Un peu de soul, beaucoup de pop et du rock, passionnément — Top 5 des albums à écouter cette semaine

Haut Courant sélectionne les meilleures sorties des derniers jours. Embarquez à bord, découvrez les pépites passées sur l’auto-radio et montez le volume avec la rédaction.

It’s About Time, Nile Rodgers & Chic

On connaît tous de lui ce rythme entêtant « Le freak, c’est chic ». Vingt-six ans après son dernier album, Nile Rodgers remet le feu au dance-floor. Au programme : des convives exceptionnels au nom de Lady Gaga, Emilie Sandé, Elton John, ou encore Craig David, et du groove. Dès les premières notes, « Till The World Falls » remonte le temps. La guitare de Nile Rodgers, libre et entraînante, nous propulse à la fin des seventies où le funk et disco se mélangent. Avec une pointe de jazz dans « State of Mine (It’s About Time) ». À 66 ans, la machine à tube n’a rien perdu de sa connaissance des riffs. Et les mélodies sont scintillantes, donnant une seule envie : entamer la danse.

Superior State, RENDEZ-VOUS

Le rock français est-il mort ? On aurait tendance à répondre oui — même si ce genre d’affirmation fait débat. Voilà que des Parisiens nous coupent la parole. RENDEZ-VOUS sort un nouvel album post-punk hypnotique. L’opus rock de l’année pour l’hebdomadaire Les Inrocks. Tout commence avec « Double Zero » et « Paralysed », et une basse autant omniprésente que dense. Piste 7, « Middle Class » dénote par une touche plus légère mais conserve cette manière furieuse aussi sombre que lumineuse de « Sentimental Animal ». Les voix quasi spectrales des membres du groupe saupoudrent cette cold wave aux sons carrés, précis. Minimalistes. Une marque de fabrique qui rappelle d’anciens, Depeche Mode notamment. Superior State est un pied de nez au marasme.

Forever Neverland, MØ

Sa réputation est méritée. Après un premier album en 2014 et le succès mondial de « Lean On » l’année suivante (plus de deux milliards de vues sur YouTube), l’artiste danoise brouille encore et toujours les frontières conventionnelles de la pop. Un style qui lui est propre, aux douces influences d’électro et d’indie. Au menu de ce second opus, des chansons sur son passage à l’âge adulte, sur la perte de contrôle d’une jeune star à Los Angeles. Sur ses déceptions amoureuses, aussi. Et puis, des collaborations avec Diplo, Charlie XCX, What So Not, et Two Feet. Parmi les 14 titres, « Way Down » est l’un des plus créatifs, pur et palpitant. Des percussions contagieuses et une voix qui s’amuse. Qui tente même le demi-rap sur « Nostalgia » et se met à rêver sur « Blur ». Preuve que la chanteuse peut sortir de sa rugosité, Forever Land est synonyme d’une pop moderne, colorée et pleine de caractère.

Honey, Robyn

Un peu plus au Nord, il était une fois un talent précoce et suédois. Repérée dès l’adolescence, Robyn revient aujourd’hui avec des mélodies douces et amères pour un public qui l’adore déjà. Après deux albums réussis Robyn (2005) et Body Talk, Honey (2010) était (très) attendu. Huit ans que la chanteuse n’avait pas fait parler d’elle sur les scènes européennes. Conçu avec Alhund et Joseph Mount de Metronomy, son nouvel opus est comme elle. Sincère. Des histoires tendres et intimes (la perte d’un ami et collaborateur, une rupture amoureuse) sur une pop minutieuse, tantôt mélancolique tantôt disco. Résultat ? Un mix parfait entre son univers et sa voix puissante et sensible. On en redemande.

Village, Jacob Banks

Enfin le long format. Le chanteur britannique, roi hybride de la soul et du hip-hop, sort son premier album après de nombreux mini-opus et collaborations. Une ascension méritée au nom de Village. La voix grave de l’artiste se découvre au fil d’une collection éclectique de 14 chansons célébrant… les bars de la capitale anglaise (« Love Ain’t Enough »). Dans ces pubs, Jacob Banks y fit ses preuves. Y loua l’expérience humaine. Les autres. Et c’est ce que tentent « Be Good To Me », « Slow Up » qui appellent à la tolérance, à la bienveillance. Il fait bon vivre, profiter. Prendre le temps aussi de réécouter ses tubes déjà consacrés. Comme « Unknown (To You) ». « Say that you don’t want me, say that you don’t need me. » (Dis moi que tu ne me veux pas / Dis moi que tu n’as pas besoin de moi) Sa voix rauque touche en plein coeur. Dernier conseil de l’artiste : « Stay alive, stay hydrated » !

