider. J’ai pris contact avec des gens de là bas. Je ne compte pas les abandonner.»

En Mauritanie, une jeune française s’engage auprès d’une ONG espagnole

Arrivée à Nouakchott, la capitale du pays, au mois d’août dernier, la jeune normande a rejoint l’organisation non-gouvernementale espagnole ACPP (Asamblea de Cooperación por la Paz) comme technicienne de coopération. Dans un entretien, elle raconte son travail au quotidien, la mission de l’ONG, sur fond de recrudescence d’une menace terroriste. Pour des raisons de sécurité, elle ne tient pas à dévoiler son identité.

LA PEUR du terrorisme n’a de cesse de se renforcer en Mauritanie. Après l’attentat suicide qui a frappé l’ambassade de France à Nouakchott, la capitale, le 10 août dernier, c’est l’enlèvement de trois humanitaires espagnols qui ravive les inquiétudes. D’autant plus que ce rapt intervient trois jours après celui d’un ressortissant français, kidnappé dans le nord-est du Mali.

Revendiqués par l’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) ces quatre enlèvements préoccupent. Certaines ONG (Organisation non-gouvernementale) font même part de leur intention de quitter prochainement le territoire mauritanien, à l’image de Medicos del Mundo.

Nous n’avons pas peur !

Pourtant, en dépit de ce climat peu engageant, la volonté de l’ONG espagnole demeure isolée. Sur place, la situation reste calme et l’heure n’est pas à l’affolement. « Oui, des ONG parlent quand même de partir, explique la jeune technicienne de coopération, mais sur place, il n’y a pas franchement de changements ». Et de poursuivre, « nous n’avons pas peur, je ne me sens pas en danger. Certes, je fais attention, je reste tranquille et discrète ». Pour la jeune femme, l’enlèvement des trois humanitaires reste un acte sporadique et non le signe de la montée, certes récente, d’une forme de terrorisme en Mauritanie et dans la zone sud du Sahel. « Les gens ne se laissent pas impressionner par une hypothétique menace » confie-telle.

Car sur le fond, cette action revêt davantage une forme de « marketing économique » qu’une réelle velléité de nature idéologique. Les cibles visées vont d’ailleurs dans ce sens. « Ils ne sont pas à proprement parler des humanitaires » explique la française. On compte en effet, parmi les trois otages espagnols, le directeur d’une société de tunnels ainsi qu’un dirigeant d’entreprise du secteur de la construction. « Leur aide est purement matérielle, poursuit la jeune membre d’Acpp, ce n’est pas réellement de la coopération mais juste un coup de main ». Une aide matérielle qui a suscité la convoitise des ravisseurs.

Pas de sentiment d’inquiétude donc chez la française. Préférant ne pas céder à l’alarmisme, elle insiste sur les vraies urgences en Mauritanie : « l’éducation, l’accès à l’eau, la protection, la sécurité alimentaire, la sensibilisation à l’hygiène, … ». Autant de nécessités qui rythment les journées au sein de l’ONG espagnole ACPP. Pour conduire à bien son action sur le terrain, l’organisation met en place plusieurs projets pilotes. « Il s’agit par exemple de l’installation de pompes solaires pour faciliter l’accès à l’eau dans les villages » raconte la coordinatrice. L’aide au développement concerne également les questions d’éducation, de sensibilisation et de formation, et notamment pour tout ce qui a trait à l’environnement, la gestion communautaire, l’égalité de genre…

Le développement, c’est tout un ensemble

Car si l’aide matérielle et la mise en place d’infrastructures sont nécessaires, elles ne sont en rien suffisantes. « Tout ce qui relève de la sensibilisation est le plus important, les infrastructures ne sont qu’un coup de pouce, le développement c’est tout un ensemble » reconnaît-elle. Et d’ajouter, « Il s’agit, au final, de faire comprendre aux gens qu’ils sont maîtres de ce développement ». D’où cette importance de l’éducation et de la sensibilisation qui doivent amener à une véritable « prise de conscience des populations et à une appropriation des projets ». Il s’agit là d’une vision participative de l’aide au développement, qui, selon la jeune femme, « est en train de prendre le dessus sur une vision de simple assistanat, de charité ». Ainsi, poursuit-elle, « il ne s’agit pas d’être de simples exécutants en se contentant de ce qu’ils demandent, c’est-à-dire une simple aide matérielle qui, sur le long terme, s’avérerait inefficace ».

Pour qu’une telle vision de la coopération puisse être une réalité, la présence régulière sur le terrain est une nécessité. L’humanitaire en est déjà à sa troisième mission depuis son arrivée au mois d’août 2009. Des missions d’observation, d’identification, qui permettent à l’organisation de « constater l’implication des personnes, de redynamiser les chefs de projet et de faire avec eux le bilan des opérations en cours ». Un suivi nécessaire et bien compris par les populations locales : « Ils ont bien conscience de leur intérêt à conduire au mieux les projets et à gérer correctement les infrastructures qui sont mises à leur disposition ».

Au final, si les besoins restent grands en Mauritanie, il y a quelques raisons d’être optimiste. « On constate des résultats satisfaisants, juge la jeune française, notamment auprès des femmes qui, dans ce pays, ont un poids très important ».