Mariage pour tous : pro et anti se disent NON!

Samedi 17 novembre 2012, les pro et anti mariage et adoption pour tous se sont confrontés dans les rues de Toulouse à l’appel de deux manifestations.

Il est environ 21h, vendredi, quand les militantes du collectif féministe La Licorne Déviante arrivent rue Baronie à Toulouse. Lucie [[les prénoms ont été changés]], co-fondatrice du collectif, a organisé un  « atelier pancarte » chez elle pour se préparer au rassemblement du lendemain. Étudiantes pour la plupart, elles surgissent les mains chargées de cartons, marqueurs, peintures et des idées plein la tête. Quelques tâches sur le sol, on boit, on rit, mais au fond l’appréhension est là. «  J’espère qu’il y’ aura du monde «  confie Lou, co-fondatrice de La Licorne Déviante, brandissant sa pancarte. « La manif pour tous », mouvement qui rassemble différentes associations, personnalités et élus, à lancer un nouvel appel à manifester contre le mariage gay dans diverses villes de France. En réponse, plusieurs associations (Grisélidis, Mixcité, Act UP sud-ouest) et partis politique de gauche (NPA, EELV, JC) ont organisé une contre-manifestation à Toulouse le même jour. « On doit lutter pour nos droits, personne ne le fera à notre place » affirme Marie, féministe engagée. Pour l’adoption, elle ne manque pas de rappeler les chiffres « effarants » de familles divorcées, recomposées ou monoparentales, où les enfants évoluent « sans que cela ne pose problème à quiconque ». « Des familles homoparentales existent déjà et leurs enfants se portent très bien », conclue-t-elle.

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Le lendemain, les militantes se rejoignent à 13h place de la Trinité. Des membres du squat féministe « TDB » (Trou de Balle) sont déjà là. Concertation, échange de numéros à contacter en cas d’urgence, trousse à pharmacie…on ne rigole pas sur la prévention. Une passante interpellée par les affiches s’interroge :  « la manif n’est pas annulée ? ». Le préfet de Toulouse a en effet interdit la contre-manifestation. Une dizaine de CRS surveillent déjà la rue.

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Place Esquirol, point de rendez-vous des deux manifestations, les pro mariage arrivent peu à peu. Vers 14h, quelques 500 personnes se sont réunies. L’ambiance est bon enfant. Des drapeaux gays, de la CNT et du NPA flottent dans les airs. Un petit groupe d’Act Up sud-ouest se débat pour hisser une énorme banderole noire entres deux poteaux « Pour l’égalité des droits Ad vitam aeternam ». Des slogans d’un ton humoristique s’élèvent sur des pancartes colorées. Des militants qui ne manquent pas de créativité pour faire valoir leur droit.

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Devant la foule, des camions de CRS bloquent le passage. En arrière-plan, des ballons bleus, roses et blancs s’agitent au-dessus des képis. Les manifestants contre le mariage et l’adoption pour tous s’amassent de l’autre côté.

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« Ils sont nombreux » s’inquiète un manifestant qui tente de regarder entre deux policiers. Plus nombreux et apparemment mieux équipés : chars, sono, ballons. La manifestation des anti, elle, autorisée, commence sa marche sous les huées de l’autre camp:  » Homophobe dehors! », « Facho, catho, hors de nos rues! ». Beaucoup sont venus en famille. Pères, mères, enfants, comme pour refléter leur éternel slogan « un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants ». Alice s’est vêtue de rose pour l’occasion. Elle est venue comme les autres pour dire non au mariage « entre deux personnes ayant des attirances homosexuelles ». Elle n’est pas là « contre les homosexuels » mais pour affirmer que  « naturellement, pour engendrer un enfant, il faut un papa et une maman, sinon c’est aller contre-nature ». La question de l’adoption est donc rédhibitoire et le mariage n’est pas mieux accepté : « Le Pacs existe déjà et reconnaît l’union entre deux personnes de même sexe, ils n’ont pas besoin du mariage, je pense que c’est suffisant ». Ce qui dérange surtout c’est ce qui changera dans le code civil, « parent à la place de mère et père ». « Dans le code civil, il n’y a pas une seule fois le mot amour » répond Alice à l’argument adverse de reconnaître l’union de deux personnes qui s’aiment. Si elle pense que le gouvernement ne reviendra pas sur sa décision elle ne baisse pourtant pas les bras « on espère que nos hommes politiques vont réfléchir en conscience et auront le courage de revenir sur leur décision ».

