La réunion au sommet de « l’engagement chrétien en politique »

Publié le 7 janvier par le site internet antifa-net.fr, un document établit la liste des invités à un séminaire peu ordinaire : la réunion des « têtes de réseaux de l’engagement chrétien en politique » opposées au mariage pour tous qui a eu lieu en novembre 2012 dans une commune de Saône-et-Loire.

Pour s’organiser face au projet de loi en faveur du mariage homosexuel, 150 personnalités ont été conviées à un concile polémique les 2, 3 et 4 novembre. A l’initiative de Jean-François Debiol – militant chrétien engagé en politique depuis 2002 aux côtés de Christine Boutin notamment – , cette réunion s’est déroulée à Paray-le-monial, en Saône-et-Loire, avec la bénédiction de son maire, Jean-Marc Nesme. La commune est connue pour sa basilique et ses retraites spirituelles qui attirent chaque année des milliers de pèlerins. Une quarantaine de personnes a répondu favorablement à l’invitation. Contacté par téléphone, Jean-François Debiol atteste de l’authenticité du document publié sur internet « Il s’agit d’un document de travail, je ne sais pas comment il est arrivé entre les mains du site ». Il confirme le démenti de Bernard Poignant, maire socialiste de Quimper et proche de François Hollande, qui s’est fendu d’un communiqué dès lors qu’il a vu son nom associé à cette réunion. « Comme je vous le disais, il s’agit d’un document de travail produit antérieurement à la réunion. Certaines personnes dans la liste ne sont pas venues. Il s’agit des invités qu’on m’avait suggérés, certains ont décliné l’invitation » précise l’organisateur de l’événement.

Pourquoi une telle réunion ?

Dans ce document, Jean-François Debiol déplore la faiblesse de l’engagement chrétien en politique :

« Ainsi, des 5% de Philippe de Villiers aux élections présidentielles de 1995, nous sommes passés au 1% de Christine Boutin en 2002 tandis que, dix ans plus tard, il est devenu quasiment impossible aux candidats désireux de défendre nos valeurs de recueillir les 500 signatures fatidiques ».

Dès les premières lignes, il pose le cadre politique du rassemblement. Il s’agissait de redonner un élan aux combats des militants chrétiens en réunissant les principales figures des organisations opposées au mariage pour tous. Jean-François Debiol explique : « Devant l’incohérence et la dispersion des chrétiens engagés en politique, il m’a semblé pertinent de se réunir pour discuter des grandes problématiques de notre temps et plus particulièrement du mariage gay». Au programme de ce séminaire : conférences, débats, présentation des organisations. A l’issue de la rencontre un document de travail a été produit afin de proposer un argumentaire contre le projet de loi, invoquant, entre autres choses une étude très controversée de Mark Regenerus sur l’homoparentalité.

Un (d)étonnant mélange des genres

Mêlant tous azimuts mariage pour tous, homoparentalité, avortement et euthanasie, le document d’invitation se positionne clairement dans la tradition de la droite catholique traditionaliste, celle qui s’est élevée contre le droit à l’avortement, le PACS et pour l’école libre. Celle qui, dans ses composantes les plus radicales, s’époumone toujours devant les centres d’Interruption Volontaire de Grossesse. Civitas, qui était présent à cette réunion, n’hésite d’ailleurs pas à qualifier l’IVG de « génocide infantile » ou de « meurtre de masse ». On trouve donc dans la liste définitive (ci-jointe) de ces étonnants séminaristes des organisations identitaires ou royalistes aussi bien que des élus, des hauts fonctionnaires et des membres, plus ou moins influents, de partis (du Parti socialiste au Front national en passant par le Modem et l’UMP). Ainsi, Marc Lebret est venu représenter les poissons roses, courant socialiste opposé au mariage pour tous, au côté de Bruno Gollnish qui a fait une apparition de quelques heures au séminaire. Un recteur et un inspecteur d’académie, pourtant tenus au devoir de réserve, ont également participé à cet étrange rassemblement. Il semble gênant pour eux de voir apposer leur nom aux côtés de ceux de Jean-Claude Phillipot (de l’organisation Civitas) et Cyrille Henrys (de l’alliance royale).

Si le cabinet de Bernard Poignant ne croit pas à un complot dans la diffusion de cette liste, un de ses membres estime que ce document est une maladresse préjudiciable: «Il y a peut-être un peu de manipulation dans le fait d’établir une liste qui mentionne tout le spectre politique. C’est un peu particulier comme méthode de travail ». Plus particulier encore, la présence de Frigide Barjot qui se défendait encore le 11 janvier au micro de BFMtv de l’amalgame fait avec Civitas, « ces gens qui refusent d’enlever leurs signes distinctifs identitaires ». Mais au pays des vaches charolaises, amalgames et fréquentations douteuses auraient dû être tenus secret.

