VIE LOCALE – Sept réunions de quartier pour faire entendre la voix citoyenne

Dans un esprit de démocratie participative, sept réunions de quartier auront lieu entre le 9 et le 31 octobre dans tout Montpellier. L’occasion pour ses habitants de prendre la parole.

La Ville de Montpellier organise, du 9 au 31 octobre, une réunion dans chaque quartier que compte la commune, au nombre de sept, afin de rendre compte des projets réalisés et discuter de ceux à venir. Chacun pourra en prendre ainsi connaissance et faire part de ses remarques et suggestions.

Depuis leurs mises en oeuvre en 2015, ces rencontres annuelles ont pour vocation de donner la parole aux citoyens et renouer avec la proximité et la transparence dans la gestion de la ville et dans la vie politique locale.

Quartier Croix d’Argent
Lundi 9, à 18h, à la Maison des Rapatriés, 31 rue Emile-Charlier dit Alain

Quartier Écusson
Mercredi 11, à 18 h à la salle Pagezy, Place Francis-Ponge

Quartier Hôpitaux Facultés
Jeudi 12, à 18 h, au gymnase René-Bougnol, 1 000 avenue du Val de Montferrand

Quartier Port Marianne
Mardi 17, à 18 h, à la Maison pour Tous Melina-Mercouri, 842 rue de la Vieille Poste

Quartier Prés d’Arènes
Mercredi 18, à 18 h, à la Maison pour Tous Escoutaïre, 67 rue des Razeteurs

Quartier Cévennes
Jeudi 19, à 18 h, au gymnase Ostermeyer, 1 161 rue de la Las Sorbes

Quartier Mosson
Mardi 31, à 18 h, à la Maison pour Tous Léo-Lagrange, 155 rue de Bologne

Pour l’Institut des Citoyens : « l’expression est le début du changement »

Victor Kahn est étudiant en licence de science politique à l’Université de Montpellier. Après plusieurs années de vie associative, il décide de créer l’Institut des Citoyens, un réseau d’évènements citoyens. À l’heure où les primaires s’affirment dans la vie politique française, il estime que la citoyenneté est aujourd’hui « un savoir vital pour le vivre ensemble ». Il répond aux questions d’Haut Courant.

En quoi consistent ces évènements ?

On organise des agoras, où des citoyens peuvent venir exprimer leurs volontés et leurs avis. À partir du débat, on réalise des propositions concrètes au niveau local, que l’on transmet au député. L’Institut des Citoyens met aussi en place des simulations parlementaires où chaque citoyen devient député. Nos réunions sont participatives. Nos adhérents s’expriment, débattent et font la loi. Les joutes oratoires sont aussi un moment convivial où chacun peut venir travailler l’argumentation sur le fond et la forme.
Je sens ce besoin des citoyens. Des personnes me disent qu’ils ne se sentent pas écoutés par les politiques.

Pourquoi avoir décidé de créer l’Institut des Citoyens ?

L’association existe dans différentes grandes villes de France depuis 2016 : Paris, Lyon, Nantes, Aix-en-Provence et Montpellier. On voulait proposer des événements pour tous les citoyens, en dehors du milieu étudiant.
Personnellement, c’est très fatigant de mêler vie étudiante et vie associative mais je travaille dans l’intérêt commun, je me sens utile de faire ça. Dans l’associatif, on a vraiment un impact réel, en discutant avec les autres. Sur les réseaux sociaux, on a tendance à être enfermé dans un cercle d’amis, souvent proches de nos idées. Dans certaines associations de débats, ils sont toujours d’accord entre eux. Dans notre association, le débat fait la richesse des échanges. Du débat unilatéral, on n’apprend rien.
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Combien de personnes participent aux évènements ?

À Montpellier, on est un noyau dur d’une soixantaine de personnes. On s’efforce de mener des débats sans pression sociale. On va mettre en place des conférences : ça se développe bien. Je suis très surpris, que d’un petit projet entre amis, on puisse arriver à faire une association nationale assez conséquente. Je n’ai pas forcément d’objectif pour la suite, j’aimerais avoir d’autres sections qui se montent en France. Il y a besoin de débats citoyens dans des villes plus petites.