Bertrand Cantat, l’indésirable

Quatorze ans après le meurtre de sa compagne Marie Trintignant, l’ex-leader de Noir Désir signe un premier album solo, sorti le 1er décembre. Diffuser Bertrand Cantat, un homme au comportement violent envers les femmes ? La question ne laisse personne indifférent. Reportage au sein d’une radio et d’un grand disquaire.

« Et Snoop Dogg ? Il a tué un mec dans le ghetto ! Et pourtant on passe ses chansons sans se poser de questions ! » « Oui mais là Bruno, c’est différent. » À la radio associative montpelliéraine Divergence FM, la discussion est animée entre le programmateur musical, Bruno Bertrand, et son président, Alain Vacquié. Les avis divergent sur une question : faut-il diffuser ou non Bertrand Cantat ?

Quatorze ans après le meurtre de Marie Trintignant, l’ancien meneur du mythique groupe de rock Noir Désir marque un retour musical et médiatique forcément passionnel avec la sortie, début décembre, d’un premier album – « Amor Fati » – sous son propre nom.

Alain Vacquié poursuit. Selon lui, cette comparaison avec le rappeur américain est maladroite. Dans le cas de Cantat, ce n’est pas une histoire de règlement de compte : « La victime est identifiée. C’était sa compagne et il l’a tabassée à mort ! Même si j’aimais ce qu’il fait, je ne le passerais pas. Diffuser ce type, c’est en faire la promotion. Je ne veux pas donner la parole à un assassin ! » « Et lui rapporter du fric… », complète le programmateur. Silence. « Mais il a purgé sa peine… » « Certes, mais là, il y a un problème de déontologie ». Un problème qui s’inscrit dans un contexte d’une ampleur inédite.

Un nom qui ne passe pas

Le retour en solitaire de Cantat, sur fond d’affaire Weinstein et de libération de la parole des femmes sur les questions de violence et harcèlement sexuel, invite à la réflexion. N’y aurait-il pas une contradiction à valoriser un homme dont la brutalité envers la gente féminine a été avérée, au moment de discours politiques prononcés à la suite de ces révélations en cascade ?

« Dans ce cas, la question doit aussi se poser pour Joey Starr ? » qui a frappé une hôtesse de l’air à Montpellier et a été [condamné à plusieurs reprises à de la prison ferme pour violences conjugales, ndlr], questionne le salarié. « Tu as lu l’interview de Cantat dans Les Inrocks ? Il ose se faire passer pour une victime ! À sa place, je me ferais oublier ! », rétorque Alain Vacquié. « C’est vrai… », concède Bruno Bertrand. Silence. « En fait, c’est toute la difficulté de savoir s’il faut distinguer l’homme de l’artiste, continue-t-il. C’est tellement compliqué de répondre par oui ou par non, d’avoir un avis tranché. C’est un débat sans fin ». Quoi qu’il en soit, concernant Bertrand Cantat, les choses sont claires depuis le début pour le programmateur musical : « Je ne le passerai pas puisque musicalement, je n’aime pas ».

Pratique. Mais si c’était l’inverse ? « Je ne sais pas… Je ferais probablement du cas par cas. Je ne diffuserais pas les chansons dans lesquelles il ferait référence à son crime de façon détournée ». Un potentiel conflit musicalo-éditorial avec le président de la radio ? Non car « je garde mon opinion personnelle pour moi, explique ce dernier. Je n’aurais pas empêché Bruno de le diffuser. C’est à l’appréhension de chacun. Mais il faut se poser la question. »

Ce qui est certain, c’est qu’elle ne se pose pas pour Noir Désir : « Aucun problème ! ». Les deux hommes sont au diapason. « Noir Désir, ce n’est pas Bertrand Cantat », un nom synonyme de violence. Un nom qui ne passe pas. Le noeud du problème.

Et côté disquaires, les cas de conscience ont-ils été similaires ? Direction la Fnac de Montpellier.