Noël : entre tradition religieuse et fête populaire

A l’origine, noël est une fête païenne marquant le solstice d’hiver. Au fil du temps cet évènement devient une importante fête chrétienne célébrant la naissance du Christ. Aujourd’hui, c’est avant tout une fête commerciale. Dans notre pays, elle reste néanmoins empreinte de tradition religieuse. Ce dimanche 18 décembre, en fin d’après-midi a lieu le concert annuel de noël à la Cathédrale Saint-Pierre de Montpellier. Une occasion d’évoquer l’aspect religieux de noël proche de son caractère populaire.

16h, devant la majestueuse cathédrale gothique. Les derniers arrivés se pressent sous un vent glacial avant de prendre place dans l’édifice. A l’intérieur, le public est assez âgé malgré la présence de quelques familles avec de jeunes enfants. Déjà assis depuis bien longtemps, Maurice, 82 ans, s’impatiente : « j’ai hâte que ce concert commence ! ». Et d’ajouter. « Il est important de perpétrer les traditions catholiques ». « Traditions chrétiennes ! » corrige Josiane, 72 ans, venue avec une amie, avant de confier : « nous sommes protestantes ». Le père Michel Plagniol, archiprêtre de la cathédrale met tout le monde d’accord : « cet évènement s’adresse à tous, c’est un lien culturel ».

16h15, le concert débute. Une douzaine d’enfants, vêtus de blanc, entonnent en chœur le « Noêl de Bresse ». Ils ne chantent pas toujours justes, ni ensembles, mais peu importe la magie s’opère. Une dizaine de minutes plus tard ils sont remplacés par leurs ainés : 90 choristes, hommes et femmes d’âges variés. Ils alternent entre chants populaires et plus religieux en français allemand ou occitan. Leurs voix résonnent harmonieusement avec le son de l’orgue. Entre chaque morceau, Jean-Michel Balester, le chef des chœurs, prend le temps de présenter le chant à venir et explicite son choix.
17h, entracte. L’adjoint à la culture de la ville de Montpellier, Philippe Saurel témoigne. Il est venu en simple qualité d’invité de sa paroisse qui l’a baptisé. Selon lui, il y aurait 60% de catholiques à Montpellier à l’image de la France, « vieux pays chrétien ». Il précise ensuite que « cette manifestation culturelle est une façon pour les catholiques de célébrer noël une semaine avant ».

17h15, reprise. Au cours de cette deuxième partie, au côté des chœurs, la soliste Soprano Ulrike Van Cotthem impressionne par sa performance vocale qui réchauffe en partie les spectateurs. Pour le final, les enfants sont de retour sur scène pour s’unir aux autres. Quelques chants classiques comme « douce nuit » sont repris par le public.

18h15, le concert se termine sur une note d’humour du chef des chœurs. Il lance un appel à candidatures pour participer à la chorale hebdomadaire du jeudi soir avant de proposer une audition générale appelant ainsi les quelques 400 spectateurs à reprendre le classique « Il est né le divin enfant ».

Après sa performance, Michel Balester revient sur ce « moment de partage ensemble dans la joie de noël ». Il souligne « l’importance de renouer avec les traditions du Languedoc, de Montpellier, de cette cathédrale », un « terroir musical » à défendre. Avant d’insister sur « le côté traditionnel, essence même de la fête de noël qui est là depuis la nuit des temps, évocation de la naissance de l’enfant Jésus, elle est aussi chargée de toutes ses traditions qui nous amènent à nous retrouver en famille, à faire attention à l’autre ». Ces paroles pieuses peuvent paraître un tantinet angéliques. Mais au-delà des croyances, et outre l’aspect commercial, pour beaucoup, noël reste une fête populaire et familiale basée sur le partage.


« Pour moi, le 14 juillet est une fête nationale populaire et Noël, une fête avant tout religieuse »

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Trois questions à Marie, 21 ans, déléguée régionale de la section montpelliéraine de l’association des Chrétiens des Grandes Ecoles. Cette étudiante à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier accepte de témoigner, sans complexe, le sourire aux lèvres.

Quel est votre programme pour Noël ?

Marie : Une première fête en famille avec mes grands-parents maternels le 24 au soir, suivie de la messe de minuit. Le lendemain midi, nouveau repas avec mes autres grands parents. Au menu la traditionnelle dinde au marron qui peut varier en fonction des régimes et pour le dessert bûches pour tout le monde !

Selon vous, où se situe noël entre fête populaire et tradition religieuse ?

M. : Tout d’abord, cette fête représente la Nativité, elle est avant tout religieuse mais il y a aussi une grande dimension familiale. Pour moi, le 14 juillet est une fête nationale populaire et Noël, une fête avant tout religieuse.

Quelle place occupent les croyances en cette période de surconsommation tempérée par la crise ?

M. : Je pense que la crise entraîne une remise en cause de la société de consommation, ce qui va amener chacun à se poser la question des priorités de sa vie. Cela ne signifie pas forcément se tourner vers la religion catholique mais plutôt vers le bon sens et les valeurs du catholicisme.

Vacances au Japon : pour travailler plus, oubliez tout!

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Bouddhisme tibétain ou bouddhisme à l’occidentale ?

