Entre guerres et conflits d’intérêts, les diamants rapportent gros

Derrière l’image de pureté et d’amour que renvoie le diamant, s’est longtemps caché le sang et l’horreur. 16 pays africains produisent 60% des diamants dans le monde, ce qui fait de ce continent le premier producteur mondial de pierres précieuses. Il faut distinguer les diamants du sang ou diamants « sales » issus d’un trafic illicite, du commerce légitime faisant l’objet d’un contrôle et qui participe à la prospérité et au développement de certains pays d’Afrique.

La guerre financée par les diamants

Trois pays africains en particulier ont été le théâtre de ce commerce sans fois ni loi durant la décennie 90, l’Angola, la Sierra Leone et la République démocratique du Congo. Le trafic de diamant aurait débuté en Angola avec l’União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA), groupe rebel désireux de prendre le tête du pays. Le trafic leur permettait d’acheter des armes et de continuer par la même les conflits. Entre 1992 et 1998, le commerce illégal de ces pierres précieuses aurait permis à l’UNITA de gagner plusieurs milliards de Dollars. Cet exemple a été suivi par d’autres milices armées en Afrique. Ainsi, le Revolutionary United Front (RUF) a sévi de manière similaire durant la guerre civile en Sierra Leone entre 1991 à 2002. Les diamants du fait de leur petite taille, sont facilement transportables et représentent des sommes considérables. Dès lors qu’ils ont été introduits dans le marché, leur origine est difficile à détecter et, une fois polis, ne peuvent plus être identifiés. Dans ces conflits, des populations entières ont été mutilées, massacrées, les femmes violées, de nombreux enfants enrôlés dans les groupes armés, etc.
Un  soldat de l'UNITA recruté à l'âde de 11 ans

2003, le Processus de Kimberley dit stop

En 1999, la communauté internationale décide d’agir. Ceci abouti à la signature le 1er janvier 2003 du Processus de Kimberley (PK) qui regroupe des gouvernements, des ONG, des industriels et compte aujourd’hui 89 membres. Son rôle est de contrôler le marché des diamants. L’importation et l’exportation de diamants font l’objet de contrôles de la part des gouvernements. Les acteurs commerciaux, quant à eux, doivent définir une « chaîne de garanties » pour faire en sorte que tous les diamants mis sur le marché aient bien une origine légitime. L’objectif est de « nettoyer » le commerce licite des diamants « sales ». Les résultats semblent probants puisque à l’occasion de l’assemblée générale du Processus de Kimberley en décembre dernier à Bruxelles, les rapports présentés faisaient état d’une baisse de 20% à 2% du trafic illégal de diamants dans le monde.

Anvers, plus grand marché mondial de vente et d’achat de diamants

Même si les conflits armés en Angola et en Sierra Leone se sont calmés, la lutte contre le trafic de diamant est loin d’être terminée. D’autant plus que de « vieux démons » viennent de ressurgir récemment. Fin janvier, quatre sociétés belges de vente et d’achat de diamants, basées à Anvers, sont accusées de trafic illicite de diamants en provenance d’Angola. Elles devront répondre de ces accusations d’ici septembre 2008. L’opération d’achat des diamants aurait eu lieu en 2002, avant la signature de l’accord de cessez-le-feu entre le gouvernement angolais et l’UNITA. La justice belge parle d’une valeur totale de 60 millions de dollars. Il faut savoir que c’est à Anvers qu’est situé le plus grand marché mondial de vente et d’achat de diamants pour un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros par an.

Conflits d’intérêts

En 2000, suite au rapport de l’ONG « Global Witness », l’Union Européenne reconnait les trafics illégaux et leurs liens avec les conflits. Depuis 20007, c’est elle qui préside le PK. Aujourd’hui, même si le trafic de diamant ne participe plus, du moins directement aux financements de conflits armés, l’organisation doit se préoccuper du problème dans Un film qui dérangeson ensemble. Des cas d’entorse aux règles de contrôle ont été constatés l’an dernier au Brésil et au Venezuela. Il s’agit d’un problème mondial. Il faut également faire face aux conflits d’intérêts qui oppposent les industries du diamant aux ONG. Les premiers veulent éviter le tapage médiatique qui pourrait déprécier l’image de la pierre précieuse auprès des consommateurs. Les seconds ne veulent pas, sous prétexte qu’il n’y a plus d’armes, que la lutte ne se fasse désormais qu’au niveau bureaucratique. Sorti en janvier 2007, le film d’Edward Zwick « Blood Diamond », a fait beaucoup de bruit en dénonçant ce dilemme économico-politique. Depuis la sortie du film, les ventes de diamants ne semblent pas avoir bougé. Mais le vrai problème serait plutôt de savoir si les mentalités, elles, ont évolué.