« Oui, je me suis posé la question »

Rayon musique. Le rockeur ne figure ni dans les « Nouveautés », ni dans les « Idées cadeaux ». Peut-être sera-t-il parmi « Les 10 albums de l’année sélectionnés par les disquaires de la Fnac » ? Bingo. Il faut tout de même balayer du regard les deux étages du présentoir avant de tomber sur la pochette aux nuances sombres. Sur une étiquette descriptive du produit – qui a été cachée derrière celle de U2 – un paragraphe de quelques lignes : « Bertrand Cantat effectue un retour très attendu avec ce nouvel album solo (…). Cet opus, qui n’échappera pas à la polémique, met le doigt sur plusieurs sujets politiques ».

Un aveu implicite de la légitimité du débat ? « Oui je me suis posé la question, avoue, un peu hésitante, l’une des deux responsables du rayon musique qui préfère conserver l’anonymat. Ou je ne mets pas du tout l’album, ou bien je le mets en rayon, mais pas surexposé. Là, il est simplement à la vente » [La Fnac ne donne aucune consigne nationale quant à la disposition des rayons de chaque magasin et laisse carte blanche à ses vendeurs, ndlr]. Sourire gêné, un hochement de tête, comme si elle en avait déjà trop dit. « Mais je ne dirai rien de plus, je suis désolée ».

On retrouve également l’album au rayon «Variétés françaises ». L’unique place qu’il y occupe à la cinquième rangée est loin d’être avantageuse. Pour Cantat, tourner une page noire de sa vie par la grâce du public ne reste pour l’heure qu’un simple désir.

Sorties de la semaine n°4 : Wu Lyf et Neil Young

Tour d’horizon et sélection des disques qui font l’actu cette semaine – et feront peut-être l’histoire demain. Aujourd’hui, HautCourant a choisi Wu Lyf et Neil Young. En bonus, un concert à emporter de Thurston Moore.

Sorties de la semaine n°3 : Thurston Moore, Efrim Menück et Herman Düne

Tour d’horizon et sélection des disques qui font l’actu cette semaine – et feront peut-être l’histoire demain. Aujourd’hui, HautCourant a choisi Thurston Moore, Herman Düne et Efrim Menück.

Sorties de la semaine n°2 : Gang Gang Dance et AC/DC

Tour d’horizon et sélection des disques qui font l’actu cette semaine, et feront peut-être l’histoire demain. Cette semaine, HautCourant sélectionne Gang Gang Dance et AC/DC. En bonus, Twin Shadow et Mickaël Miro.

Tandis que Johnny n’a même plus la cote, nos mains rendues moites par la chaleur étouffante de ce weekend quasi-estival passent en revue les nouveaux albums de la semaine. Deux solutions sont à envisager : que ceux qui veulent continuer à siroter leur Mojito tout en plongeant dans l’extatique se laissent aller sur Gang Gang Dance, pendant que les autres feront du « headbanging » en écoutant les plus très chevelus AC/DC. Troisième voie, se marrer devant une vidéo de Mickaël Miro, nouvel avatar de la variété made in France.

Gang Gang Dance – Eye Contact

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«I can hear everything» est la phrase d’ouverture d’un disque bien barré, concocté par des New Yorkais amateurs de synthés et de percussions. S’en suit un premier morceau de onze minutes, Glass Jar, au commencement bruitiste, avant que viennent s’ajouter, par couches successives et suggestives, chaque instrument, puis la voix étonnante de Lizzi Bougatsos. Déjà, après ça, on est scotché. La suite de l’album ne déçoit pas, offrant une musique expérimentale, psychédélique et contemplative. Avant d’être totalement happés dans les limbes, Gang Gang Dance nous ramène à la vie et nous offre, en guise de clôture, un second morceau d’anthologie, Thru and Thru, dont les percussions achèvent de nous rendre zinzins, sans énergie mais prêt à recommencer le voyage. Ci-dessous, le morceau en question, Thru and Thru :