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Au Québec, la question de l’identité nationale se pose aussi

Le débat sur l’identité nationale n’est pas uniquement français. De même, l’Hexagone n’est pas le seul à se questionner sur le port ostentatoire de signes religieux. Au Québec, province francophone du Canada, la controverse est virulente. Et ce depuis plusieurs années. Le président français Nicolas Sarkozy s’est-il inspiré de ses cousins d’Outre-Atlantique pour son débat sur l’identité nationale ? En 2007, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a lancé la Commission Bouchard-Taylor, ou plus exactement la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles. Outre la problématique de l’intégration, cette commission a mis en exergue toutes les questions que se posent les Québécois sur leur identité nationale. Aujourd’hui encore, la polémique continue dans la Belle Province.

L’identité nationale québécoise, une question ancienne

La question de l’identité nationale est un sujet sensible au cœur de la Belle Province. Pour autant, une grande majorité des Québécois s’identifie d’abord et avant tout au Québec, avant de s’identifier au Canada. « Ils ont ben compris qu’ils ont plus l’droit de nous appeler les Canadiens, Alors que l’on est québécois » chante Linda Lemay. Le Québec est leur nation. Mais comment définir la nation québécoise ?

Le nationalisme a toujours été fort au Québec depuis le XIXe siècle, donnant lieu à différents courants politiques et à divers courants de pensée, se basant très souvent sur l’antagonisme franco-anglais. Toutefois, la question de la souveraineté s’est cristallisée dans les années 1960 avec la Révolution Tranquille. Cette dernière marque, dans l’imaginaire collectif québécois, la formation d’une nouvelle société moderne, ouverte sur le monde et pénétrée par de grands idéaux tels la démocratie, le pluralisme et la nation. La Révolution tranquille fut une importante période de réformes politiques, économiques et culturelles entreprises par Jean Lesage et René Lévesque. Aujourd’hui encore, de nombreux partis politiques tels que le Parti québécois, Québec solidaire ou le Bloc québécois désirent la souveraineté de la province.

En 2006, le gouvernement fédéral canadien, en la personne de Stephen Harper, premier ministre canadien, émet une motion reconnaissant que « Les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni« . Celle-ci engendra un grand débat autour de la définition de la nation québécoise. Citons, notamment, une conférence tenue à l’Université Laval à Québec : « La nation québécoise existe-t-elle ? ».

L’identité nationale québécoise et les accommodements raisonnables.

La discussion fut relancée lors du débat public organisé pour la Commission de consultation Taylor-Bouchard sur les pratiques d’accommodement raisonnable reliées aux différences culturelles en 2007-2008. Qu’est ce qu’un accommodement raisonnable ? C’est une notion juridique canadienne issue du droit du travail, décrite dès 1985, par la Cour suprême du Canada comme :  » L’obligation dans le cas de la discrimination par suite d’un effet préjudiciable, fondée sur la religion ou la croyance, consiste à prendre des mesures raisonnables pour s’entendre avec le plaignant, à moins que cela ne cause une contrainte excessive  » Elle s’applique à plusieurs motifs de discrimination dont le sexe, la grossesse, l’âge, le handicap ou encore la religion.

Les requêtes de la part de groupes ethniques ou religieux minoritaires ont été considérées par une partie des médias et de l’opinion publique comme étant excessives, voire contraires aux valeurs des Québécois.
C’est en 2002 que la notion a été mise en lumière par les médias québécois, lorsqu’un jeune sikh a décidé de porter un kirpan (arme symbolique s’apparentant à un poignard) dans une école québécoise. Pour les autorités de l’école, le kirpan est une arme, alors que pour ce jeune sikh, il s’agit d’un symbole religieux. D’un côté, le port d’arme blanche sans permis est interdit au Québec, d’un autre la Charte canadienne des droits et libertés reconnaît le droit de pratiquer librement sa religion. Devant le refus de l’école d’obtempérer, le jeune sikh a poursuivi l’établissement. À l’issue du procès, il a pu porter, à l’école, un kirpan dans un fourreau de bois placé à l’intérieur d’un sac d’étoffe cousu de manière à ne pouvoir être ouvert. Autre exemple : en avril 2006, une communauté juive orthodoxe a payé la pose de vitres teintées pour une salle de sport à Montréal. Elle ne voulait pas que ses enfants voient des femmes en tenue de sport. Le cas le plus marquant est celui d’une jeune musulmane ontarienne de 11 ans qui est expulsée, en 2007, d’un match de soccer à Laval, dans la banlieue de Montréal. L’arbitre décide que l’hijab (voile islamique) porté par la jeune fille est un risque pour la sécurité des participants et lui demande de le retirer. Devant son refus, il l’expulse. Aucun des médias européens présents à cette rencontre n’a jugé bon de s’intéresser à ce sujet. Face à ces différents exemples, et bien d’autres, le terme « accommodement raisonnable » a acquis une connotation péjorative et a provoqué un mécontentement dans la population.

