« Issue », « Gestare », « Cada », « Regain », « Halde Solidarité », « Avitarelle »… A Montpellier, une vingtaine d’associations gèrent l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement des personnes en situation de précarité. Chacune est porteuse d’une philosophie, d’une orientation et de projets différents. Toutes se complètent et confrontent leurs actions. Pourtant, malgré son importance, cette pluralité est aujourd’hui menacée par la situation économique et les restrictions budgétaires.
« La crise a le mérite de faire marcher notre ingéniosité. Face à la morosité ambiante, Mathieu Chibaudel, coordinateur au sein de l’association GESTARE (Gestion Animation Recherche) préfère voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide. On fait au mieux avec ce que l’on a. On essaie d’être dans une politique de rationalité des coûts et de trouver des filons. On a de gros partenariats avec la banque alimentaire mais aussi avec la ville ce qui nous permet de profiter de certains équipements sportifs. Le point positif, c’est que la situation économique compliquée amène les associations à la mutualisation et au développement de nouveaux projets. »
Des associations contraintes de se regrouper ?
En 2009, le collectif « La Boussole », réunissant sept associations[[Les associations concernées étaient « Issue », « Gestare », « Cada », « Regain », « Halde Solidarité », « Avitarelle » et « AERS »]], a été créé pour faciliter la réalisation de projets dans le domaine du sport, du loisir et de la culture. Cette rencontre a, entre autre, aboutit à la constitution d’une équipe de football. Par la suite, elle a donné la possibilité à deux montpelliérains de participer à la coupe du monde des sans-abri à Paris l’été dernier. Une franche réussite venue, qui plus est, de l’initiative des salariés et non des institutions.
A moyen terme, cette dynamique pourrait néanmoins s’inverser. « Derrière cette belle idée de mutualisation on sent se profiler celle du groupement contraint, craint Christian Lepers, directeur de l’organisation GESTARE. Dans le contexte actuel, l’Etat cherche à dégraisser. Il y a aujourd’hui moins de moyens pour contrôler les associations. Par conséquent, des structures pourraient subir un rassemblement imposé, pour limiter le nombre d’interlocuteurs.»
Préserver une pluralité des regards
S’il pourrait paraître avantageux du point de vue des finances publiques, ce système de concentration le serait beaucoup moins au niveau humain. « Ce qu’il faut comprendre c’est qu’il n’y a pas qu’une seule bonne formule en matière de prise en charge des sans domiciles fixes. Une association n’a pas plus raison qu’une autre, ajoute C. Lepers. L’enjeu est donc, de préserver une diversité de structures d’hébergements pour élargir le champ des possibilités. Il faut qu’on puisse à la fois, s’appuyer sur les expériences des uns et des autres, et orienter les résidents en fonction de leur situation. Il ne faut pas qu’il y ait un parcours obligatoire. »
Absence de solutions au sortir des centres d’hébergements pour les personnes les plus en difficulté, manque de place dans les logements sociaux et les maisons-relais, carences au niveau des équipements… Aujourd’hui les dispositifs de prise en charge des sans-abri à Montpellier sont insuffisants. Un peu moins de 400 places en CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale) sont disponibles dans la ville Héraultaise contre environ 1000 à Nancy ou à Rennes par exemple. Autant dire qu’une réduction du nombre d’associations ne contribuera pas à arranger la situation.
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