Grands chantiers pour Barack Obama et son équipe

Barack Obama, 44ème Président des États-Unis : un rêve devenu réalité. Mais quelle réalité ? Crise économique, guerre en Irak, réchauffement climatique… Voilà les défis pour le successeur de Georges W. Bush. A la veille de son investiture, le 20 janvier 2009, retour sur les principaux dossiers qui attendent la nouvelle administration américaine dans les prochains mois.

3005161141_5085efe6dd.jpg L’heure est venue. Le 20 janvier 2009, Barack Obama prêtera serment sur la Bible, devant les marches du Capitole à Washington. Une tradition qui va investir l’ex-sénateur de l’Illinois dans sa fonction de 44ème président des États-Unis.

Après l’euphorie de la victoire et la vague d’Obamania qui a déferlé sur la planète, le nouvel homme fort de l’Amérique a de nombreux défis à relever. Il doit redorer le blason de son pays aux yeux du monde après la désastreuse ère Georges W. Bush, mais surtout il lui faut redonner l’espoir à des américains en pleine crise de confiance.

Sortie de crise

Premier défi du nouveau président : faire face à la pire crise financière depuis 1929. C’est la principale préoccupation du peuple américain qui redoute l’enlisement dans un cercle vicieux. Déjà les premiers effets du krach se font sentir : le taux de chômage a explosé, atteignant des records inédits depuis 30 ans, l’industrie automobile est en grande difficulté et l’économie américaine est entrée en phase de récession.

2237034946_d200b789f1.jpg Pour résoudre ces problèmes urgents, l’équipe Obama a d’ores et déjà proposé un plan qualifié par certain de « nouveau New Deal ». Il prend la forme d’investissements massifs dans la rénovation des infrastructures du pays (routes, ponts, bâtiments publics…). Une injection de capitaux, à hauteur de 500 milliards de dollars, destinée à créer des emplois et à relancer une consommation américaine en berne. Des grands travaux qui accompagnent par ailleurs la poursuite du « plan Paulson » : 350 milliards de dollars réservés à la sauvegarde du secteur financier et du secteur automobile.

Facture alourdie par les promesses de campagne du candidat Obama : réductions d’impôts et extension de la couverture maladie pour les plus pauvres. Des réformes qui touchent notamment les classes moyennes américaines, principales cibles du programme démocrate. Les exonérations fiscales concernent près de 95% des américains, à hauteur de 500 dollars par contribuable, soit une enveloppe de près de 300 milliards.

Au final, un budget pharaonique dépassant le seuil symbolique des 1000 milliards de dollars et qui fait déjà débat outre-Atlantique. Comment le nouveau président pourra t-il respecter ses engagements alors que, selon les experts, la crise promet d’être encore plus profonde en 2009 ? Les républicains attendent Obama au tournant.

Défis diplomatiques

Barack Obama a posé les bases de sa politique : sa priorité c’est l’Amérique et les américains. Toutefois, c’est sans compter avec l’héritage désastreux de l’administration Bush à l’échelle internationale. Rien de moins que deux guerres, une «menace» nucléaire et un conflit qui s’enlise.

Premier dossier sensible : le conflit israélo-palestinien. Alors qu’elle ne faisait pas partie des priorités de l’équipe Obama, la récente actualité a remis au premier plan la question du processus de paix au Proche-Orient. 2515567507_843056f2b9.jpg Les opérations militaires d’un État hébreu qui a profité des flottements diplomatiques américains pour prendre position dans la bande de Gaza, ont ravivé les tensions entre communautés. La situation humanitaire catastrophique des gazaouis et les appels répétés de la communauté internationale pour un cessez-le-feu immédiat poussent la nouvelle diplomatie américaine à intervenir rapidement. Hillary Clinton, nouvelle secrétaire d’État, aura la délicate mission de rétablir le dialogue entre les palestiniens et le gouvernement israélien. Une tâche délaissée par la précédente administration.

Autres priorités de la diplomatie américaine, les questions afghanes et irakiennes. Durant sa campagne, le candidat démocrate s’est engagé à retirer progressivement les troupes US d’Irak dans un délai de 16 mois. Aujourd’hui, il doit donc mettre en œuvre le changement et sortir l’US Army du bourbier irakien. Une décision chère aux yeux du peuple américain pour compenser le bilan désastreux de Georges W. Bush. En revanche, en ce qui concerne l’Afghanistan, l’accent est mis sur la poursuite des opérations militaires. La nouvelle administration envisage de maintenir l’occupation du territoire afghan en collaboration avec l’Otan, tout en continuant les efforts politiques pour démocratiser le pays. Hillary Clinton étant consciente que la seule voix des armes ne peut aboutir qu’à un enlisement.