C’est en février 2007 que le premier ministre du Québec Jean Charest ouvre alors la Commission Bouchard-Taylor, présidée par deux Québécois de renom : l’historien Gérard Bouchard et le philosophe Charles Taylor. Leurs travaux consistaient à comprendre et analyser, au travers des accommodements raisonnables, les causes d’un malaise social lié au modèle d’intégration socioculturelle institué au Québec depuis les années 1970. Ce débat avait pour objectif de répondre à la problématique : comment conjuguer pluralité et identité québécoise.

La Commission s’est terminée le 22 mai 2008 par le dépôt d’un rapport. Les résultats n’ont pas été concluants et très contestés. Notamment par de nombreux souverainistes. Mais aussi, par les immigrés eux-mêmes. Citons notamment Djemila Benhabib, journaliste d’origine algérienne. Elle décrit son malaise depuis son arrivée au Québec face aux demandes formulées par des groupes musulmans, demandes qu’elle qualifie d’islamistes et de  » prosélytistes « . Dans son essai, elle critique ouvertement les groupes qui revendiquent des passe-droits au nom de leur religion.  » Ces islamistes qui revendiquent benoîtement les auspices du respect de la religion et du droit à la différence, pervertissent l’idée de la démocratie. Qu’on se le tienne pour dit, il ne s’agit pas là de liberté individuelle, mais de prosélytisme, d’intégrisme, de fascisme ouvert. Car dès qu’une religion s’affiche ostensiblement dans la sphère publique, il y a confusion des genres « , peut-on lire dans Ma vie à contre-Coran. En faveur de la laïcité à la française, qui interdit notamment aux fillettes le port du voile islamique dans les écoles publiques, Djemila Benhabib pense que les commissaires Bouchard et Taylor ont eu tort de conclure que la crise des accommodements raisonnables, n’était qu’une crise de perceptions.

Ainsi, les effets positifs escomptés après le rapport n’ont pas eu lieu. Il semblerait même que les différentes communautés s’intègrent moins bien dans la société, suite aux résultats de la Commission. Selon Cyberpress.ca, cette dernière a provoqué une augmentation du nombre d’incidents antisémites. Un article du Devoir montre notamment que les Musulmans en subissent les contrecoups. Kamel Béji, professeur de l’Université Laval, d’origine tunisienne, a souligné que, depuis les travaux, la situation semblait encore plus difficile pour eux : « Ça a eu un effet néfaste sur les femmes voilées, a-t-il dit. Les employeurs ne veulent pas de femmes qui portent le voile et la population voit les hommes comme ceux qui forcent les femmes à le porter. » Cette problématique n’est pas sans rappeler les débats français autour de l’interdiction du port du voile ou de la burqa. Excepté que la conception de la laïcité est actuellement différente au Canada.

L’interdiction du port ostentatoire de signes religieux en question.

La problématique revient sur le devant de la scène ces derniers mois. Jean-Marc Léger, dans une chronique sur Canoë (chaine de télévision québécoise) souligne que  » la Commission Bouchard-Taylor a tenté d’aseptiser le débat, mais sans succès. Il revient inévitablement sous une forme ou une autre. Cette fois-ci, c’est sur le port de signes religieux au sein de la fonction et des services publics. À une question claire, nous obtenons une réponse tout aussi claire. Soixante pour cent des Québécois estiment que l’on devrait interdire le port de tout signe religieux dans la fonction et les services publics.  » En effet, le projet de loi 16 sur les accommodements raisonnables piloté par la ministre de l’Immigration, Yolande James, est source de polémiques. En ce mercredi 06 janvier, le Devoir met en avant les oppositions politiques face à la mise en place d’une telle loi. Par exemple, pour Québec solidaire (parti de gauche pluraliste), les droits de la personne sont les plus importants. Selon lui, on ne peut pas nier à un ensemble de personnes leur liberté d’expression et de religion en interdisant le port des signes religieux au nom du principe de laïcité. Jugement auquel s’oppose Michèle Sirois, spécialiste en sociologie des religions, qui a quitté Québec solidaire suite à cette question:  » cette prise de position s’oppose aux valeurs fondamentales de la grande majorité des Québécois et constitue un recul par rapport aux gains historiques de la gauche et du mouvement nationaliste.  » écrit-elle sur son blog.

Ainsi, au Québec comme en France, la question de la laïcité est au cœur du débat sur l’identité nationale.

Rosaires pour la vie : la dernière messe des anti-IVG.

Alors que le 17 octobre 2009, plusieurs centaines de milliers d’opposants à l’avortement défilaient à Madrid, les milieux anti-avortement – ou provie – sont en France devenus plus discrets à la fin des années quatre-vingt dix, notamment suite au durcissement de la législation contre les « commandos anti-IVG ». Mais les anti-avortement n’ont pour autant pas définitivement disparu. Direction Nîmes (Gard) pour une rencontre avec les derniers irréductibles.

Tous les premiers samedis du mois, les anti-avortement (qui se qualifient eux-mêmes de provie – la dénomination est importante, chaque côté cherchant à diaboliser ses adversaires) se réunissent afin de prendre part à des «rosaires pour la vie» , cérémonies au cours desquelles ils prient pour le salut des innocentes victimes de l’avortement. Une rapide visite sur le site dédié à ces rassemblements m’apprends que celui de Montpellier est «à recréer». Qu’importe, un coup de fil à l’un des numéros donnés sur le site et rendez-vous est pris à la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor de Nîmes à 16 heures le samedi 7 novembre, pour assister à un de ces fameux rosaires pour la vie.

