On ne sait pas où va l’argent, mais on sait où il ne va pas !

Ce mardi une anomalie a mis hors service le circuit électrique du bâtiment de la Poste de La Paillade à Montpellier de 16h à la fermeture, à 18h. Les clients et usagers ont été obligés de reporter leurs requêtes financières ou postales, parfois urgentes. Tout un symbole pour le deuxième employeur de France, qui s’apprête à ouvrir son capital aux investisseurs privés.

La Poste est en effet, après l’Education Nationale, le deuxième employeur de France, avec environ 270 000 salariés. Celle-ci réduit drastiquement ses effectifs, puisque au moins 4000 emplois par an ont été supprimés en France depuis 2004, avec une pointe à 11 700 en 2010, contribuant concrètement au renforcement du chômage de masse.

PDG depuis 2002, Jean-Claude Bailly propose d’abandonner aux mairies les bureaux de postes non rentables, pour la plupart en zone rurale. Celui-ci oublie que c’est justement son maillage géographique extraordinaire qui fait la force de La Poste, et que, à l’heure de l’ouverture du marché du courrier à la concurrence, la confiance de ses usagers passe par là.

Les missions de service public de La Poste sont le service universel du courrier, l’accessibilité bancaire, l’accessibilité territoriale et la distribution de la presse. La primauté de la rentabilité, en l’occurrence déjà acquise (550 millions de bénéfices net en 2010), a de quoi inquiéter quant au futur de ce qui est encore considéré comme « le meilleur service postal au monde ».

Face aux suppressions de postes, à la précarisation du travail et au mal-être généré par les techniques de management par la pression (comparables à celles de France Télécom), de nombreux mouvements grèves sont en cours dans des centres de tri en Aveyron, dans l’Aude, en Essonne ou dans le Finistère. Les grèves ne se limitent pas aux postiers, ce sont aussi les conseillers financiers de Côte d’Armor qui protestent contre la pression exercée vis-à-vis d’objectifs mirobolants ainsi que d’heures supplémentaires non payées.

Au bureau de poste de La Paillade, un mouvement de grève avait éclaté l’année dernière pour protester contre la réduction de l’amplitude horaire d’ouverture, politique qui touche en général les bureaux de zones rurales. On constate qu’un bureau de Poste de Montpellier éloigné du centre-ville souffre des mêmes problèmes que si celui-ci était en rase campagne. Ce fait divers local résonne comme le symbole d’un niveau de considération largement inégal entre les bureaux de poste « rentables » et les autres.

Peut-on imaginer une telle panne dans un bureau de centre-ville ? L’hypothèse est peu crédible. La Poste, qui vient de percer dans la téléphonie mobile avec déjà plus de 500 000 clients, se diversifie, au risque peut-être d’oublier quelles sont les missions pour lesquelles elle est appréciée de ses usagers. Les dérives de La Banque Postale sont déjà promptes à faire oublier que le service bancaire y était différent, coupé de la finance et des objectifs de maximisation du capital à court terme.

La Poste n’étant pas déficitaire, et ayant déjà passé le cap technologique du passage au numérique, on peine à comprendre comment l’entretien d’un de ses bâtiments peut-il laisser à désirer…La Direction de l’Hérault, contactée, n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet.

L’hôpital public de Montpellier : une machine grippée ?

L’intersyndicale du Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU) montpelliérain a lancé le 14 décembre un appel à la grève. En cause : un manque de moyens qui empêche l’accueil dans de bonnes conditions des usagers. Reportage au cœur de Lapeyronie, un des hôpitaux du complexe, où le personnel soignant tente de maintenir son rôle de service public.

Inquiètudes et précisions autour du projet de suppression de la publicité.

Lors de sa conférence de presse du lundi 8 janvier, le président de la République a annoncé le projet de supprimer la publicité sur les chaines de télévisions publiques. Depuis cette déclaration, en dépit des précisions que tentent d’apporter chaque jour les membres du gouvernement, professionnels concernés, opposition et syndicats s’inquiètent.

Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois promis, lors de ses vœux aux forces vives de la Nation jeudi 17 Janvier, que la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publiques serait « compensée intégralement« . Cette compensation, a précisé le président de la République, prendrait la forme « d’un financement très largement mutualisé sur la totalité des nouveaux moyens de communication« . Le chef de l’Etat a souhaité  » que le service public de la radio, regroupé au sein de Radio France, s’engage sur les mêmes orientations. »

Les espaces alloués à la publicité sur TF1 et M6 sont déjà saturé avec un taux de remplissage à 91 % et 86 %.

