Triste anniversaire pour l’amoureux des mers

Alors que le 11 juin 2010 nous allons fêter les cent ans de la naissance du Commandant Cousteau, les États-Unis connaissent aujourd’hui la plus dramatique catastrophe écologique de leur histoire. Une fois de plus, l’Or noir pollue la Belle Bleue. En dépit de l’avenir… et de la vie.

Lilian Thuram : « Il faut éduquer contre le racisme »

Lilian Thuram était l’invité de Sauramps, jeudi 18 février 2010. Très attendu par les Montpelliérains venus en masse, le grand champion de 98 est venu présenter « Mes étoiles noires. De Lucy à Barack Obama », appel à la tolérance aux airs d’héritage pour les générations futures. Hautcourant est allé à la rencontre de cette étoile au grand cœur…

Pour tous, Lilian Thuram est celui qui a envoyé la France en finale lors de la Coupe du Monde de football 1998, avec ses deux buts contre la Croatie. Mais Thuram, c’est bien plus que cela. C’est une cause, un combat. Il mène depuis des années une lutte contre le racisme. Une lutte que l’on peut mener grâce à une meilleure éducation. Membre du Haut conseil à l’intégration, il est aussi membre et parrain du collectif « Devoirs de Mémoires ». Il créé une fondation à son nom, dont l’objectif est clair : pour lutter contre le racisme, il faut éduquer. Dans la lignée, il vient de publier Mes étoiles noires où il dresse le portrait d’une quarantaine d’hommes et de femmes noirs.

La lutte contre le racisme et la discrimination, une nécessité

Pourquoi ce combat ?

C’est l’histoire d’une vie. Né en en Guadeloupe, j’arrive dans la région parisienne à l’âge de 9 ans. Très rapidement, je constate que la simple couleur de ma peau pouvait être chargée d’une connotation négative. A l’époque, il y avait un dessin-animé qui s’appelait « La noiraude », l’histoire d’une vache. Certains de mes camarades m’appelaient « La noiraude ». Je me suis posé des questions : pourquoi ma couleur était chargée de façon négative ? Personne ne pouvait me répondre. J’ai donc essayé de comprendre le pourquoi des choses.
Un jour, à l’école, l’on m’a appris que l’histoire du peuple noir commençait par l’esclavage. Je me suis alors demandé ce qu’il faisait avant. Tout au long de mon cursus scolaire, je n’ai rencontré aucun autre personnage noir qui aurait pu casser cette image.

En grandissant, j’ai pu rencontrer des historiens, des sociologues, des égyptologues qui ont nourri ma curiosité et qui m’ont amené à connaître des personnalités noires. Ils m’ont appris à comprendre l’Histoire de façon différente. Par exemple, l’histoire de l’esclavage n’est pas une confrontation entre Noirs et Blancs, c’est un système économique où une minorité profite d’une grande majorité. Cela m’a permis de ne pas tomber dans une certaine victimisation. Il faut éviter cela. Si l’on se considère être victime d’une société, on cherche des coupables et on entre dans un cercle infernal, sans fin.

Pour lutter contre le racisme, il faut que l’on arrive à s’imaginer une classe où en apprenant Jean de la Fontaine, la maîtresse dit que ce dernier s’est inspiré d’Esope, un Noir nubien. Rien que dire cela, développe l’imaginaire des enfants qui va changer. Le racisme naît dans la question : comment je vais m’imaginer l’autre ?

Comment devient-on raciste ?

Personne ne naît raciste. On le devient. Dans nos sociétés, des messages sont véhiculés de façon inconsciente. Avec ma fondation, j’ai la chance d’aller dans les écoles rencontrer les enfants. Je m’amuse avec eux, je leur demande : « quelles races connaissez-vous ? » Ils me répondent : « la blanche, la noire, la jaune, la rouge ». Je leur demande alors, pour rigoler, s’ils n’ont pas oublié la verte ? Ensuite, je leur demande quelles sont les qualités des Noirs ? Ils me répondent qu’ils courent bien, qu’ils chantent bien, qu’ils dansent bien… On voit donc que dans l’imaginaire des enfants la problématique du racisme est de croire que les races existent. Je pense qu’en 2010, on devrait savoir qu’il n’y a qu’une seule espèce : l’homo sapiens. Or, les enfants déterminent les différentes races par la couleur de peau, comme le faisaient les scientifiques du XIX siècle.

Dans notre société, il y a un fort préjugé raciste : les Noirs sont les plus forts en sport. Naturellement, lorsque les enfants me voient ou regardent l’ensemble des sportifs, cela valide ce que pense l’inconscient collectif. Il faut alors leur donner des personnages qui casseraient cet imaginaire.

Pour la sortie de mon livre, j’ai fait faire un sondage. Il en ressort que pour 80% de la population, lorsqu’elle entend parler du peuple noir c’est par l’esclavage, la colonisation, l’apartheid. Donc, forcément, ça joue dans l’inconscient collectif. Il faut enrichir notre imagination par la connaissance qui va faire tomber les préjugés.

Comment combattre le racisme ?

Il faut sortir des prisons dans laquelle nous nous sommes enfermés. En 2010, on peut en parler tranquillement. On pense que parler de racisme, c’est tabou. S’il y a une minorité visible, cela veut dire qu’il y a une majorité invisible. On se voit comme les autres qui nous enferment dans une logique de couleur. C’est sur toutes ces thématiques qu’il faut réfléchir. Mais, sans culpabiliser personne. Avec mon livre, les gens me disent « j’ai honte, je ne connaissais pas cette histoire…« . Il ne faut pas avoir honte de ne pas connaître cette histoire, on n’a pas été éduqué à connaître cette histoire. L’importance, aujourd’hui, est d’apprendre cette histoire, de véhiculer cette histoire, pour savoir si elle peut faire tomber les préjugés. Nous sommes une génération qui doit réfléchir sur cette question.