La cathédrale de Nîmes, lieu où se déroulent les rosaires pour la vie, chaque premier samedi du mois

«Je vous salue Marie, pleine de grâces»

Une fois sur place, première surprise : la cathédrale est vide. Lorsque je demande où se déroule le rosaire, on m’indique une statue de Marie recevant le rosaire (couronne de rose). Ce n’est que quelques minutes plus tard que j’aperçois plusieurs personnes en train de prier dans une chapelle annexe à la cathédrale.
Deuxième surprise : le nombre des participants. Une douzaine de personnes, assez âgées. Quelques-unes se joignent à la prière sur le tas, ou repartent avant la fin du rosaire.
Pendant une heure, chacun va à son tour réciter une prière : le Pater Noster, l’Ave Maria. A chaque changement d’orateur, Mme Gautier, qui organise les rosaires, fait un rapide sermon, suivi d’un chant en latin repris par l’ensemble des participants. Tout le monde récite la prière, y compris la seule adolescente du groupe, même si elle agite entre ses doigts son téléphone portable plutôt qu’un chapelet.

Le but : prier pour le salut des Hommes, ou dans ce cas précis, des enfants victimes de l’avortement et des femmes qui comme «Notre-Dame», «attendent un enfant très jeune». À côté de diverses actions politiques (distribution de tracts, lobby auprès d’élus, etc.), les provies privilégient l’action symbolique : la prière. Le geste peut paraitre futile pour un athée, mais pour un croyant qui rejette en grande partie le système politique actuel, c’est probablement le plus important à accomplir.
Si je réalise tout de suite la ferveur de certains de participants, reste que tout ce petit monde semble bien loin des descriptions du milieu anti-avortement faites par Fiammetta Venner[[Fiammetta Venner, Extrême France : Les mouvements frontistes, nationaux-radicaux, royalistes, catholiques traditionalistes et provie, Grasset, novembre 2006]] : à première vue, le rosaire pour la vie apparaît plus comme une réunion de catholiques pratiquants que comme un repaire de royalistes réactionnaires.

«Il n’y a que le divin qui nous sauvera»

La cérémonie terminée, je me tourne vers Mme Gautier afin de lui poser comme convenu au téléphone quelques questions. Rapidement, le noyau dur du petit groupe se rassemble autour de moi, chacun voulant y aller de son propre commentaire. Les propos sont d’abord assez modérés : «il y a un manque d’information de la population à propos de l’avortement», «l’acharnement thérapeutique n’est pas une bonne chose, mais l’euthanasie n’est pas la solution» (en référence à la révision de la loi sur la bioéthique prévue avant la fin 2009). Comme on aurait pu s’y attendre, les participants se connaissent tous et sont proches de diverses associations et organisations provie : Alliance pour les droits de la Vie, Fondation Jérôme Lejeune, etc. Et comme l’avait laissé entendre la réaction du vicaire lorsque je lui ai demandé de m’indiquer le rosaires pour la vie, l’Église tient ses distances avec le mouvement : elle n’offre «aucun soutien», parce qu’elle a selon les militants «peur d’aller à l’encontre des pouvoirs publics». Quant à un retour en arrière de la légalisation sur l’avortement, ils le souhaitent, mais n’y croient pas trop : «trop de lobbies, trop de pression, et on ne dit pas la vérité aux gens».

Mais si Mme Gautier reste modérée dans ses propos, ce n’est pas le cas de tous les membres du groupe. Un homme me lance «ce qui a créé le mal, c’est l’évolution à l’école. Darwin c’est des conneries, il faut détruire l’évolution» avant de me parler d’ouvrages «scientifiques» qui «réfutent Darwin». Il commente également le métier de journaliste, il affirme que «les journalistes sont majoritairement des communistes et des franc-maçons». À ma question peut-on selon eux être à la fois catholique et pro-choix (c’est-à-dire favorable au droit à l’avortement), il me répond en souriant que non, «on ne peut pas être à la fois franc-maçon et catholique», comme si ma question était totalement idiote (et comme si le fait d’être pro-choix faisait automatiquement d’une personne un franc-maçon).