Somalie, Zimbabwe : entre répression et assouplissement du régime des médias

« Non, non, non, pas maintenant. Peut-être quelques années plus tard, mais pas aujourd’hui ou demain », a déclaré Xan Rice, le reporter d’un journal britannique, « The Guardian » , lorsque l’agence de presse IPS lui a demandé s’il envisageait de retourner en Somalie prochainement.

Rice a assisté à l’assassinat de Martin Adler, un journaliste free-lance suédois, abattu par un homme armé non identifié le 23 juin 2006, dans la capitale somalienne, Mogadiscio. « Il est extrêmement difficile de travailler dans ce pays », a ajouté Rice. « Chaque fois que vous êtes en contact avec de simples citoyens, il y a un danger réel. N’importe qui peut vous tuer : vous ne savez pas qui le fera, ou de quel côté viendra la balle ».

Longue est la liste des journalistes victimes de violences verbales ou physiques en Somalie. Le dernier en date, le journaliste français, Gwenaouel Le Gouil. Des « inconnus en armes » l’ont kidnappé, dimanche 16 décembre, dans le Puntland, région semi-autonome au Nord-Est de la Somalie (Voir rubrique internationale). Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, a indiqué lundi 17 décembre au « Nouvel Observateur », « qu’il s’agit, avant tout, d’une sordide histoire de racket. Mais le travail de Gwen Le Gouil joue aussi. Les passeurs sont exaspérés qu’un journaliste vienne enquêter sur leurs petites affaires. »

Cet enlèvement intervient dans un pays de non-droit où huit journalistes ont été tués depuis le début de cette année 2007. « Ce qui en fait la zone la plus dangereuse du monde après l’Irak pour les professionnels des médias », a souligné Reporter Sans Frontière. Et d’ajouter, « si pendant des années le Puntland (…) a bénéficié d’une relative tranquillité, il n’en est plus rien depuis que la guerre fait rage entre les tribunaux islamistes et les troupes éthiopiennes venues soutenir le gouvernement fédéral de transition somalien. » (Voir dans cette même rubrique La Somalie victime des convoitises depuis toujours )

Fausse conférence de presse

Selon Amnesty International, la situation des journalistes « est actuellement la pire » depuis la chute du gouvernement de Mohamed Siad Barre en 1991 et le début de la guerre civile en Somalie. Témoins gênants d’une guerre où désinformation et mensonges règnent, les journalistes doivent composer d’un côté avec une Union des tribunaux
islamiques (UTI), attachée à la religion et nationaliste, et de l’autre avec un gouvernement fédéral de transition soucieux de son image sur la scène internationale. Du coup, une trentaine de journalistes ont été arrêtés, dans le courant de l’année, à la fois à Mogadiscio (Sud-Est), la base de l’UTI, ainsi qu’à Baidoa (Sud-Ouest), le siège du gouvernement, et dans la région semi-autonome du Puntland (Nord-Est).

A titre d’exemple, le 24 octobre dernier, trois journalistes ont été capturés par les milices gouvernementales, en possession d’une caméra vidéo numérique contenant des images du cadavre d’un soldat éthiopien d’origine somalienne, ainsi que des images de troupes éthiopiennes présentes sur le territoire somalien. Ils sont restés en détention pendant une semaine. Les images qu’ils avaient tournées n’ont jamais été diffusées. Quant à Abdullahi Yasin Jama, de Radio Warsan, il est tombé dans un piège tendu par les milices du gouvernement de transition à Baidoa, le 24 novembre. Arrêté alors qu’il avait été invité à une fausse conférence de presse, le journaliste a été retenu de force pendant trois jours par les miliciens qui l’ont brutalisé. Il a été puni pour avoir évoqué la « présence massive » de soldats éthiopiens en Somalie, ce que le gouvernement dément, sans vraiment convaincre. Six radios et la chaîne de télévision HornAfrik ont cessé d’émettre le lundi 19 novembre, s’ajoutant à trois autres radios déjà fermées par le gouvernement de transition somalien. Les médias audiovisuels privés de Mogadiscio ont alors suspendu leurs programmes pendant 24 heures afin de protester contre les « violations » des droits de la presse par les autorités somaliennes.