La fondation Lilian Thuram : éducation contre le racisme

Comment est née votre fondation ?

La fondation a une naissance un peu particulière. J’étais en Espagne, chez le Consul de Barcelone. J’étais assis à côté d’un monsieur qui me demande : « que voulez-vous faire après le football ? » En rigolant, je lui réponds : « changer le monde ». Alors, il me dit : « jeune homme, on ne change pas le monde ». Je lui explique vouloir travailler autour du racisme. Il me souhaite alors bon courage : « vous aurez du travail ! » Quinze jours après, je reçois un coup de téléphone. Ce monsieur me dit : « vous m’avez convaincu. Je pense que vous n’êtes pas si fou que ça. » Il me conseille de mettre en place une fondation. C’est ainsi qu’elle est née.

Quelles actions menez-vous ?

Sa première action : ce livre. Puis, actuellement, nous mettons en place un outil pédagogique pour la rentrée 2010. Il est destiné aux professeurs de CM1/CM2 et parle du racisme, de discrimination. De même, nous travaillons à une exposition avec le Quai Branly (ndlr, sur le thème « Exhibitions, zoos humains »). En 1931, s’est déroulée l’exposition universelle à Paris. Il faut savoir qu’à cette date, la majorité de la population française a connu les populations venant d’Afrique, d’Asie et d’Amérique, par le biais de zoos. Par exemple, la famille de Christian Karembeu était dans ces zoos, avec l’inscription « cannibales venant de Nouvelle Calédonie ». Par cette exposition, nous voulons comprendre comment s’est construit le regard sur l’autre.

Avec la fondation, nous essayons donc de travailler sur le regard de l’autre, et déconstruire nos imaginaires. Nous essayons d’apporter de la connaissance pour dépasser les croyances. Notre travail vise les plus jeunes. Ils sont plus réceptifs, moins conditionnés. Nous sommes tous conditionnés et il est difficile de s’échapper de sa propre éducation. J’espère que la fondation pourra faire son travail… Et, si l’on n’y arrive pas, on aura essayé.

Mes étoiles noires. De Lucy à Barack Obama.

Dans Mes étoiles noires, vous évoquez 45 figures. Pouvez-vous nous en présentez quelques-unes ? Commençons par deux étoiles haïtiennes : Toussaint-Louverture et Jean-Jacques Dessalines, pères de la lutte contre l’esclavage et héros de l’indépendance de ce pays…

Dans l’histoire d’Haïti, avec Toussaint-Louverture, c’est la première fois que des esclaves arrivent à renverser le système en place. De tout temps, il y avait du marronnage : l’esclave s’enfuyait et essayait de déstabiliser le pouvoir en place. Sans réussite. Toussaint-Louverture a réussi. Il a remis en cause tout un système esclavagiste, dirigé par les intérêts. Haïti en a payé le prix. Napoléon a tout fait pour réinstaurer l’esclavage. Toussaint-Louverture a été important pour moi, dans le sens où l’on considère ces personnages comme des personnes ayant lutté pour les Noirs, alors qu’ils ont simplement lutté pour la Justice. Toussaint-Louverture a fini sa vie en France, dans le Jura. Napoléon a fait en sorte qu’il ne reste pas cette lumière, ce phare pour la liberté. Dessalines a repris le flambeau, pour que Haïti soit libre.

Il existe une certaine méconnaissance de l’Histoire. Pendant le tremblement de terre et les jours qui ont suivi, la malédiction d’Haïti était sans cesse évoquée. Comme si les dieux tombaient sur l’île. Or, en règle générale, la malédiction de ces pays, c’est la pauvreté. Il faut savoir pourquoi Haïti est devenue pauvre. Pendant très longtemps, elle était la colonie qui rapportait le plus d’argent à la France. Mais, pour être indépendante, l’île a du payer une forte somme d’argent. C’est l’une des raisons pour lesquelles, elle n’a jamais pu avoir une certaine stabilité.

Après, il y a un certain nombre d’enjeux économiques derrière la misère des pays que l’on couvre. Par exemple, le Congo est un pays dont on n’entend pas trop parler. Pourtant, depuis plusieurs dizaines d’années, il y a des milliers de morts…

Vous évoquez la figure de Joseph Anténor Firmin, anthropologue, auteur de l’Égalité des Races. Pourquoi l’avoir choisi ?

Il a un rôle fondamental dans la réflexion sur le racisme scientifique. Tous les autres scientifiques autour de lui fondaient des hiérarchies de races, et établissaient que la race noire était inférieure. Et lui, haïtien, avec son ouvrage Égalité des Races, arrive. Il fait ainsi contre-pied à celui de Gobineau : Essai sur l’inégalité des races humaines. Il démontre qu’il n’y a pas d’inégalité des races, si race il y a. Il ne peut être juge et parti, et son livre passe inaperçu. Un ouvrage de l’Abbé Grégoire explique que le fait de dire que le Noir n’a pas d’âme est une bêtise.

Dans Mes étoiles noires, vous refusez l’opposition « violence/non violence » entre Malcom X et Martin Luther King et vous les incluez tous deux parmi vos étoiles. Pourquoi ?

