« La présidentielle n’est pas bonne pour EELV mais cruciale pour nos idées »

Pas de chance pour le député EELV de l’Hérault, Jean-Louis Roumégas. Il a soutenu au premier tour de la primaire écologiste l’ancienne ministre Cécile Duflot puis Michèle Rivasi au second, battue par Yannick Jadot.

Figure locale de l’écologie politique, Jean-Louis Roumégas, 53 ans, plaide pour une candidature autonome de son parti à la présidentielle.

Compte tenu de la faible surface médiatique de Yannick Jadot, votre candidat à l’Élysée, est-ce qu’EELV fera de la figuration dans cette campagne?

Oui on sait que pour nous c’est risqué mais c’est l’élection majeure. Si vous n’êtes pas dans les débats lors d’une présidentielle, personne ne parle d’écologie. On ne peut pas y échapper si on veut parler d’écologie. Ce n’est pas nécessairement bon pour nous en tant que parti mais c’est un moment crucial pour nos idées.

Pourquoi ne pas avoir rejoint Jean-Luc Mélenchon qui propose une planification écologiste ?

La question ne s’est même pas posée car il a décidé d’y aller seul. Puis EELV doit tenir une ligne d’autonomie. Faire exister un parti écologiste c’est indispensable même si l’élection présidentielle nous est défavorable. On fait traditionnellement des scores plus élevés aux régionales.

Comment avez-vous vécu cette primaire sur un plan personnel ?

La démocratie a parlé, ma candidate Michèle Rivasi s’est exprimée à ce sujet. Comme elle, je soutiendrai et je ferai campagne pour Yannick Jadot. La primaire a été constructive. Elle a donné lieu à des moments de travail et d’échange.

La famille écologiste totalement dispersée aujourd’hui peut-elle se recomposer ?

Ça va être difficile. EELV est ouvert à tous. Après il y a des choses qui sont difficiles à vivre. Pour certains, la démission d’Emmanuelle Cosse pour entrer au gouvernement a été vécue comme une trahison. Elle avait bien caché son jeu et a trompé les gens. C’est un problème de déontologie et de morale grave. Les autres partants, François De Rugy et Jean-Vincent Placé, ont annoncé la couleur : ils ont fait un choix stratégique qui est celui de rejoindre le PS. Sincèrement je pense qu’ils ont échoué à faire prendre un virage écologiste au gouvernement. Je pense qu’il faut un pôle écologiste autonome, capable de passer des accords, mais à condition de les respecter.

Serez-vous candidat aux prochaines législatives et êtes-vous favorable à un accord de gouvernement avec le PS ?

Oui je me représente en 2017. Au niveau national, il n’y a pas d’accord gouvernemental mais au niveau local, on peut au moins s’entendre dans les endroits difficiles, pour éviter que le Front National passe. Il faut travailler pour éviter une multiplication des candidatures de gauche.

TAK O TAK: Question pour un champion… de région.



« Le choix est difficile là… », Delga et ses concurrents ont du mal à répondre à nos questions… pourtant très simples ! Pris à leur propre piège, les candidats à la présidence de la grande région tiquent, butent, ricanent, bafouillent. Foot ou rugby ? Tielle sétoise ou canard ? France ou Europe ? L’emmerdeur ou Le Boulet? Le suspense est intenable….

Reynié , Delga , Aliot , Saurel , Onesta , passent le test du TAK O TAK.

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Gérard Onesta, trait d’union de la gauche

Écologiste, fédéraliste et régionaliste : la liste Onesta réunit six partis de la gauche non gouvernementale. Un laboratoire pour la présidentielle de 2017 ou une énième tentative sans lendemain pour l’autre gauche de se fédérer ?

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

À 55 ans, Gérard Onesta n’a jamais cessé de croire à l’Europe, à la gauche et à leurs potentiels d’unification. Travailleur assidu et reconnu par ses pairs, cet ancien vice-président du parlement européen pendant dix ans (1999-2009) est un homme de conviction.

Dans ce scrutin régional, il incarne ce trait d’union fédérateur entre la gauche radicale et les écologistes. Ce rôle d’unificateur, Gérard Onesta le revendique : « Nous avons mis les citoyens dans le moteur, à travers un processus long mais extrêmement fécond où leurs nombreuses contributions ont permis de construire un programme et une charte éthique qui rassemble de manière inédite toutes les composantes du Front de gauche, les régionalistes occitan et catalan, la Nouvelle gauche socialiste, les écologistes et pleins de citoyens non-encartés ». Seule la région PACA a réussi ce pari d’unité de la gauche non gouvernementale avec la liste conduite par l’écologiste Sophie Camard.

Sa liste intitulée « Nouveau Monde » ambitionne donc de conquérir la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées mais aussi d’expérimenter « la régénération politique à l’échelle du pays ».

Un programme citoyen et participatif

Son programme a été bâti sous forme de « projet en commun » citoyen et participatif. Il prétend être une réponse politique nouvelle. Féru des espagnols de Podemos, Onesta se démarque de la politique gouvernementale « qui a montré son incapacité à sortir du modèle libéral et productiviste, et dont le bilan est extrêmement décevant ».

Le cousin du sélectionneur français en handball (Claude Onesta) propose une politique régionale axée sur trois thématiques : l’emploi, le territoire et la démocratie citoyenne et éthique. Ce qui se traduit notamment par la volonté affirmée de sécuriser l’emploi régional, mettre en avant la jeunesse, prioriser l’agriculture paysanne écologique, refuser la compétition entre territoires ou favoriser le développement des trains… Au coeur de sa campagne, on retrouve également des priorités telles que la transparence, la démocratisation de l’Assemblée régionale et le renforcement du pouvoir citoyen et bien sûr l’interdiction du cumul des mandats.

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Un rendez-vous montpellierain salvateur

« J’en ai rêvé de ces drapeaux, de les voir ensemble, réunis. Vous l’avez fait ! ». Lors du meeting au Parc des expositions de Montpellier, mi-novembre, Gérard Onesta s’était fait lyrique. Deux à trois milles personnes étaient rassemblées ce jour-là autour des leaders de la gauche non-socialiste comme Cécile Duflot (EELV), Clémentine Autain (Ensemble) ou Pierre Laurent (PCF). Seul grand absent, Jean-Luc Mélenchon (PG), grippé, avait tenu à afficher son soutien sur son site internet. Même s’il ne le clame pas, Onesta rêve de prolonger cette union d’un soir jusqu’à la présidentielle de 2017, ou du moins qu’elle puisse servir de tremplin aux « camarades » de l’autre gauche.

Ce message d’unité et de rassemblement ravit pour l’heure les militants : « Il faut dépasser le tête-à-tête Parti de Gauche-Europe Ecologie Les Verts. Quand on parle des citoyens et aux citoyens, il faut oublier les partis politiques. C’est bien de montrer une unité dans un meeting mais moi, ce qui m’intéresse, ce sont les valeurs », confiait ce soir-là Michèle, militante d’Ensemble. « C’est un exemple pour la France, de part la largeur du rassemblement et de son ouverture aux autres. Nous devons montrer qu’il y a une autre voie possible et crédible pour gouverner le pays, et la région » rajoutait Valentin, étudiant à Montpellier.

