Des praticiens hospitaliers en grève administrative

Depuis la fin mai, 300 praticiens hospitaliers exerçant une activité libérale sont en grève administrative à la suite d’un décret augmentant la redevance qu’ils doivent verser à l’hôpital. En toile de fond, le risque de fuite des praticiens vers le secteur privé, plus lucratif. C’est la question de la place de l’activité libérale au sein de l’hôpital public qui est en jeu.

– Que change le décret publié le 15 mai ?

Ce décret fixe la redevance payée par les praticiens hospitaliers (PH) à l’hôpital public afin de rémunérer l’utilisation du matériel public à des fins privées. Auparavant, cette redevance était fixée sur le tarif des actes remboursés par la sécurité sociale et ne s’appliquait ainsi pas aux dépassements d’honoraires. Le nouveau texte prévoit de porter la redevance à 40 % pour les actes « techniques » en CHU et à 30 % pour les simples consultations. Elle est désormais perçue sur la totalité des honoraires, dépassements compris. Selon le syndicat national de défense de l’exercice libéral de la médecine à l’hôpital (SNDELMH), minoritaire, cela constitue « une majoration de 500 à 1 500 % ». Mais cette position est loin d’être partagée par tous les syndicats de médecins.

– Qui sont les praticiens en grèves ?

Les médecins réellement concernés sont ceux qui pratiquent d’importants dépassements d’honoraires, soit une minorité. Sur 40 000 praticiens hospitaliers en France, seuls 4 300 exercent une activité libérale, qui est réglementée (ils ne doivent pas y consacrer plus de 20 % de leur temps de travail, soit 2 demi-journées). Et 61 % d’entre eux pratiquent, lors de leur activité libérale, les tarifs de la Sécurité sociale (secteur 1). Pour eux, la nouvelle redevance ne change rien. Sont ainsi touchés les 1 600 praticiens qui pratiquent des dépassements d’honoraires. À la suite de l’appel du SNDELMH, le mouvement revendique 1 000 signataires de leur pétition et 330 praticiens grévistes à Paris. Leur action consiste à ne pas communiquer le codage de leurs activités. Codage qui permet le financement de l’hôpital public par l’assurance-maladie.

– Quelles sont les conséquences de cette grève ?

La rétention du codage des actes n’entraîne pas de pertes pour l’hôpital. « Ce ne sont que des pertes théoriques qui vont finalement être rattrapées une fois le mouvement fini », explique-t-on à l’Assistance publique des hôpitaux de Paris. De son côté, le gouvernement a légèrement infléchi sa position, en discutant avec les syndicats représentatifs. Il a ainsi été proposé une baisse des taux de la redevance (40 à 30 % en CHU, 25 à 20 % pour les consultations en centres hospitaliers). Un nouveau décret sera présenté en septembre au cours des discussions sur la loi « Patients, Santé et Territoires ».

 » Il s’agit de traiter toutes les conduites à risque « 

La prévention reste le moyen le plus efficace dans la lutte contre la toxicomanie, mais sa mise en place s’avère complexe.

« Pour lutter contre la drogue, la prévention doit se faire à travers toutes les questions de l’adolescence. » Jean-Marie Ferrari, directeur du centre de soins contre la toxicomanie, est convaincu de l’impact des actions de prévention en milieu scolaire. Cependant, comme tous les acteurs de cette lutte, il considère qu’il vaudrait mieux traiter le mal-être général des jeunes. Pour le Dr Galland, addictologue au centre hospitalier de Béziers, « il s’agit donc de traiter toutes les conduites à risque, en incluant ainsi l’alcool et le tabac. »

Toutefois, le plus difficile demeure l’organisation de la prévention. Il revient à chaque établissement scolaire de mettre en place une politique de lutte contre la toxicomanie. Pour le choix des intervenants, l’éventail est large : associations, établissements publics, gendarmes ou encore policiers. Tous agissent indépendamment, sur sollicitation des équipes pédagogiques. Ce qui entraîne un manque de coordination globale. D’autant que chacun possède ses propres méthodes.
La clé de la réussite, pour Jean-Marie Ferrari, réside dans la motivation des encadrants qui entourent les adolescents. « L’équipe d’adultes
doit être motivée car la prévention du mal-être général passe par le bien-être de l’institution.
» Si les enseignants et les personnels administratifs sont impliqués, c’est la prévention qui devient efficace. Car contrairement aux idées reçues, les adolescents ont encore envie de communiquer avec les adultes.

« Le quotidien des jeunes »

Trois questions au Docteur Stoebner Delabarre, Addictologue, médecin de santé publique.

Quel est l’impact de la drogue chez les jeunes ?

Les effets sont très rapidement néfastes, même s’ils varient d’un individu à l’autre. Un usage régulier de cannabis entraîne des difficultés de concentration ayant des conséquences sur la scolarité et allant parfois jusqu’à une désocialisation. La tolérance au produit oblige à augmenter les doses pour pouvoir toujours atteindre les mêmes résultats. Des signes secondaires négatifs apparaissent en cas de non consommation. La dépendance est donc bien réelle.

La perception de la drogue a-t-elle évolué ?

Le drame actuel, c’est la banalisation de la drogue. Aujourd’hui, elle fait partie du quotidien des jeunes. Mais ce qui est vraiment inquiétant, c’est que le rapport au produit a changé. Ce n’est plus l’esprit festif des années 1960 mais plutôt l’expression d’un mal-être profond.

Quel est le rôle des parents dans l’usage de la drogue ?

Il y a une véritable part de responsabilité des adultes. Ils n’ont pas su informer les jeunes assez tôt des dangers de la drogue et notamment du cannabis. D’ailleurs, ils ne sont souvent pas conscients de la réelle consommation des adolescents. Il y a une méconnaissance totale des us et coutumes des jeunes.