Un autre homme s’en prend lui à la Révolution française : «La France c’est pas 1789. La France a été créée par les monastères». Le constat est clair, «on est sorti du sillon en 1789 et depuis on ne respecte plus l’ordre naturel». Pis, on endoctrinerait les élèves français en ne leur «apprenant que l’histoire de la Révolution» et en omettant tout ce qui aurait rapport avec le glorieux Ancien Régime.
Au fur et à mesure que les langues se délient, les propos s’emballent : le même homme dénonce ainsi une «société d’handicapés», où l’on tuerait dans l’œuf les enfants sains et où l’on laisserait vivre les «dégénérés» qui auraient autrefois disparu suite à la «sélection naturelle». Mme Gautier, qui cherche à modérer son camarade, soutient malgré cela que les réformes du concile Vatican II[[Le Concile Vatican II a eu lieu entre 1962 et 1965 a eu pour effet de moderniser l’église Catholique, notamment en permettant la tenue de messes en langues autres que le latin.]] ont donné lieu à l’organisation de véritables «messes hérétiques» avant d’affirmer que «l’homosexualité est une maladie», même si «ce n’est pas de leur faute». La violence – souvent inconsciente – de certains propos contraste avec les messages de respect, d’amour et de dignité proclamés un peu plus tôt pendant le rosaire.

Déçus d’apprendre que je ne partage pas leurs idées, ils me souhaitent néanmoins de «trouver ma voie», et me recommandent un certain nombre d’ouvrages, dont ceux de Jean Sévilla, pourfendeur autoproclamé d’un discours unique fantasmé [[Voir notamment Le Terrorisme intellectuel : de 1945 à nos jours, Perrin, 2000 ou sa participation dans Le Livre noir de la révolution française, Éditions du Cerf, 2008]].

L’opposition à l’avortement en France semble donc bel et bien attachée au mouvement réactionnaire, faisant d’un amalgame fantasmagorique comprenant pêle mêle le communisme, la franc-maçonnerie et la Révolution les causes et les responsables du «génocide permanent» que serait l’avortement. Reste à savoir quelle sera l’orientation de la relève : l’association Etudiants provie (par ailleurs affiliée au mouvement Students for Life américain) a été créée en juillet 2009 et se réclame elle «aconfessionnelle et apolitique». Conscients que l’image profondément réactionnaire du milieu provie est contre-productive, les étudiants provie cherchent à s’émanciper de leurs prédécesseurs.

Politiques vs Populations dans nos quartiers

La burqa est considérée par certains comme « une prison ambulante », « une menace pour la République ». Pour d’autres comme « un choix religieux » au nom du principe de la liberté. Pour y voir plus clair, nous avons donné la parole aux premiers concernés dans nos quartiers, du Petit Bard à la Paillade, en passant par Gambetta à nos mosquées.

Le port de la burqa fait débat aujourd’hui dans notre société. Le ministre de l’Immigration vient de relancer la discussion en voulant légiférer sur cette question. Le député communiste André Gérin a été alarmé par cela et a prôné la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le port de la burqa ou du niqab. Il avait d’ailleurs refusé à Lyon de marier un couple dont la femme portait une burqa.

Selon lui, « on est dans un pays républicain, laïc et on voit des fantômes ». Libération, dans son édition du 17 juin 2009, titre à ce sujet: «La burqa, une «prison ambulante ». Devant le Congrès réuni à Versailles, le président Nicolas Sarkozy a donné son point de vue et a réaffirmé que la laïcité ne signifiait pas le «rejet du sentiment religieux» et a précisé que «la burqa n’est pas un problème religieux» mais «un problème de liberté, de dignité de la femme». «Ce n’est pas un signe religieux mais un signe d’asservissement, d’abaissement» (…) «Elle ne sera pas la bienvenue sur le territoire de la République française». Il a même félicité le Parlement d’avoir pris en main le problème. Ceci contredit ses propos lors de la visite de Barack Obama, président des États-Unis, le 6 juin dernier. Il a effectivement soutenu le port du voile comme Obama, oubliant que le foulard était interdit à l’école. Face à la polémique que ses déclarations avaient suscitées, l’entourage de Sarkozy avait immédiatement réajusté le tir en disant que : «le président Sarkozy est évidemment contre le port du voile à l’école». Obama a, quant à lui, défendu dans un discours au Caire le port du voile pour les Musulmanes en Occident, prenant le contre-pied de la France et d’autres pays européens. Pour lui, «il est important pour les pays occidentaux d’éviter de gêner les citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, et par exemple en dictant les vêtements qu’une femme doit porter».

Suite à cette mission parlementaire créée le 1er juillet, une note de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) citée par Le Monde et datée du 30 juillet, signale que seulement 367 femmes sur l’ensemble du territoire français auraient adopté le voile intégral. Selon Le Figaro de septembre 2009, «les policiers se sont livrés à une estimation sur la base des lieux de culte salafiste*. Le chiffre de moins de 2 000 femmes paraît crédible» Ce phénomène resterait donc marginal en France. Et, toujours d’après ce journal, une très grande majorité de ces femmes est âgée de moins de 30 ans. Pour un quart d’entre elles, il s’agit de françaises converties à l’islam. De plus, « le port du voile intégral s’apparente à une volonté de provoquer la société, voire sa famille », avance le SDIG.