Onesta a l’attaque de ses opposants

Architecte de formation, Onesta n’hésite pas à saper les fondations de ses adversaires politiques. Dominique Reynié, candidat contesté des Républicains ? Le leader de « Nouveau Monde » fustige sa politique du « tout route ». Le Front National ? Un « clan familial qui ne prendra pas cette région. » Quant à Carole Delga, tête de liste PS-PRG, elle reçoit la plupart de ses foudres : « Cette gauche à dérive sociale-libérale n’est pas compatible avec notre gauche sociale, écologiste, citoyenne et éthique », a-t-il notamment déclaré à Midi Libre. Un pur propos de campagne puisqu’une alliance avec elle est envisagée dés le soir du premier tour pour ne pas laisser la future région à la droite et à l’extrême droite.

Une union précaire ?

Au-delà de ces élections régionales, l’expérience alternative Onesta sera scrutée au plan national. Surtout si elle récolte dans les urnes un score suffisamment élevé pour menacer la présence au second tour de la présidentielle du candidat PS. Les désaccords constants et assumés de la gauche de la gauche avec la politique gouvernementale pose la question d’une potentielle union des verts et du Front de gauche autour des chefs de file Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon.

Problème, même les militants sont sceptiques : « Je l’espère, mais j’imagine que la bataille des égos et des chapelles reprendra vite le dessus. Déjà, Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon veulent être candidats en 2017. Je trouve ça dommage au vu de ce qui se passe ici. Qu’on ne s’étonne pas que les gens n’y comprennent plus rien : un jour on est uni, l’autre jour on est adversaire » confie Michèle. Même constat chez Valentin : « La rupture avec le PS semble actée mais à court terme un tel rassemblement de la gauche au plan national semble difficile à construire. Mais j’espère que cette liste sera un moteur pour 2017. » La députée écologiste Cécile Duflot botte en touche lorsqu’il s’agit d’invoquer une alliance pour 2017 : « Ce n’est pas le moment d’en parler, il faut rester concentré sur les régionales. »

Ça tombe bien, c’est la priorité de Gérard Onesta ! Il sera toujours temps pour lui de négocier dans l’entre-deux tours les conditions d’une autre union. Avec cette fois, la socialiste Carole Delga.

Jean Louis Roumégas : « J’espère que cette dynamique de rassemblement de la gauche va continuer »

Suite à l’annonce de sa candidature aux élections législatives sous une bannière commune Europe Ecologie les Verts (EELV) / Parti socialiste, Haut courant a interviewé Jean Louis Roumégas, président du groupe EELV de Montpellier et conseiller municipal depuis 2008.
Politique environnementale locale, perspectives pour les élections présidentielles, législatives puis municipales sont les principaux thèmes abordés lors de cet entretien.

EELV et les élections présidentielles

Nous avons d’abord demandé à Jean Louis Roumégas d’expliquer comment Eva Joly pouvait concrètement créer un million d’emplois comme elle le propose dans son programme présidentiel de transition écologique. Il insiste ici sur les 3 piliers que sont l’énergie, le transport et l’agriculture pour parvenir à cet objectif en prenant pour exemple le Danemark et l’Allemagne. Il évoque ensuite la conjoncture peu favorable à EELV dans cette campagne présidentielle en insistant sur le fait que vouloir résoudre les problèmes sociaux sans prendre en compte les problèmes énergétiques mène indubitablement à une impasse.


Jean louis Roumegas : élections présidentielles par masterjournalisme08

Elections législatives de juin prochain :

Haut courant a voulu comprendre la nature et les raisons principales de l’accord passé entre les écologistes et le PS d’Hélène Mandroux, actuelle maire de Montpellier. Jean Louis Roumégas réfute d’abord l’idée d’un accord purement électoral. Il se base sur un programme défini et un consensus idéologique tant à l’échelle locale que nationale. Il explique également les enjeux stratégiques de cette alliance qui permettra aux circonscriptions où le FN a des chances de faire un bon score d’être laissées à des élus PS. La dernière partie de la vidéo est consacrée au projet de l’élu écologiste en matière de répartition des richesses et de justice sociale. Deux sujets inscrits dans le projet écologiste.


Jean louis Roumegas élections législatives par masterjournalisme08

Projets et situation en matière d’écologie à Montpellier

Jean Louis Roumegas explique son soutien à certaines politiques de la ville qui vont dans le sens d’une densification et d’un réaménagement de la cité sur elle-même. Il condamne dans le même temps toute logique d’étalement urbain soulignant que Montpellier a été plutôt épargné par rapport au reste de l’agglomération dans laquelle on a construit à tout va. Il revient ensuite sur les projets positifs portés par la municipalité tout en en critiquant la lenteur et le manque d’ambition accordés à ces mêmes projets notamment en ce qui concerne le « plan climat ».


Jean louis Roumegas projets et situation de… par masterjournalisme08

Municipales de 2014 à Montpellier

Haut courant a questionné Jean Louis Roumegas sur son éventuelle candidature aux municipales. Nous lui avons demandé de réagir à celle de Philippe Saurel et de nous détailler les différents enjeux de cette élection sur le plan du programme, de sa faisabilité mais aussi des alliances éventuelles.
S’il n’a pas souhaité commenter la candidature du socialiste Philippe Saurel, il a détaillé une partie du programme d’EELV pour Montpellier qui se fonde sur 4 points :

  Un arrêt total de l’étalement urbain et l’organisation des espaces naturels pour en faire des espaces de vie

  la mise en place d’une nouvelle politique énergétique (notamment en ce qui concerne la rénovation des logements anciens)

  une mutation des réseaux de transport

  une série de réformes dans le domaine de l’alimentation, de l’agriculture et de la grande distribution.


Jean louis Roumegas municipales 2014 par masterjournalisme08

Europe Ecologie : une soirée électorale « aux airs de 21 avril 2002 »

Le 17 rue Ledru-Rollin s’est peint de vert hier soir : des affichettes de Jean-Louis Roumégas, des vélos en tant que symbole d’un monde écolo, des petits lampions verts et jaunes, un tapis vert… Atmosphère garantie pour attendre les résultats d’un premier tour aux surprises annoncées. De l’espoir à la déception, la soirée fut longue au quartier général d’Europe Écologie en ce dimanche 14 mars.

« Nous préparons la fête ! ». C’est pleins d’entrain et d’espoirs que les militants d’Europe Écologie accueillent les journalistes de demain dans leur quartier général. Chacun sa tâche. Les uns allument des lampions à l’extérieur, les autres préparent des toasts à l’intérieur et se racontent des petites anecdotes : « l’autre jour, je militais en faisant du porte-à-porte. Je suis allée chez un monsieur qui me disait avoir toujours voté pour le Front National. Aujourd’hui, il vote pour nous ! Comme quoi tout est possible ! », raconte une jeune femme.

