Des ateliers d’auto-protection réservés aux homosexuels

Depuis un an, l’association Lesbian & Gay Pride de Montpellier propose à ses adhérents des cours d’auto-protection. Dispensés bénévolement, ces cours ont surtout pour but « d’apprendre à désamorcer une agression et à se sentir mieux dans son corps et dans sa voix, leur donner de l’assurance à l’oral » atteste Élodie Brun, coordinatrice de LGP.

Les homosexuels se retrouvent au centre du débat depuis la rentrée parlementaire. L’attention médiatique est focalisée sur le mariage pour tous et la PMA mais « on constate que la parole homophobe se libère. C’est comme si, en voyant l’ampleur des manifestations anti-mariage pour tous, les homophobes cachés se révèlent au grand jour et déculpabilisent de leur point de vue » déplore Élodie. Depuis que ces cours ont été mis en place, « nous avons de bon retour, beaucoup se sentent plus parés à sortir sans avoir d’appréhension. Ce cours a été proposé pour faire face à de nombreuses demandes suite à des agressions ».

Objectif : prendre confiance et savoir se défendre

Philippe dispense les cours gratuitement. Pour le professeur du Bujinkan dojo, ce fut essentiel d’apporter son savoir. Après un certain nombre d’années de pratique de cet art martial, « notre maître japonais Hatsumi Masaaki, 82 ans, nous conseille de développer quelque chose. Une action pour améliorer le quotidien des autres ». Témoin d’une altercation dans le centre-ville de Montpellier dès son retour du Japon en 2011, le quadragénaire n’a pas hésité et a contacté Vincent Autin, président de la LGP pour lui soumettre son projet.

Il explique : « l’auto-protection est tirée de l’art martial, mes cours sont adaptés aux personnes qui n’ont jamais pratiqué ». Son but est simple, il souhaite « leur apprendre à avoir confiance en eux, à contrôler un potentiel agresseur avec les mains libres pour appeler des secours ou encore à tout simplement savoir chuter en cas de bousculade sans craindre la chute ». L’objectif est unanime, savoir se défendre en cas de besoin sans jamais inverser les rôles et devenir agresseur. Alors, le samedi, c’est scénario d’agression : « une mise en situation nécessaire. Le but c’est qu’ils découvrent leur stress et apprennent à le gérer face à un ou plusieurs agresseurs. »

Mariage pour tous : itinéraire du projet de loi au Parlement

Lancement mardi, de dix jours de discussion publique à l’Assemblée nationale, en vue du projet de loi «~ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe~». Après un passage en commission des lois, les 5 362 amendements sont débattus depuis par les députés. Acheminement du texte, navette parlementaire, agenda… l’heure est à une mise au point.

Jour et nuit, en semaine comme en week-end – jusqu’au 10 février – des débats tumultueux et sans répit exaltent l’Assemblée nationale. Chaque député a deux minutes pour justifier son opinion et sa proposition de modification. L’absence d’un élu annule son amendement. Aussi, un amendement peut-être directement supprimé si un similaire a été validé avant. Dès l’ouverture des débats, le ministre des relations avec le Parlement, a annoncé sur son compte Twitter, qu’un vote solennel est prévu le mardi 12 février.

LE TWEET (cliquez sur l’image)

twitter-7.jpg

Suite à quoi, le texte – modifié dans un premier temps par les députés – sera soumis au Sénat. Cette deuxième escale de la navette parlementaire (voir infographie ci-dessous) aura lieu en mars. Débats et amendements passés, en cas de désaccord entre les députés et le Sénat, le texte réintégrera l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Le gouvernement pourra alors décider de convoquer une commission de conciliation : la commission mixte paritaire (CMP), composée de sept députés et sept sénateurs.

Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, souhaite une adoption définitive du texte pour la fin avril. Déjà en 1999, le PACS avait mis près d’un an à être voté. Certains estiment irréaliste le calendrier du gouvernement. Erwann Binet lui – rapporteur du projet de loi – est confiant quant à une adoption avant l’été.

INFOGRAPHIE (cliquez sur l’image)

Infographie.jpg

La réunion au sommet de « l’engagement chrétien en politique »

Publié le 7 janvier par le site internet antifa-net.fr, un document établit la liste des invités à un séminaire peu ordinaire : la réunion des « têtes de réseaux de l’engagement chrétien en politique » opposées au mariage pour tous qui a eu lieu en novembre 2012 dans une commune de Saône-et-Loire.