De notre côté, nous nous sommes rendus dans les quartiers de la Paillade, du Petit Bard, au marché aux puces de dimanche, à Gambetta, dans des mosquées pour recueillir des témoignages et donner la parole aux habitants de Montpellier concernés par ce sujet. Nous avons interrogé des hommes et des femmes de 20 à 40 ans, certaines femmes voilées, d’autres mettant la burqa. Nos questions tournaient autour de la recommandation sur la manière dont une femme doit s’habiller selon l’Islam, si le fait de mettre une burqa était une obligation religieuse ou bien une interprétation culturelle. Certains pensent que les femmes qui mettent la burqa sont des femmes soumises, forcées par leur mari. D’autres, soutiennent que la burqa est un refuge pour elles et que c’est le seul moyen qu’elles ont pour qu’on leur accordent plus de respect dans les quartiers. Chaque personne interrogée a donné son point de vue sur la question : « L’islam nous dit de mettre une tenue descente, qui n’est pas transparente et qui n’attire pas l’attention des hommes », affirme une première femme. « L’Islam recommande aux femmes de couvrir leur corps pour des questions de pudeur, et pour que celles-ci évitent de montrer des parties sensibles ». ajoute une seconde. « La tenue ne doit pas être transparente, ni courte, ni serrée car elle doit cacher les formes comme il est dit dans le Coran» termine une troisième. L’un d’eux signale que cette pratique existait durant la colonisation : « en Algérie, les voiles des femmes ne choquaient pas alors ». Pour lui, il y a d’autres choses plus choquantes que la burqa tels que le « mariage homosexuel ou l’exhibitionnisme dans les publicités où les femmes sont dénudées pour vendre des yaourts ». Certains pensent que : « la burqa est une interprétation culturelle pour la seule et simple raison que les femmes musulmanes ne se couvrent pas de la même façon si on fait le tour des pays musulmans. » On peut donc dire, comme deux personnes qui fréquentent la mosquée de la Païllade nous l’on dit, qu’il y a deux écoles qui se confrontent. D’une part, des savants qui affirment que le port de la burqa est obligatoire. D’autre part, d’autres jugent que ce n’est pas nécessaire. Ce que l’on peut retenir c’est que les avis divergent : si certaines la portent c’est avant tout pour se préserver des regards des autres notamment des hommes, pour éviter le jugement des autres ou pour se sentir plus respectées, d’autres souhaitent simplement l’accomplir par conviction religieuse. Malgré cela, l’une d’elle a affirmé qu’elle souhaite se cacher pour avoir la paix mais certains l’agressent et l’appellent même « ninja ».

Les habitants des quartiers nord ont été également interrogés sur la légitimité des politiques à intervenir ou non sur la manière dont un citoyen doit s’habiller et si pour eux la burqa est une menace pour la République. Pour les personnes questionnées, « une loi ne devrait pas être un prétexte pour s’attaquer aux libertés des personnes ; ce qui est un besoin réel c’est la pédagogie, c’est le dialogue. » Ils soutiennent que les politiques ne doivent pas intervenir dans la manière de s’habiller des citoyens. Un autre affirme : « on dirait un état communiste où c’est l’uniformisation qui règne ». « Les politiques, nous disent-ils, mettent toujours leur grain de sel mais il ne faut pas heurter la sensibilité des personnes ». Sur l’idée que certaines personnes pensent que les femmes qui mettent la burqa sont des femmes soumises, forcées par leur mari, les avis divergent. Ils nous disent que cela est peut-être possible. Mais si c’est le cas cela relève d’un problème d’éducation, de vie sociale qui dépasserait largement le cadre de la burqa. D’autres pensent que ce n’est pas possible car c’est un choix religieux avant tout, on doit le faire pour Dieu et qu’il n’y a pas de contraintes en religion. Une des femmes interrogées qui a la quarantaine va plus loin. Pour elle : « c’est impensable, la femme est la plus forte et on doit lire l’histoire des femmes du compagnon du prophète qui étaient de grandes commerçantes, des savantes au contraire pour comprendre cela». Pour eux, il faut donc éviter de simplifier les choses. «On peut noter toutefois qu’à travers l’histoire des individus ou des groupes de personnes, certains, ont voulu se démarquer de la norme sociale par leurs comportements, par les croyances… Enfin, j’ose penser ou croire que la Religion dans son essence et dans sa globalité vise le bonheur de l’homme ». Si l’on crée une loi, certains voudront au contraire d’avantage revendiquer leur appartenance à leur religion et revendiquer leur droit en provoquant la société. Et, on voit qu’il y a bien une appréciation différente de l’utilisation de la burqa et des raisons qui justifient son choix. On note un malaise et une mal-compréhension au sein de ses populations de la part des politiques et d’une partie de la population. L’état parle en ce moment d’un débat sur l’identité nationale. Cependant, la République n’aurait-elle pas plus besoin d’un dialogue pour réconcilier les différentes couches de la population diverse et variée, qui ne pourrait pas pour l’instant se souder autour de cette question, tant qu’un malaise existe et perdure ?

Ibra Khady Ndiaye

Vifs remerciements à ces personnes qui ont bien voulu répondre à nos questions.

Une alternative appétissante au créationnisme

Mai 2005, Etats-Unis. L’inquiétude fait prendre la plume à Bobby Henderson, diplômé en physique de l’université de l’Oregon. Dans le Kansas, le Comité d’éducation se prépare alors à valider l’enseignement scolaire du créationnisme ou dessein intelligent. Cette nouvelle lui inspire une lettre ouverte, devenue l’origine d’un véritable culte sur Internet.