J’ai une histoire particulière avec Malcom X. Je voulais appeler l’un de mes fils Malcom et ma famille m’a dit : « non, ce n’est pas possible, Malcom est un violent ». Ma maman surtout. Alors, mon fils ne s’appelle pas Malcom.

Plus sérieusement, nous avons tous une image de Malcom X comme quelqu’un de très violent. Né pendant la ségrégation, ce petit garçon a perdu ses oncles, et probablement son père, par le Ku Kux Klan. Sa mère tombe dans une certaine folie. C’est un départ dans la vie un peu difficile, pour ne pas tomber dans une certaine violence, dans un certain racisme envers la société qui l’opprime. Ce jeune garçon devient délinquant, finit en prison. Là, il y rencontre la lecture, la connaissance. Il s’apaise. Quand il sort de prison, il est avec les Black Muslims, un autre mouvement radical. Il continue cependant à s’éduquer. Un jour, lors d’un voyage hors des États-Unis, il voit qu’il existe d’autres choses ailleurs. En revenant, il se dit : « en fait, l’on peut travailler tous ensemble. Peu importe la couleur et la religion ». Il a compris que le vrai problème était l’injustice sociale. Ainsi, sur la fin de sa vie, Malcom X sort de la problématique des couleurs pour combattre l’injustice sociale. C’est pour cela que c’est l’une de mes étoiles. L’ensemble de mes personnages changent, à un moment de leur vie, parce qu’ils ont accès à la culture et à l’éducation.

Quel est votre rapport à Aimé Césaire ?

J’ai rencontré son livre, Discours sur le colonialisme, ses poèmes. C’est quelqu’un qui donne une réflexion intéressante sur le colonialisme, qui donne la parole aux colonisés. Évidemment, il a inventé cette notion de la négritude. Souvent, les gens s’arrêtent à « nègre » dans négritude. Alors que la négritude c’est : donner la parole aux opprimés.

J’ai eu la chance de pouvoir aller à l’enterrement d’Aimé Césaire. Pour me recueillir. C’était, pour moi, quelqu’un de très très important. Il nous fait avoir une autre vision des choses. Aimé Césaire me fait penser à quelqu’un est extrêmement important pour moi : Frantz Fanon. Ce dernier est celui qui arrive à expliquer la problématique des couleurs de peau. Il montre notamment comment la société antillaise a reproduit le racisme. On disait aux gens de la génération de ma maman qu’il était préférable de se marier avec un blanc pour que l’enfant soit plus clair de peau. On les appelait les « peaux chapées ». Fanon l’explique très bien, et ça j’en ai discuté avec maman, donc c’est vrai… Celui qui était plus clair de peau était mieux vu que celui qui était plus foncé, même au sein d’une famille. La société antillaise doit avoir une réflexion pour s’accepter. Par exemple, au niveau de la langue, le créole est dénigré. Dénigrer sa langue, c’est se dénigrer soi-même.

Nombreux sont vos personnages à être croyants, qu’est-ce que la religion pour vous ?

Je suis surpris que l’on n’accepte pas la religion de l’autre. Pour moi, la religion aide à accepter l’idée de la mort, à rendre la mort acceptable. On ne peut pas dire à quelqu’un : « ta façon d’accepter la mort n’est pas la bonne ». Comment rendre la mort acceptable ? Cette question est, pour moi, l’une des deux les plus fondamentales. La seconde étant : comment rendre la vie la plus vivable possible ? Et cela passe par la religion, et c’est pour cela qu’il faut respecter la religion de l’autre.

Une république multiculturelle et post-raciale

Vous avez récemment appelé à une « république multiculturelle et post-raciale ». Qu’entendez-vous par là ?

Il faut avoir une vraie réflexion sur : comment créer une société où il y a une plus grande fraternité ? C’est dépasser le problème racial. J’ai fait faire un sondage et il y a encore 55% des personnes en France pensent qu’il y a plusieurs races. Pour sortir de ces problématiques de couleur, il faut en parler tranquillement. Pourquoi multiculturel ? De nombreuses personnes ne comprennent pas que nos sociétés sont en mouvement. Nos identités sont en constante évolution. Cet appel, c’est créer une réflexion sur une société multiculturelle et post-raciale pour comprendre comment créer des liens pour que l’on puisse vivre ensemble. Il faut éduquer nos enfants à ouvrir leurs horizons et accepter l’autre.

Modifié le 19/02/10, à 02h55

« Obama n’a pas changé, c’est le monde qui a perdu ses illusions »

Mardi soir, au Baloard, le huitième café-démocrate [[Fondé et animé par Franck Michau, le café-démocrate est un temps de débat participatif qui a lieu tous les deux mois au Baloard. ]] donnait la parole au politologue Marc Smyrl. Cet enseignant de Montpellier 1 s’exprimait davantage ce soir là en sa qualité d’Américain. Intervenant régulier à l’université de Denver, dans le Colorado, il a finement observé la première année du mandat de Barack Obama. Et analyse le parcours d’un candidat atypique devenu un président… plutôt ordinaire.

New-York : Son coeur battait pour Barack Obama

Michel Pieyre, reporter-photographe du quotidien Midi-Libre et sa compagne Valérie Marco, journaliste à DirectMontpellier Plus, nous présentent les coulisses du livre « Huit jours avant Obama » sorti début Octobre 2009 aux Editions FLAM. Il le dédicacera ce mardi 3 Novembre à 17h30 à l’Auditorium Sauramps de l’Odyssée.

Hautcourant: Comment vous est venue l’idée de faire un livre sur les Huit Jours avant Obama?