D’où viennent ces personnes ?

Elles sont jeunes ou retraitées. On essaie d’aller à leur rencontre en variant les lieux des réunions. À Montpellier, on veut aller aussi dans des quartiers dits « sensibles ».
On a vocation à toucher tous les citoyens, on a la chance d’avoir des jeunes mais on est content de travailler avec des associations de retraités. Généralement, on cherche à brasser toutes les catégories d’âge, toutes les catégories sociales. L’expression est le début du changement.

Est-ce que vous menez d’autres actions ?

On prévoit des ateliers pour les enfants sur la citoyenneté.Tout au long de notre scolarité, on reste assez passif concernant l’apprentissage du vivre ensemble. Au collège, on veut être dans le concret : on prévoit de leur faire rédiger la charte de leur établissement par exemple. On veut leur parler des droits civiques en France et ailleurs dans le monde, de science politique pour leur donner les outils de compréhension. Les jeunes ont besoin de pratiquer la citoyenneté.

L’Institut des Citoyens se réunit plusieurs fois par mois, vous pouvez les retrouver sur leur page Facebook.

À Montpellier, la jeunesse s’engage dans des « maraudes citoyennes »

En France, 3,8 millions de personnes souffrent de mal-logement. 1 141 500 sont sans domicile fixe. Montpellier compte un nombre important de sans-abris, qui espèrent passer un hiver plus doux. Pour essayer de rendre leur situation plus supportable, différentes associations viennent à leur rencontre dans les rues du centre-ville. Parmi elles, l’association Jeunesse s’engage. Tous les mercredis et jeudis, les jeunes bénévoles de cette association organisent des maraudes citoyennes.

« Recréer du lien. » Maxime et Marguerite, coordinateurs des maraudes citoyennes de l’association Jeunesse s’engage, répètent cet objectif tel un mantra aux participants du jour. Il est 18h30 et, comme tous les mercredis, ils sont arrivés plus tôt à l’Espace Martin Luther King de Montpellier pour préparer la marche de ce soir. C’est à ces deux étudiants que Thierry, le président de Jeunesse s’engage, a proposé de prendre en charge l’organisation des maraudes. Répartir les denrées que les maraudeurs ont apporté, prévoir les groupes, les circuits, inscrire le nom des bénévoles présents… Ils ont de quoi s’occuper.

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Les jeunes engagés ont découvert les maraudes par le bouche à oreille. Ils ont entendu parler de l’association grâce à des amis ou en classe. Les maraudes, « c’était d’abord le cercle proche de Thierry, explique Maxime. Parce que les initiatives comme ça, ça vient toujours des cercles personnels, des cercles proches et vraiment le but c’est de pouvoir mener ce projet avec d’autres jeunes. » Aujourd’hui, « le cercle » s’est élargi à une trentaine d’étudiants. Des habitués comme des nouveaux, tous venus dans le but de partager avec l’autre. Les maraudes ont de plus en plus de succès et l’organisation en devient, de fait, plus compliquée. Le nombre de bénévoles peut effrayer certains sans-abris et rend l’échange plus difficile. Des jeunes du groupe ont par conséquent décidé d’ouvrir une seconde maraude, le jeudi.

Avant de partir arpenter les rues du centre-ville, Maxime rappelle les principes de l’association. « Jeunesse s’engage prône l’engagement citoyen. On permet aux jeunes de s’engager dans la vie en communauté, par des actions symboliques, par la réflexion, et tout ça a pour but d’éveiller les consciences. Pour nous, la citoyenneté est le fait d’être bienveillant les uns envers les autres, et les maraudes citoyennes c’est un moyen d’action ». Comme tous les soirs, Maxime détaille le déroulement de la soirée pour les nouveaux venus. « On va à la rencontre des plus démunis, humblement. On leur propose des boissons chaudes, des sandwichs. On peut leur serrer la main, se mettre à leur hauteur pour leur parler. » Il répète une fois de plus l’objectif de ces maraudes : « recréer du lien ».

