Vos enfants sont plutôt Petshop ou boîte à musique ?

A un mois de Noël, les Montpelliérains commencent déjà à préparer leurs cadeaux. Le jouet arrive en première place sur leurs listes. Ce, à tout âge. Où choisir « le » jeu qui fera plaisir ? Que l’on soit amateur de voitures miniatures ou de dinettes en porcelaine, tous les goûts sont servis. Zoom sur deux enseignes incontournables de Montpellier, et pourtant bien différentes.

Au détour des rues de Montpellier, la magie de Noël s’opère. Les magasins de jouets ne désemplissent pas. Toutes les générations se pressent devant les vitrines de commerces atypiques : du Sanctuaire de la Miniature à la boutique manga Ikoku, en passant par le monde virtuel des jeux-vidéos chez Micromania. Tous les goûts sont servis. Répondre aux envies de chacun, c’est le pari qu’ont fait deux établissements montpelliérains : Pomme de Reinette et Pomme d’Api et la Grande Récré. D’un côté, une petite échoppe regorgeant de merveilles, installée à Montpellier depuis près de quarante ans. Maisons de poupées et vaisseaux spatiaux, toupies et automates, boîtes à musique et autres trésors s’alignent sur les étagères. Sans oublier, à l’étage, le petit Musée du Jouet dévoilant la magnifique collection du propriétaire. De l’autre, une grande chaîne nationale, soit cent-vingt magasins de 1000 m² en moyenne, représentant près de 10% des parts du marché français. Sur les rayonnages, une offre quelque peu différente : les derniers jeux à la mode, aux couleurs vives et à la pointe de la technologie.

Les deux boutiques touchent une clientèle éclectique, de tous âges, de tous styles. Néanmoins, quelques dissemblances sont perceptibles. Fabrice Depardieu, chef d’équipe à la Grande Récré, parle d’un acheteur « moyen-haut de gamme » dont « le budget moyen par enfant à l’époque de Noël est de trente euros ». Plus attaché à un acquéreur qualitatif, fidèle de générations en générations, Alain Simon, gérant de Pomme de Reinette et Pomme d’Api affirme, avec un petit sourire, que sa clientèle est composée de « tous ceux qui rêvent encore et qui ont besoin de faire rêver ». Ce, à « tous les budgets. Vous pouvez même trouver des articles à 1 euro. ».

Chacune des deux enseignes s’est préparée à l’invasion de Noël. Alain Simon effectue ses commandes un an à l’avance. Ses choix sont guidés par l’instinct mais aussi par quarante années d’expérience professionnelle. Il reçoit ses livraisons au mois d’octobre et peut alors exposer son stock pour les fêtes de fin d’année. Ses jouets viennent d’un peu « partout dans le monde. Notamment l’Allemagne ». La Grande Récré réceptionne également ses articles en octobre. Cette fois, le stock est géré par une centrale d’achats dont le siège est à Paris. Fabrice Depardieu et ses collègues, n’ont donc qu’une petite marche de manœuvre quant au choix de leurs produits. Ce sont des stratégies commerciales, sur fond d’accords, qui sont à la base de la mise en avant de produits phare. Par exemple, pour la seconde année consécutive, la chaîne promeut la figure d’Arthur. Un partenariat a été réalisé entre le réalisateur Luc Besson et la direction de La Grande Récré.

En plus de gérer les commandes, les deux boutiques doivent embaucher du personnel supplémentaire pour cette période de l’année. « Pour le mois de décembre, nous engageons deux personnes en plus au niveau des caisses et deux personnes en plus pour emballer les cadeaux. Ce sont des contrats de 27h par semaine » informe Fabrice Depardieu.

Préparer Noël, c’est aussi envisager les tendances, mettre en avant les classiques. Différents selon l’enseigne. Côté Pomme de Reinette et Pomme d’Api, cette année, les produits phares sont : « les maisons de poupées pour les filles. Ça correspond à la mode du cocooning. Pour les garçons, ce sont les chevaliers, les forts qui sont sollicités ». Selon Alain Simon, la boite à musique reste le jouet indémodable. Autre monde, autres tendances du côté de la grande consommation : « Depuis quatre ans, les petites filles sont demandeuses de Petshop. C’est un créneau très fort. Les garçons, quant à eux, apprécient tout ce qui est super-héros : Spiderman, Batman, Wolverine… La série Gormiti fait également fureur ! Cela suit l’évolution connue par les Pokémon. » Pour Fabrice Depardieu, les grands classiques restent le Monopoly, tout ce qui est Playmobil, le Mille-bornes : « La marque Playmobil marche de mieux en mieux. Cette enseigne a une très bonne stratégie commerciale. Elle sait réactualiser des anciennes collections. Par exemple, cette année, elle a décliné le thème Egypte, thème qui date d’il y a 15 ans mais très bien recontextualisé ». La démarche des grandes enseignes est donc très marketing. Ces dernières cherchent à répondre aux besoins du client, à suivre la mode. Suite, aux problèmes qu’il y a eu l’an passé avec les jouets importés de Chine, la clientèle demande de plus en plus des articles made in France. De petites entreprises françaises sont donc sollicitées. Jeujura, fabricant de jouets en bois, et Ecoiffier, spécialisé dans les jeux pour les tout petits. De même, avec la mouvance écologique, les produits « nature » sont très demandés. Une gamme en bambou a notamment été lancée.

La crise ne semble donc pas toucher ce secteur. Chacun est d’ailleurs unanime : « la crise, connais pas ! » D’un côté, « le cœur est toujours là. Ce sont juste les budgets qui s’adaptent » souligne Alain Simon. Autre argument de poids : « les gens achètent toujours autant de jeux. Ça leur remonte le moral, leur fait oublier leur quotidien » affirme Fabrice Depardieu. Langue de bois ? En tout cas, le constat est clair : les magasins sont pleins de monde « même si cette année la saison a commencé un peu plus tard ».

Stratégies commerciales, tendances, effets de mode, … Malgré tout, l’esprit de Noël perdure… Les enfants ont les yeux pleins d’étoiles en regardant les vitrines, et les parents sont prêts à tout pour satisfaire leurs bambins. A commencer par contacter le Père Noël et ses petits lutins !