Michel Pieyre : J’ai toujours été attiré par les grands hommes et les grandes femmes de ce monde. C’était une occasion de vivre un événement historique : le premier Président noir des Etats-Unis. A partir de 2007, je me suis intéressé à Barack Obama lorsqu’il commençait à percer. Puis, j’ai suivi son parcours jusqu’aux primaires. C’est à ce moment-là que j’ai décidé avec Valérie Marco de partir aux Etats-Unis. Nous avions la possiblilité de partir à Chicago ou New-York. Nous avons choisi New-York car j’avais envie d’y retourner et Valérie tenait absolument à découvrir cette ville. Nous avions pleins d’histoires à raconter sur les quartiers notamment Celle des noirs.

Vous aviez organisé ce voyage longtemps à l’avance?

Valérie Marco : Non, depuis le mois d’Août 2008.

M.P : L’été 2008, Obama remportait des tranches de primaires. Il allait donc être le candidat démocrate.
J’avais pris mon appareil photo comme je le fais à chacun de mes voyages. Au fur et à mesure de mes clichés, un espèce de scénario s’élaborait.

Les New-Yorkais se laissaient-ils facilement prendre en photo?

M.P : Je n’ai pas eu de problèmes. Je m’approche des gens parce que j’ai une focale très courte. A plus de deux mètres, la photo n’est pas intéressante car elle n’a pas de force. Il y a cette espèce de chose merveilleuse qui se passe : vous êtes face à quelqu’un et au bout de deux minutes c’est comme si vous disparaissiez. Les gens sont très naturels, ils ne posent pas dans ces moments-là.

La campagne d’Obama était-elle plus visible que celle de McCain?

M.P : En arrivant, nous avons été surpris de ne pas voir de campagne électorale au niveau des affiches.
La campagne d’Obama était ultra-participative : il y avait plein de stands dans les rues notamment à Union Square le soir où la jeunesse New-Yorkaise se regroupait pour parler d’espoir et d’avenir. La campagne d’Obama se faisait dans la rue et c’est là où il a gagné. Tandis que McCain, on ne le voyait nulle part.

Avez-vous rencontré des pro-McCain?

V.M : Non. Par contre, j’avais un badge d’Obama et un noir de Harlem m’a dit que je risquais d’avoir des problèmes si j’allais à Central Park avec ça. Sinon, je pense que les pro-McCain se planquaient. ça me rappelait l’effet Sarkozy : Les militants étaient presque inexistants et il a pourtant pris 53%.
Alors, soit ils n’assumaient pas soit c’était une forme de discrétion. Ils ne voulaient peut-être pas être populaire à la manière d’Obama.

Avez-vous vu des gens qui ne se sentaient pas concernés par les élections?

M.P: Il y a eu un vote massif ce mardi 4 Novembre 2008 alors que les américains ne vont pas souvent voter. D’habitude c’est 50% des votants, là il s’agissait d’environ 66%. Ce qui était marrant, c’était de les voir voter dans les églises. Là, ce n’est pas la séparation de l’église et de l’Etat!

Valérie Marco, vous parlez d’espoir dans votre texte…L’élection d’Obama vous en a-t’elle donné pour la France?

V.M : Pendant un moment oui. Je me suis mise à y croire. Moi qui traîne toujours la patte pour aller voter, ça m’a donnée vraiment envie d’accomplir cet acte citoyen. Obama n’est pas charismatique seulement dans l’image mais aussi dans l’idéologie. Chez nous, on dit que Nicolas Sarkozy est charismatique alors que pour moi c’est une statue creuse.

Les images et les textes du livre donnent l’impression d’une certaine distance sur la société américaine. Est-ce culturel ou plutôt un constat?

M.P : Je pense que l’on a une image déformée des Etats-Unis et encore plus de New-York. Quand, on se balade dans les rues de New-York, la misère est beaucoup plus visible qu’en France. Dans notre pays, il y a une certaine base comme par exemple le RMI. Là-bas, il n’y a rien.

Avez-vous rencontré des français de New-York?

V.M: J’avais l’idée de faire un reportage sur les montpelliérains qui vivent à New-York. Un collègue m’a transmis les coordonnées d’un chef cuisinier qui lui-même m’a donnée le contact d’une traductrice française de l’ONU. En tout cas, ni l’un ni l’autre n’aimerait revenir.

Pourquoi?

V.M : Parce qu’ils s’épanouissent plus aux États-Unis. Ils construisent leur propre fortune. Il y a de la place pour tout le monde mais c’est à chacun de faire son chemin. La société américaine est paradoxale car elle est à la fois démocratique et individualiste.

Enfin, pouvez-vous nous expliquer comment a été conçu ce livre?

M.P : Quand nous sommes revenus, nous devions développer les photos. D’un point de vue technique, elles ont été faites sur une pellicule argentique et développées sur du papier baryté.
Au départ, il s’agissait seulement d’une exposition photo que j’ai faite à l’Atelier, au Rebuffy et à Pézenas. J’ai rencontré mon éditeur lors du vernissage et il m’a proposé d’en faire un livre.
Tout l’été 2009, nous avons travaillé sur les textes, Valérie a écrit celui qui se trouve vers la fin du livre. Je me suis basé sur mes légendes-photos que j’ai gonflées pour en faire des textes. Ensuite, nous avons rajouté un extrait du discours d’Obama pour chacun des textes.

La préface a été faite par Romain Huret. Comment l’avez-vous rencontré?