« En dehors de la nourriture dont ils ont besoin, de la chaleur et des vêtements, ils avaient besoin qu’on les écoute et qu’on pense à eux »

La nuit commence à tomber, il est temps de quitter le local. Les maraudeurs se divisent en deux groupes et prennent des chemins différents. Le premier s’oriente vers la gare tandis que le second prend la direction de la rue de la Loge, en plein centre-ville. Maxime et Marguerite veillent à ce que les groupes ne soient pas trop importants. Au-delà de la simple distribution alimentaire, les jeunes maraudeurs viennent pour partager un moment avec ces sans-abris. « Je me suis aperçu aussi qu’en dehors de la nourriture dont évidemment ils ont besoin, de la chaleur et des vêtements etc…, ils avaient besoin qu’on les écoute et qu’on pense à eux, explique Simon, bénévole depuis septembre. Le fait qu’on soit là c’était pas juste leur donner à manger mais c’était aussi être un peu avec eux. »

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Le contact et les liens qui se créent avec les plus démunis est une des raisons qui fait revenir, inlassablement, les bénévoles. « Quand je suis venue pour la première maraude, j’ai vu Maxime et Cyril [un sans-abri] se faire un câlin, se souvient Juliette, étudiante en science politique. Enfin, pas vraiment un câlin mais une poignée de main très sincère, chaleureuse. Je me suis dit qu’il y avait un vrai lien qui pouvait se créer, c’est aussi pour ça que je viens. » Dans une atmosphère propice à l’échange, les sans-abris se confient parfois. Ils apprécient l’initiative, d’autant plus de la part de jeunes bénévoles. Pour Ben et Mégane, un couple de SDF de la même génération que les maraudeurs, « ça fait plaisir de voir que des gens s’intéressent à nous et nous viennent en aide, surtout quand c’est des jeunes. »

« L’engagement que prennent les maraudeurs avec Jeunesse s’engage n’est pas anodin »

Ben et Mégane sont arrivés à Montpellier il y a quatre mois. Tous les deux se sont rencontrés à Avignon. Ils préfèrent être ici, où « il est possible de faire beaucoup de rencontre, les gens ont une meilleure mentalité. Il y a des gens qui viennent de partout. Il fait chaud et il y a des teufs. » Si la ville est attractive pour les sans-abris, le tissu associatif n’y est pas pour rien. D’après eux, « avec toutes les associations qu’il y a à Montpellier, c’est impossible de ne pas manger. » Ben, un grand blond au sourire ravageur, est un ancien militaire. Tombé dans la drogue, il a tout perdu. Ce qui le préoccupe le plus dans la rue, c’est que « [sa] femme et [son] chien mangent ». Propres sur eux, les passants leur demandent ce qu’ils font dans la rue lorsqu’ils font la manche. Ils occupent actuellement un squat mais ont entrepris des démarches pour s’en sortir. Ils espèrent trouver un logement dans les six mois à venir. Beaucoup de sans-abris que rencontre la maraude sont dans cette situation. Au-delà de la distribution alimentaire, Jeunesse s’engage souhaite les aiguiller dans les démarches à suivre et les orienter vers des structures pouvant les aider à se loger décemment.

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Aux alentours de 21h, les bénévoles continuent de discuter avec des sans-abris. La distribution devait s’achever une demi-heure plus tôt, mais les jeunes engagés ralentissent l’allure. Ils semblent bénéficier de ces maraudes autant, si ce n’est davantage, que leurs interlocuteurs. Les deux groupes se rejoignent finalement sur la Comédie. Sous les lumières qui éclairent l’Opéra, les maraudeurs échangent quelques informations sur les personnes rencontrées, les denrées distribuées. Cet attroupement attire souvent quelques sans-abris que la maraude n’a pas croisé sur son chemin. « Vous avez besoin de quoi ? Il nous reste quelques sandwichs. » «Merci les gars, continuez ce que vous faites. » Après cet échange, Maxime et Marguerite prennent la parole. L’occasion pour eux de rappeler que «l’engagement [que les maraudeurs prennent] avec Jeunesse s’engage n’est pas anodin». Tout le monde se quitte, la plupart reviendront mercredi prochain.

