Le maire de Béziers sur les Roms : « Leur comportement pose problème »

Le maire est le plus proche élu des citoyens et mesure parfaitement les problèmes de sa commune. Raymond Couderc, qui entame son troisième mandat en tant que premier magistrat de Béziers, connaît bien évidement mieux que quiconque la situation des Roms et les difficultés que ces derniers provoquent ou sont supposés provoquer dans le Biterrois.

Où vivent les Roms de Béziers ?
Il y en a une partie qui habite à Cantagale, une autre à Revaut-le-Bas, c’est-à-dire sur la route de Maraussan. Ils se sont installés sur des terrains agricoles dans des zones inondables. L’installation ne s’est pas passée particulièrement bien et ils continuent de poser beaucoup de problèmes.

Subissez-vous des pressions d’élus ?
Pas des élus. Dans l’ensemble, il y a un certain consensus. En revanche, des gens en dehors de la mairie manipulent l’opinion en reprenant des idées d’extrême droite.

L’an dernier, vous avez refusé d’inscrire à l’école des enfants roms dont les parents habitent à Béziers.
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Je ne peux pas reconnaître qu’ils habitent là, c’est pas possible. Si je le reconnais, j’admets qu’ils sont en zone inondable. Imaginez qu’il y ait de fortes pluies et que ces gens soient emportés par la crue. On dira que le maire n’a rien fait pour les faire partir. J’ai donc refusé de les scolariser tant qu’ils étaient en zone rouge. J’ai été attaqué au tribunal administratif et, comme les textes indiquent clairement que l’on doit scolariser tous les enfants de la commune, j’ai cédé. Mais au cas où il y aurait un accident grave, je pourrais toujours me dire que j’ai fais le maximum pour l’empêcher.

Certains Roms veulent se sédentariser, pourquoi n’ont-ils pas accès aux HLM ?
On n’en a déjà pas pour les gens qui en demandent depuis longtemps ! Aujourd’hui, un quart des demandes de logements sociaux sont satisfaites après quatre à cinq ans d’attente, alors je ne vois pas pourquoi je privilégierais les Roms qui arrivent au dernier moment. Il faut un ordre, une justice, respecter une priorité.

« Ce n’est pas en venant à Béziers que leur problème sera réglé. »

Le problème se pose également avec la banque alimentaire.
C’est dans le même esprit que ce que je viens de dire. Si on leur donne tous les services, tous les avantages, pourquoi vont-ils aller s’embêter à trouver autre chose qu’en zone inondable ? Je ne veux pas faciliter, encourager les installations dans ces conditions. Les gens qui sont en règle, c’est normal qu’ils aient droit à quoi tout le monde a droit…

Comment les Biterrois perçoivent-ils les Roms ?
Très mal. En ville, leur comportement pose problème, ils pratiquent la mendicité avec insistance, ils ne restent pas en arrière mais vous accrochent le bras. Les personnes âgées sont très inquiètes, elles ont peur. Par contre, pour les enfants finalement scolarisés dans les écoles, je n’ai jamais eu d’écho particulier.

Les Roms sont souvent sans-papiers et ont l’impression d’être chassés, même de leur pays d’origine, en particulier après les guerres en Yougoslavie.
Ce n’est pas vrai, ils ne sont pas chassés, ils viennent de Roumanie. Leurs conditions de vie sont probablement plus difficiles là-bas qu’ici. Que les Roms de Roumanie soient mal vus chez eux, qu’ils aient les mêmes difficultés que les Maghrébins ici, c’est probable. Mais ce n’est pas en venant à Béziers que leur problème sera réglé. La ville est suffisamment en difficulté avec une population déjà très paupérisée, pas la peine d’en rajouter !