Aux alentours de 19h30, arrive Jean-Louis Roumégas, tête de liste d’Europe Écologie en Languedoc-Roussillon. Un peu tendu, malgré un grand sourire affiché, le Vert attend son « destin » et répond aux questions d’Haut Courant. Il prend le temps de donner quelques interviews, de jeter de temps-en-temps des petits coups d’œil à la télévision annonçant les forts taux d’abstention et de répondre avec amabilité aux questions de son staff. Néanmoins, au milieu de cette fourmilière qui gravite autour de lui, et sous une nuée de flashs, son regard reste rivé à son téléphone portable. Il scrute les estimations.

A ses côtés, deux-trois candidats, de nombreux militants ou sympathisants. Haut Courant est allé à leur rencontre. Pourquoi votent-ils ou se sont-ils engagés auprès d’Europe Écologie ? Quel a été leur investissement pour cette campagne ? Quelles sont leurs impressions ? Réponse en image avec Stéphane Silice, tout jeune militant mais néanmoins très actif.

20h et des poussières, le moment fatidique : l’annonce officielle des premières estimations. Chacun a l’œil fixé sur les écrans géants. Et les caméras sur Jean-Louis Roumégas. La sentence tombe : Frêche arrive en tête avec 35,2, suivi par l’UMP Raymond Couderc avec 20% et le Front National avec 13%… Europe Écologie ne passe par la barre fatidique des 10%. Roumégas obtient, selon les premières estimations, 9, 5%.

Pas le temps pour le tête de liste de digérer la nouvelle : une nuée de journalistes lui tombent dessus : « alors, alors, vous êtes surpris ? Déçu ? Que va-t-il se passer maintenant ? » Difficile d’entendre la réponse dans le brouhaha. Mais, Jean-Louis Roumégas conserve son petit sourire, avec un brin d’optimisme qui le caractérise. Rien n’est encore joué. Les décomptages ne sont pas terminés.

Malgré cet optimisme affiché, notamment par Manu Reynaud, secrétaire régional des Verts en Languedoc Roussillon, qui dit aux caméras : « avec Montpellier, il reste encore une chance. Il y a un fort vote écolo. On va passer la barre des 10%, il n’y a pas de soucis.» … l’assistance est sous le choc. Seuls Georges Frêche, « la gauche de droite », l’UMP et le Front National passent au second tour. « Pas de vraie gauche au second tour ? C’est une catastrophe ! » s’exclament ci-et-là les militants et les sympathisants. Une voix s’élève : « Frêche, c’est scandaleux ! »

Chacun est déçu du résultat. Didier, 47 ans, sympathisant votant Vert depuis 1981, trouve «très inquiétant que le Front National ait repris des forces en Languedoc-Roussillon : bravo Besson !» Selon lui, la faute en incombe au débat sur l’identité nationale. Chose que confirme Claudine Paul : «la crise et le débat ont grandement joué sur ce vote FN». Puis, rajoute-t-elle, «la victoire de Frêche est surprenante, et pourtant sans surprises : grâce à cette victimisation, et aux médias qui ont fait sa campagne à sa place, il a tout gagné. Il n’y avait même pas de programme sur son tract !»

Alors, ce ne sont que des huées et des cris indignés qui accueillent le petit discours de Georges Frêche diffusé sur France 2, quelques minutes après l’annonce des premières estimations. Et lorsque ce dernier dit vouloir tendre la main aux écologistes, Mustapha Majdoul, candidat héraultais, s’insurge : « ce n’est qu’une mascarade ! Il se fout de la gueule du monde ! » Une militante rajoute :« jamais nous n’accepterons la main de Frêche ! »

Les résultats officiels donnent 9,12% des voix à Jean-Louis Roumégas. Seulement à quelques centièmes de point de la barre obligatoire des 10%. Europe Écologie a été doublée par le Front National qui obtient 12,67%. Un résultat, qui rappelle aux militants d’Europe Écologie, « un certain 21 avril 2002, version Languedoc Roussillon ».

Chose confirmée par Jean-Louis Roumégas, au matin du 15 mars, à Midi Libre : « nous sommes dans une sorte de 21 avril à l’échelle du Languedoc-Roussillon où la gauche n’est pas représentée, les écologistes ne seront pas représentés au second tour […] Aucune force de la gauche officielle, celle que nous reconnaissons et avec laquelle nous pouvions fusionner, c’est-à-dire ni EE, ni le Parti socialiste, ni le Front de gauche ne seront représentés dans cette élection. » Ainsi, Europe Écologie ne donne aucune consigne de vote pour le second tour.

Julie DERACHE

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Elections Régionales : les tracts en revue

A quelques jours du premier tour de ces régionales de mars 2010, la population a enfin reçu les tracts des partis politiques et coalitions en lice. Les meilleurs spécialistes de Haut Courant ont bien évidemment sauté sur l’occasion pour analyser, comparer et classer ces différents flyers.

En Languedoc-Roussillon, ce sont donc onze tracts et presque autant de bulletins de vote qui ont été envoyés à chaque électeur. Au cas par cas, les politologues de Haut Courant ont décortiqué, étudié, lu et relu ces tracts, avant de les passer au rayon X, afin bien entendu, d’établir un classement.

«Oui je suis révolté !»

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Christian JeanJean est révolté. Il nous le dit longuement, en colonne, en ligne, avec des petits tirets, en noir, en blanc, en jaune, sur fond bleu, blanc, rose ou vert.
Sur le recto, le candidat de l’Union Républicaine Populaire nous présente son CV, la liste des partis et mouvements qui le soutiennent, les raisons qui le poussent à être «révolté», mais aussi le pourquoi du comment il est «serein est déterminé».
Au verso, il présente son programme dans six cadres prenant la forme de cartes à jouer : développement économique, enseignement et formation, aménagement durable, tourisme, santé et nature et enfin culture régionale.
Au final, on a l’impression que le tract part dans tous les sens. Sans oublier les caractères en jaune. Avec un tract comme ça, on comprend que le pauvre Christian JeanJean soit révolté.

Les + :

  La croix de Lorraine

Les – :

  Trop brouillon

  Abime les yeux

La note Haut Courant : 3/10

«Le monde du travail a les moyens de se défendre»

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Le second tract à être passé à la loupe de HautCourant est celui de la liste Lutte Ouvrière, conduite par Liberto Plana.
Schéma de couleur très simple (caractères en noir sur du blanc ou du jaune pâle), aucune icône, aucune touche graphique, rien, si ce n’est une photo de Liberto Plana.
Le tract se résume plus ou moins à un pamphlet contre le grand patronat (le terme revient sept fois), les banques et les banquiers (dix fois), les actionnaires (quatre fois) et le gouvernement (quatre fois également) sur une page recto-verso.
Le problème, c’est que tout ça n’est pas très excitant. La révolution et «faire rendre gorge» au grand patronat, oui, mais pas sans dessin de poings levés, pas sans étoile rouge ou portrait du Che.