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AC/DC – Live at River Plate

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D’accord, AC/DC, c’est un peu répétitif. D’accord, ça fait quelques années qu’ils nous vendent le même concert-spectacle rôdé au millimètre près. D’accord, mais AC/DC est un monument dédié au dieu Rock & Roll ! Dès lors, peut-on décemment snober la sortie d’un CD-DVD live exhibant les rafales de riffs d’Angus Young ? Pas sûr. Et cette fois, le dispositif est impressionnant : pas moins de 32 caméras HD pour filmer le show des Australiens à Buenos Aires en décembre 2009. Au menu, les classiques du groupe, Highway to hell, Hells Bells, Let There be rock, T.N.T., Rock N roll train… Et voici Thunderstruck, juste pour le plaisir d’avoir l’air bête en gigotant devant son écran d’ordinateur :

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À noter que le groupe a prévu de ressortir en juin 2011 leur live mythique, Let There be Rock, issu d’un concert enregistré en 1979 à Paris, deux jours avant la mort du premier chanteur Bon Scott. Les fans aiguisent leur chéquier…

Bonus – Twin Shadow et Mickaël Miro

On commence par une vidéo de Twin Shadow, dont l’album Forget, sorti fin 2010, est un véritable hommage à la New Wave. Avec sa coupe de cheveux improbable, Twin Shadow, de son vrai nom George Lewis Jr., redonne ses lettres de noblesse à un courant musical trop souvent ringardisé. Ici, il interprète I can’t Wait lors de l’émission Late Night with Jimmy Fallon, sur NBC :

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Enfin, puisqu’il faut bien rire un peu, nous n’avons pas pu ne pas voir Mickaël Miro, dont l’album sort cette semaine. Juste comme ça est son titre. Sur la fiche Amazon de l’artiste, la promotion du disque fait déjà sourire : «Un monde que Mickael Miro grave pour la première fois sur un single « L’horloge tourne », séduisant immédiatement un public avide d’artiste authentique. Mickael Miro enchaîne les premières parties d’artistes comme : «Florent Pagny, Calogero, Stanislas» où son single fait chavirer de bonheur un public conquis !» Rien que ça. Avec une jaquette digne des meilleurs Frédéric François – Mickaël est-il miro pour avoir laisser passer ça ? – et des chansons aux titres évocateurs, tels Laisse moi m’en aller ou Mon amour de dictateur, on croirait presque à un canular. Non, il s’agit d’un « artiste authentique ». Pour preuve, cette reprise de No Woman No Cry en version acoustique – original non ? – suivie d’un de ses titres, Ma scandaleuse. Le défi est lancé : ne pas sourire. Essayez, « Juste comme ça » :

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Sorties de la semaine : Fleet Foxes et Mick Harvey

Tour d’horizon et sélection des disques qui font l’actu cette semaine, et feront peut-être l’histoire demain. Aujourd’hui, Hautcourant a choisi pour vous Fleet Foxes et Mick Harvey.

Difficile de faire son choix parmi tous ces disques qui inondent les bacs chaque semaine. Difficile de contourner le matraquage promotionnel de certains d’entre eux. Ainsi, nous n’évoquerons pas, ici, les albums de Jennifer Lopez, Mélanie Laurent ou Catherine Ringer. On a mieux en stock.

Fleet Foxes – Helplessness Blues

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Emmené par Robin Pecknold, le groupe originaire de Seattle porte très haut le drapeau de la folk music. Signés sur Sub Pop, label culte pour avoir sorti le premier album de Nirvana, Bleach, en 1989, les zigotos de Fleet Foxes, en l’espace d’un EP en 2008 – Sun Giant – et d’un album éponyme la même année, se sont imposés comme les dignes héritiers du Crosby Still Nash & Young et des Beach Boys à la fois. Rien que ça. Ci-dessous, Mykonos, titre extrait de Sun Giant. Plaisir immédiat :

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Avec Helplessness Blues, Fleet Foxes confirme son ambition, accentue le côté folk avec une place plus importante accordée aux guitares – jouissives sur les titres Sim Sala Bim et Helplessness Blues. Toujours emportés par la voix aérienne de Pecknold, amplifiée par une réverbération façon cathédrale, la réussite est totale. Sûrement le disque de l’année. Ci-dessous, un extrait de l’album, avec le morceau-titre Helplessness blues :

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Mick Harvey – Skecthes from the book of the dead

