Robert Guédiguian, le peuple sur grand écran

Aux côtés de ses fidèles acteurs, le plus célèbre des cinéastes marseillais préside le Jury de la 40e édition de Cinemed. L’occasion de revenir sur une filmographie riche et éclectique.

De Dernier été, son premier film produit en 1980, à La Villa, sorti en 2017, peu de choses ont changé. Ariane Ascaride et Gérard Meylan, son épouse et son ami d’enfance, qu’on prenait parfois pour son jumeau, ont bien pris quelques rides. Mais le décor n’a pas bougé. Robert Guédiguian est resté fidèle à Marseille, et plus particulièrement à son quartier de l’Estaque, décor de la majorité de ses films.
Ses thèmes, eux aussi, restent bien souvent les mêmes. Ancien membre du parti communiste et toujours engagé à gauche, Robert Guédiguian n’aime pas qu’on dise qu’il réalise des films politiques. Il n’empêche, les ouvriers, les pauvres, les résistants ou les grévistes sont omniprésents dans ses scénarios. Le cinéaste le confirme : « Je filme et filmerai toujours des personnages qui galèrent. »
Pour des fins différentes. Comédie, avec Marius et Jeannette, drame, comme La ville est tranquille, film historique, avec L’Armée du crime, ou politique, comme Le promeneur du Champ de Mars, Guédiguian exploite tous les genres.
Au fil des ans et des films, l’Estaque évolue. Un peu. La société également.  En creux, on constate un désamour croissant pour la politique et plus particulièrement un recul de la gauche et de ses valeurs au sein d’une classe populaire qui se tourne de plus en plus vers l’extrême droite.

La famille à l’honneur dans « Les neiges du Kilimandjaro

Une “famille” toujours à ses côtés

“Tribu”, “équipage”, “team”, “crew”. Les termes ne manquent pas pour qualifier, plus ou moins sérieusement, l’entourage de Robert Guédiguian. “Je préfère le terme de famille”, tranche Gérard Meylan, sans pour autant déclencher l’unanimité au sein de la troupe.
Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, Jacques Boudet ou encore le monteur Bernard Sasia sont présents depuis ses débuts. Plus jeunes, Anaïs Demoustier, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet et Robinson Stévenin l’ont rejoint en cours de route. Tous ont conscience de prendre part à “une oeuvre collective” et à l’écriture d’une immense comédie humaine.
Car si Robert Guédiguian est seul pour écrire les scénarios, il laisse ses acteurs et son monteur libres d’interpréter leurs rôles. “On ne fait jamais de répétition avant les tournages. Je laisse chacun jouer librement et me proposer quelque chose. Puis je valide ou pas”, détaille le réalisateur. “L’amour infini porté par sa mère a donné à Robert une confiance totale en lui. C’est là sa grande force. S’il valide une scène, on sait qu’il nous soutiendra à 300%”, complète Ariane Ascaride.
Ainsi fonctionne la “famille Guédiguian” depuis maintenant 38 ans.
Il m’arrive parfois de croiser des personnes à Marseille qui se rappellent de Dernier été”, s’amuse Gérard Meylan. “Je constate qu’ils ont les tempes grises, et je me dis que c’est un privilège de vieillir avec son public.” Une histoire commune partie pour durer encore quelques temps.
On tourne notre prochain film du 26 novembre au 15 janvier. Cela s’intitule Sic transit gloria mundi, vous savez, la locution latine qui dit la fragilité de nos existences”, confiait Robert Guédiguian. Un film noir, très dur, avec en exergue une phrase : « La domination est à son apogée quand le discours des maîtres est tenu et soutenu par les esclaves.
Le cinéaste de l’Estaque n’a pas fini de filmer “le peuple”.

UN MATCH OLYMPIQUE !

Le sommet de la 13è journée de Ligue 1 entre l’OM et l’OL a débouché hier dimanche 8 novembre à Lyon sur un match nul d’anthologie, qui va marquer l’histoire de football français tant pour la charge émotionnelle qu’il a offert au public que par son score final improbable : 5-5!

Le 4-4 hallucinant entre Liverpool et Chelsea en quart de finale de la Ligue des Champions l’an passé a hérité hier soir d’un petit frère français. C’est bien la Ligue 1 et non la glorieuse Premier League anglaise qui a produit ces 90 minutes de ballon rond complètement dingues!

Après un tel match, les deux Olympiques pourront autant méditer sur leurs insuffisances défensives que sur leurs capacités de réaction. On ne s’attendait pas à ça! Dans les matchs au sommet, la L1 a souvent la fâcheuse tendance à donner des prestations vides, opposant des formations qui ne veulent surtout pas perdre. En témoigne le mortel Lyon-Marseille de décembre 2008 (0-0). Alors qu’hier, non seulement Marseille et Lyon ne voulaient pas laisser trois points à l’adversaire, mais tous les deux sont allés bien au-delà, ne se laissant respectivement aucun répit pendant la totalité du match!