Les + :

  La Révolution

  Que du texte

Les – :

  Pas très glamour

  Que du texte

La note Haut Courant : 4/10

«La Région – La France – La Vie»

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Vient ensuite le tract de La Maison de la Vie et des Libertés, dirigée par Jean-Claude Martinez, dissident du FN.
Au contraire du tract de l’Union Républicaine Populaire, celui de la MVL et plus carré. Sur le recto, outre une photo de Jean-Claude Martinez et de quelques membres présents sur les listes, se trouve un rapide résumé du cursus du leader («JCM qui est-il ?»). Avec quelques charmantes et désuètes touches en occitan («Amics d’aqui Estimat amics») toujours utiles pour flatter la culture locale, «JCM» nous présente ses grandes idées pour «la vie» (le terme est utilisé onze fois sur le tract), notamment la création d’une «Alliance de civilisation Europe – Amérique latine».
Au recto, le programme est présenté en trois points : «protéger nos racines», «ouvrir nos ailes» et «embellir nos vies». On retrouve plusieurs cris de ralliement de l’extrême-droite : maintien de l’identité, préservation de la langue d’Oc et Catalane, sauvegarde du patrimoine agricole, ainsi que (plus étrange) la nécessité de faire la lumière sur les disparus d’Oran du 5 juillet 1962.
Mais là où «JCM» fait fort, c’est dans la conclusion de son appel aux électeurs : puisqu’il affirme qu’il peut leur «dire la vérité, [leur] montrer le chemin et [les] conduire à la solution». Nul doute que les languedociens sont maintenant rassurés.

Les + :

  L’occitan ça en jette

  Bonne présentation

Les – :

  Le curé n’aime pas la concurrence

  Où est la rhétorique provie ?

La note Haut Courant : 6/10

«Uniquement pour vous»

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Encore une fois, Georges Frêche fait dans l’originalité. Le tract de la liste «Tous pour le Languedoc-Roussillon avec Georges Frêche» est le seul à ne pas offrir une photo de son leader.
Et à vrai dire, le tract ne présente rien du tout. Quelques photos montrant un Languedoc-Roussillon où tout le monde rigole, une adresse internet et six formules qui veulent tout et rien dire à la fois au verso de la page. «Un destin pour chacun», «restons nous même», etc. Le tout sur un fond brun uni et sobre.
Le président de Région sortant avait annoncé qu’il n’avait pas besoin de faire campagne. C’est clairement ce qui ressort de ce tract. Mais les électeurs qui ne font pas encore partie de son fan club risquent d’être un peu déroutés.

Les + :

  La provoc’, toujours la provoc’

  Se lit vite

Les – :

  Et sinon, le programme, c’est quoi ?

  Un destin pour le cœur économique agréable n’a pas de rides

La note Haut Courant : 6/10

«Râler c’est bien… Voter c’est mieux !»

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C’est un Jean-Marie Le Pen bronzé, souriant et rajeuni de 15 ans qui appelle à voter Front National aux élections régionales. On en oublierait presque de voter France … Jamet, tant la tête de liste de l’Hérault est éclipsée par la figure du leader du parti.
Le verso est quand à lui plus évocateur. Un dessin humoristique représente un individu visiblement stressé. Il a de quoi, puisque ses enfants et ses parents sont agressés, que sa voiture brûle, qu’il ne se sent plus chez lui et que son emploi, son salaire et sa retraite sont sacrifiés à la mondialisation par l’état UMP et les régions PS, PC et Verts.
Il ne lui reste qu’une solution : Voter Front National. Il redressera du même coup l’école, retrouvera la fraternité et établira la justice fiscale. On en oublierait presque les propositions régionales déclinées sur un fond bleu un peu pâlichon.
Bref, le tract FN joue sur le national autant que sur le régional, et assume. En même temps, le parti ne s’appelle pas le Front Languedocien, donc ça passe pour cette fois.

Les + :

  Le dessin

  Le général nous regarde depuis Paris

Les – :

  Où est la voix de (la) France ?

La note Haut Courant : 6/10

«L’écologie vue d’ici»

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Le tract de l’Alliance Écologiste Indépendante de Patrice Drevet se démarque de la majorité des autres tracts par l’absence d’une quelconque déclaration aux électeurs. Et non, pas de petit paragraphe signé par l’ancienne star nationale de la météo, juste une liste d’engagements expliqués en détails au verso du tract.
Sans surprise, tout tourne autour de l’écologie. Sans surprise toujours, le vert est la couleur dominante (pourquoi est-ce que les écologistes n’ont pas décidé de s’appeler « les gris » ou « les bleus turquoises » ? La question est posée).
Mais ce qui retient l’électeur potentiel, c’est surtout la photo de Patrice Drevet. L’homme qui décidait du temps qu’il ferait dans notre beau pays se tient là devant un étang, l’air sérieux mais serein. Derrière lui, une petite fille et un buisson. L’image s’imprime dans les esprits : « Patrice Drevet, la force tranquille, l’homme qui va protéger nos enfants, nos étangs et nos buissons ». Osana messire!

Les + :

  Patrice Drevet, ce héros

  Beau panorama

Les – :

  L’écologie sans Dany, c’est un peu comme le pain sans fromage

La note Haut Courant : 6/10

«Changer en Languedoc-Roussillon, c’est possible !»

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Difficile travail que de parler du tract de Raymond Couderc (UMP et associés). Au-delà du contenu qui a de forts airs de déjà-vu (réduire le chômage, faire de la région un pôle d’excellence international, etc), la forme est également très classique.
Beaucoup de bleu (UMP oblige), une photo de Raymond Courderc, le nom des différentes têtes de liste et un engagement au recto, ainsi qu’un programme (en trois points) au verso. Rien à redire. C’est propre, c’est clair, et c’est un peu ennuyeux. Petite particularité : le tract de Raymond Couderc est le seul qui se lise horizontalement et pas verticalement. Il est important de le souligner.
À la rigueur, il serait possible de se moquer de la photo sur laquelle une centaine de personnes se retrouve en rang d’oignons autour du maire de Béziers, mais ça serait de la mauvaise foi. Seul petit espoir : souligner que la liste UMP est la seule liste issue d’un grand parti national qui ne fasse pas appel aux caciques parisiens. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Les + :

  Bonne présentation

Les – :

  Ça manque un peu de punch

La note Haut Courant : 7/10

«À Gauche maintenant !»