2201308715_ff2b7c923d.jpg Outre les problèmes d’ordre militaire, l’ex-première dame doit aussi garder un œil sur Téhéran. Source de graves tensions au cours de l’année 2008, la question du nucléaire iranien reste un des dossiers les plus sensibles à l’échelon mondial. Le dialogue, en concertation avec les alliés des États-Unis, reste privilégié, toutefois la menace d’une intervention armée n’est pas écartée. Enfin dernier défi pour Barack Obama : gérer le regain de tensions entre son pays et la Russie depuis la crise géorgienne à l’été 2008. Pour éviter aux américains de voir ressurgir les vieux démons de la guerre froide dans un contexte plombé par la crise.

Promesses de campagne

2185674368_d87905dea3.jpg Entrer dans le Bureau Ovale ne sera donc pas de tout repos pour le nouveau pensionnaire de la Maison Blanche, d’autant plus qu’il doit répondre à d’autres engagements. Premier exemple : la fermeture de la prison de Guantanamo. Alors qu’en campagne, le candidat Obama avait promis que la prison aurait disparue 100 jours après son investiture, le président Obama recule l’échéance. Symbole des erreurs de Georges W. Bush dans sa lutte contre le terrorisme, la fermeture de Guantanamo est attendue par une majeure partie de l’Amérique. Pourtant Obama préfère prendre son temps avant de la démanteler. Une décision annoncée le 11 janvier dernier lors d’une interview du nouveau chef d’État accordée à la chaine ABC. Selon lui, « c’est plus difficile que nombre de gens ne le pensent. Je crois que cela va prendre un certain temps ». Barack Obama assure par ailleurs que des « équipes de juristes travaillent avec les responsables de la sécurité nationale, en ce moment même » pour aboutir à une solution rapide.

Autre grand chantier pour l’équipe Obama : l’énergie et le climat. Après huit ans de recul sur les questions climatiques, le nouveau président a pris de bonnes résolutions. 3148194086_5340494cd5.jpg Engagé dans la lutte contre le réchauffement global, il évoque sa volonté de « jouer un rôle de leader dans le développement et la mise en œuvre d’une réponse mondiale et coordonnée au changement climatique ». L’ambition de Barack Obama est de réduire de 35% la consommation de pétrole des États-Unis à l’horizon 2030. Il veut également que 25% de la production d’électricité provienne d’énergies renouvelables d’ici à 2025 et que les émissions de CO2 soient réduites de 80% en 2050. Un projet ambitieux confié à Steven Chu, prix Nobel de physique, spécialiste de l’énergie en charge du ministère du même nom. Grand absent dans ce dossier, le prix Nobel de la paix Al Gore, fervent défenseur de la lutte contre le réchauffement, laissé de coté par le Président Obama.

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Espoirs

Barack Obama a déclaré qu’il lui faudrait deux mandats pour mener à terme sa politique. Ses détracteurs lui répondent qu’il prépare déjà sa réélection en 2012. Malgré cette polémique, il est indéniable que le nouveau Président des Etats-Unis a devant lui une mission difficile. Il porte sur ses épaules l’espoir des américains et n’a pas le droit à l’erreur contre des adversaires républicains déjà impitoyables. Le monde entier, porté par l’Obamania, aura aussi un œil sur ses moindres faits et gestes. Un «Président Star», déjà icône d’une génération qui doit se préparé à passer de longues nuits blanches.

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Le lancer de chaussures, une nouvelle discipline politique

Dimanche 14 décembre 2008, lors d’une conférence de presse à Bagdad, un journaliste irakien Montazer al-Zaïdi jette ses deux chaussures sur Georges Bush, le ratant de peu et ravivant le débat sur la légitimité américaine dans le monde Arabe.

Prenez des annonces peu convaincantes

A cinq jours de son départ d’Irak, lors d’une rencontre avec son homologue irakien Jalal Talabani, le président sortant américain George Bush a déclaré « La tâche n’a pas été facile mais elle était nécessaire pour la sécurité américaine, l’espoir des Irakiens et la paix dans le monde« . Avant de monter dans son avion, « le grand ami du peuple irakien » comme le qualifie le président Jalal Talabani, s’est déclaré « ravi d’avoir eu la chance d’être revenu en Irak avant la fin de son mandat ». Dans un Bagdad à feu et à sang, ces annonces ne leurrent personne.