Pour s’organiser face au projet de loi en faveur du mariage homosexuel, 150 personnalités ont été conviées à un concile polémique les 2, 3 et 4 novembre. A l’initiative de Jean-François Debiol – militant chrétien engagé en politique depuis 2002 aux côtés de Christine Boutin notamment – , cette réunion s’est déroulée à Paray-le-monial, en Saône-et-Loire, avec la bénédiction de son maire, Jean-Marc Nesme. La commune est connue pour sa basilique et ses retraites spirituelles qui attirent chaque année des milliers de pèlerins. Une quarantaine de personnes a répondu favorablement à l’invitation. Contacté par téléphone, Jean-François Debiol atteste de l’authenticité du document publié sur internet « Il s’agit d’un document de travail, je ne sais pas comment il est arrivé entre les mains du site ». Il confirme le démenti de Bernard Poignant, maire socialiste de Quimper et proche de François Hollande, qui s’est fendu d’un communiqué dès lors qu’il a vu son nom associé à cette réunion. « Comme je vous le disais, il s’agit d’un document de travail produit antérieurement à la réunion. Certaines personnes dans la liste ne sont pas venues. Il s’agit des invités qu’on m’avait suggérés, certains ont décliné l’invitation » précise l’organisateur de l’événement.

Pourquoi une telle réunion ?

Dans ce document, Jean-François Debiol déplore la faiblesse de l’engagement chrétien en politique :

« Ainsi, des 5% de Philippe de Villiers aux élections présidentielles de 1995, nous sommes passés au 1% de Christine Boutin en 2002 tandis que, dix ans plus tard, il est devenu quasiment impossible aux candidats désireux de défendre nos valeurs de recueillir les 500 signatures fatidiques ».

Dès les premières lignes, il pose le cadre politique du rassemblement. Il s’agissait de redonner un élan aux combats des militants chrétiens en réunissant les principales figures des organisations opposées au mariage pour tous. Jean-François Debiol explique : « Devant l’incohérence et la dispersion des chrétiens engagés en politique, il m’a semblé pertinent de se réunir pour discuter des grandes problématiques de notre temps et plus particulièrement du mariage gay». Au programme de ce séminaire : conférences, débats, présentation des organisations. A l’issue de la rencontre un document de travail a été produit afin de proposer un argumentaire contre le projet de loi, invoquant, entre autres choses une étude très controversée de Mark Regenerus sur l’homoparentalité.

Un (d)étonnant mélange des genres

Mêlant tous azimuts mariage pour tous, homoparentalité, avortement et euthanasie, le document d’invitation se positionne clairement dans la tradition de la droite catholique traditionaliste, celle qui s’est élevée contre le droit à l’avortement, le PACS et pour l’école libre. Celle qui, dans ses composantes les plus radicales, s’époumone toujours devant les centres d’Interruption Volontaire de Grossesse. Civitas, qui était présent à cette réunion, n’hésite d’ailleurs pas à qualifier l’IVG de « génocide infantile » ou de « meurtre de masse ». On trouve donc dans la liste définitive (ci-jointe) de ces étonnants séminaristes des organisations identitaires ou royalistes aussi bien que des élus, des hauts fonctionnaires et des membres, plus ou moins influents, de partis (du Parti socialiste au Front national en passant par le Modem et l’UMP). Ainsi, Marc Lebret est venu représenter les poissons roses, courant socialiste opposé au mariage pour tous, au côté de Bruno Gollnish qui a fait une apparition de quelques heures au séminaire. Un recteur et un inspecteur d’académie, pourtant tenus au devoir de réserve, ont également participé à cet étrange rassemblement. Il semble gênant pour eux de voir apposer leur nom aux côtés de ceux de Jean-Claude Phillipot (de l’organisation Civitas) et Cyrille Henrys (de l’alliance royale).

Si le cabinet de Bernard Poignant ne croit pas à un complot dans la diffusion de cette liste, un de ses membres estime que ce document est une maladresse préjudiciable: «Il y a peut-être un peu de manipulation dans le fait d’établir une liste qui mentionne tout le spectre politique. C’est un peu particulier comme méthode de travail ». Plus particulier encore, la présence de Frigide Barjot qui se défendait encore le 11 janvier au micro de BFMtv de l’amalgame fait avec Civitas, « ces gens qui refusent d’enlever leurs signes distinctifs identitaires ». Mais au pays des vaches charolaises, amalgames et fréquentations douteuses auraient dû être tenus secret.

Mariage et parentalité homosexuels, le débat est relancé

Après l’arrêt du tribunal administratif de Besançon ordonnant la délibération d’un agrément d’adoption à une lesbienne, l’appel samedi d’Hélène Mandroux, en faveur du mariage de couple de même sexe, relance le débat des droits des homosexuels.

C’est en tant que célibataire que Emmanuelle B. avait demandé le droit d’adopter. Mais en couple depuis vingt ans avec une autre femme, le Conseil général du Jura, chargé de fournir les agréments d’adoption, lui avait refusé à deux reprises. Malgré des avis favorables obtenus lors d’enquêtes liées à la procédure d’adoption et un arrêt de la Cour Européenne des droits de l’homme de 2008 condamnant la France pour discrimination sexuelle, le Conseil général du Jura reste sourd à sa demande. Saisie du litige, le tribunal administratif de Besançon a tranché le 10 novembre dernier: il n’y a rien qui s’oppose à l’obtention de l’agrément d’adoption.

