Depardon sous toutes les coutures

Expositions, projections, rencontres et conférences… A Montpellier, Raymond Depardon est à la fête ! Après Perpignan et Alès, la ville accueille la manifestation « Raymond Depardon en Languedoc-Roussillon ». Du 6 novembre 2009 au 31 janvier 2010, de nombreux évènements seront proposés aux Montpelliérains pour découvrir ou redécouvrir l’œuvre de cet artiste incontournable.

« L’Amérique est allée jusqu’au bout du rêve »

Michel Pieyre, un an après l’élection du premier président afro-américain des États-Unis, publie « 8 jours avant Obama » revenant ainsi sur les quelques jours ayant précédé cet évènement historique. La nouvelle librairie Sauramps Odyssée l’a accueilli hier soir, 3 novembre, pour une séance de dédicaces suivie d’une rencontre-débat en compagnie de Marc Smyrl, professeur américain en Science Politique à l’Université Montpellier I, qui remplaçait Romain Huret.

Daniel Bodin, le questionnement social.

Dans le Hall de l’Hôtel de Ville de Montpellier, le photographe Daniel Bodin a exposé, du 13 au 23 octobre 2009, ses clichés pris lors de l’installation du village des Enfants de Don Quichotte en mai dernier, place du Peyrou à Montpellier. Il revient sur son expérience pour Haucourant.com.

Pourquoi avoir travaillé sur l’action des Enfants de Don Quichotte à Montpellier en mai 2009 ?

C’est avant tout la suite logique d’une démarche sociale que j’ai depuis quelques années. Je me penche en priorité sur les évènements sociaux et politiques. Cette expérience est un questionnement face à la régression sociale, une réflexion sur la nouvelle précarité qui s’installe dans notre société. Ce thème-là m’intéresse. Je voulais contextualiser les choses. Avec quelques-uns de mes contemporains, nous étions loin d’imaginer, dans les années 1970, qu’un mal être social tel que celui-ci nous toucherait. Nous sommes choqués face au monde d’aujourd’hui. Disons le clairement, c’est un retour au Moyen-âge. Ma démarche est simple : pourquoi aller jouer les grands reporters ailleurs, alors que la misère existe ici aussi, à Montpellier ?

J’ai approché les Enfants de Don Quichotte car c’est un très bon moyen pour communiquer avec les Sans Domicile Fixe. On a alors une facilité pour aborder le sujet. Dans la rue, il est délicat d’approcher une personne dans cette situation, comme ça, tout de go. Avec les Enfants de Don Quichotte, j’ai pu nouer des contacts avec eux. C’est très important pour moi car cela va me permettre d’approfondir le sujet. C’est exactement le même mode de fonctionnement que pour tout bon journaliste.

Qu’avez-vous voulu montrer sur vos photographies ?

J’ai une approche humaniste dans mes photographies. Je ne veux pas faire de misérabilisme, je veux sensibiliser avec des photos humaines. Alors, j’ai dû en lisser certaines. Par là, je veux dire que j’ai dû alléger émotionnellement la réalité pour qu’elle passe mieux. Je ne voulais pas montrer des gens en situation d’échec. Je voulais faire un constat ponctuel, faire ressortir l’humanité de l’individu, créer une fenêtre sur le monde. Mes photographies ne sont pas dimensionnées à la misère. Je m’exprime à travers la photographie. Cette exposition mériterait sans doute du texte, une légende, et même l’édition d’un livre. Mais je ne suis pas doué pour l’écriture, sinon je serais écrivain et non photographe. Il va falloir que je travaille sur le texte.

Quelle expérience ce fut pour vous ?

Ce fut avant tout un échange, un enrichissement réciproque. Cela m’a permis de revenir sur de nombreux préjugés que j’avais comme tout le monde malgré mon métier. Les SDF apparaissent souvent comme des personnes abruptes, baraquées, tatouées, dures. Finalement, ce sont des gens charmants. J’ai recueilli un nombre incroyable d’histoires personnelles extraordinaires, extrêmement difficiles à entendre pour le commun des mortels. J’ai fait un constat de la vie, avec une démarche sociale. J’ai aussi fait une autre découverte : le politique, à Montpellier, a un souci du social. J’en ai été étonné. Je ne le savais pas. Ce travail, au final, fut plus complet que je ne l’aurais imaginé.

Pourquoi cette exposition ?

