Où vivent les Roms de Béziers ?
Il y en a une partie qui habite à Cantagale, une autre à Revaut-le-Bas, c’est-à-dire sur la route de Maraussan. Ils se sont installés sur des terrains agricoles dans des zones inondables. L’installation ne s’est pas passée particulièrement bien et ils continuent de poser beaucoup de problèmes.
Subissez-vous des pressions d’élus ?
Pas des élus. Dans l’ensemble, il y a un certain consensus. En revanche, des gens en dehors de la mairie manipulent l’opinion en reprenant des idées d’extrême droite.
L’an dernier, vous avez refusé d’inscrire à l’école des enfants roms dont les parents habitent à Béziers.
Je ne peux pas reconnaître qu’ils habitent là, c’est pas possible. Si je le reconnais, j’admets qu’ils sont en zone inondable. Imaginez qu’il y ait de fortes pluies et que ces gens soient emportés par la crue. On dira que le maire n’a rien fait pour les faire partir. J’ai donc refusé de les scolariser tant qu’ils étaient en zone rouge. J’ai été attaqué au tribunal administratif et, comme les textes indiquent clairement que l’on doit scolariser tous les enfants de la commune, j’ai cédé. Mais au cas où il y aurait un accident grave, je pourrais toujours me dire que j’ai fais le maximum pour l’empêcher.
Certains Roms veulent se sédentariser, pourquoi n’ont-ils pas accès aux HLM ?
On n’en a déjà pas pour les gens qui en demandent depuis longtemps ! Aujourd’hui, un quart des demandes de logements sociaux sont satisfaites après quatre à cinq ans d’attente, alors je ne vois pas pourquoi je privilégierais les Roms qui arrivent au dernier moment. Il faut un ordre, une justice, respecter une priorité.
« Ce n’est pas en venant à Béziers que leur problème sera réglé. »
Le problème se pose également avec la banque alimentaire.
C’est dans le même esprit que ce que je viens de dire. Si on leur donne tous les services, tous les avantages, pourquoi vont-ils aller s’embêter à trouver autre chose qu’en zone inondable ? Je ne veux pas faciliter, encourager les installations dans ces conditions. Les gens qui sont en règle, c’est normal qu’ils aient droit à quoi tout le monde a droit…
Comment les Biterrois perçoivent-ils les Roms ?
Très mal. En ville, leur comportement pose problème, ils pratiquent la mendicité avec insistance, ils ne restent pas en arrière mais vous accrochent le bras. Les personnes âgées sont très inquiètes, elles ont peur. Par contre, pour les enfants finalement scolarisés dans les écoles, je n’ai jamais eu d’écho particulier.
Les Roms sont souvent sans-papiers et ont l’impression d’être chassés, même de leur pays d’origine, en particulier après les guerres en Yougoslavie.
Ce n’est pas vrai, ils ne sont pas chassés, ils viennent de Roumanie. Leurs conditions de vie sont probablement plus difficiles là-bas qu’ici. Que les Roms de Roumanie soient mal vus chez eux, qu’ils aient les mêmes difficultés que les Maghrébins ici, c’est probable. Mais ce n’est pas en venant à Béziers que leur problème sera réglé. La ville est suffisamment en difficulté avec une population déjà très paupérisée, pas la peine d’en rajouter !
Les communes de 5 000 habitants doivent installer une aire d’accueil. Pourquoi n’y en-t-il pas à Béziers ?
La procédure est engagée depuis dix ans mais nous nous battons contre les associations de riverains qui ont fait annuler le premier permis de construire. On est allé jusqu’en cour administrative d’appel. Les recommandations qui nous ont été faites ont conclu qu’il fallait un terrain plus grand, donc il y aurait nécessité d’exproprier. J’espère que l’aire se fera si je suis réélu[[L’entretien a été réalisé avant la ré-élection de Raymond Couderc. Le 9 mars, il a obtenu 52 % des suffrages au premier tour de la municipale.]].
Le moyen de les intégrer est de construire ce fameux campement.
Justement, nous demandons le permis de construire et des demandes de subventions. Le Biterrois est une aire de grand passage. J’ai proposé que le camp soit sur notre ville à condition que l’État nous aide pour remettre en ordre le secteur de Cantagale.
Où sera le campement ?
À Cantagale, il y aura une dizaine d’hectares près de la RN 113. Les services de l’État, après avoir été enthousiastes, sont aujourd’hui très réticents, ils n’ont plus un rond. Il faut installer l’eau, l’assainissement et tout. Cela coûtera beaucoup d’argent, plusieurs millions d’euros.