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Son nom ne vous dit sûrement pas grand chose, et pourtant, son parcours est exceptionnel. L’Australien de 53 ans, en effet, a été jusqu’en 2009 le compère de Nick Cave, notamment au sein des Bad Seeds et de leur batterie d’albums cultissimes, tels Your funeral… My trial ou bien Tender Prey. En solo, le multi-instrumentiste a composé de nombreuses BO de films, en particulier pour John Hillcoat. Hillcoat qui réalisera le western The proposition, sur un scénario de… Nick Cave. Eh oui, les deux sont vraiment inséparables. Harvey a également sorti deux albums de reprises de Gainsbourg en anglais. Il est aussi l’auteur d’une magnifique reprise d’Out of time man de la Mano Negra, utilisée dans la série Beaking bad. Voici :

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Aujourd’hui, Mick Harvey sort Sketches from the book of the dead, dont le thème est dans le titre : le deuil. Avec sa voix de crooner qui n’est pas sans rappeler Stuart Staples des excellents Tindersticks, avec des mélodies rappelant parfois Johnny Cash, Harvey livre un album intimiste et pas si triste que ça. Un album que Nick Cave aurait très bien pu composer. Une oeuvre personnelle que l’on écoute seul.

Neïman, fais nous danser !

A l’occasion de la sortie de son second album « Fils du peuple », Hautcourant est allé à la rencontre d’un artiste à part : Neïman, double disque d’or.

Neïman a sorti son premier album Destiny en 2006 et son premier single Viens dans la foulée. A chaque fois, le succès est au rendez-vous. Il enchaine les tubes : Fais moi danser« . Il se fait remarquer par ses goûts éclectiques qui métissent son reggae de dance hall, de pop, de r&b, et de toutes les musiques locales des îles. Il aime voyager, il aime la découverte. Avec son goût passionné pour la musique et cette motivation inébranlable, il se retrouve classé N°1 au Surinam. Nommé aux Victoires de la Musique Guyanaise, Neïman remporte la catégorie « Meilleur Single Urbain ». Avec Shym pour le featuring Femme de Couleur, il a été double disque d’or. Cet artiste talentueux ne pense pas s’arrêter à mi-chemin. Il sort son deuxième album en mai 2010 intitulé Fils du peuple. Retour sur un parcours fulgurant.

L’influence de ses origines

Neïman n’oublie pas d’où il vient et qui il est. Il garde les pieds sur terre. Il veut, avant tout, représenter la Guyane dont il est originaire, à travers l’esprit et la langue, le taki taki. Comme il a pu le dire : « C’est la langue des hommes des forêts, le long du fleuve Maroni, mélange de créole anglais et de mots indiens. J’y ai mis un peu de français et d’anglais, pour que les gens saisissent mieux. Alpha Blondy ou Youssou N’Dour ont réussi à s’imposer à travers le monde en chantant dans leur langue. J’espère que le public aura envie de découvrir ma langue et ma culture, qu’il sera curieux. Personne n’a jamais chanté dans ce dialecte parlé au Surinam et en Guyane, je veux ouvrir une porte [[http://www.sonymusic.ch/Neiman/Biographie]]. » D’ailleurs, son nom reflète ce choix de rester proche des siens. Pas de surnom, pas de pseudo mais son vrai prénom. Le prénom Neïman vient de sa langue maternelle, le Bushi Nengué qui signifie littéralement « l’homme de la forêt ».

Sa passion pour la musique

Neïman aime ce qu’il fait et cela dure depuis des années. Lorsqu’on lui demande à quel âge il a commencé la musique, il nous répond : « je ne peux pas dire vraiment à quel moment j’ai commencé. J’ai toujours aimé la musique et je chantais un peu partout dans mon cercle familial et chez mes amis. C’est à partir de 20 ans que j’ai commencé à écrire mes propres chansons et à me produire devant un public.» Il reste fidèle à lui-même, simple et ne cherchant pas à vanter ses mérites. Le nombre de disques qu’il a pu vendre, il ne le connaît pas : « je n’ai aucun chiffres, il faut demander à Sony pour ça ! (rires) ».