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La rose. N’est-ce pas là l’emblème du parti socialiste ? C’est ce qui marque d’emblée sur le flyer de «À Gauche maintenant !». Pour l’électeur inattentif qui ne connaitrait pas la tête de liste René Revol, une piqure de rappel lui indique que sa liste est soutenue par Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot et Marie-Georges Buffet.
Ce même électeur distrait ne mettra également pas longtemps pour voir que René Revol s’adresse à lui sous la forme d’une lettre (avec introduction en «Madame, monsieur») et pour qu’il ne loupe rien, le plus important à retenir est souligné en jaune notamment les transports collectifs gratuits. Ça permet de passer toutes ces longues lignes de texte inutiles pour aller directement à l’essentiel.
Au verso sont développées les propositions de la liste sur trois volets distincts : «Urgence sociale», «Urgence démocratique» et «Urgence écologique». Bref, c’est vraiment l’urgence.

Les + :

  Affichage clair du candidat et des propositions

Les – :

 La rose, c’est original comme symbole

La note Haut Courant : 7/10

«L’écologie c’est maintenant !»

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Du bleu on passe au vert. Et du vert il y en a beaucoup sur le tract de la liste Europe Ecologie (ce n’est qu’une demi-surprise). Mais là encore, globalement, pas grand-chose à dire.
Une déclaration aux électeurs au recto, et «7 raisons de voter pour Europe Ecologie» au verso. A côté des fameuses sept raisons, une photo des stars du parti : Eva Joly, José Bové, Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit. Ces derniers expriment leur soutien à Jean-Louis Roumégas, qui a toute leur confiance pour «faire mieux et autrement à la tête de la Région». Un cynique répondrait « encore heureux ».
Sinon, et bien on remarque que tout le monde sourit chez Europe Ecologie. Et encore, sourire est un euphémisme : José Bové et « Dany » ont l’air de s’éclater. Non, vraiment, chez Europe Ecologie, qu’est-ce qu’on déconne.

Les + :

  Ils sont vraiment sympas chez Europe Ecologie

Les – :

  Un peu de sérieux les gars

La note Haut Courant : 8/10

«Retrouvons nos valeurs»

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Hop, on retrouve la rose, la vraie, estampillée PS. Pour signaler son attachement à la vraie gauche, la gauche des valeurs, sociale et progressiste, Hélène Mandroux décide d’utiliser autant que faire se peut le rouge. Mais un rouge plus pâle que celui de «À Gauche maintenant !». Un rouge socialiste, presque rose mais pas complétement.
Ceci dit, le tract du PS est loin d’être folichon à première vue : déclaration d’intention accompagnée d’une photo de la maire de Montpellier et des autres têtes de liste au recto, programme en quatre points au verso (sous forme de questions/réponses)… On reste dans le «classique mais efficace».
Là où le Parti Socialiste tente de faire la différence, c’est par la liste de ses soutiens. Et oui, au PS, c’est un peu comme chez Haut Courant, il y a des grosses signatures : Robert Badinter, Bertrand Delanoë, Arnaud Montebourg, André Vézinhet, Martine Aubry, Georges Semprun et Gérard Saumade. Non, clairement le FN et Europe Écologie peuvent aller se rhabiller. Ils ne font pas le poids.

Les + :

  Le PS pour l’abolition de la peine de mort

 Le PS contre Franco

Les – :

  Ils s’y croient un peu quand même

La note Haut Courant : 8/10

«Maitres chez nous»

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Voila sans conteste le tract qui remporte le titre de « meilleur tract politique régional » cette année. Pourquoi ? Et bien d’abord, parce que le symbole de la Ligue du Midi est un chevalier. En quoi un chevalier médiéval représenterait-il le Midi ? Est-ce un cathare ? Un templier ? Aucune idée, mais c’est la classe, et il fallait oser.
L’essentiel du programme de la Ligue du Midi est expliqué au verso du tract. Quatre points principaux : «Réformer la fiscalité/fusionner les collectivités», «Défendre l’Environnement/Relocaliser l’économie», «Combattre l’insécurité» et «Promouvoir l’identité». Le tout avec une citation de De Gaulle. La Ligue entend entre autre instaurer un délit d’activités «anti-identitaires» et «criminaliser les complices» des «clandestins et des délinquants étrangers». Tout un programme.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est cette image de Richard Roudier. Les mains sur les hanches, le leader de la Ligue du Midi adresse au lecteur un sourire enthousiaste. Parce que oui, dans les ligues identitaires de la droite-extrême, et bien on rigole aussi – parfois.

Les + :

  Le chevalier

  La franche rigolade

Les – :

  Le tract a un peu plus d’un siècle de retard

  Pas de référence au catharisme de nos ancêtres ou au complot judéo-maçonnique

La note Haut Courant : 9/10

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Une semaine avec Europe Ecologie

Pendant une semaine, Haut Courant a suivi Europe Écologie dans la dernière ligne droite de la campagne des régionales : réunions, meetings, débats participatifs, rencontres avec les différents candidats. Haut Courant vous donne ainsi un aperçu du programme d’Europe Écologie ainsi que de ses différentes figures.

Dominique Voynet : « Il faut choisir sa Gauche »

C’est au nom d’une « vieille complicité » que Dominique Voynet est venue soutenir Jean-Louis Roumégas dans la dernière ligne droite du premier tour des élections régionales, mardi 9 mars à Montpellier. Avec une simplicité et un franc-parler qui la caractérisent, la co-fondatrice du parti des Verts a un objectif en tête : le second tour pour son acolyte écologiste.

Europe Écologie aime les symboles. Et quoi de plus symbolique que la visite de l’une des figures historiques des Verts ? Authentique écologiste, venue en tramway après avoir tracté dans les rues de Montpellier aux côtés de Jean-Louis Roumégas, Dominique Voynet donne une petite conférence de presse à la brasserie Le Sud, face à l’Hôtel de Région.

Une institution régionale dépouillée

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Entourée de quelques-uns des candidats d’Europe Écologie pour les Régionales, Mustapha Majdoul, Agnès Langevine et Katia Mingo , l’édile de Montreuil est longuement revenue sur la menace que représente la réforme sur les collectivités locales sur l’institution régionale.

Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis : « la Région est aujourd’hui menacée par les réformes du gouvernement. Notamment en ce qui concerne son autonomie financière et fiscale. En effet, la région est accusée d’être une institution dépensière par le président de la République. » Et de rajouter : « l’absence d’autonomie financière est extrêmement inquiétante. La promesse venant de la droite qui est de baisser les impôts régionaux est un peu facile à faire : les conseillers régionaux ne voteront quasiment plus rien de leur budget ».

Pourtant, Dominique Voynet rappelle l’importance de l’institution régionale. Elle cite quelques exemples : « la Région permet d’assurer la solidarité des territoires, elle est responsable de la formation professionnelle, elle prend en charge les lycées. Elle a notamment la responsabilité de mettre en place la formation pour les nouveaux métiers dont on aura besoin demain ».