M.P : On a cherché un préfacier pendant deux mois. Fin Août, j’écoutais France Info dans ma voiture et je suis tombé sur une émission spéciale sur Obama dans laquelle Romain Huret intervenait. J’ai beaucoup aimé. Aussitôt arrivé à la rédaction, je lui ai envoyé un mail pour lui proposer d’être le préfacier et il a accepté. Puis, nous avons travaillé ensemble par Internet. Je vais le rencontrer pour la première fois, ce mardi 3 Novembre à l’occasion de la dédicace du livre.

Mardi 3 Novembre 2009, Michel Pieyre dédicacera son livre à 17h30.
Une rencontre animée par Romain Huret spécialiste des Etats-Unis, Maître de conférence à Lyon 2 et l’Institut d’Etudes Politiques à Paris, aura lieu à 18H30 à l’Auditorium Sauramps de l’Odyssée (en partenariat avec la Club de la Presse).

Exposition photographique du 26 Octobre au 7 Novembre 2009 dans l’auditorium de Sauramps Odyssée.

General Motors : le géant de l’automobile dépose son bilan

«La plus grande entreprise du monde» est en faillite. Après 77 ans de leadership dans le secteur des constructeurs automobiles, General Motors (GM) a officiellement déposé le bilan lundi 2 juin 2009 à New York. Une décision inévitable pour entreprendre «une restructuration draconienne sous perfusion financière de l’État», annonçait dimanche le gouvernement américain.

Cet épilogue était attendu après la tentative désespérée de GM pour redresser ses finances. Fin mars, le groupe avait obtenu un sursis de deux mois pour prouver qu’il était viable, mais les effets de la crise ont imposé le redressement judiciaire comme seule issue possible.

Néanmoins, pour l’administration Obama c’est «un jour historique: la fin de l’ancien General Motors et le début d’un nouveau». Objectif: faire sortir GM du redressement judiciaire dans un délai de 60 à 90 jours. Pour ce faire, le constructeur sera divisé en deux entités: un «nouveau GM», destiné à sortir de la procédure de dépôt de bilan et à repartir à l’assaut des marchés, et un «ancien GM», qui regroupera les actifs destinés à la liquidation. L’État fédéral apportera pour cela une aide publique de 30 milliards de dollars, portant l’apport total de l’administration Obama à près de 50 milliards.

Surnommée ironiquement «Government Motors», l’entité qui sortira du dépôt de bilan de GM appartiendra presque aux trois quarts aux pouvoirs publics. «Le contrôle par l’État n’était pas ce que nous recherchions. C’est une issue obligée au processus de restructuration» a déclaré un haut responsable gouvernemental. «Nous espérons voir un GM avec un bilan où l’endettement pèsera beaucoup moins lourd, et capable d’être compétitif» a-t-il ajouté.

Barack Obama lui-même a précisé hier que cette nationalisation est nécessaire pour éviter les «dégâts énormes» que causerait l’effondrement du géant. «En résumé, notre objectif, c’est de remettre GM sur pied, de nous tenir à l’écart et de nous désengager rapidement», a-t-il dit. GM a confirmé la fermeture de onze sites aux États-Unis. Le groupe veut ainsi passer de 62 000 ouvriers en 2008 à 38 000 en 2011.

Obey Giant, une carrière pleine de « hope »

Vingt ans d’activisme artistique et une affiche pour la campagne présidentielle d’Obama ont fait de Frank Shepard Fairey, alias Obey Giant, un artiste mondialement reconnu. Des images qui s’échangent sur le net à la vitesse du vent, un nom qui marque les murs des rues et une exposition à l’Institut d’Art Contemporain de Boston font de lui un homme complet.

Un maître du « Street Art »

AndreTheGiantSticker.gifSon nom d’artiste, Obey Giant, provient de la création d’un sticker à l’effigie de la star mondiale du catch, André the Giant. Réalisé avec un ami alors qu’ils n’étaient qu’étudiants à la Rhode Island School of Design, le sticker rencontre un succès phénoménal et se transforme en campagne internationale . On y voit le visage du catcheur accompagné de la mention « André the Giant has a posse ». Avec la reconnaissance débute sa carrière de graphiste et d’illustrateur.

Né en Caroline du Sud le 15 février 1970, Frank Shepard Fairey appartient à cette catégorie d’artistes américains qui s’est passionnée pour les contre-courants dans les années quatre-vingt. Du punk rock au skate board, en passant par le collage de stickers dans les rues et la critique d’un monde à l’image de « Big Brother », il exploite tous les mouvements à contre-courants jusqu’à trouver son propre style. 3128525867_7645e4ea41-2.jpg

De 1989 à 1996, il produit plus d’un million de stickers, le plus souvent artisanalement. Il co-dirige un temps le studio BLK/MRKT Inc. puis fonde avec son épouse l’agence de design graphique Studio Number One. On lui doit un logo pour Mozilla, l’affiche du film « Walk the line », des pochettes d’albums…

Obey Giant s’engage pour Obama


Frank_Shepard_Fairey.jpgVingt ans après son premier succès, il revient sur le devant de la scène artistique avec une série d’affiches pour la campagne présidentielle d’Obama. Sur la version retenue, le candidat aux présidentielles regarde au loin. La mention « hope » sous son visage traduit le bouleversement que représente son élection. Sur l’affiche originale on pouvait lire « Progress » plutôt que « Hope » mais le message correspondait moins à la campagne retenue par le candidat afro-américain, en pleine crise économique. Il aurait distribué à ses frais 300 000 autocollants et 500 000 affiches pendant la campagne, en admettant se financer par la vente d’affiches et de dérivés.

Martin Luther King, Bob Marley ou le Che sont tous entrés dans l’histoire avec un portrait d’eux mondialement diffusé. Avec cette affiche, Obama pourrait se faire une place de choix dans l’histoire contemporaine.