Ajoutez-y un journaliste audacieux

Lors d’une conférence de presse à Bagdad, un journaliste de 29 ans a jeté sa paire de chaussures au visage du président américain, Georges W. Bush. Par son geste, Montazer al-Zaïdi, correspondant de la télé irakienne Al-Baghdadia, est devenu un « héros dans le monde arabe ». Il aurait crié, en lançant ses projectiles : «C’est le baiser de l’adieu, espèce de chien.». Conduit expressément en prison, prêt de 200 avocats se sont proposés de le défendre gratuitement.

Vous obtiendrez un succès médiatique

En un temps record, la vidéo a fait le tour du monde sur Youtube. Des messages de soutien lui sont parvenus du monde entier. Le journal Libération reprend les termes d’Al-Jazira : «Plus de 3 200 commentaires. La direction de la chaîne a indiqué que c’était sans précédent. Il y en a eu plus que pour le 11 Septembre. A 90 %, ils étaient positifs». La plupart des mouvements radicaux arabes se sont prononcés en faveur de son action. Des palestiniens oubliés aux irakiens occupés en passant par le Hezbollah libanais, tous y voient une belle leçon donnée à Georges W. Bush et une revanche pour les pays arabes sans effusion de sang.

La vidéo de l’incident, reprise pour le JT de 20h de France2 le 15 décembre :

Benoît XVI aux USA : la foi, la raison, et le Proche-Orient

Le voyage épiscopal de Benoît XVI aux États-Unis du 15 au 21 avril a été confirmé par le Vatican. Six jours de déplacements apostoliques au cours desquels le souverain pontife célèbrera cinq messes, prononcera plus de sept discours, et rencontrera les plus hauts dignitaires américains de l’Église catholique. C’est la première fois que le successeur de Jean-Paul II traverse l’Atlantique pour se rendre successivement à Washington et à New York.

S’il est à noter que le chef de l’Église sera au siège des Nations Unies le 18 avril prochain, le pape s’entretiendra également à plusieurs reprises avec l’ancien gouverneur du Texas, George Bush. D’après l’annonce officielle de la Maison Blanche, l’entretien entre le pape et le président des États-Unis, le 16 avril prochain, sera l’occasion d’évoquer leur engagement concernant « l’importance de la foi et de la raison pour atteindre des objectifs partagés », c’est-à-dire, « la progression de la paix au Proche-Orient et ailleurs, la promotion de la compréhension entre les religions et le renforcement des droits de l’homme et de la liberté à travers le monde, en particulier de la liberté religieuse ».
« La foi et la raison », le thème même du discours prononcé par Benoît XVI lors de son intervention à l’université de Ratisbonne, en septembre 2006.

            Discours de Benoît XVI à Ratisbonne le 12 septembre 2006

Après avoir expliqué en quoi « Il demeure nécessaire et raisonnable de s’interroger sur Dieu avec la raison », le successeur de Saint-Pierre avait cité les propos de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue à un savant persan, en se référant à la traduction de Théodore Khoury des Entretiens avec un musulman : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de neuf, et alors tu ne trouveras sans doute rien que de mauvais et d’inhumain, par exemple, le fait qu’il a prescrit que la foi qu’il prêchait, il fallait la répandre par le glaive. » Ces propos sont qualifiés de « dispositions inscrites dans le Coran -d’une époque plus tardive- au sujet de la guerre sainte. »* Comment le nouveau pape pourra t-il donc contribuer à « la progression de la paix au Proche-Orient » après ce discours qui a suscité de violentes réactions?

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Si Benoît XVI a déjà rencontré le président américain lors de la visite de ce dernier à Rome, le 9 juin 2007, ce sera la première visite officielle du pape aux États-Unis, et sûrement la seule du dernier mandat de George Bush. Tous deux opposés à l’avortement ou encore à l’union homosexuelle, les deux hommes se rencontreront à plusieurs reprises. Il faudra patienter jusqu’au 16 avril pour savoir ce qu’il faut entendre par « importance de la foi et de la raison pour atteindre des objectifs partagés », avancée par la note officielle de la Maison Blanche. Le pape sera accueilli par le couple Bush le mardi 15 avril, quelques semaines après le Fitna du parlementaire néerlandais d’extrême droite, Geert Wilders, ainsi que le documentaire d’Amy Berg retraçant le scandale du prêtre pédophile Oliver O’Grady : Délivrez-nous du mal.