Cela a été une volonté de la mairie de Montpellier. Au départ, elle n’était pas concernée par mon travail. Puis, peu à peu, elle s’est intéressée à ce que je faisais. Donc, elle m’a demandé d’exposer mes photographies dans le hall de l’hôtel de ville. J’ai été le seul maître d’œuvre. Mes partenaires ne savaient pas vraiment ce qu’ils attendaient de moi, ils m’ont alors laissé faire. J’ai donc dû tout conceptualiser. Cette exposition fut montée à l’emporte-pièce. Cela a été un vrai challenge !

Pourquoi certaines de vos photographies sont en noir et blanc, et d’autres en couleur ?

C’est une bonne question ! J’ai une attirance pour le noir et blanc. En faisant le tour de mes photographies pour l’exposition, je n’avais pas assez de matière dans ces tons là. Alors, j’ai fait le choix de mélanger deux sujets en une exposition. J’ai, d’une part, affiché un reportage journalistique, en couleur, à l’extérieur des panneaux d’affichage. Le néophyte accroche plus à la couleur. Comme en musique, il s’attache plus à une musicalité populaire qu’au jazz. Avec la couleur, j’ai voulu ramener de la légèreté. On réintègre le monde normal, la réalité. Puis, j’ai mis des photographies en noir et blanc, à l’intérieur, pour créer une intimité. C’est la partie galerie. Sur les portraits, je voulais donner un aspect plus dramatique.

Quelles ont été les réactions du public face à votre exposition ?

J’ai eu peu de retours. Globalement, on est allé vers un encensement de mon travail. Ce n’est pas un lieu idéal pour une exposition de ce type, pour que les photographies soient regardées avec sens. Le regard du commun est interrogatif mais glissant. Elles ont cependant été confrontées à un public large. La plupart du temps, on m’a félicité pour l’humanité de mes photographies. Il me manque toutefois l’avis de professionnels.

Thierry Venturini fait découvrir la digigraphie

Thierry Venturini est un photographe particulier. Avec un matériel spécial, il améliore ses clichés et en fait des digigraphies.

« Je ne prends des photos qu’en Corse, il n’y a qu’ici que je suis inspiré. » Thierry Venturini ne se considère pas comme un artiste, juste comme un photographe. Pourtant, ses images sont un peu particulières : ce sont des digigraphies.

« Il sagit des photos de qualité, explique-t-il. Elles sont prises avec un appareil photo haute définition bien sûr. Puis elles sont retouchées à l’ordinateur, avec un logiciel que tout le monde connaît, mais il faut très bien savoir s’en servir, sourit-il. Ensuite, les images sont imprimées à l’aide d’une imprimante spéciale. L’encre et le papier sont également particuliers. Cette opération ne peut se faire que dans une imprimerie agrée par le constructeur de l’imprimante. »

Important de travailler en groupe

À la sortie, l’œuvre est marquée du sceau de l’imprimerie et elle est numérotée. « Avec mon équipe[[Philippe Lavios, Sylvie Meunier, Gaëlle Ollivier, Cédric Rossini, Rose-Marie Laraga, Gérard Soletti et Gabriel Diana]], on s’est concerté et on a décidé qu’on ne tirerait pas plus de cinq exemplaires de chaque œuvre. S’il y en a trop, alors cela ne veut plus rien dire. » Thierry Venturini ne travaille pas seul. Il estime qu’il est important que des personnes extérieures, celle de son équipe, puissent donner leur avis. Il peut alors arranger les photographies en fonction d’éventuelles critiques.

venturini008.jpg
Thierry fait parti de l’association culturelle Zénith, présidée par le sculpteur Gabriel Diana. D’ailleurs, il a récemment exposé quelques-unes de ses œuvres, pour accompagner les dix-huit digigraphies. « La sculpture peut s’allier à toute forme d’art, sauf avec un autre type de sculpture. » Avec modestie, le sculpteur précise que son association a « une grande ambition : aider les artistes corses ». Ils ne sont qu’une quinzaine, peintres, dessinateurs, photographes, écrivains et même un verrier à entrer dans ce cercle. Une stricte sélection s’opère à l’entrée.

Preuve de son talent, Thierry Venturini a passé l’examen de passage avec succès.

Thierry Venturini fait découvrir la digigraphie

Thierry Venturini est un photographe particulier. Avec un matériel spécial, il améliore ses clichés et en fait des digigraphies.