3043427583_4b4db4d506.jpg

Obama, 44ème président des États Unis

18:05 heure française, midi passé de cinq minutes à Washington, Barack Obama est officiellement président des États Unis. Le 44ème de l’histoire, le premier à la peau noire. Offensif, fier et réaliste, prononcé devant plus de deux millions d’Américains, son discours d’intronisation est un mélange inattendu de prodigalité personnelle et de vulnérabilité américaine. Les États Unis et Obama, une superpuissance et son homme fort attendus au tournant.

Ça y est, Barack Obama est l’homme le plus puissant du monde. Nicolas Sarkozy peut aller se rhabiller. Une page s’est officiellement tournée à Washington hier. À 47 ans, concrétisant par son arrivée le rêve de millions d’afro-américains, ce sénateur de l’Illinois de père Kényan et de mère blanche prend les commandes de la première puissance mondiale. Et ce, avec une certaine classe. Là où Martin Luther King avait confié « I have a dream » 46 ans plus tôt, Barack Obama a déclamé comme jamais. Surplombant deux millions de spectateurs du haut du Lincoln Memorial, le nouveau président des États Unis a produit un discours surprenant de concision et de réalisme. À ceux qui attendaient de grandes phrases, des promesses d’un soir, il s’est montré humble. Aux autres qui espéraient une réaction à la crise, il a donné des garanties.

Un peu plus tôt, Barack Obama faisait une entrée remarquée au Capitole. Dans la limousine officielle, deux hommes : le passé et le futur, George W. Bush et Barack Obama. Après une entrevue d’une heure à la Maison Blanche, les deux hommes d’État ont rejoint leurs prédécesseurs dans l’antichambre du parlement américain. De Jimmy Carter, président de 1977 à 1981, au petit dernier, tous ont répondu à l’invitation. À l’exception de Ronald Reagan, décédé en 2004. De retour côté foule, Barack Obama doit comme le veut la tradition prêter serment. Sous sa main, la Bible, celle qui avait servi à Abraham Lincoln il y a près de 150 ans. Dans l’angle droit de la caméra, sa femme, Michelle, submergée par l’émotion. Le regard est contemplatif. L’image, forte. Fait étrange, le futur président peine à trouver ses mots. Ces quelques lignes qui feront de lui le dirigeant des États Unis, Barack Obama a besoin que le président de la Cour Suprême les lui souffle. En quelques syllabes écorchées, « Dieu aidez moi », le voilà président.

« L’espoir plutôt que la peur »

Costume impeccable, acheté pour l’occasion, gants cuir, le show américain peut commencer. Derrière son pupitre de vitres pare-balles, Barack Obama embrasse les masses. -7° Celsius au compteur, et pourtant l’homme se tient droit, fier, naturel. Alors que l’Amérique fait face à une crise sans précédent, au chaos au Moyen-Orient, son nouveau président prend la peine de remercier l’ex locataire de la Maison Blanche. Quelques échos de mains frappées se font entendre puis repartent comme ils sont apparus, dans l’indifférence générale. Puis vient le constat : « Nous sommes en pleine crise. Il est vrai que ces conséquences sont la faute de certains (…) : nos écoles vont mal, nos entreprises vont mal, et chaque jour nous rappelle à quel point notre style de vie menace la planète ». Mais, dit-il, « si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est que nous avons choisi l’espoir plutôt que la peur. »

Sur une métaphore du voyage, de l’indépendance des colonies britanniques à aujourd’hui, Barack Obama choisit ses mots avec prudence. Économiquement d’abord, le président des États Unis montre du doigt l’instabilité d’un marché trop peu surveillé. Réponse au scandale Madoff, sa tirade « la nation ne peut prospérer longtemps quand elle ne profite qu’aux riches » arrache au Capitole quelques salves d’applaudissements. Une économie, « performante et inégalée » certes, mais à revoir. La santé ? « Trop coûteux. A améliorer. » Tabou entre tous les sujets, s’il y a bien une chose qui ne bougera pas trop sous l’ère Obama, c’est bien le style de vie à l’américaine. Basé sur la liberté de consommer, du carburant aux armes, comme tous ceux qui l’ont précédé le président Obama ne compte pas s’en excuser ou en changer. Les critiques des signataires du protocole de Kyoto n’y changeront rien. Qu’importe, les applaudissements sont là.

« Une Amérique prête à diriger »

Sur les questions internationales, le ton, grave, monte d’un iota. Barack Obama l’avait promis, et il récidive. L’Armée « quittera l’Irak de manière responsable », sans oublier « d’établir une paix chèrement acquise en Afghanistan ». Indéniablement le 11 Septembre et le bourbier irakien ont eu un impact considérable sur la politique internationale des États Unis « sa puissance ne lui permettant plus de se protéger de tout ou d’agir à sa guise. » Au monde arabe, il tend une main timide, pour des relations nouvelles « dans l’intérêt commun et le respect mutuel. » Puis, sans citer Hugo Chavez, qui compte parmi les plus virulents détracteurs de l’hégémonie étasunienne, il dénonce tous les dirigeants ayant blâmé le capitalisme qui a fait la grandeur de l’Amérique. A leur tour, dit-il, « ils seront jugés. Non pas sur leur médisance, mais sur leurs résultats. »

Plus que d’habitude, Barack Obama fait dans la simplicité. Sans arracher les larmes aux foules, sans créer l’émoi outre mesure, il met les points sur les « i » dans son style caractéristique : « À nouveau, l’Amérique est prête à prendre les rênes du monde. » De la puissance chancelante que l’on connaît aujourd’hui à l’État gendarme d’antan, il n’y a qu’un pas. Qu’en sera-t-il ? Partisan d’une nation « en amitié avec tout pays, homme, femme ou enfant à la recherche d’un futur fait de paix et de dignité », Barack Obama bote en touche. En conclusion, dans un élan digne de ses discours de campagne, le président appelle ses concitoyens à participer, « dès aujourd’hui » à l’effort national, et à commencer avec son équipe le travail de reconstruction des États Unis. Pour lui le plus dur reste à faire. Mais en ce premier jour de l’ère Obama, le monde devrait se satisfaire d’un petit « Congratulations Mister President ».

