It’s About Time, Nile Rodgers & Chic
On connaît tous de lui ce rythme entêtant « Le freak, c’est chic ». Vingt-six ans après son dernier album, Nile Rodgers remet le feu au dance-floor. Au programme : des convives exceptionnels au nom de Lady Gaga, Emilie Sandé, Elton John, ou encore Craig David, et du groove. Dès les premières notes, « Till The World Falls » remonte le temps. La guitare de Nile Rodgers, libre et entraînante, nous propulse à la fin des seventies où le funk et disco se mélangent. Avec une pointe de jazz dans « State of Mine (It’s About Time) ». À 66 ans, la machine à tube n’a rien perdu de sa connaissance des riffs. Et les mélodies sont scintillantes, donnant une seule envie : entamer la danse.
Superior State, RENDEZ-VOUS
Le rock français est-il mort ? On aurait tendance à répondre oui — même si ce genre d’affirmation fait débat. Voilà que des Parisiens nous coupent la parole. RENDEZ-VOUS sort un nouvel album post-punk hypnotique. L’opus rock de l’année pour l’hebdomadaire Les Inrocks. Tout commence avec « Double Zero » et « Paralysed », et une basse autant omniprésente que dense. Piste 7, « Middle Class » dénote par une touche plus légère mais conserve cette manière furieuse aussi sombre que lumineuse de « Sentimental Animal ». Les voix quasi spectrales des membres du groupe saupoudrent cette cold wave aux sons carrés, précis. Minimalistes. Une marque de fabrique qui rappelle d’anciens, Depeche Mode notamment. Superior State est un pied de nez au marasme.
Forever Neverland, MØ
Sa réputation est méritée. Après un premier album en 2014 et le succès mondial de « Lean On » l’année suivante (plus de deux milliards de vues sur YouTube), l’artiste danoise brouille encore et toujours les frontières conventionnelles de la pop. Un style qui lui est propre, aux douces influences d’électro et d’indie. Au menu de ce second opus, des chansons sur son passage à l’âge adulte, sur la perte de contrôle d’une jeune star à Los Angeles. Sur ses déceptions amoureuses, aussi. Et puis, des collaborations avec Diplo, Charlie XCX, What So Not, et Two Feet. Parmi les 14 titres, « Way Down » est l’un des plus créatifs, pur et palpitant. Des percussions contagieuses et une voix qui s’amuse. Qui tente même le demi-rap sur « Nostalgia » et se met à rêver sur « Blur ». Preuve que la chanteuse peut sortir de sa rugosité, Forever Land est synonyme d’une pop moderne, colorée et pleine de caractère.
Honey, Robyn
Un peu plus au Nord, il était une fois un talent précoce et suédois. Repérée dès l’adolescence, Robyn revient aujourd’hui avec des mélodies douces et amères pour un public qui l’adore déjà. Après deux albums réussis Robyn (2005) et Body Talk, Honey (2010) était (très) attendu. Huit ans que la chanteuse n’avait pas fait parler d’elle sur les scènes européennes. Conçu avec Alhund et Joseph Mount de Metronomy, son nouvel opus est comme elle. Sincère. Des histoires tendres et intimes (la perte d’un ami et collaborateur, une rupture amoureuse) sur une pop minutieuse, tantôt mélancolique tantôt disco. Résultat ? Un mix parfait entre son univers et sa voix puissante et sensible. On en redemande.
Village, Jacob Banks
Enfin le long format. Le chanteur britannique, roi hybride de la soul et du hip-hop, sort son premier album après de nombreux mini-opus et collaborations. Une ascension méritée au nom de Village. La voix grave de l’artiste se découvre au fil d’une collection éclectique de 14 chansons célébrant… les bars de la capitale anglaise (« Love Ain’t Enough »). Dans ces pubs, Jacob Banks y fit ses preuves. Y loua l’expérience humaine. Les autres. Et c’est ce que tentent « Be Good To Me », « Slow Up » qui appellent à la tolérance, à la bienveillance. Il fait bon vivre, profiter. Prendre le temps aussi de réécouter ses tubes déjà consacrés. Comme « Unknown (To You) ». « Say that you don’t want me, say that you don’t need me. » (Dis moi que tu ne me veux pas / Dis moi que tu n’as pas besoin de moi) Sa voix rauque touche en plein coeur. Dernier conseil de l’artiste : « Stay alive, stay hydrated » !