« La solidarité pour le Japon doit durer »

Mardi 22 mars 2011, Montpelliérains et Japonais se sont rassemblés place Jean Jaurès pour rendre un hommage aux victimes du séisme. Plusieurs personnalités de la ville ont fait le déplacement et la cérémonie s’est déroulée en présence d’un rescapé. Reportage.

« Toutes les étagères sont tombées. Heureusement, j’étais bien placé », raconte Erwan Puigsegur. Le 11 mars dernier, ce Montpelliérain était au Japon : « Lors du séisme, j’étais dans un laboratoire de l’université de Tohoku, au 9e étage. Le mur au 3e étage s’est effondré mais le bâtiment a bien été construit. C’est grâce à ça que je suis là aujourd’hui. » L’étudiant français à l’université de Tohoku est rentré en France il y a deux jours. Pour prendre l’avion, il a dû se rendre à Osaka, au centre de l’archipel, loin de Tohoku. « Il n’y avait pas de transport en commun possible pour aller directement à Tokyo », explique-t-il.

Pour témoigner leur soutien, certaines associations montpelliéraines étaient présentes. Mohammed Abada est président d’Assiana, une association japonaise de Montpellier. Il a attiré l’attention en présentant le projet de l’association solidarité Japon 34 qui permet de recevoir facilement des dons.

« Je reviendrai au Japon dès que je le pourrai »

Organisatrice de l’événement, Hélène Mandroux était également de la partie. Madame le Maire s’est montrée optimiste : « Le pays du soleil levant se relèvera encore. » Le préfet de la région Languedoc-Roussillon n’a quant à lui pas caché son inquiétude. En tant que père, Claude Baland se sent directement concerné par la tragédie japonaise : « Ma fille va commencer son travail à Tokyo à partir du 1er avril. » Agrégé en géographe et maîtrisant toute la difficulté géographique du Japon, M. Baland a souligné un aspect culturel du pays : « Même dans une situation grave, le peuple japonais ne montre pas ses sentiments et sourit. »

La cérémonie s’est terminée par un appel à la générosité. « La solidarité française pour le Japon doit durer », s’est exclamé Claude Baland. L’hymne japonais, Kimigayo, et celui de la France ont retenti. Les yeux des Japonais présents se sont remplis de larmes. Les événements tragiques n’empêcheront pas certains de retourner au Japon, comme Erwan : « Je reviendrai dans ce pays merveilleux dès que je le pourrai. »

Valérie Séverac, exploratrice du vide

Des chantiers. Des zones industrielles. Des terrains vagues. L’artiste Valérie Séverac travaille à partir de ces espaces indéterminés qualifiés de « non-lieux ». C’est le titre de son exposition actuellement présentée au restaurant Pain et Cie, place Jean Jaurès à Montpellier. Elle s’intéresse à cette localité en devenir, ou absente. En donne la définition suivante : « un non-lieu correspondrait à un espace dans lequel la rencontre serait impossible, où le potentiel d’accueil et d’hospitalité seraient absents ». Valérie Séverac ne s’explique pas son attirance pour ces lieux dénués d’usage, de fonction. Refuse toute psychologie avant d’ajouter avec humour : « peut-être que je devrais, ça pourrait être une bonne manière de commencer une thérapie ».

La jeune plasticienne photographie inlassablement ces chantiers, ces zones industrielles, ces terrains vagues. Photocopie ses photos, découpe puis procède à des collages. « J’apprécie la liberté, la spontanéité rendue possible par le collage. Je travaille vite, reste fidèle au premier jet » explique-t-elle. Le sentiment de perte que représente le chantier ou le terrain vague se verra peu à peu comblé par ces constructions fictives. Valérie Séverac explore cet entre-deux avant que la forme et l’usage de ces espaces ne soient définitivement scellés. « Les morceaux épars de notre vie moderne » sont alors disposés sous nos yeux.

Sans_titre__2007_2_-3.jpg

Apposer un titre au tableau serait en contradiction avec cette idée de non-lieu. David Bioulès, lui-même artiste, écrit très justement : « Constructions bout à bout, non hiérarchiques, comme arlequin qui fabriquait son costume par défaut, partant d’un élément sans imaginer a priori une fin (…) Transformer le monde, pas pour jouer au créateur, mais pour exercer notre regard à se poser sur les choses, se servir pour le mieux de notre faculté de voir, honorer les possibilités de ne pas s’ennuyer, s’endormir. Aller vers ces non-lieux, où somnole justement notre liberté de rencontrer, peut-être, de la poésie ».

Entrée libre (jusqu’au 16 mars)


Restaurant Pain et Cie,

4 place Jean Jaurès

Montpellier