À voir aussi :

Grands chantiers pour Barack Obama et son équipe

Michelle Obama tient la Barack

Grands chantiers pour Barack Obama et son équipe

Barack Obama, 44ème Président des États-Unis : un rêve devenu réalité. Mais quelle réalité ? Crise économique, guerre en Irak, réchauffement climatique… Voilà les défis pour le successeur de Georges W. Bush. A la veille de son investiture, le 20 janvier 2009, retour sur les principaux dossiers qui attendent la nouvelle administration américaine dans les prochains mois.

3005161141_5085efe6dd.jpg L’heure est venue. Le 20 janvier 2009, Barack Obama prêtera serment sur la Bible, devant les marches du Capitole à Washington. Une tradition qui va investir l’ex-sénateur de l’Illinois dans sa fonction de 44ème président des États-Unis.

Après l’euphorie de la victoire et la vague d’Obamania qui a déferlé sur la planète, le nouvel homme fort de l’Amérique a de nombreux défis à relever. Il doit redorer le blason de son pays aux yeux du monde après la désastreuse ère Georges W. Bush, mais surtout il lui faut redonner l’espoir à des américains en pleine crise de confiance.

Sortie de crise

Premier défi du nouveau président : faire face à la pire crise financière depuis 1929. C’est la principale préoccupation du peuple américain qui redoute l’enlisement dans un cercle vicieux. Déjà les premiers effets du krach se font sentir : le taux de chômage a explosé, atteignant des records inédits depuis 30 ans, l’industrie automobile est en grande difficulté et l’économie américaine est entrée en phase de récession.

2237034946_d200b789f1.jpg Pour résoudre ces problèmes urgents, l’équipe Obama a d’ores et déjà proposé un plan qualifié par certain de « nouveau New Deal ». Il prend la forme d’investissements massifs dans la rénovation des infrastructures du pays (routes, ponts, bâtiments publics…). Une injection de capitaux, à hauteur de 500 milliards de dollars, destinée à créer des emplois et à relancer une consommation américaine en berne. Des grands travaux qui accompagnent par ailleurs la poursuite du « plan Paulson » : 350 milliards de dollars réservés à la sauvegarde du secteur financier et du secteur automobile.

Facture alourdie par les promesses de campagne du candidat Obama : réductions d’impôts et extension de la couverture maladie pour les plus pauvres. Des réformes qui touchent notamment les classes moyennes américaines, principales cibles du programme démocrate. Les exonérations fiscales concernent près de 95% des américains, à hauteur de 500 dollars par contribuable, soit une enveloppe de près de 300 milliards.

Au final, un budget pharaonique dépassant le seuil symbolique des 1000 milliards de dollars et qui fait déjà débat outre-Atlantique. Comment le nouveau président pourra t-il respecter ses engagements alors que, selon les experts, la crise promet d’être encore plus profonde en 2009 ? Les républicains attendent Obama au tournant.

Défis diplomatiques

Barack Obama a posé les bases de sa politique : sa priorité c’est l’Amérique et les américains. Toutefois, c’est sans compter avec l’héritage désastreux de l’administration Bush à l’échelle internationale. Rien de moins que deux guerres, une «menace» nucléaire et un conflit qui s’enlise.

Premier dossier sensible : le conflit israélo-palestinien. Alors qu’elle ne faisait pas partie des priorités de l’équipe Obama, la récente actualité a remis au premier plan la question du processus de paix au Proche-Orient. 2515567507_843056f2b9.jpg Les opérations militaires d’un État hébreu qui a profité des flottements diplomatiques américains pour prendre position dans la bande de Gaza, ont ravivé les tensions entre communautés. La situation humanitaire catastrophique des gazaouis et les appels répétés de la communauté internationale pour un cessez-le-feu immédiat poussent la nouvelle diplomatie américaine à intervenir rapidement. Hillary Clinton, nouvelle secrétaire d’État, aura la délicate mission de rétablir le dialogue entre les palestiniens et le gouvernement israélien. Une tâche délaissée par la précédente administration.

Autres priorités de la diplomatie américaine, les questions afghanes et irakiennes. Durant sa campagne, le candidat démocrate s’est engagé à retirer progressivement les troupes US d’Irak dans un délai de 16 mois. Aujourd’hui, il doit donc mettre en œuvre le changement et sortir l’US Army du bourbier irakien. Une décision chère aux yeux du peuple américain pour compenser le bilan désastreux de Georges W. Bush. En revanche, en ce qui concerne l’Afghanistan, l’accent est mis sur la poursuite des opérations militaires. La nouvelle administration envisage de maintenir l’occupation du territoire afghan en collaboration avec l’Otan, tout en continuant les efforts politiques pour démocratiser le pays. Hillary Clinton étant consciente que la seule voix des armes ne peut aboutir qu’à un enlisement.

