Tout ce qu’il me reste de la révolution, une comédie militante

Dans son premier long-métrage réalisé qui sortira le 6 février 2019, Judith Davis joue le rôle d’Angèle, une urbaniste et révolutionnaire affirmée. Son objectif, remettre le militantisme au goût du jour à une époque où il disparaît peu à peu.

Ne jamais cesser de remettre le système en question. C’est l’idée principale mise en avant dans cette comédie dramatique. Angèle, fraîchement remerciée par ses anciens patrons et désireuse de s’approprier l’héritage révolutionnaire transmis par ses parents, crée un collectif  d’expression collective et anti-système à Paris. Elle admire son père, un ancien maoïste qui “n’a jamais cédé ni à la tentation du confort ni au renoncement”. Il est d’ailleurs le seul de la famille à soutenir sa fille dans ses ambitions militantes.  Alors que son aînée a opté pour un mode de vie plus confortable avec son mari et ses enfants, Diane, son ex-femme, s’est désengagée des mouvements contestataires de gauche, déçue par le gouvernement de Jospin, trop libéral à son goût. Un choix très mal perçu par Angèle qui, depuis, a coupé le contact avec cette dernière. Son engagement pour le groupe de réflexion qu’elle a formé va également lui permettre de trouver l’amour auprès de Saïd, directeur d’école qui partage sa conception libre de la vie.

Dévouée à l’idée de lancer une révolution qui lui paraît fondamentale, elle ne manque pas de créativité pour tenter de rallier des nouveaux adhérents issus de divers milieux professionnels à sa cause. Ne parvenant à s’entendre sur peu de choses, les échanges entre les membres du groupes ont vite pris une dimension hilarante ce qui ne les empêche pas de nouer des liens entre eux.

Angèle, illustration de la philosophie de Judith Davis

A côté de cela, un projet  lui tient à coeur, la création d’une rue reliant Paris à Montreuil pour que la banlieue ne soit plus séparée du centre de la capitale. Le système capitaliste auquel Angèle s’oppose radicalement est représenté à travers certains personnage dont celui de Stéphane, son beau-frère. Lors d’une scène de dispute avec Léonore, meilleure amie d’Angèle, il n’hésite pas à monter le ton pour défendre l’idée qu’une entreprise aspirant à la croissance doit impérativement se séparer de ses éléments les moins productifs sans se préoccuper de leur mal être.

La bande sonore du film caractérise également la dimension engagée de celui-ci. On retiendra par exemple, l’hymne de l’Armée rouge bolchevique qui rythme une scène de romance entre Angèle et Said. Même si elle insiste sur le fait que ce film n’est pas lié à une histoire personnelle, Judith Davis n’est pas complètement détachée de son personnage. “On ne peut pas rentrer chez soi le soir et se vanter d’avoir vendu des ordinateurs à des gens qui n’ont même pas de connexion Internet”, dénonce la réalisatrice. Ce long-métrage a mobilisé peu de moyens de financiers et a  mis du temps à se concrétiser. “J’ai commencé à y réfléchir en 2012 mais pendant longtemps personne n’en voulait”, avoue t-elle. Issue du théâtre, l’actrice confie également que ce tournage l’a obligé de revoir sa manière d’interpréter son rôle, elle qui a l’habitude “d’écrire en jouant”. Elle comptait sur tous les acteurs pour mener à bien son rôle.

En reprenant la trame de cette comédie, impossible de ne pas penser au  mouvement populaire des gilets jaunes qui secoue actuellement l’hexagone. “Pour moi ce mouvement a un véritable sens politique qui montre toute la colère du peuple”, explique Judith Davis. Ils pourraient même s’en inspirer.