Les communes de 5 000 habitants doivent installer une aire d’accueil. Pourquoi n’y en-t-il pas à Béziers ?
La procédure est engagée depuis dix ans mais nous nous battons contre les associations de riverains qui ont fait annuler le premier permis de construire. On est allé jusqu’en cour administrative d’appel. Les recommandations qui nous ont été faites ont conclu qu’il fallait un terrain plus grand, donc il y aurait nécessité d’exproprier. J’espère que l’aire se fera si je suis réélu[[L’entretien a été réalisé avant la ré-élection de Raymond Couderc. Le 9 mars, il a obtenu 52 % des suffrages au premier tour de la municipale.]].

Le moyen de les intégrer est de construire ce fameux campement.
Justement, nous demandons le permis de construire et des demandes de subventions. Le Biterrois est une aire de grand passage. J’ai proposé que le camp soit sur notre ville à condition que l’État nous aide pour remettre en ordre le secteur de Cantagale.

Où sera le campement ?
À Cantagale, il y aura une dizaine d’hectares près de la RN 113. Les services de l’État, après avoir été enthousiastes, sont aujourd’hui très réticents, ils n’ont plus un rond. Il faut installer l’eau, l’assainissement et tout. Cela coûtera beaucoup d’argent, plusieurs millions d’euros.

Quand l’exclusion forme un peuple : les tziganes.

Cinq futurs journalistes de l’équipe de Hautcourant.com se sont intéressés aux tziganes et plus particulièrement aux Roms. Ce travail a donné naissance au dossier qui suit.
De l’histoire de ce peuple méconnu, aux difficultés qu’il rencontre en Europe et dans les villes Française, ces articles dressent le panorama d’une population qui parfois, fait l’objet de discriminations et de rejet ethnique de la part de gouvernements occidentaux.

Nomades, voyageurs, gens du voyage, sont des termes qui évoquent l’itinérance et renvoient aux tziganes. Le voyage n’est cependant pas la seule spécificité de leur identité.
Parler de tziganes sédentaires semble contradictoire dans la mesure où toute leur histoire est celle d’une transhumance sans fin apparente. Pourtant la moitié de la population, évaluée à quelque 300 000 personnes en France, est sédentaire.
De même, le référent ethnique n’est pas non plus suffisant à l’étude des « gens du Voyage », puisque des non-Tziganes sont aussi des voyageurs. C’est dire la complexité du monde des tziganes qui se prête mal à une classification et interdit toute tentative de généralisation.

Et sans surprise, durant la première étape de ce travail qui consistait à raconter l’origine des tziganes, nous avons très vite été confrontés au flou qui accompagne l’histoire de ce peuple. La diversité des récits et des parcours géographiques et culturels nourrit l’impossibilité de définir précisément une histoire commune. Toutefois, ce flou est à lui seul un élément qui fait partie du tout qui compose l’identité tzigane.

Après avoir défini les éléments relatifs à l’histoire et à l’organisation sociale des tziganes, il nous a semblés intéressant de concentrer notre travail sur les problématiques qui touchent les Roms à différentes échelles géographiques.

Quentin Clairembourg a travaillé sur les minorités présentes au Kosovo. « A l’heure où la communauté internationale débat de l’indépendance du Kosovo, les organisations non-gouvernementales spécialisées dans les droits de l’homme alertent l’opinion sur la situation des minorités ethniques présentes dans le pays des Balkans. L’indépendance du Kosovo ne fait pas que des heureux. La communauté Rom fait partie des trois minorités ethniques menacées, selon Human Rights Watch. »

Avec le même intérêt pour les questions européennes, Julien Ginoux a focalisé son enquête sur les conditions d’accueil des nouveaux ressortissants européens. « Depuis le 1er janvier 2007, les Roms de Roumanie et de Bulgarie, sont citoyens européens. Avec une simple carte d’identité, ces nouveaux ressortissants européens bénéficient, au même titre que les autres citoyens de l’Union européenne, de la liberté de circulation sur l’ensemble du territoire des Etats membres. Or, un mois avant leur adhésion, en décembre 2006, deux circulaires sont venues préciser les conditions d’accueil de ces nouveaux ressortissants. »