Moins de « cirque » au Zimbabwe

Plus que mise à mal en Somalie, la liberté d’expression cherche néanmoins un chemin en Afrique. En témoignent les récentes décisions du gouvernement zimbabwéen. Ce dernier a annoncé lundi 17 décembre 2007, qu’il allait amender ses lois sur la sécurité et les médias, pour les rendre moins répressives. Le pays dirigé depuis 1980 par l’octogénaire Robert Mugabe, figure parmi les plus féroces du continent pour les journalistes. Le contrôle absolu de l’information, coûte que coûte, reste une obsession du président zimbabwéen. Une loi pour réprimer la presse, fermeture du quotidien le plus populaire du pays, brouillage des radios d’opposition : le gouvernement zimbabwéen n’a jamais relâché la pression contre les dernières voix indépendantes du pays…jusqu’à ces projets d’amendements. Sur l’ordre public et la sécurité, l’accès à l’information, la protection de la vie privée et sur les services de radiotélévision.

Ces changements réduiront les pouvoirs de la police lors de manifestations. Les rassemblements ne pourront plus être interdits qu’en cas de risque de violence et les forces de l’ordre devront rencontrer les organisateurs avant de prendre toute décision. Les amendements prévoient également la réorganisation de la commission des médias afin d’y inclure des représentants des syndicats de journalistes, et l’ouverture des ondes radio et télévision à des émetteurs privés. Les trois lois concernées avaient été adoptés par le président Robert Mugabe, après sa réélection controversée en 2002, et avaient servi à museler l’opposition et les médias indépendants. Le principal parti d’opposition, le Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC), les a fréquemment critiquées lors de ses négociations avec le parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF).

Les consciences semblent s’éveiller au Zimbabwe. « La justice zimbabwéenne résiste de plus en plus aux abus de pouvoir du gouvernement », selon le rapport 2007 de RSF sur le Zimbabwe. Ainsi, le 25 septembre, le président du tribunal de Harare a décidé de refuser un troisième report du procès de la radio privée VOP demandé par l’accusation. « Cela devient un cirque », a-t-il déclaré, avant de décider également d’abandonner les poursuites engagées contre les dix membres du directoire de la station. Sept d’entre eux avaient été arrêtés en janvier 2006 sous prétexte qu’ils « possédaient et utilisaient du matériel de transmission sans autorisation ».

Le MDC a qualifié les récentes réformes de « goutte d’eau dans l’océan. Les Zimbabwéens préféreraient une réforme globale plutôt que ces petits amendements ». La bataille continue.

Africa Paradis

Réalisé par Sylvestre Amoussou
Bénin / France, 2007, 1H26
Avec Eriq Ebouaney, Stéphane Roux, Charlotte Vermeil, …

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2033 : les Etats-Unis d’Afrique prospèrent tandis que l’Europe rate son unification et sombre dans la misère. Olivier, ingénieur en informatique sans emploi, vit en France avec Charlotte, institutrice. Comme beaucoup d’autres, le jeune couple décide de faire le grand pas en traversant la Méditerranée illégalement. Arrivés sur la terre du paradis noir, ces nouveaux clandestins sont arrêtés par la police des frontières. Seul Olivier parvient à s’échapper. Tous deux sont victimes du racisme et de l’intolérance. Leur sort dépend d’une lutte politique sans merci entre deux députés : Yokossi, membre du Parti Radical et proche du ministre de l’Intérieur, proclame « l’Afrique aux Africains » ; son ennemi juré, Modibo Koudossou, s’éprend de Charlotte et soutient l’intégration des immigrés, le cœur empli de bons sentiments.

C’est le monde à l’envers. Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, le comédien Sylvestre Amoussou aborde sur un ton léger un sujet qui fait polémique. L’idée de départ, originale, amène à réfléchir sur la condition des sans papiers, auxquels le spectateur s’identifie: emplois subalternes, logements précaires, peur de l’uniforme. Les deux Européens deviennent une proie facile et mettent en lumière des comportements xénophobes fondés sur des préjugés. Néanmoins, la mise en scène ne parvient pas à combler le manque de moyens de ce film à petit budget ; certaines situations, jouées par des acteurs novices, suscitent l’amusement. Faut-il les prendre au second degré ?

L’œuvre de S. Amoussou plonge le spectateur au cœur de l’actualité, dans un contexte où le discours sur l’immigration choisie prend toute son ampleur. Au lieu d’apporter une solution efficace à cette question, les gouvernants ne font qu’accumuler les lois dans ce domaine. L’immigration est donc devenue problématique aux yeux de l’opinion publique, alors qu’elle reste minime à l’échelle européenne. Les immigrés représentent seulement 10% de la population en France. Un taux relativement faible comparé à d’autres Etats de l’Union Européenne.