La réforme des collectivités locales est, pour l’ancienne ministre de l’environnement, « un dépouillement de l’institution régionale ». Elle rappelle que « c’est peut-être la dernière fois que l’on procède à l’élection des conseillers régionaux, un scrutin de liste qui permet une juste représentation des hommes et des femmes. Si l’on laisse faire le gouvernement, demain on élira des conseillers territoriaux, siégeant à la fois au département et à la Région, élus sur la base de gros cantons regroupés. Ce, au détriment de la parité et au détriment de l’autonomie institutionnelle ».

Pour Dominique Voynet, le chef de l’État souhaite mettre en place un mode de scrutin adapté aux besoins de son parti et amplifier le mouvement de re-centralisation engagé à tous les niveaux : « après l’Université, l’Hôpital, la Justice, la Police, … c’est au tour des collectivités territoriales ».

« Il faut choisir sa Gauche »

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Ainsi, pour Dominique Voynet, le Languedoc-Roussillon mérite une meilleure campagne électorale que celle qui a été offerte aux électeurs jusqu’à présent. « La maladresse des partis, d’une part, et l’utilisation du scrutin pour en faire une sorte de plébiscite pour ou contre le sortant d’autre part, prime sur tout le reste », affirme l’écologiste. La tête de liste Europe Écologie Languedoc Roussillon, Jean-Louis Roumégas, rajoute : « la campagne a été confisquée par des faux débats». Il explique, entre autres, que le Parti Socialiste, au niveau national, a sacrifié le Languedoc Roussillon, « selon les propres mots du bureau national ».

Il reproche notamment au parti de la rose que « pour se refaire une image au niveau national, les socialistes ont utilisé l’affaire en Languedoc Roussillon, sans se préoccuper des conséquences ici. Ils considèrent donc qu’ici les électeurs sont des cobayes qui peuvent être sacrifiés sur l’autel de l’hégémonie du Parti Socialiste ou de l’image de Mme Aubry. C’est regrettable ».

Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis, « l’espoir de rassemblement a été torpillé par la Rue de Solférino. Il est temps de choisir sa gauche maintenant ». Ainsi, pas d’autres solutions pour Europe Écologie, que d’agir seule pour représenter la modernisation de la gauche. Et les atouts de Roumégas pour cela ne manquent pas : « une énergie formidable, une qualité d’écoute et de respect des autres. Il est attentif aux problèmes des gens », affirme Dominique Voynet.

L’inévitable évocation du président de Région sortant, Georges Frêche, n’a pas tardé. Ce dernier aurait effectivement affirmé ces derniers jours : « l’écologie, il y a ceux qui en parlent et ceux qui agissent », raillant ainsi la venue de Dominique Voynet. Et Jean-Louis Roumégas de lui retourner le compliment : « le Languedoc Roussillon était premier en matière d’énergies renouvelables, il a aujourd’hui reculé au 5e rang ».

Quant à Dominique Voynet, elle ne se sent que peu concernée par la sentence de Frêche : « quand on veut être le bon écologiste de service, on ne doit pas seulement s’intéresser à des équipements symboliques que l’on peut inaugurer un dimanche soir. On doit, dans son domaine de compétence, mettre en place des politiques en vraie grandeur qui vont permettre la création d’emplois. L’enjeu est de passer de la phase expérimentale à la diffusion des bonnes pratiques en vraie grandeur ».

Elle ajoute en souriant : « quand j’entends cette phrase de Georges Frêche, je n’ai pas envie de la prendre pour moi. Jamais les écologistes n’ont été des bavards qui n’agissaient pas… On agit à la mesure des responsabilités qui nous sont confiées par les électeurs ». Chose confirmée par Jean-Louis Roumégas : « les écolos ont souvent été considérés comme des alliés sympathiques mais pas essentiels et au cœur des politiques ».

Par contre, pour l’ancienne ministre de l’environnement, la phrase de Georges Frêche s’appliquerait « magnifiquement » à Nicolas Sarkozy : « le président a prétendu se faire le champion de l’écologie mais vient de se renier à plusieurs reprises ses dernières semaines : qu’il s’agisse des phrases désastreuses prononcées au Salon de l’Agriculture, ou qu’il s’agisse de son attitude concernant la prévention des risques naturels. Le président de la république est inconséquent, il agit au hasard des rencontres et dit tout et son contraire ».

« Risques de tempêtes et d’inondations, on ne nous a pas écouté »

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Cette rencontre aura aussi été l’occasion, pour Jean-Louis Roumégas, d’un petit retour sur l’actualité, peu drôle, mais ô combien au cœur des préoccupations écologistes : la tempête et les inondations en Vendée et dans l’Ouest de la France ayant causé une soixante de morts. Le porte-parole national des Verts rappelle que le Languedoc-Roussillon est l’une des régions les plus fortement menacées par les risques d’inondations : « nous avons des zones submersibles très importantes ».

Toujours selon lui, cette catastrophe naturelle prouve que « les écologistes ont malheureusement eu raison trop tôt. On ne les a pas écouté ». Il critique l’utilisation politique qui est faite de ce drame par les membres du gouvernement : « les hélicoptères ministériels viennent déverser de la compassion et des promesses… Mais en réalité, on le sait bien, rien ne va changer. Après les inondations dans le Gard, en 2005 et 2008, rien n’a changé. Des digues qui ne font que menacer encore plus gravement les habitants ont été construites. Des permis de construire continuent d’être distribués dans des zones inondables. De même, on continue à monter des murs, des digues, non pas pour protéger les habitants, mais pour pouvoir continuer l’œuvre d’urbanisation ».

Ainsi, il rappelle que le projet politique porté par Europe Écologie est avant tout de stopper l’urbanisation et de restituer à la nature ses zones d’expansion spontanée. Notamment pour mieux gérer ces risques d’inondations.

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Midi Pyrénées : trois favoris pour la présidence de région

A près d’une semaine du premier tour des élections régionales rien ne semble pouvoir empêcher la réélection du socialiste Martin Malvy. Ses deux principaux concurrents Gérard Onesta (Europe Ecologie) et Brigitte Barèges (UMP) espèrent toutefois faire mentir les sondages.

Les jeux sont faits en Midi Pyrénées. C’est en tous cas ce que l’on aurait envie d’affirmer en regardant le dernier sondage La Dépêche du Midi, France 3 Midi Pyrénées. A près d’une semaine du premier tour des élections régionales rien ne semble pouvoir arrêter le président socialiste sortant Martin Malvy. En cas de duel avec la député-maire de Montauban (UMP) Brigitte Barèges, il l’emporterait avec 38 points d’avance. Dans l’éventualité d’une triangulaire avec le candidat d’Europe Ecologie Gérard Onesta, le candidat socialiste conserverait 26 points d’avance sur sa rivale. Retour sur les profils des trois principaux protagonistes d’une campagne qui passionne peu les électeurs.

Martin Malvy : « La force tranquille »

Journaliste de formation (il a collaboré avec plusieurs journaux tels sud-ouest et la Dépêche du Midi) Martin Malvy s’oriente rapidement vers la politique. Il est ainsi élu conseiller général dans le Lot en 1970. Cette élection marque le début d’une présence de près de 40 années dans la scène politique locale et nationale. Il devient ainsi ministre du budget pendant un an de 1992 à 1993 et il est depuis 1998 président de la région Midi-Pyrénées.