Au cœur de cette nouvelle législation, les programmes d’aide au retour volontaire ou humanitaire. Sophie Morin-Feyssac a étudié ces dispositifs et propose un éclairage sur les désaccords qui opposent l’Agence Nationale de l’Accueil des Etrangers et des Migrations (ANAEM) et les collectifs de Roms. « Depuis quelques mois, déjà la grogne se ressent au sein de la population des Roms installés en France. En effet la politique d’aide au retour pratiquée par l’ANAEM est l’objet de toutes les controverses. Différents arguments sont avancés de toute part, de sorte qu’il est difficile de comprendre réellement la situation actuelle. L’ANAEM et les collectifs de Roms sont en total désaccord sur les objectifs poursuivis. »

Des situations locales illustrent également les difficultés que rencontrent les Roms. Jean-Philippe Juan a rencontré Jean-Philippe Turpin, directeur de la Cimade de Béziers et Raymond Couderc, maire de cette même ville. Ces deux acteurs connaissent mieux que quiconque la situation des Roms et les difficultés que ces derniers provoquent ou sont supposés provoquer dans le Biterrois. Pourtant le discours et les perceptions ne sont pas identiques notamment sur les questions relatives à l’éducation.
De même, au coin d’une rue, adossé au mur d’une banque ou appuyé à un feu rouge, apparaît parfois un Rom avec son identité et son histoire. Comme Julietta, une femme de trente-six ans qu’ Anne-Lise Dupays a rencontrée. « Cela fait maintenant quatre ans qu’elle a fuit la Roumanie avec son mari et ses trois enfants, leurs conditions de vie étant devenues trop pénibles en raison de la discrimination et des persécutions dont sont victimes les Roms. ». Des discriminations et des rejets systématiques de la part des gouvernements occidentaux qui ont inspiré Jean-Marc Turine dans son ouvrage Le crime d’être roms.

Quand l’exclusion forme un peuple : les tziganes.

Cinq futurs journalistes de l’équipe de Hautcourant.com se sont intéressés aux tziganes et plus particulièrement aux Roms. Ce travail a donné naissance au dossier qui suit.
De l’histoire de ce peuple méconnu, aux difficultés qu’il rencontre en Europe et dans les villes Française, ces articles dressent le panorama d’une population qui parfois, fait l’objet de discriminations et de rejet ethnique de la part de gouvernements occidentaux.

Nomades, voyageurs, gens du voyage, sont des termes qui évoquent l’itinérance et renvoient aux tziganes. Le voyage n’est cependant pas la seule spécificité de leur identité.
Parler de tziganes sédentaires semble contradictoire dans la mesure où toute leur histoire est celle d’une transhumance sans fin apparente. Pourtant la moitié de la population, évaluée à quelque 300 000 personnes en France, est sédentaire.
De même, le référent ethnique n’est pas non plus suffisant à l’étude des « gens du Voyage », puisque des non-Tziganes sont aussi des voyageurs. C’est dire la complexité du monde des tziganes qui se prête mal à une classification et interdit toute tentative de généralisation.

Et sans surprise, durant la première étape de ce travail qui consistait à raconter l’origine des tziganes, nous avons très vite été confrontés au flou qui accompagne l’histoire de ce peuple. La diversité des récits et des parcours géographiques et culturels nourrit l’impossibilité de définir précisément une histoire commune. Toutefois, ce flou est à lui seul un élément qui fait partie du tout qui compose l’identité tzigane.

Après avoir défini les éléments relatifs à l’histoire et à l’organisation sociale des tziganes, il nous a semblés intéressant de concentrer notre travail sur les problématiques qui touchent les Roms à différentes échelles géographiques.