La démarche s’apparente à une démonstration par l’absurde. Il s’agit, pour Bobby Henderson, d’expliquer que le fait de se référer à des livres anciens ne peut légitimer la présence de théories surnaturelles dans un enseignement scientifique. Il décide donc d’aller dans le sens des pro-créationnisme, en les félicitant pour leur idée, avec toutefois une réserve toute personnelle. « Rappelons-nous bien qu’il existe plusieurs théories du dessein intelligent. Moi-même ainsi que beaucoup d’autres gens dans le monde croyons profondément que l’univers a été créé par un Monstre en Spaghetti Volant.»

La lettre a connu un immense succès après avoir été publiée sur Internet. Bobby Henderson y décrit la création du Monde selon son propre point de vue, celui du Pastafarisme. Au commencement, le Monstre, composé de deux boulettes de viande et d’une multitude d’appendices nouilleux, crée une montagne, des arbres et un nain. Puis il invente tout le reste, « et nous sommes tous Ses créatures ». Pour étayer son argument, il précise qu’il existe un paradis, constitué principalement de volcans à bière, et dans lequel se trouve une manufacture de strip-teaseuses.

Version

L’image amuse, mais le principe est très sérieux. Pour mettre en exergue le caractère absurde du créationnisme « classique », il lui en oppose une alternative qui fait sourire, mais aussi réfléchir. Ou réagir. Quand ses opposants crient au blasphème, il conserve sa stratégie : «S’il ya un Dieu, et qu’Il est intelligent, alors je suis sur qu’il a le sens de l’humour. Et comment savez-vous qu’Il n’est PAS un Monstre en Spaghetti Volant ?» Et de rajouter que le Monstre aime beaucoup les pirates, dont le nombre en chute libre depuis le 19e siècle a précipité le réchauffement climatique. Cette facette parodique a d’ailleurs provoqué l’hilarité parmi les membres du Comité d’éducation du Kansas opposés au créationnisme, qui lui ont répondu en le remerciant de prendre position.

La guerre entre créationnisme et darwinisme n’est pas neuve aux Etats-Unis. Depuis 1925 et le procès de John Scopes, condamné à une amende pour avoir enseigné la théorie de l’évolution, les mobilisations s’enchaînent. En 1987, les enseignements créationnistes avaient été supprimés des manuels scolaires, car jugés anticonstitutionnels. Le retour de ces valeurs à l’école vient du fait que les Comités d’éducation peuvent voter la modification des programmes à la majorité. Ce type de décision reçoit d’ailleurs l’aval quasi-officiel du président George W. Bush lorsqu’il annonce que « parmi toutes les explications traditionnelles de l’origine de la vie, les professeurs de biologie doivent enseigner cette théorie de l’intervention d’une intelligence supérieure, qui soutient que les mutations aléatoires de la théorie de l’évolution sont en fait guidées par la main de Dieu »

Quand les détournements d'oeuvres d'art ne suffisent plus...

La communauté scientifique américaine continue à former un bloc contre la régression des découvertes de Darwin au rang de simple théorie à considérer avec un regard critique. Mais les sondages de ces dernières années révèlent que la vision religieuse reste une valeur de référence parmi de nombreux citoyens américains. 68% considéraient, en 2000, que les deux théories pouvaient fonctionner ensemble (avec la volonté divine guidant l’évolution). Bobby Henderson reste sceptique. « Je n’ai pas de problème avec la religion. J‘ai un problème lorsque la religion se pose comme étant une science. Va pour enseigner le créationnisme à l’école, mais pas pour l’enseigner dans une classe de sciences.»

En Novembre 2007, trois conférences concernant le Pastafarisme ont été tenues à l’Académie Américaine de Religion de San Diego, en Californie. Les débats portaient des titres tels que «Sainte Pâte et Sauce Originelle : les bordéliques implications du MSV dans la théorisation de la religion.» Les académiciens admettaient que, si cette intervention dans le programme faisait rire sous les capes, le débat soulevé s’annonçait très sérieux. Déterminer si la religion nécessitait une croyance théologique véritable ou juste une collection de rituels et une communauté se réunissant pour signaler son alliance culturelle. En bref : « Une anti-religion comme le Pastafarisme est-elle réellement une religion ? »

Une blague très sérieuse. Ce pourrait être la définition du Pastafarisme, et de la folie qui l’entoure. Les pastafariens potentiels peuvent d’ailleurs reporter leur affection sur le livre de Bobby Henderson, L’Evangile du Monstre en Spaghetti Volant, étayé par de nombreuses participations de chercheurs, historiens et un « mec super sympa qui a un avis sur tout » récemment traduit et publié en français. Et s’annoncer « pastafarien » dans son profil sur facebook, sans oublier d’adopter à vie, et quotidiennement, le costume de pirate. Ainsi serez-vous probablement touchés par Son Appendice Nouillesque…