Un journaliste français enlevé en Somalie

Dimanche 16 Décembre 2007, aux environs de midi, Somalie. Gwenaouel Le Gouil, cameraman français, effectue un reportage sur les immigrants clandestins. Il se trouve dans le Puntland, à environ 70 Km de Bossasso, la ville principale de cette région semi autonome du Nord Est somalien. Le territoire est considéré comme l’une des plaques tournantes du trafic. Il filme les passeurs, lorsque un commando d’hommes armés d’AK-47 le kidnappe. Ils réclament 70 000 $ de rançon.

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Le gouverneur du Puntland, Yusuf Mumin, a affirmé dimanche ne pas détenir d’informations sur l’identité du journaliste enlevé ou le nom du média pour lequel il travaillait. Mais des contacts plus récents, entre le Ministère des Affaires Etrangères français et les chefs de clans locaux, ont confirmé l’identité de Gwen le Gouil. Des liens sont désormais établis avec les ravisseurs pour que le journaliste soit ramené sain et sauf. Selon Ali Abdi Aware, un gouverneur local du Puntland, « une opération est en cours pour le récupérer ».
Gwen le Gouil, jeune journaliste reporter d’images venait de commencer son enquête sur ce trafic. Il avait proposé son sujet à Arte, qui a accepté le projet.
Gwen est diplômé du CUEJ (centre universitaire d’enseignement du journalisme) de Strasbourg. En 2007, il est lauréat du prix Albert Londres audiovisuel, conjointement avec Anne Poiret et Fabrice Launay. Leur reportage diffusé par France 5, portait sur l’assassinat en 2006 de travailleurs humanitaires sri lankais, travaillant pour l’O.N.G. Action contre la faim et intitulé : « Mutter : un crime contre l’humanitaire ». Gwen vient de monter une petite entreprise de production audiovisuelle avec l’un de ses amis, Jean Laurent Bodinier.
Le trafic part des villes de la région du Puntland, situées sur le littoral du golfe d’Aden, face au Yémen. C’est là que les passeurs emmènent les candidats à l’immigration clandestine, dans des barques de fortune. Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés, il y a eu plus de 26 000 migrants en 2006, par ce canal. Ce trafic, géré par la mafia, rapporte 2 à 3 millions de dollars par an. Les enquêtes autour de ce trafic s’étaient multipliées ces derniers temps, gênant les passeurs et leurs commanditaires.

La Somalie victime des convoitises depuis toujours

Interdiction d’émettre pour deux nouvelles radios somaliennes. Le gouvernement en a décidé ainsi le 13 novembre dernier. Pourquoi ? « Nous voulons arrêter toutes les radios qui exagèrent la situation sécuritaire en Somalie », répondent les services de sécurité.
Les faits sont pourtant là. Depuis le 7 novembre, la reprise des combats dans Mogadiscio, la capitale, a fait soixante victimes civiles et provoqué la fuite de plus de 100 000 personnes.

Guerre civile en Somalie, 2006 Le 19 novembre, le conseil de sécurité de l’ONU a souligné « la nécessité de poursuivre activement les travaux préparatoires au déploiement éventuel d’une force de paix ». Ceci malgré l’avis du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Ce dernier a estimé le mois dernier, que compte tenu de la gravité de la situation, l’envoi de casques bleus constitue « pour le moment une option irréaliste et non viable »..
La situation ? Beaucoup de paramètres entrent en jeu et rendent les choses très compliquées. Le contexte géopolitique reste des plus explosifs, mêlant rivalités entre pays voisins et celles internes à la Somalie. Depuis un an, le pays subit les affrontements entre rebelles islamistes et occupants éthiopiens, alliés du gouvernement de transition somalien. Une guerre qui trouve ses racines dans une longue histoire. Celle d’un pays morcelé et revendiqué de toutes parts avant même la colonisation. Les rivalités claniques persistent aujourd’hui, rendant difficile la constitution d’un pouvoir fédéral.

Armée « d’occupation » ou de « libération » ?