Mais ce n’est pas la reconnaissance du droit d’adoption pour les homosexuels qui est ici reconnu. C’est en tant que célibataire et non comme couple, qu’Emmanuelle B. pourra adopter un enfant. Néanmoins, Hussein Bourgi, Président du Collectif contre l’homophobie de Montpellier se réjouit : «C’est une très bonne décision». Cependant, il ne manque pas de souligner que « c’est une réponse positive mais qu’elle ne répond pas à toutes les situations ».

L’appel d’Hélène Mandroux

10 ans après l’entrée en vigueur du PACS (pacte civil de solidarité) destiné en premier lieu à la communauté homosexuelle, l’édile de la cité héraultaise lancera samedi 14 novembre, un appel en faveur du mariage homosexuel.
C’est lors du Cinquième festival gay et lesbien de Montpellier organisé par le Collectif contre l’homophobie, que l’appel sera lancé à 18h sur la place du Marché aux fleurs de Montpellier. Le festival qui se déroule jusqu’au 15 novembre, est l’occasion pour le C.C.H. de réaffirmer son engagement pour la cause homosexuelle mais surtout de revendiquer l’égalité des droits pour tous.

D’après nos confrères de Midi Libre, Hélène Mandroux a reçu « plusieurs dizaines de signature de soutien » dont celle de « Bertand Delanoe, maire de Paris ou encore Pierre Cohen, maire de Toulouse ». La journée sera entre autre marquée par la présence de Patrick Bloche, député-maire du 11ème arrondissement de Paris et rapporteur de la loi créant le PACS.
Pour Hussein Bourgi, « l’initiative du maire de Montpellier est particulièrement bienvenue. L’un des objectifs de l’association est le débat public, il sera ainsi relancé ». Et d’ajouter « le fait que cela soit des maires de province qui s’engage sur le sujet est très bien. C’est une question nationale qui n’est pas seulement lié à un microcosme parisien ».

Rappelons qu’en Europe cinq pays autorisent le mariage gay. Il s’agit des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Espagne, de la Norvège et de la Suède. Mais le débat pourrait revenir rapidement sur le devant de la scène européenne avec la réélection du Premier ministre portugais, le socialiste José Socrates dont le mariage des couples homosexuels était inscrit au programme.

Pour retrouver le programme du 5ème Festival gay et lesbien de Montpellier : http://www.cch.asso.fr/IMG/pdf/programme_bbr2009.pdf

Homosexuel, tout un combat

L’affaire qui soulève le pays

La presse n’a pas hésité pas à exprimer son opinion vis à vis de cette « déviance » venue de l’Occident. Créant la polémique autour des neuf accusés d' »acte impudique et contre-nature et association de malfaiteurs » le 6 janvier dernier, les journaux ont fermement condamné la célébration du mariage gay qui a conduit ces hommes en prison.

L’affaire débute dans les colonnes du journal « Icône ». Les photographies privées du mariage ont été publié par Mansour Dieng, directeur de la publication qui explique sur Afrik.com, « Je ne voulais pas créer la polémique, j’ai juste relaté un fait. Comme personne n’a voulu me croire j’ai dû le prouver par des photos. »

Le 20 avril, la Cour d’appel a annulé la procédure et ordonné leur libération, sous la pression internationale. La secrétaire aux Droits de l’homme a appelé à de nombreuses reprises les dirigeants sénégalais afin qu’ils libèrent les neuf hommes. C’est d’ailleurs pour cette raison que le journal « 24 heures Chrono » n’a pas apprécié la situation et a ouvertement pointé du doigt la décision.

Le jour de leur libération, le 30 avril 2009, le journal « 24 heures Chrono » a remis en cause la décision de justice en écrivant selon le site Têtu.com que « la décision de justice revient à faire croire au peuple que les actes contre-nature (…) sont moins graves que ceux que l’on reprocherait à El Malick Seck ».

Ce dernier est le directeur de publication du journal emprisonné pour « délit de presse », il vient d’être gracié par le président Abdoulaye Wade. Le site de Têtu, ajoute que le journal s’inquiète de « l’émergence de l’homosexualité, qui étend de plus en plus ses tentacules dans la société sénégalaise ».

Une répression de plus en plus accrue

Depuis 1965, l’homosexualité est punie par la loi, « le Code pénal sénégalais punit d’un an à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 100.000 à un million de francs CFA (de 238 à 2.380 dollars environ) tout acte considéré comme contre-nature, notamment un acte sexuel entre personnes de même sexe ».

Cet article de loi illustre la vie quotidienne des homosexuels qui vivent avec la peur d’être dénoncé : harcelé par des coups de téléphone de « menace de mort », un jeune homme raconte à Têtu.com, « On est persécuté en permanence, on se fait taper, insulter, dénoncer. Je vie avec la peur au ventre ».

Cette situation risque de se dégrader avec la création le 29 avril 2009 à Dakar par des chefs religieux musulmans un « Front islamique pour la défense des valeurs éthiques ». Le but de ce front est de préserver toute « attaque contre l’islam », particulièrement depuis la libération des neuf homosexuels sénégalais.