Jouant sur son ancienneté en politique, Martin Malvy mène une campagne de terrain classique et sereine. Si bien que le vieux slogan du publicitaire Jacques Séguéla destiné à la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1988 pourrait s’appliquer à celle de Martin Malvy.

Brigitte Barèges ou la difficile constitution des listes

Brigitte Barèges fait moins l’unanimité dans son camp que son adversaire socialiste. Avocate de formation, elle se lance en politique en 2001 lors des élections municipales de Montauban. Une première tentative réussie qui lui permet de devenir un an plus tard député du Tarn et Garonne.

C’est lors de la mise en place des listes pour les régionales 2010 qu’une polémique est née. Brigitte Barèges entendait présenter sa liste avant la validation du conseil national de l’UMP (qui est notamment chargé du vote des listes). Velléité repoussée fermement par les instances du parti, Xavier Bertrand et Jean Claude Gaudin en tête. Le Figaro.fr cite un dirigeant UMP qui déclare en parlant de Brigitte Barèges : « Barèges a voulu passer en force en présentant sa liste avant le conseil national. Nous l’avons mise en garde. Libre à elle maintenant de se conformer aux souhaits des instances dirigeantes de l’UMP. » Dans une région ancrée à gauche Brigitte Barèges aura bien du mal à s’imposer. Surtout si son camp n’avance pas uni.

Gérard Onesta : Va-t-il transformer l’essai d’Europe Écologie ?

En juin 2009, José Bové tête de liste d’Europe Écologie dans le sud-ouest pour les élections européennes avait frôlé le score du Parti Socialiste (15,82% contre 17,71%). Gérard Onesta peut donc avoir de belles ambitions pour ce scrutin.
Il se lance en politique chez les Verts en 1986 et devient député européen en 1991. C’est le début d’une longue carrière au parlement de Strasbourg dont il a occupé la vice-présidence de 1999 à 2009.

Il est aujourd’hui à la tête d’une liste auquel les derniers sondages promettent entre 16% et 17%, soit un score suffisant pour se maintenir. Quel choix adoptera Europe Écologie ? Gérard Onesta est resté très évasif sur la question. Une seule certitude, Martin Malvy devra se montrer suffisamment persuasif envers ses alliés si il veut éviter une triangulaire.

Pour suivre l’actualité de la campagne et en savoir plus sur les autres candidats, rendez-vous sur France3.fr

Le Languedoc-Roussillon devient un enjeu national pour Europe Ecologie

De nombreux leaders d’Europe Écologie se sont réunis, mercredi 17 février 2010, pour un meeting animé à Montpellier. Daniel Cohn-Bendit, José Bové et Noël Mamère se sont donnés rendez-vous pour soutenir Jean-Louis Roumégas, tête de liste Europe Écologie LR. La campagne pour les régionales a pris des accents nationaux.  » Le Languedoc Roussillon est un laboratoire pour qu’émerge une nouvelle culture politique  » résume Dany le Vert.

19h15, la salle Fernand Pelloutier commence à s’échauffer. Elle attend les « stars » d’Europe Écologie. Soudain, la musique retentit et c’est sous une nuée de caméras que Dany, José, Noël et Jean-Louis se dirigent vers la scène.

«Il y a de l’ambiance ce soir», s’exclame Noël Mamère, invité surprise, qui a remis pour l’occasion son costume de journaliste afin d’animer le débat. Rapidement le ton est donné : les socialistes et Georges Frêche en prennent pour leur grade. «Le Languedoc-Roussillon a été le théâtre d’une vaste opération de manipulation du Parti Socialiste qui a préféré s’accommoder de M. Frêche. Quant à Mme Mandroux, la pauvre, elle a été sacrifiée par le Parti Socialiste.» Les régionales sont, pour lui, une étape dans la reconquête de la gauche. Europe Écologie représente une alternative au frêchisme, «variante du sarkozysme adapté au niveau régional

Un programme, point par point

«Il est temps de parler programme», lance Agnès Langevine, tête de liste P-O. Les spotlights laissent place à une lumière tamisée… Confortablement assis sur d’immenses canapés installés sur la scène, les uns après les autres, différents candidats présentent quelques points du programme d’Europe Écologie. Trois par trois, pour un temps de trois minutes chacun.

La perpignanaise ouvre le bal et parle de s’attaquer au chantier de l’emploi : «il faut créer des emplois non délocalisables.» Et cela passe par quoi ? « La transformation écologique de l’économie. Un exemple : la reconversion de l’agriculture qui développera des emplois et amènera une autonomie alimentaire de la région. » Puis, c’est au tour de Pere Manzanares de s’essayer à l’exercice des trois minutes, avec un maître-mot : l’euro-région. «Pour le moment, l’euro-région est plus virtuelle que réelle. Elle doit devenir l’instance d’une coopération gagnant-gagnant entre deux territoires. L’euro-région est une chance, la transformation un outil», dit-il avant de conclure sur quelques mots de catalan. L’accent chantant, Silvain Pastor, le Gardois l’a aussi : «il est nécessaire que notre région soit dénucléarisée et développe l’énergie positive. Le potentiel est là. Il faut décroître notre consommation d’énergie, gaspillée inutilement, et il faut mettre en place des moyens massifs pour cela.» Ce n’est pas Georges Fandos, le représentant héraultais de Cap21 qui va le contredire. L’agronome, adepte de l’aménagement équilibré du territoire, est aussi contre le gaspillage : «arrêtons avec cette société consumériste où si t’as pas une marque, t’es rien». En effet, «nous nous croyions à l’abri des désordres du monde. Il en n’est rien», tance Pascal Frissant, le tête de liste audois. Le viticulteur évoque les difficultés du monde paysan et viticole : «notre colère est au niveau de notre tristesse». Pour lui, il est clair qu’«il faut mettre de l’argent sur la table.» Et pour cela, changer le modèle de gouvernance. «Ici, la gouvernance actuelle est contestée. Ce n’est pas une question de personne mais de projet politique qui s’appuie sur la loi du plus fort», explique Nadja Flank, la représente de Gauche Alternative. Elle décrie le modèle de métropolisation abusif et prône la promotion de la diversité sociale et culturelle, et la coopération.

Transformation sociétale, démocratique, économique et écologique : on l’a compris Europe Écologie veut que les choses changent ! «Nous sommes les visionnaires», explique Georges Fandos.

Roumégas :« On part pour gagner !»