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Le long cortège, 10 000 personnes selon les organisateurs, 5000 selon la police, se déplace sans encombre vers la place du Capitole, lieu d’arrivée de la manifestation.

Au Capitole, les pro mariage sont déjà là et attendent de pied ferme leurs détracteurs. « On ne les laissera pas passer », s’insurge un militant. Une vingtaine de camions de CRS a été déployée dans les rues adjacentes. Vers 16h45, les anti sont à une rue de la place, les pro s’imposent face à eux devancés par un cordon musclé de CRS.

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On s’observe, on se provoque, quelques regards désapprobateurs et des insultes fusent. La sono des anti devient vite inaudible sous les huées et slogans chantés par les pro. « On baise pour vous, priez pour nous », « c’est au Vatican qu’on viole les enfants » ou encore « ah si Marie avait connu l’avortement, on n’aurait pas tous ces emmerdements ». Les CRS chargent et parfois matraquent les premiers rangs pour repousser les pro. A plusieurs reprises, du gaz lacrymogène est projeté dans leur direction. On tente de se réfugier dans les magasins ou hall d’immeuble les plus proches. Des gouttes de sérum et de l’eau sont distribuées aux plus touchés.

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Après un face à face tendu et des yeux bien rouges, les CRS évincent une ultime fois les pro au milieu de la place du Capitole sous les derniers jets de lacrymogène. Les anti n’auront pu atteindre qu’une petite partie de la place pour se disperser peu après. « C’est une victoire! » se réjouit Marie. « On aura résisté jusqu’au bout! ». Les défenseurs du mariage et de l’adoption pour tous ont montré aujourd’hui qu’ils étaient eux aussi mobilisés pour défendre la loi. Un prochain grand rassemblement est prévu à Paris le 16 décembre. « On y sera » assurent les manifestants.

Le mariage gay n’a pas la foi

Adopté mercredi par le Conseil des ministres, le projet de loi ouvrant le mariage civil et l’adoption aux homosexuels n’en finit pas d’inquiéter une partie des Français. Et tout particulièrement les croyants. Alors que le premier mariage homosexuel serait célébré à Montpellier – selon le ministre et porte-parole du Gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem – Hautcourant est parti à la rencontre de fidèles montpelliérains.

Mariage et parentalité homosexuels, le débat est relancé

Après l’arrêt du tribunal administratif de Besançon ordonnant la délibération d’un agrément d’adoption à une lesbienne, l’appel samedi d’Hélène Mandroux, en faveur du mariage de couple de même sexe, relance le débat des droits des homosexuels.

C’est en tant que célibataire que Emmanuelle B. avait demandé le droit d’adopter. Mais en couple depuis vingt ans avec une autre femme, le Conseil général du Jura, chargé de fournir les agréments d’adoption, lui avait refusé à deux reprises. Malgré des avis favorables obtenus lors d’enquêtes liées à la procédure d’adoption et un arrêt de la Cour Européenne des droits de l’homme de 2008 condamnant la France pour discrimination sexuelle, le Conseil général du Jura reste sourd à sa demande. Saisie du litige, le tribunal administratif de Besançon a tranché le 10 novembre dernier: il n’y a rien qui s’oppose à l’obtention de l’agrément d’adoption.

Mais ce n’est pas la reconnaissance du droit d’adoption pour les homosexuels qui est ici reconnu. C’est en tant que célibataire et non comme couple, qu’Emmanuelle B. pourra adopter un enfant. Néanmoins, Hussein Bourgi, Président du Collectif contre l’homophobie de Montpellier se réjouit : «C’est une très bonne décision». Cependant, il ne manque pas de souligner que « c’est une réponse positive mais qu’elle ne répond pas à toutes les situations ».

L’appel d’Hélène Mandroux

10 ans après l’entrée en vigueur du PACS (pacte civil de solidarité) destiné en premier lieu à la communauté homosexuelle, l’édile de la cité héraultaise lancera samedi 14 novembre, un appel en faveur du mariage homosexuel.
C’est lors du Cinquième festival gay et lesbien de Montpellier organisé par le Collectif contre l’homophobie, que l’appel sera lancé à 18h sur la place du Marché aux fleurs de Montpellier. Le festival qui se déroule jusqu’au 15 novembre, est l’occasion pour le C.C.H. de réaffirmer son engagement pour la cause homosexuelle mais surtout de revendiquer l’égalité des droits pour tous.