Un plongeon dans cette longue histoire s’impose pour tenter de comprendre le chaos somalien. Les difficultés internes en premier lieu. L’Union des tribunaux islamiques (UIT) a pris le contrôle de Mogadiscio en juin 2006, profitant de l’absence d’un gouvernement solide. Ce dernier, replié à Baidoa, dans le sud de la Somalie, n’est pas reconnu à l’intérieur du pays, seulement à l’étranger. Depuis seize ans, suite à la chute du dictateur Saïd Barre, la guerre civile mine la Somalie. Rivalités de clans perpétuelles, principalement entre le nord et le sud du Pays. L’histoire coloniale permet d’éclairer ce conflit. Au 19 ème siècle, l’Angleterre s’est approprié le Nord, l’actuel « Somaliland ». Cette région a été le théâtre d’une longue et sanglante guerre de résistance, accusant un retard économique important par rapport au sud, où l’Italie a beaucoup investi. Plus tard, lors de l’unification du pays dans les années 1960, les frustrations qui en sont nées, ont contribué à déclencher la guerre civile en 1991. L’intervention de l’ONU et des Etats-Unis, en 1993, n’a pas réussi à la stopper.

Au delà de cette guerre interne, les tensions avec l’Ethiopie, l’ennemi héréditaire, minent la Somalie. Cette dernière est intervenue en décembre 2006, contre les insurgés islamistes qui ont alors fui la capitale. Depuis un an, l’Ethiopie soutient militairement le gouvernement de transition somalien contre les rebelles. « Armée de libération et non d’occupation », l’Ethiopie présente ainsi ses troupes. Il règne un sentiment « antiéthiopien », relève pourtant le Monde Diplomatique du mois de novembre 2007. La Somalie à majorité musulmane, possède un lourd passé avec son voisin chrétien. Dès l’époque précoloniale, les deux pays s’affrontent. En 1900, l’Ethiopie annexe l’Ogaden, région désertique de l’ouest qui fait l’objet périodiquement de conflits territoriaux entre les deux États. Aujourd’hui l’Ethiopie entend aider la Somalie, mais au pris de nombreux morts parmi les civils, lors de tirs aux canons dans les quartiers supposés les plus hostiles. Selon le Monde Diplomatique, son armée aurait fait plus de 1700 victimes et plusieurs centaines de milliers d’habitants contraints à l’exode. La population vit mal « l’occupation » de ses voisins de l’ouest, et les rebelles islamistes refusent de négocier avec le gouvernement de transition tant que l’Ethiopie sera présente dans le pays.

La « talibanisation » de la Somalie

Face aux milices claniques qui répandent la terreur, le gouvernement de transition semble incapable de restaurer la sécurité. D’où le souhait de nombreux Somaliens de revenir à la charia, la loi coranique, du temps de l’UTI. « Les rues sont propres, les commerces ont rouvert leurs portes et les gens n’ont plus peur de sortir la nuit. Après seize années de guerre civile, de désordre et de folie meurtrière, les habitants de la capitale connaissent enfin la paix et la sécurité », relève en juin 2006, le quotidien panarabe Al-Quds Al-Arabi. Les islamistes viennent de prendre le pouvoir à Mogadiscio. « Les gens avaient peur des Tribunaux islamiques. Le gouvernement n’a pas le saint Coran, alors les gens n’en ont pas peur », témoigne un somalien dans The Independant, en Juin dernier. Six mois après la chute de l’UTI, les armes ont été ressorties. Le gouvernement de transition, ne parvient pas à établir son autorité et s’appuie sur des troupes éthiopiennes aux méthodes redoutables.
Le Washington-post, souligne que si le calme s’est plus ou moins installé avec les islamistes, les somaliens sont moins libre à cette époque : « les jeunes femmes se sentent obligées de mettre le voile et de dissimuler la moindre mèche de cheveux, le moindre bout de visage. Les garçons, eux aussi, prennent soin de leur coiffure et de leur apparence vestimentaire ».

Les Etats-Unis craignent la « talibanisation » de la Somalie. Ils comparent le pays à l’Afghanistan. Les Etats-Unis cherchent un QG en Afrique dans leur guerre contre le terrorisme. Le commandement militaire unifié qu’ils projettent de créer, l’« Africom », ne devrait être finalisé qu’au milieu de 2008. Alors pour l’instant les Etats-Unis laissent le « sale travail » à l’Ethiopie, selon les terme du Monde Diplomatique. Mais, « le parti pris de Washington en faveur de l’aventure militaire éthiopienne envenime un peu plus la situation», selon le Financial Times en janvier 2007. La presse française aussi ne se prive pas de pointer les Etats-Unis du doigt, les accusant d’attiser le climat de tension qui règne en Somalie. Libération en tête (16 novembre 2007) : « en accusant, il y a un an, les tribunaux islamiques d’être sous la coupe d’Al-Qaeda, l’administration américaine a travesti la réalité et donné un feu vert pour envahir son voisin ». Pire, « plus le conflit dure, et plus les radicaux proche d’Al-Quaeda, s’impose à la tête de l’insurrestion ».

Audrey MONTILLY