Une motivation inébranlable

A-t il connu des difficultés ? Il n’a pas eu une enfance très rose : il fait parti d’une famille nombreuse, dix enfants. Son père disparaît tôt et il se retrouve en foyer d’accueil et change souvent de familles. A 17 ans, il décide de partir avec le peu d’économies qu’il a pu obtenir. Comme il le dit: « oui,j’ai pas mal galéré en cumulant les petits boulots tout en me rendant disponible pour faire ma musique, créer etc… J’ai travaillé dur pour ça. J’allais sur tous les plans concert avec différentes équipes. J’ai même eu des expériences de groupes. Puis, en 2005, j’ai eu un premier bol d’air. Après, même quand le succès était au rendez-vous avec mes singles, je n’ai pas lâché l’affaire pour autant. Je ne me suis pas reposé. J’ai même mis les bouchées doubles. J’essaie de garder la tête froide quoiqu’il arrive. Dans ce milieu, si vous voulez durer, il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers. Je garde cet état d’esprit pour évoluer. » C’est au travers de toutes ces difficultés qu’il a puisé sa motivation première. Il a tout fait pour atteindre son but, et vis cela comme « une destinée et en faisant tout pour y arriver. »

Un artiste modeste

Neïman ne prétend pas être un modèle pour les jeunes, modestie oblige ! : « je ne suis pas vraiment dans ces délires en fait. J’essaie juste de donner le meilleur de moi-même dans ce que je fais et si ça peut en inspirer certains et éviter de tomber dans les histoires, je suis comblé. » Mais ce qu’il peut conseiller c’est de « travailler dur, s’accrocher parce que c’est loin d’être facile. J’estime avoir de la chance. Je connais beaucoup d’artistes qui sont très talentueux mais qui ne s’en sortent pas et ne vivent pas de la musique. »

Ses choix artistiques

Quant on lui demande de définir sa musique en deux mots, il choisit : « universelle et tropicale ». Déjà Sony parlait de lui comme d’un « artiste urbain francophone à dimension internationale.» Il aime voyager et c’est ce qui ressort de ses chansons, un désir de tout métisser. Il a été influencé par « La soul et le reggae essentiellement, j’aime bien la Pop aussi. Pas d’artistes particuliers, je fonctionne pas mal à la mélodie. ». Il a pu s’allier à ceux qu’il appelle, « ses deux collaborations symboliques : Sizzla et Don Corleon ». Mais, il aimerait pouvoir travailler avec tout un tas de personnes tels que « Sean Paul, Jah Cure, John Legend, Seal ». Les messages qui ressortent de ses chansons ? « Un peu de tout. L’essentiel pour moi c’est le partage avec les gens qui me soutiennent et me suivent. On me connaît pour des thèmes parfois légers comme la danse, les filles, etc.., car on a aussi besoin de décompresser. Mais, j’aime aussi aborder des thèmes plus intimes et personnels comme la famille, l’amour, l’unité, ou le passé. Tout ce qui fait la vie quoi ! Tout en évitant de faire la morale. Du moins j’essaie. Je ne me sens pas une âme de prophète, celui qui a la bonne parole. Je n’ai pas envie de saouler les gens en fait, on a tous nos soucis. »

Un nouvel album qui sort en mai 2010

Dès mai 2010, il sort son deuxième album « Fils du peuple ». Que signifie ce titre ? « Je viens du ghetto, je sais ce que c’est de galérer, je connais trop bien cette vie et ça me touche de voir les miens galérer pour s’en sortir ou ne serait-ce que boucler le mois. Comme je le dis dans la chanson éponyme, je n’oublie pas mes racines, ni mon vécu et encore moins ma famille. Tout ça fait l’homme que je suis aujourd’hui. C’est ce qui fait ma force. Cet album s’appelle ainsi car je le dédicace à tous ces gens, à tous les miens. » Il fera d’ailleurs une chanson à sa mère. Il n’a ménagé aucun effort pour son nouveau bébé. « Ce projet, c’est moi 100%. J’ai tout réalisé de A à Z. J’ai choisi les gens avec qui je voulais travailler. Il y a eu de belles rencontres. Personnellement, j’ai l’impression qu’il est plus abouti que le premier album pour le coup. On y retrouve le meilleur de mes influences, des morceaux new soul, des chansons acoustiques, un peu de R&B mais pas trop cliché, des sons soleil, il y a pas mal de morceaux dance hall. Chose qu’on n’avait pas dans le premier album. Et puis, un peu de hip hop. Je pense qu’il y en a vraiment pour tous les goûts et j’espère que les gens apprécieront cet univers cosmopolite qui est le mien. »

Au-delà de son talent et de son succès Neïman surprend surtout par sa simplicité, sa persévérance et on comprend mieux qui il est : ce « fils du peuple » .