D’après nos confrères de Midi Libre, Hélène Mandroux a reçu « plusieurs dizaines de signature de soutien » dont celle de « Bertand Delanoe, maire de Paris ou encore Pierre Cohen, maire de Toulouse ». La journée sera entre autre marquée par la présence de Patrick Bloche, député-maire du 11ème arrondissement de Paris et rapporteur de la loi créant le PACS.
Pour Hussein Bourgi, « l’initiative du maire de Montpellier est particulièrement bienvenue. L’un des objectifs de l’association est le débat public, il sera ainsi relancé ». Et d’ajouter « le fait que cela soit des maires de province qui s’engage sur le sujet est très bien. C’est une question nationale qui n’est pas seulement lié à un microcosme parisien ».

Rappelons qu’en Europe cinq pays autorisent le mariage gay. Il s’agit des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Espagne, de la Norvège et de la Suède. Mais le débat pourrait revenir rapidement sur le devant de la scène européenne avec la réélection du Premier ministre portugais, le socialiste José Socrates dont le mariage des couples homosexuels était inscrit au programme.

Pour retrouver le programme du 5ème Festival gay et lesbien de Montpellier : http://www.cch.asso.fr/IMG/pdf/programme_bbr2009.pdf

Jacques Nolot : « Le cinéma doit provoquer une réflexion sur l’homosexualité »

Premier festival cinématographique axé sur les thématiques gays et lesbiennes à Nice, les rencontres  » D’un genre à l’autre  » attirent un public de tous horizons depuis le 30 avril. Réalisateur et acteur de « L’arrière-pays », « La Chatte a deux têtes » et récemment « Avant que j’oublie », Jacques Nolot a répondu présent, jeudi 1er mai, pour une rencontre avec le public niçois après la projection de ses films. Acteur fétiche d’André Téchiné, sexagénaire, homosexuel, il livre son opinion sur le festival et sa vision du cinéma.

Pourquoi avoir accepté de participer aux rencontres D’un genre à l’autre ?

Les festivals de type « cinéma gay » me gênent, mais j’ai tenu à venir à Nice parce que ça me semblait important. Dans une ville avec une politique de droite, fermée et homophobe (1), j’ai trouvé l’initiative du festival très courageuse. Je suis contre la ghettoïsation, mais si je suis venu, c’est que je cautionne un minimum.

Contestez-vous le bien-fondé d’un festival cinématographique gay et lesbien ?

J’ai un rejet complet pour les étiquettes, on ne dit pas des autres festivals qu’ils sont hétéros ! Mais je ne peux pas refuser de faire partie de la communauté gay. C’est comme la famille : elle nous emmerde un peu mais on est content quand on la retrouve aussi. Ces festivals stigmatisent l’homosexualité, mais si c’est un moyen pour éveiller les consciences et faire bouger les choses, comme à Nice, pourquoi pas ?

Dans votre dernier film, Avant que j’oublie (2007), l’homosexualité suggère l’interdit, la maladie, la mort. Que souhaitez-vous exprimer à travers vos films ?

Je suis assez vigilant avec l’homosexualité, je refuse de représenter l’homo à travers le cliché de la « folle », comme l’a fait Pédale douce par exemple. Dans mes films je brise le tabou de l’homme homosexuel, car l’homosexualité féminine est beaucoup plus acceptée. Je montre le réel, le quotidien : des hommes mariés qui se payent des gigolos, la séropositivité, la vieillesse.

Quelle est votre vision du cinéma, et surtout, de votre cinéma ?

Il y a toute une partie du cinéma français que je ne regarde pas, notamment les comédies. Pour moi le cinéma doit provoquer la réflexion, le spectateur doit ressortir nourri. Moi, j’écris pour exprimer mon malaise. C’est pour cela que mes films dérangent et surprennent. En ce moment, je vais trop bien pour écrire un nouveau film…

(1) : NDLR, ces propos n’engagent que leur auteur, et en aucun cas la rédaction de ce site.