Taxes. Dès le lendemain, la ministre de la Culture Christine Albanel a déclaré sur l’antenne de RTL que la taxe sur les produits électroniques destinée à compenser la suppression de la publicité sur les chaînes publiques ne dépasserait pas « un maximum de 1%« . Selon la ministre, cette nouvelle redevance devrait pouvoir compenser la perte de 800 millions d’euros entrainée par la fin de la publicité sur le service public. Elle s’appliquerait aux produits électroniques grand public dotés de fonctions TV comme les téléviseurs, les ordinateurs et les téléphones mobiles. Elle s’ajouterait à une taxe prévue sur les télécommunications (Internet et téléphonie mobile) et une taxe prévue sur le surplus de publicité dont profiteraient les chaînes privées. TF1 et M6, principales bénéficiaires, devraient en effet absorber les espaces publicitaires pris sur France Télévisions. Or, les espaces alloués à la publicité sont déjà quasiment saturés avec un taux de remplissage respectivement à 91 % et 86 %, d’où l’inquiétude de Maurice Lévy, Pdg de l’agence de publicité Publicis qui déclarait le 9 Janvier sur BFM, « le marché français est un marché qui a une offre insuffisante, notamment en médias audiovisuels. Et il est clair que ne plus avoir accès à la télévision publique va handicaper le marché.« . La masse de publicité supprimée sur les chaines publiques pourrait alors se reporter sur les chaines privées de la TNT ou du câble.

Réactions immédiates. Le chef de l’Etat a fait valoir que « plus personne » n’aura ainsi « le mauvais prétexte qui consiste à dire : la tyranie de l’audience m’empêche d’avoir des programmes adaptés à une télévision publique ». Je souhaite un service public de la télévision qui soit réellement différent des chaînes privées. Parce que si le service public de la télévision fait les mêmes programmes que les chaînes privées, on peut se poser la question de l’intérêt d’un service public« , a-t-il ajouté. Dans une tribune publiée dans Le Monde daté de vendredi, Patrick de Carolis, président de France Télévisions se défend de cette affirmation et rappelle « que les chaînes du groupe font déjà une télévision bien différente de celle de leurs concurrentes privées. Quelle télévision ouvre à son public les portes de la Cité interdite ou du château de Versailles et ferme celles de la téléréalité ? ».

Face au séisme provoqué par l’annonce du président et des interrogations qui gravitent autour, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a qualifié, dans un communiqué publié jeudi, de « leurres » les solutions avancées par Nicolas Sarkozy pour compenser la suppression des recettes publicitaires dans l’audiovisuel public, et dénoncé « l’impréparation » de l’annonce du président sur ce projet.  » De « nouvelles pistes » ont été citées dans son entourage, ce qui démontre, s’il en était besoin, l’improvisation et l’impréparation qui ont entouré l’annonce fracassante du 8 janvier dernier. « .

« Une fausse bonne idée qui cache de vraies mauvaises intentions. »

« Berlusconisation ». De même, les réactions politiques ont été immédiates. Ségolène Royale juge  » totalement irresponsable d’aller proposer la suppression d’une recette sans savoir quelle sera la recette qui viendra garantir le bon fonctionnement du service public.  » François Bayrou estime « qu’il s’agit d’un incroyable cadeau aux télévisions privées » et craint une « augmentation de la redevance et la création de taxes nouvelles« . Dans la même lignée, Patrick Bloche, vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale en charge des médias dénonce un « jeu de bonneteau hasardeux consistant à déshabiller le service public pour venir à la rescousse des grandes chaînes privées dont les actions ont aussitôt décollé« . En effet, dès le lendemain de l’annonce du président, le mardi 8 janvier, la séance à la bourse de Paris était marquée par le décollage du titre TF1 de 8.38% et celui de M6 Métropole TV de 6.86%. Le groupe Bouygues, maison mère de TF1 et dont le Pdg Martin Bouygues, témoin du mariage de Nicolas Sarkozy avec Cécilia et parrain du dernier né du couple, est considéré comme le « meilleur ami » du Président, prenait 3.24 %.
Pour le responsable des questions audiovisuelles au sein du groupe PS à l’Assemblée nationale, Didier Mathus, la suppression de la publicité « est une fausse bonne idée qui cache de vraies mauvaises intentions : limiter les moyens des chaînes publiques et les contingenter en une sorte de gros Arte, qui dégagerait définitivement le terrain pour TF1, M6 et le groupe Bolloré. C’est une sorte de Berlusconisation définitive. »