Lyon veut son trône

Relancés dans le championnat par les trois points ramenés de Saint-Etienne samedi dernier (1-0), les Lyonnais savaient qu’après la défaite de Bordeaux ce week-end, en cas de victoire contre Marseille, ils passeraient seuls en tête du championnat. Il n’a pas fallu longtemps pour vérifier que l’OL avait bien l’intention de saisir cette occasion.

pjanic.jpgÀ la 3è, sur une mauvaise relance de la tête du Brésilien Hilton, Pjanic contrôle de la poitrine, décroche une frappe en demi-volée sous la barre de Mandanda et marque le premier but pour Lyon. Magnifique! Tout juste entamé, le match est déjà plein de promesses. La tendance se confirme à peine dix minutes plus tard, avec l’égalisation de la tête par Diawara, sur corner. En un instant, Marseille sème un froid dans les virages de Gerland, où les Lyonnais s’aperçoivent qu’une fois de plus, les supporteurs phocéens sont venus nombreux. 1-1 à la 11è minute. Les hostilités sont bien lancées, et les défenses ont déjà démontré leurs limites du soir.

govou_2.jpgDans la foulée, contre toute attente, Lyon ne s’arrête pas et se relance aussitôt vers le but phocéen. Et de nouveau, les Gones ne mettent que trois minutes à concrétiser, grâce à Govou. Parti de son camp, auteur d’une course individuelle remarquable, l’ancien capitaine de l’équipe voyant qu’il n’est pas attaqué entre dans la surface et frappe lourdement du gauche! Mandanda est de nouveau battu. 2-1 à la 14è minute. Gerland ne le sait pas encore, mais l’intensité va monter crescendo!

Pendant tous le reste de la première mi-temps, les hommes de Claude Puel pensent regagner les vestiaires en laissant leur public sur cette image de Govou marquant en force. L’OL est leader au classement! Mais Marseille va pousser avant la pause.

lloris.jpgÀ la 44è minute, la mécanique lyonnais va finalement se gripper là où personne ne l’attendait. Sur une frappe lointaine et flottante de Benoît Cheyrou, Hugo Lloris se loupe! Le plus sûr de tous les Lyonnais cette année apprécie mal la trajectoire du ballon et le repousse dans ses propres buts! 2-2.

Marseille y tient beaucoup

niang.jpgSur ce score de parité à la mi-temps, les Phocéens commencent sans doute à se dire qu’avec un Lloris qui doute en face et un jour de repos de plus que les Lyonnais cette semaine, il doivent forcer encore un peu le destin en deuxième mi-temps. Et ils n’ont pas tord! Dès la 47è minute, Baky Koné reprend un centre d’Abriel en le déviant somptueusement de l’extérieur du droit et le ballon finit en lucarne. Quelle entrée! Les Marseillais passent d’emblée devant au score, par 3 buts à 2!

C’est à l’OL de courir pendant la deuxième mi-temps, et à l’OM de dérouler. Marseille a plusieurs occasions de faire le break, et ne va pas toutes les rater. Il faut quand même attendre la 80è minute et un corner d’Abriel pour voir Brandao s’imposer et marquer un quatrième but marseillais: 2-4 pour l’OM à Gerland! Cette fois la messe semble dite. Le banc marseillais est en joie. À ce moment, Marseille est le grand revenant du haut du classement, et peut se satisfaire de sa capacité retrouvée à marquer, cinq jours après avoir déjà concrétisé six buts contre Zurich.

Ces réjouissances ne durent pas longtemps. Pas plus d’une minute. En deux temps trois mouvements, Lisandro se retrouve dès l’engagement lancé vers Mandanda (81). Il résiste à la charge d’Hilton et pique son ballon au-dessus du portier phocéen. But! 3-4! Le public est galvanisé! Neuf minutes restantes, Gerland n’attend plus qu’une chose, qu’un dénouement possible et imaginable. Le public veut l’égalisation à 4-4! Les joueurs aussi…

L’apothéose

lisandro.jpgUne fois de plus, Gerland n’a pas à attendre trois minutes. À la 84è, corner de Bastos: main de Heinze dans la surface, et penalty! C’est Lisandro qui prend ses responsabilités. Il le marque, égalise et fait exploser de fureur le stade entier! Après le but arraché au dernier moment contre Liverpool mercredi, l’Argentin marque encore le match de son emprunte: le sang froid. Lisandro fascine littéralement Gerland et ses co-équipiers!

kal.jpgD’ailleurs il reste encore six minutes à jouer et l’heure n’est pas encore aux réjouissances! En tribune et sur le terrain, les Lyonnais n’ont plus du tout envie de se contenter d’un match nul. Ils veulent en découdre! Les encouragements ne cessent plus, la fin du match est complètement folle! Jusqu’à la 90è, et un nouveau but de… Bastos pour Lyon. Une action collective parfaitement dosée. Un but d’école. À l’arrivée, le Brésilien, sélectionné cette semaine pour la première fois en Seleçao, offre au public Lyonnais l’apothéose qu’il attendait: la victoire contre l’OM et la tête du classement de L1! Phénoménal!

Mais ce match ne s’arrête plus! Alors que Gerland fête la victoire imminente, pendant ce temps Marseille repart en avant. Au forcing, au mental, au culot, les Phocéens jettent leurs dernières forces pour aller arracher le 5è but dans les arrêts de jeu. Et sur un ballon détourné par Toulalan contre son camp, ils le font! 5-5! Cette fois, le score ne bougera plus: 5-5… Monumental! Olympique!

5-5.jpgAu final, le résultat ne change pas grand chose au classement mais l’affrontement d’hier a offert à Marseille et Lyon un sentiment de proximité inédit. Les deux Olympiques ont fourni l’une de ces prestations au sommet qui peuvent fonder l’histoire commune de deux clubs. Il ne peut qu’en ressortir une rivalité savoureuse, faite de respect mutuel et d’envie de se surpasser. Après le match, les joueurs des deux camps se sont attardés pour saluer leur public respectif ensemble sous les applaudissements venant de partout dans le stade. Le public a applaudi la prestation d’ensemble! Décidément la Ligue 1 surprend son monde cette année.

Classement de Ligue 1 après 13 journées :

1. Bordeaux – 25 pts / 2. Lyon – 24 pts / 3. Auxerre – 23 pts / 4. Monaco – 22 pts / 5. Lorient – 21 pts / 6. Montpellier – 21 pts / 7. Valenciennes – 20 pts / 8. Marseille – 19 pts (-1)