Les Huit Salopards : La mélodie répétitive de Tarantino

Mélodie lancinante. Quentin Tarantino revient au cinéma avec son huitième film, un western de 2h50 où « huit salopards » se retrouvent coincés par le blizzard dans une auberge perdue au milieu des montagnes enneigées. Servi par un casting très tarantinesque (Tim Roth, Michael Madsen, Samuel L. Jackson, Kurt Russell), ce deuxième western – après Django Unchained – redessine les limites du système Tarantino.

Des plaines blanchies par la neige où l’on distingue au loin une diligence, la musique horrifique d’Ennio Morricone en fond et ce générique teinté de jaune, à l’ancienne avec le logo « Ultra 70mn panavision ». Pas de doute on est bien chez Tarantino. Son huitième film adopte donc un format de pellicule spécifique utilisé dans les années 50 – au coût plus conséquent – donnant la perspective d’une image plus soignée, la promesse d’une lumière plus chaleureuse et d’un grain plus prononcé.

Au-delà de ce choix esthétique judicieux et séduisant, le film traîne à mettre en place son propos initial : le huis-clos. On sent chez le cinéaste une volonté de prendre son temps pour créer une ambiance et apprivoiser ses personnages, mais cela fait clairement défaut au film. Pendant plus d’une heure et demie, les dialogues se succèdent, parfois drôles mais souvent sans inspiration, sans folie. La tendance des films de Tarantino au bavardage, purement jouissif à ses débuts (Reservoir Dogs et Pulp Fiction), tourne ici à vide et l’ennui guette, inlassablement.

Et c’est au bout de l’attente que le film se débride et que l’intrigue se dénoue. Enfin. On retrouve alors presque le Tarantino que l’on aime. Sa violence jouissive, ses joutes verbales, son sens de l’irrévérence sont de retour. L’amusement revient, le sourire aussi. C’est avec un plaisir coupable que l’on suit le dénouement entre ces fous furieux écrits à gros traits par le cinéaste.

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Les huit salopards reste plus cohérent que Django Unchained scénaristiquement. Ce dernier donnait l’impression d’une succession de bonnes idées plutôt que d’un tout cohérent. Ici, on retrouve un récit plus homogène – bien que plus creux et moins inspiré – où les différents chapitres se lient et se répondent pendant presque trois heures. Il y a tout de même quelque chose qui cloche dans cette nouvelle machinerie tarantinesque.

Depuis Reservoir Dogs et Pulp Fiction, Quentin Tarantino a perdu peu à peu cette capacité à mettre son talent et son énergie uniquement au service de ses personnages. Comme une peur palpable de ne jamais réussir à trouver l’aura, la folie et la liberté de ses deux premiers films. Ils étaient la promesse d’un cinéaste qui aurait pu devenir l’un des plus grands de tous les temps. Force est de constater que depuis Inglorious Basterds, Tarantino réchauffe ses thèmes et caricature son style et ses propres codes, au risque de donner l’impression de se regarder filmer. Son célèbre manque de modestie pourrait expliquer cette perte d’irrévérence spontanée caractéristique de ses débuts : « Je ne vais pas vous mentir, j’adore mes films et je prends énormément de plaisir à les revoir » a-t-il confié au journal Première. Pourtant ses derniers films ne sont pas mauvais, bien au contraire, mais Les huit Salopards – à l’instar de Django ou Inglorious, dénote tout de même de cette régression lente et progressive. Une promesse presque déchue.

La Bande Annonce du film :

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L’Inglorious Bar: la bière, Tarantino et le rock américain

Stéphane et Salvatore sont des tenanciers fatigués, mais heureux. Ils ont ouvert, il y a désormais deux mois, l’Inglorious Bar dans le centre de Montpellier. Depuis, de 18h à 1h du matin, leur superbe bar ne désemplit pas. Pourquoi parler d’un bar en particulier alors que Montpellier n’en manque pas? Parce que celui-ci est une perle rare.

Des affiches américaines sur les murs d’une belle salle voûtée, du rock, du vrai, sortant de baffles suspendues, des tables rondes et hautes et, au fond, à l’ombre de la lumière rouge, un comptoir où s’affairent deux hommes au crâne rasé et à la barbe noire. C’est le nouveau bar dont tout le monde parle en ce moment. Stéphane tenait à Montpellier le Kill Beer jusqu’à il y a encore peu. Lorsqu’il a décidé, avec Salvatore de rouvrir un bar, il ne pouvait que réitérer son hommage au réalisateur Quentin Tarantino. L’Inglorious Bar fait référence au dernier film du réalisateur, le très burlesque  »Inglorious Basterds ».  »On a fait le bar dans lequel on aurait aimé aller en tant que clients » confie Stéphane, le plus grand des deux. Le concept est simple: dans cet établissement, on y va pour boire des bières entre amis, mais aussi pour écouter du vrai rock, pas du ‘‘rock FM’’, comme le dit Salvatore.  »Il y a des gens de 50 ans qui viennent ici et qui sont contents d’écouter du Johny Cash, du Elvis, du Janis Joplin », continue-t-il.

Le groupe Mudweiser inaugure la saison de concerts

Inglorious2.jpg Mais les deux barmans ne font pas que passer de la bonne musique. Ils programment également des concerts. Pour l’anniversaire des deux mois du bar, c’est le groupe Mudweiser qui va venir faire un live dans la salle aménagée du sous sol. Le groupe de rock, qui comprend Reuno, ancien chanteur de Lofofora, jouera le 18 novembre à l’Inglorious Bar. Pour Salvatore,  »l’âme du bar, ce soir là, ce sera eux ». Plus tard, en janvier, ils accueilleront les Barbiches Tourneurs, qui reprennent avec talent des grands standards du rock comme ‘‘Take a walk on the wild side’’ de Lou Reed ou ‘‘Sweet Dreams’’ de Eurythmics.

Lorsqu’on leur demande de faire le bilan de ces deux derniers mois d’ouverture, ils répondent en coeur que tout a été ‘‘parfait’’.  »Au delà de toutes nos espérances », termine Stéphane. Même si leur succès est déjà important, il est toujours bon de saluer ces bars montpelliérains qui veillent à ce que la scène rock soit toujours préservée et célébrée.

Lucie Delorme