P1380304.jpg Finies les discussions au coin du feu, confortablement installés sur un canapé. Le patron est de retour. Avec ferveur et dynamisme, du haut de son pupitre, il réveille la salle : «c’est une urgence sociale et écologique. Si on n’agit pas, on ne s’en sortira pas !» Érosion du littoral, réchauffement climatique, folles dépenses énergétiques, tout y passe. Jean-Louis Roumégas rappelle quelques données du bilan économique de Georges Frêche : chômage le plus important de France, région dernière en terme de PIB par habitant, Languedoc-Roussillon champion du RMI… «On dit dans les médias, Georges Frêche est certes amoral mais il a un bon bilan. Ce n’est pas vrai. Pour un chantre du développement libéral, ce n’est pas un bon résultat ! » C’est le résultat de « rêves mégalomaniaques». Pour Roumégas, il faut sortir «de la tutelle de cette économie de la grande distribution qui nous tue». Le défi est lancé : «on va gagner ! En plus, il y a les copains du Front de Gauche avec nous.» Une alliance de second tour est annoncée : Europe Écologie et le Front de Gauche feront front commun contre Frêche… pour gagner !

José Bové: «l’alternative de cette région, c’est l’écologie»

P1380338.jpg Noël Mamère l’accueille comme «un des alliages fondateurs d’Europe Écologie avec Cohn-Bendit et Éva Joly», ajoutant non sans humour «l’alliance du taulard et de la juge». L’ex-leader de la Confédération paysanne José Bové se déclare «heureux» de revenir à Montpellier, où l’engagement des militants ne faiblit pas. Le député européen insiste sur l’importance de créer un pont entre l’Europe et les régions, et de renforcer les moyens d’actions en ce sens. Sans oublier les enjeux locaux qu’il connait bien, lui qui réside près de Millau : «je ne peux m’empêcher de penser au projet de la Salamane, et à l’implantation de cette plateforme logistique par Système U. Ce serait plus utile de donner ces terres à de jeunes agriculteurs locaux, au lieu de favoriser cette logique de concurrence déloyale inacceptable.» Le projet Agrexco n’a pas échappé à son courroux. Il s’engage au nom d’Europe Écologie et de la coalition des 85 associations : «si nous arrivons en tête au second tour, nous arrêterons ce projet immoral soutenu par Frêche.». Il achève son pamphlet sous les applaudissements du public : «nous avons quatre semaines pour montrer que l’alternative de cette région, c’est Europe Écologie ! Vive Europe Écologie Languedoc Roussillon !»

Daniel Cohn-Bendit: «l’écologie est une préoccupation universelle, même la femme du patron ne veut pas que le ciel lui tombe sur la tête».

Il était attendu comme le messie, Dany le vert. Orateur hors pair, il a fait un discours dont la ferveur et le franc-parler ne faiblissent depuis un certain jour de mai 1968, dans la cour de la Sorbonne. Il a rappelé aux militants qu’«Europe Écologie est la troisième force politique en France. Il n’y a pas d’alternance possible sans ! Ce qui est fondamental, c’est que nous serons dans les majorités de gestion. Peu importe que le PS fasse 20% et nous 17 ou 18%. Ce ne sera pas une défaite. Plus nous sommes forts, plus nous serons nombreux dans les conseils régionaux et plus nous pourrons effectuer une politique de transformation.» Le député européen réaffirme sa position d’ouverture au Modem ou au PS: «Nous cultiverons une culture de partenariat dans le respect d’un projet commun. Ne nous coupons pas de cela avec un jusqu’au boutisme incohérent». Il cite l’exemple improbable de l’Alsace, traditionnellement à droite, comme la seule région où les sondages donnent gagnant Europe Écologie : «nos militants, là bas, ont réussi à rassembler». Selon Dany, Europe Écologie se positionne sur beaucoup de sujets à gauche, mais concernant l’écologie, elle est centrale : «il s’agit d’une préoccupation au centre d’une lutte planétaire, universelle. Même la femme du patron ne veut pas que le ciel lui tombe sur la tête !»

L’État Major de Solférino sérieusement critiqué

Dans ce meeting, ce n’est pas tant la maire de Montpellier qui est critiquée, vue par Europe Écologie comme «une sacrifiée», mais plutôt le bureau national du Parti Socialiste. Pour ne citer que des morceaux choisis : «le PS a fait preuve de péché d’orgueil en pensant qu’ils étaient les seuls à pouvoir avoir une réflexion politique sur la région et en demandant ainsi la direction de la liste», selon José Bové. Cohn-Bendit ajoute : «les membres du PS ne sont pas nos adversaires, ni nos concurrents. Leur logiciel est resté collé au XXe siècle. Alors camarades socialistes, venez, nous sommes capables de vous emmener vers le XXI e siècle !» Revenant sur l’alliance manquée entre la liste de Jean-Louis Roumégas et celle d’Hélène Mandroux, il tape sur les doigts de Solférino, affirmant qu’une «solution locale avait été trouvé» et que lorsque la maire de Montpellier a demandé l’aval du bureau national, celui-ci a refusé. «Ils voulaient la direction de la liste et non pas une démocratie gérée à parité et à égalité».

Bien qu’en début de meeting Noël Mamère ait annoncé «le maelström des derniers jours est maintenant derrière», la pilule a du mal à passer…

Georges Frêche, «le parrain» a les oreilles qui sifflent

S’il y a bien une personne dont les oreilles ont du siffler, c’est le président de Région sortant : Georges Frêche. Chacun y va de son petit commentaire. Noël Mamère critique l’anti-parisianisme primaire du sudiste : «il n’y a pas Paris contre la province. Georges Frêche fait du localisme contre la démocratie.» José Bové souhaite en finir avec cet «égoïsme régional» et devient même poétique : «les coqs sur leurs tas de fumier croient que lorsque le soleil se lève, c’est parce qu’ils chantent». Quant à Jean-Louis Roumégas, il critique le «fait du prince» et «l’exploitation marketing de la morale politique». Une chose est sûre, le porte parole national des Verts ne porte pas Georges Frêche dans son cœur. Pas plus que Dany le Rouge : «vous avez un parrain. Vous pouvez avoir tous les projets que vous voulez pour la Sicile, vous ne gagnerez jamais face à la mafia. Ces clientélismes touchent des pans entiers de la société. Il faut en finir avec le frêchisme, avec cette gauche au visage ubuesque

Et même «Monsieur Météo» en prend pour son grade

La liste Génération Écologie de Patrice Drevet a été qualifiée d’«imposture» ou «d’usurpation de la démocratie» par Daniel Cohn Bendit. L’alliance de Drevet avec Georges Frêche au deuxième tour n’est un secret pour personne. Puis, ironisant sur les origines douteuses de ce produit «peine en vert», il a appelé les chercheurs qui ont «retrouvé» le père de Toutankhamon à faire des recherches pour retrouver les origines du Piscenois.

22h. C’est avec liesse et joie, que l’ensemble des candidats présents ont rejoint les « stars » sur scène. Applaudissements et pas de danses viennent clôturer la soirée. Le meeting d’Europe Écologie aura fait salle comble. Plus en tout cas qu’Hélène Mandroux la veille, qui n’avait réuni que 300 militants…

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