Open d’Australie : D’Artagnan échoue, les Trois Mousquetaires au rendez-vous

Dans la chaleur australienne, Gaël Monfils, Gilles Simon et Jo-Wilfried Tsonga se sont qualifiés cette nuit avec la manière pour les huitièmes finales de l’Open d’Australie. Richard Gasquet, au terme d’un match épique en plus de 4h de jeu, s’est incliné face au chilien Fernando Gonzalez (3-6, 3-6, 7-6, 6-2, 12-10).

Gasquet, on ne parie pas ?

La semaine dernière, « L’Equipe Magazine » faisait sa une avec Richard Gasquet, tentant le pari, et formulant dans une subjectivité un peu osée que le biterrois serait le premier français depuis Yannick Noah à remporter un tournoi du Grand Chelem. Le D’Artagnan du tennis français, celui qui fait dire à Roger Federer qu’il possède « le meilleur revers du circuit« , vient de démontrer encore une fois son problème majeur en s’inclinant au troisième tour de l’Open d’Australie : le mental.
gasquet.jpg Si les carences et les irrégularités de son jeu ont été moins présentes qu’à l’accoutumée, il n’empêche que Gonzalez a remporté ce match à l’expérience, en vieux renard des courts, en vieux briscard pourtant spécialiste de terre battue, mais terre d’endurance, terre de patience. Gasquet peut s’en vouloir, notamment lorsqu’il eut l’occasion de conclure sur sa balle de match en fin de troisième manche. Mais ne jetons pas toutes les pierres : le natif de Béziers progresse, se montre plus combatif, et reste capable de tenir un choc en cinq sets dans un Grand Chelem. Des motifs d’espoirs pour les prochaines batailles à venir.

Tsonga, Simon et Monfils faciles

Il rappelle un certain Yannick Noah. Par son charisme, son naturel. En venant à bout de Nicolas Almagro en trois sets (6-4, 6-3, 7-5), Monfils a décroché en roue libre son billet pour les huitièmes de finale. Un très gros morceau l’attend en deuxième semaine. Il se nomme Gilles Simon, son compatriote, son ami, qui est venu à bout du croate Mario Ancic avec la même facilité, mais par sa personnalité, sa tranquilité.tsonga.jpg Tsonga, vainqueur de l’israélien Sela (6-4, 6-2, 1-6, 6-1), et qui rencontrera Blake en huitièmes, sourit à l’avance de ce choc franco-français : « Richard et moi, on est pressés de voir ça. Ce sont deux joueurs qui aiment bien jouer dans la même filière, du fond du court. A chaque fois qu’ils jouent l’un contre l’autre, ils se font de bons marathons. » Car Simon le paisible et Monfils le bouillant ne se sont jamais rencontrés sur le circuit officiel. Le vainqueur de de duel hexagonal rencontrera selon toutes vraisemblances Rafael Nadal en quarts.
Pour nos trois mousquetaires, l’été australien n’a donc pas encore apporté toute sa chaleur.

Coup de jeune

Rêve et surprise sont les deux mots les plus entendus pour définir la qualification du Français Jo-Wilfried Tsonga en finale des internationaux d’Australie. Dimanche matin, face au Serbe Novak Djokovic, le Manceau est retombé de son petit nuage. Maintenant, il ne lui reste plus qu’à confirmer son excellant parcours et mener la délégation française vers des sommets que l’on espère brillants.

Depuis l’avènement de l’ère open, en 1968, Yannick Noah est le seul Français a avoir remporté un tournoi du grand chelem. C’était il y a vingt-cinq ans. Henri Leconte, Cédric Pioline par deux fois et Arnaud Clément ont joué le dernier match sans jamais toucher le graal. Après la finale, Jo-Wilfried Tsonga relativise son exploit : « maintenant, d’accord, j’ai réussi à faire ça, mais je n’ai toujours pas gagné de titre sur le circuit ATP, alors des objectifs, j’en ai encore plein ». Espérons que la performance du jeune champion en appelle d’autres, contrairement par exemple au Néerlandais Martin Verkerk, finaliste inconnu à Roland-Garros en 2003, pour une prouesse jamais renouvelée.