Quentin Clairembourg a travaillé sur les minorités présentes au Kosovo. « A l’heure où la communauté internationale débat de l’indépendance du Kosovo, les organisations non-gouvernementales spécialisées dans les droits de l’homme alertent l’opinion sur la situation des minorités ethniques présentes dans le pays des Balkans. L’indépendance du Kosovo ne fait pas que des heureux. La communauté Rom fait partie des trois minorités ethniques menacées, selon Human Rights Watch. »

Avec le même intérêt pour les questions européennes, Julien Ginoux a focalisé son enquête sur les conditions d’accueil des nouveaux ressortissants européens. « Depuis le 1er janvier 2007, les Roms de Roumanie et de Bulgarie, sont citoyens européens. Avec une simple carte d’identité, ces nouveaux ressortissants européens bénéficient, au même titre que les autres citoyens de l’Union européenne, de la liberté de circulation sur l’ensemble du territoire des Etats membres. Or, un mois avant leur adhésion, en décembre 2006, deux circulaires sont venues préciser les conditions d’accueil de ces nouveaux ressortissants. »

Au cœur de cette nouvelle législation, les programmes d’aide au retour volontaire ou humanitaire. Sophie Morin-Feyssac a étudié ces dispositifs et propose un éclairage sur les désaccords qui opposent l’Agence Nationale de l’Accueil des Etrangers et des Migrations (ANAEM) et les collectifs de Roms. « Depuis quelques mois, déjà la grogne se ressent au sein de la population des Roms installés en France. En effet la politique d’aide au retour pratiquée par l’ANAEM est l’objet de toutes les controverses. Différents arguments sont avancés de toute part, de sorte qu’il est difficile de comprendre réellement la situation actuelle. L’ANAEM et les collectifs de Roms sont en total désaccord sur les objectifs poursuivis. »

Des situations locales illustrent également les difficultés que rencontrent les Roms. Jean-Philippe Juan a rencontré Jean-Philippe Turpin, directeur de la Cimade de Béziers et Raymond Couderc, maire de cette même ville. Ces deux acteurs connaissent mieux que quiconque la situation des Roms et les difficultés que ces derniers provoquent ou sont supposés provoquer dans le Biterrois. Pourtant le discours et les perceptions ne sont pas identiques notamment sur les questions relatives à l’éducation.
De même, au coin d’une rue, adossé au mur d’une banque ou appuyé à un feu rouge, apparaît parfois un Rom avec son identité et son histoire. Comme Julietta, une femme de trente-six ans qu’ Anne-Lise Dupays a rencontrée. « Cela fait maintenant quatre ans qu’elle a fuit la Roumanie avec son mari et ses trois enfants, leurs conditions de vie étant devenues trop pénibles en raison de la discrimination et des persécutions dont sont victimes les Roms. ». Des discriminations et des rejets systématiques de la part des gouvernements occidentaux qui ont inspiré Jean-Marc Turine dans son ouvrage Le crime d’être roms.

La difficile intégration des Roms de Béziers

Jean-Philippe Turpin, militant à la Cimade de Béziers (Comité inter mouvements auprès des évacués) fait partie d’un collectif de soutien aux quatre-vingts Roms installés à Revaut-le-Bas, sur la route de Maraussan, à l’est de Béziers. La plupart viennent des pays de l’ex-Yougoslavie et d’Italie. L’ABCR (Association biterroise contre le racisme) est également membre du collectif. Par ailleurs, Jean-Philippe Turpin dirige le Cada (Centre d’accueil des demandeurs d’asiles).

Une des interventions remarquables de la Cimade remonte au 17 mai 2006, jour d’une descente de police musclée où tous les hommes ont été embarqués privant ainsi leur famille (au sens large) de l’unique source de revenu. Le collectif a aidé les familles à organiser leur défense, à trouver des avocats et, au quotidien, à régler les problèmes administratifs et répondre à la survie élémentaire. Jean-Philippe Turpin témoigne : « La mairie de Béziers a, par exemple, la particularité de gérer elle-même la banque alimentaire mais prive les Roms de ses services. Nous sommes obligés de recueillir la nourriture par des associations pour la redistribuer. » Il a des mots très durs envers le pouvoir municipal. Le refus de Raymond Couderc, premier magistrat de la ville, de scolariser des enfants roms à la rentrée de septembre 2006 a conduit les familles au tribunal[ [Voir la réponse de Raymond Courderc, maire de Béziers ]]. « Les Roms n’en revenaient pas d’être de l’autre côté de la barre. » En plus, ils ont gagné !

