Les étudiants étrangers résidant à Montpellier et ses environs, se plaignent du manque de structures adaptées lorsqu’il s’agit de dépôt de demande de titre de séjour.
«En application de la convention bilatérale relative à la simplification des démarches administratives pour les étudiants et les chercheurs étrangers en date du 10 juillet 2008, signée entre le Pôle universitaire européen de Montpellier et du Languedoc-Roussillon et la préfecture de l’Hérault, le Pôle universitaire européen de Montpellier et du Languedoc-Roussillon est le guichet de dépôt des demandes de titre de séjour étudiant ». Cette phrase apparait en tête de l’attestation de dépôt d’une demande de titre de séjour étudiant. Dans les faits, les choses ne sont pas si évidentes. Ce document n’a aucune validité légale, et en cas de contrôle des étudiants étrangers par la police, ces derniers peuvent être inquiétés.
Situé au 163, rue Auguste Broussonet (au rez-de-chaussée de l’institut de botanique), ce Pôle universitaire européen, dissout à ce jour, est aujourd’hui reprise par le P.R.E.S-U.M.S.F. ( le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur. Université de Montpellier Sud de France) est l’intermédiaire entre les étudiants étrangers et la préfecture de l’Hérault. Dans une petite salle, des étudiants africains, asiatiques, maghrébins et d’Europe de l’Est viennent effectuer les formalités nécessaires à leur séjour en France. La prise en charge est alors assurée par des étudiants employés par la préfecture de l’Hérault. Pour chaque nouvel arrivant, et en fonction des pays, une personne de la même origine aide l’autre dans ses démarches administratives. Pour un étudiant chinois par exemple, c’est un autre étudiant chinois travaillant pour la préfecture de l’Hérault qui lui explique ce qu’il doit faire, dans leur langue natale. «Le fait que les nouveaux arrivants soient pris en charge par leurs compatriotes, rend les choses plus simples pour eux et pour nous» affirme Saïd, un employé du Pôle universitaire P.R.E.S – U.M.S.F.
Le cadre d’accueil est plutôt convivial, les attentes sont raisonnables. Une ambiance bien différente de celle qui règne à la préfecture de l’Hérault. Et lorsque l’on questionne les étudiants sur le service d’accueil de la préfecture, les réponses sont unanimes : «Heureusement que le P.R.E.S-U.M.S.F existe, sinon ce serait le parcours du combattant pour obtenir un titre de séjour», s’exclame un groupe d’étudiants.
A la préfecture, un jeune étudiant gabonais offre un témoignage pour le moins surprenant. Après avoir attendu pendant deux heures, une dame l’informe qu’il n y aura personne jusqu’à la fin de la semaine… Et, lorsque stupéfait le jeune étudiant rétorque : «qu’est ce que cela vous coûte de l’écrire à l’entrée, histoire que l’on ne patiente pas pour rien», la dame lui répond que «ce n’est pas à vous de m’apprendre mon métier». Abasourdi, l’étudiant gabonais repart bredouille. Plus tard, et sur un ton calme, il raconte qu’une autre fois, voulant avoir des informations sur le suivi de son dossier, il avait appelé la préfecture. Ce jour-là, il a du patienter 10 minutes au téléphone, sans avoir eu la moindre personne pour le renseigner. Le pire, dit t-il, «c’est que mon cas est loin d’être un cas isolé, c’est comme çà à Montpellier. Même dans des villes plus grandes que Montpellier, donc accueillant plus d’étudiants internationaux, les délais d’attentes, sont moins longs. De plus, il y a des interlocuteurs pour nous informer».
Un des responsable du service d’accueil de la préfecture, explique que les raisons de ces délais d’attente sont multiples. Tout d’abord une fois arrivés en France, les étudiants ne se manifestent pas toujours rapidement. Souvent ils se présentent 15 jours avant la fin de validité de leur visa, ce qui évidemment se répercute sur le délai d’attente du titre de séjour. L’autre raison qui peut expliquer ce dysfonctionnement, est le fait qu’il n y a que 4 fonctionnaires pour environ 25 000 étudiants demandeurs de titre de séjour. Mais également le manque de moyens pour cette préfecture de province, qui n’a rien à avoir avec d’autres grandes agglomération telles que Paris ou Lyon. Il finit en affirmant que d’une manière générale, les étudiants qu’il côtoie fréquemment, sont plutôt satisfaits des services de la préfecture de l’Hérault (…)
En effet, sans titre de séjour, les étudiants ne peuvent prétendre à l’allocation pour le logement (APL), ni même travailler. Ainsi la préfecture de l’Hérault, par son manque de logistique adapté aux demandes de titres de séjours étudiants, devient malgré elle la bête noire de ces-derniers, qui ne demandent qu’à étudier paisiblement. Pourtant, originaires de pays qui ont signé des accords d’échange avec la France (sur le plan culturel, pédagogique pour les chercheurs et les stagiaires, ou encore en ERASMUS), ils arrivent en France en toute légalité, avec un visa délivré par le consulat français de leur pays d’origine. Mais une fois en France, ces derniers se sentent souvent assimilés à des immigrés clandestins.
Ils viennent en France étudier. Au final ils se retrouvent pris en otage dans des débats anti-immigration qui débouchent sur le durcissement des règles en matière de séjour sur le territoire. Nombreux parmi eux risquent de repartir chez eux en gardant un certain goût amer de leur passage à Montpellier. À la préfecture de l’Hérault, malgré le manque de personnel et de moyens, on n’a pas appris à accueillir les étudiants étrangers. Il semblerait que l’on ne fait pas la différence entre immigrés clandestins et étudiants étrangers. Qu’importe leur régularité, du moment qu’ils viennent d’ailleurs, ils sont traités de la même manière…