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Avant chaque début de tournoi du grand chelem, le public français s’adonne à ses traditionnels favoris et espère que ses champions aillent le plus loin possible. Jo-Wilfried Tsonga n’y croit pas, il avoue même après la demi-finale s’être « fait rêver ». Car cette année, pas grand monde n’aurait parié un kopek sur une finale du Manceau, malgré un premier tour tonitruant où il se paye le luxe de sortir une tête de série, Andy Murray. L’an dernier, à pareil époque, il végète au-delà du 200ème rang mondial après avoir lutté contre de nombreuses blessures au dos et à l’épaule. Sa saison ATP ne débute vraiment qu’au Queen’s, tournoi sur gazon préparatif à Wimbledon, où il sort Lleyton Hewitt. Son huitième de finale à Londres puis un troisième tour à l’US Open le propulse au 60ème rang mondial. Sa constante progression, jusqu’à la finale de Melbourne, permet à Tsonga d’être dans le top 20 international et numéro 2 français derrière son ami Richard Gasquet. Dans quelques jours, ils seront chef de file de la délégation française en coupe Davis. Guy Forget, le sélectionneur national, a voulu « rendre hommage à ceux qui ont le mieux réussit dans ce tournoi ». Il compte d’ailleurs sur les finalistes du double, Arnaud Clément et Michaël Llodra, défaits en finale face à la paire Israélienne Jonathan Erlich/Andy Ram. La saison de Coupe Davis se manifeste palpitante mais la concurrence s’annonce rude, en particulier de l’Espagne avec deux représentants dans le top 5, Rafael Nadal et David Ferrer. Sans compter la Suisse emmenée par le toujours n°1 mondial, Roger Federer, ou alors la Serbie qui compte dans ses rangs Novak Djokovic, en progrès évidents depuis deux ans, et certainement futur numéro 1 mondial.

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Comme Tsonga, Amélie Mauresmo a perdu une finale en Australie dans sa jeunesse, en 1999 face à Martina Hingis. Elle a dû attendre 2006 pour enfin soulever le trophée. Même si chez les dames, le tennis français va mieux, cet hiver, à Melbourne, le tableau a été marqué par la nouvelle réussite des joueuses de l’Est. La Russe contre la… Serbe ! La blonde Maria Sharapova gagne son troisième grand chelem contre la brune Ana Ivanovic dans la « finale la plus glamour » depuis des années, comme l’annonce le site internet de l’open. Les françaises n’ont pas brillé en Australie, trois d’entre elles ont perdu en seizième de finale, aucun n’a franchit ce cap. Amélie Mauresmo -toujours pas revenue à son meilleur niveau après une saison de blessure- et Aravane Rezaï ont sombré contre des joueuses moins bien classées et Virginie Razzano n’a rien pu faire face à la future demi-finaliste Serbe (encore) Elena Jankovic. La meilleure française au classement mondial, Marion Bartoli, n’a même pas passé le premier tour et a cédé contre une Suédoise inconnue. Comme Mauresmo, elle a choisit de ne pas participer au prochain tour de Fed Cup dans un match piège en Chine. Le capitaine de l’équipe, Georges Goven, a choisit les expérimentées Virginie Razzano et Nathalie Dechy avec deux novices, Alizé Cornet et Pauline Parmentier, toutes deux sorties au deuxième tour à Melbourne. Pauline Parmentier a d’ailleurs subit la loi d’Agnieszka Radwanska, première Polonaise qualifiée pour un quart de finale de grand chelem. Une preuve de plus de la puissance des filles de l’Est !

Enorme Tsonga

Le numéro 2 mondial, le Mallorcain Raphaël Nadal a plié sous les coups de boutoir du Français Jo-Wilfried Tsonga. Le jeune Manceau de 22 ans s’est imposé en trois sets secs (6/2, 6/3, 6/2) en moins de 2 heures de jeu. Longtemps handicapé par les blessures, Tsonga démontre aujourd’hui tout son talent en devenant le premier tricolore à atteindre une finale de Grand Chelem depuis Arnaud Clément en 2001, déjà en Australie. En finale, dimanche matin, il affrontera Novak Djokovic, tombeur du numéro 1 mondial Roger Federer. tsonga-350.jpg

Réaction à chaud du Français :
« Aujourd’hui, tout est rentré. Je voulais lui faire mal, c’état mon objectif et j’ai réussi. J’ai pas de mots, j’ai vraiment fait un gros match dans tous les domaines. J’avais la réussite avec moi et je pense que personne ne pouvait m’arrêter. À la fin, je me suis dit que c’était pas possible. Je ne réalisais pas, je voulais me pincer pour vérifier que ce n’était pas un rêve. Je suis tellement dans mon tournoi. Dans le vestiaire, je le voyais sauter partout. Moi, j’étais décontracté en train d’écouter de la musique et je me suis dit : « mon coco ne te fatigue pas trop car aujourd’hui je suis là. »

Propos recueillis sur Eurosport à l’issue du match.