Daniel Cohn-Bendit : « Je suis un utopiste réaliste »

Europe Écologie avait rendez-vous avec ses militants, ce mercredi 17 février 2010. C’est après trois heures de meeting et un discours plein de ferveur que Daniel Cohn-Bendit répond aux questions d’Haut Courant… avec le sourire et en toute simplicité.

Comment faites-vous pour conserver cette ferveur après 30 années de politique ?

Mon secret : j’aime la politique. J’aime penser le changement, faire bouger les lignes. Je suis là pour jouer mon rôle d’utopiste lucide et réaliste. Ce que j’aime en politique, c’est de prendre des risques. Nous savons tous qu’il y a des dangers, mais l’essentiel est de gouverner autrement. La politique se fait ensemble, ou ne se fait pas. Ensemble, pensons radicalement et transformons quotidiennement.

En tant que député européen, pensez-vous que des ponts peuvent-être établis entre l’Europe et les régions ?

Oui. Je crois qu’il y a des tas de projets régionaux qui peuvent être financés par des fonds européens. A l’heure actuelle, ce n’est pas le cas et c’est dommage. Il faut que les élus régionaux se rapprochent des élus européens et trouvent un projet et des moyens ensemble : formuler un projet régional au niveau européen. Par exemple, dans certaines régions, 14% des projets ferroviaires sont financés par l’Europe. C’est trop peu. Pour que cela fonctionne, il faut qu’il y ait une coopération des régions et un projet collectif. Pour le moment, il n’y a pas de cohérence entre l’ensemble des régions. Nous devons casser cet égoïsme régional.

Quelle place donnez-vous au citoyen dans le projet de transformation prôné par Europe Écologie ?

Une transformation, c’est prendre le temps d’ouvrir des discussions pour que le jugement du citoyen s’intègre dans le projet d’avenir. Concrètement, c’est multiplier les débats publics. Il est nécessaire que le citoyen s’approprie le projet et s’autogère. Dans la société de demain, l’autogestion est quelque chose que l’on peut réaliser, sans attendre une révolution qui n’arrivera pas. C’est possible par un système de coopératives pour vivre mieux ensemble. Nous proposons un pacte de comportement, c’est-à-dire mettre en place les instruments de la transformation écologique, pour des territoires responsables au service des citoyens. Les citoyens en ont marre qu’on les prenne pour des cons.

Dans votre discours, vous avez fait référence à Georges Frêche, quel bilan tirez-vous de son mandat ?

Par exemple, un mauvais bilan économique avec des projets pharaoniques qui ne vont pas dans le sens de l’intérêt commun. Comme la construction d’une Grande Salle qui a coûté à la Région 54 millions d’euros. Avec cette somme, on aurait pu construire 150 salles culturelles dans toute la région.

Est-ce que l’ouverture d’Europe Écologie à d’autres partis comme Cap21 ou le MoDem, peut-être une limite à sa progression ?

Non, je ne crois pas. Il faut inventer quelque chose de nouveau en politique. Certains partis sont arrivés au bout du rouleau. Nous voulons une culture de partenariat, dans le respect d’un projet commun. Il faut reconnaître les autres, ne pas les considérer comme des adversaires. Si le PS ne comprend pas cela, il ne comprendra jamais pourquoi les électeurs en ont marre des divisions. Et, à la fin, c’est toujours la droite qui va gagner.

Quel écologiste êtes-vous au quotidien ?

Chez nous, nous utilisons l’énergie solaire. Du coup, notre maison consomme un tiers de moins que ce que l’on consommait avant. Pour me déplacer, je prend le moins possible la voiture. Je privilégie le vélo, le métro… C’est beaucoup plus développé en Allemagne où je vis. En France, les gens sont d’ailleurs surpris de me voir prendre le métro parisien. Il faut mettre sa pratique au niveau de son discours. Finalement, être écologiste, c’est avoir une citoyenneté ordinaire.

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