« Je ne prends des photos qu’en Corse, il n’y a qu’ici que je suis inspiré. » Thierry Venturini ne se considère pas comme un artiste, juste comme un photographe. Pourtant, ses images sont un peu particulières : ce sont des digigraphies.

« Il sagit des photos de qualité, explique-t-il. Elles sont prises avec un appareil photo haute définition bien sûr. Puis elles sont retouchées à l’ordinateur, avec un logiciel que tout le monde connaît, mais il faut très bien savoir s’en servir, sourit-il. Ensuite, les images sont imprimées à l’aide d’une imprimante spéciale. L’encre et le papier sont également particuliers. Cette opération ne peut se faire que dans une imprimerie agrée par le constructeur de l’imprimante. »

Important de travailler en groupe

À la sortie, l’œuvre est marquée du sceau de l’imprimerie et elle est numérotée. « Avec mon équipe[[Philippe Lavios, Sylvie Meunier, Gaëlle Ollivier, Cédric Rossini, Rose-Marie Laraga, Gérard Soletti et Gabriel Diana]], on s’est concerté et on a décidé qu’on ne tirerait pas plus de cinq exemplaires de chaque œuvre. S’il y en a trop, alors cela ne veut plus rien dire. » Thierry Venturini ne travaille pas seul. Il estime qu’il est important que des personnes extérieures, celle de son équipe, puissent donner leur avis. Il peut alors arranger les photographies en fonction d’éventuelles critiques.

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Thierry fait parti de l’association culturelle Zénith, présidée par le sculpteur Gabriel Diana. D’ailleurs, il a récemment exposé quelques-unes de ses œuvres, pour accompagner les dix-huit digigraphies. « La sculpture peut s’allier à toute forme d’art, sauf avec un autre type de sculpture. » Avec modestie, le sculpteur précise que son association a « une grande ambition : aider les artistes corses ». Ils ne sont qu’une quinzaine, peintres, dessinateurs, photographes, écrivains et même un verrier à entrer dans ce cercle. Une stricte sélection s’opère à l’entrée.

Preuve de son talent, Thierry Venturini a passé l’examen de passage avec succès.

Valérie Séverac, exploratrice du vide

Des chantiers. Des zones industrielles. Des terrains vagues. L’artiste Valérie Séverac travaille à partir de ces espaces indéterminés qualifiés de « non-lieux ». C’est le titre de son exposition actuellement présentée au restaurant Pain et Cie, place Jean Jaurès à Montpellier. Elle s’intéresse à cette localité en devenir, ou absente. En donne la définition suivante : « un non-lieu correspondrait à un espace dans lequel la rencontre serait impossible, où le potentiel d’accueil et d’hospitalité seraient absents ». Valérie Séverac ne s’explique pas son attirance pour ces lieux dénués d’usage, de fonction. Refuse toute psychologie avant d’ajouter avec humour : « peut-être que je devrais, ça pourrait être une bonne manière de commencer une thérapie ».

La jeune plasticienne photographie inlassablement ces chantiers, ces zones industrielles, ces terrains vagues. Photocopie ses photos, découpe puis procède à des collages. « J’apprécie la liberté, la spontanéité rendue possible par le collage. Je travaille vite, reste fidèle au premier jet » explique-t-elle. Le sentiment de perte que représente le chantier ou le terrain vague se verra peu à peu comblé par ces constructions fictives. Valérie Séverac explore cet entre-deux avant que la forme et l’usage de ces espaces ne soient définitivement scellés. « Les morceaux épars de notre vie moderne » sont alors disposés sous nos yeux.

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Apposer un titre au tableau serait en contradiction avec cette idée de non-lieu. David Bioulès, lui-même artiste, écrit très justement : « Constructions bout à bout, non hiérarchiques, comme arlequin qui fabriquait son costume par défaut, partant d’un élément sans imaginer a priori une fin (…) Transformer le monde, pas pour jouer au créateur, mais pour exercer notre regard à se poser sur les choses, se servir pour le mieux de notre faculté de voir, honorer les possibilités de ne pas s’ennuyer, s’endormir. Aller vers ces non-lieux, où somnole justement notre liberté de rencontrer, peut-être, de la poésie ».

Entrée libre (jusqu’au 16 mars)


Restaurant Pain et Cie,

4 place Jean Jaurès

Montpellier