2201308715_ff2b7c923d.jpg Outre les problèmes d’ordre militaire, l’ex-première dame doit aussi garder un œil sur Téhéran. Source de graves tensions au cours de l’année 2008, la question du nucléaire iranien reste un des dossiers les plus sensibles à l’échelon mondial. Le dialogue, en concertation avec les alliés des États-Unis, reste privilégié, toutefois la menace d’une intervention armée n’est pas écartée. Enfin dernier défi pour Barack Obama : gérer le regain de tensions entre son pays et la Russie depuis la crise géorgienne à l’été 2008. Pour éviter aux américains de voir ressurgir les vieux démons de la guerre froide dans un contexte plombé par la crise.

Promesses de campagne

2185674368_d87905dea3.jpg Entrer dans le Bureau Ovale ne sera donc pas de tout repos pour le nouveau pensionnaire de la Maison Blanche, d’autant plus qu’il doit répondre à d’autres engagements. Premier exemple : la fermeture de la prison de Guantanamo. Alors qu’en campagne, le candidat Obama avait promis que la prison aurait disparue 100 jours après son investiture, le président Obama recule l’échéance. Symbole des erreurs de Georges W. Bush dans sa lutte contre le terrorisme, la fermeture de Guantanamo est attendue par une majeure partie de l’Amérique. Pourtant Obama préfère prendre son temps avant de la démanteler. Une décision annoncée le 11 janvier dernier lors d’une interview du nouveau chef d’État accordée à la chaine ABC. Selon lui, « c’est plus difficile que nombre de gens ne le pensent. Je crois que cela va prendre un certain temps ». Barack Obama assure par ailleurs que des « équipes de juristes travaillent avec les responsables de la sécurité nationale, en ce moment même » pour aboutir à une solution rapide.

Autre grand chantier pour l’équipe Obama : l’énergie et le climat. Après huit ans de recul sur les questions climatiques, le nouveau président a pris de bonnes résolutions. 3148194086_5340494cd5.jpg Engagé dans la lutte contre le réchauffement global, il évoque sa volonté de « jouer un rôle de leader dans le développement et la mise en œuvre d’une réponse mondiale et coordonnée au changement climatique ». L’ambition de Barack Obama est de réduire de 35% la consommation de pétrole des États-Unis à l’horizon 2030. Il veut également que 25% de la production d’électricité provienne d’énergies renouvelables d’ici à 2025 et que les émissions de CO2 soient réduites de 80% en 2050. Un projet ambitieux confié à Steven Chu, prix Nobel de physique, spécialiste de l’énergie en charge du ministère du même nom. Grand absent dans ce dossier, le prix Nobel de la paix Al Gore, fervent défenseur de la lutte contre le réchauffement, laissé de coté par le Président Obama.

2296272737_80ca5b327d.jpg

Espoirs

Barack Obama a déclaré qu’il lui faudrait deux mandats pour mener à terme sa politique. Ses détracteurs lui répondent qu’il prépare déjà sa réélection en 2012. Malgré cette polémique, il est indéniable que le nouveau Président des Etats-Unis a devant lui une mission difficile. Il porte sur ses épaules l’espoir des américains et n’a pas le droit à l’erreur contre des adversaires républicains déjà impitoyables. Le monde entier, porté par l’Obamania, aura aussi un œil sur ses moindres faits et gestes. Un «Président Star», déjà icône d’une génération qui doit se préparé à passer de longues nuits blanches.

À voir aussi :

Obama, 44ème président des États Unis

Michelle Obama tient la Barack

Le regard critique de Russell Banks sur les élections américaines

R_banks.jpgRussell Banks, romancier américain, est né le 3 mars 1940 dans le Massachussetts. Il grandi dans «un petit bled où personne ne passe jamais et que la neige recouvre la moitié de l’année » du New Hampshire, dans un milieu plus que modeste. Son père, plombier à ses heures, est surtout un alcoolique forcené. « Mon enfance a été marquée par l’alcool et la violence, l’abandon et la pauvreté». L’absence de livres au domicile familial le pousse à rêver à des horizons meilleurs. Il part étudier à l’Université Colgate. En 1975, il s’expatrie deux ans en Jamaïque où il publie ses premiers ouvrages ; Family Life et Searching for Survivors. Son premier succès commercial, il le connait aux Etats-Unis en 1985 avec « Continents à la dérive », récit de l’entrée des boat people en Floride. Les deux grands thèmes qui jallonent sa carrière sont la recherche de la figure paternelle et la description du monde des petites gens croulant sous le poids d’une vie quotidienne dure et pauvre ou de la tragédie. En 1997, son roman, De beaux lendemains, adapté au cinéma par le réalisateur canadien Atom Egoyan, reçoit le Grand Prix du Festival de Cannes. Il adhère au Parlement international des écrivains (association de soutien aux artistes persécutés), quelques mois après sa création par l’écrivain Salman Rushdie. Il en sera le président de 1998 à 2004.

Très actif politiquement, il est connu pour critiquer ouvertement son gouvernement. Il prend par exemple position contre l’engagement en Irak et s’oppose au Patriot Act. Son engagement lui a d’ailleurs valu par le passé quelques petits séjours en garde à vue. Cette année, le quotidien régional La Montagne, a obtenu le privilège exclusif d’engager Russell Banks comme chroniqueur. Depuis le mois de janvier, il publie une chronique sur les élections américaines. Il s’agit d’un coup de projecteur sur les élections vues par les « petites gens » aux Etats Unis. Voici l’extrait d’une interview donnée au journal le 13 janvier dernier, ainsi qu’une partie de ses premiers textes.