Ignorants les règles de droit français, ils reçoivent des conseils juridiques et pratiques sur le mode de vie en France. Un d’entre eux, la trentaine et apatride, précise que ses origines sont indiennes. Il est né en Italie, ses enfants en France. « Le Rom veut travailler, mais sans papiers, c’est difficile. On vit des aides, souvent, je travaille au noir, pour les travaux de la maison, du jardin, ou dans les voitures d’occasion. » Il reconnaît que certains membres de sa communauté « volent pour pouvoir acheter du pain aux enfants. » Cela explique, sans doute, les tensions avec certains Gadjé (non-Roms). « Il y en a des bons, des mauvais, des racistes, comme partout. » Mais ils ne doivent pas oublier, conclut celui qui se présente comme gitan par commodité de langage, que les Roms « sont des humains, comme les autres. »

« Je dois rentrer chez moi ? Mais je vais partir où ? »

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Le collectif organise une réunion spécialement pour les Roms un mardi sur deux. L’occasion d’exprimer les doléances et pour les associations de tenter de faire avancer les choses. A l’ordre du jour, la question de la collecte de vêtements, l’avancée de la souscription ou encore la possibilité d’avoir un jardin devant sa caravane pour cultiver de quoi se nourrir. Le vendeur de voitures d’occasion au noir est présent. Il assure la traduction pour la communauté. Entre eux, ils parlent romani, la langue des Roms, mais aussi italien pour se rappeler où ils sont nés. Le ton monte lorsque Nadia Chaumont, chargée de la scolarité et membre de l’ABCR, explique qu’un enfant a été violemment frappé par de jeunes Roms à l’école. L’information n’est pas claire mais, vite, une femme rom se plaint du mauvais traitement que font subir les Gadjé à sa fille collégienne. Elle refuse d’envoyer sa fille au collège car elle a déjà commencé à fumer. La mère craint qu’elle ne passe bientôt au cannabis. Jean-Philippe Turpin rappelle l’importance de la scolarité des enfants, seul véritable moyen de prouver l’intégration des parents.

Là dessus, une mauvaise nouvelle. La préfecture serait sur le point de proposer aux Roms de rentrer chez eux par le biais de l’aide au retour volontaire. Cela concerne les habitants de Mercourant, sur la route de Bédarieux, de l’autre côté de la ville. La proposition vaut aussi pour ceux de la route de Maraussan et de Cantagale. Après échange, le traducteur gitan précise qu’aucun des siens n’accepterait cette offre. Apatride, il souligne, tout sourire : « Je dois rentrer chez moi ? Mais je vais partir où ? » Comme si chez lui, c’était au bord de la route de Maraussan. Et nulle part ailleurs.

Le retour des Rom du Kosovo sous haute surveillance des ONG

A l’heure où la communauté internationale débat de l’indépendance du Kosovo et s’il faut la reconnaître ou non, les organisations non-gouvernementales spécialisées dans les droits de l’homme alertent l’opinion sur la situation des minorités ethniques présentes dans le pays des Balkans.

L’indépendance du Kosovo ne fait pas que des heureux. La communauté Rom fait partie des trois minorités ethniques menacées, selon Human Rights Watch. Le 15 février 2008, l’organisation non-gouvernementale édite un programme en sept points destiné à établir un agenda des droits de l’homme dans un Kosovo indépendant [([http://hrw.org/backgrounder/2008/kosovo0208/kosovo0208web.pdf)]].

Pour Holly Parker, directrice de la division Europe et Asie Centrale de l’ONG : « L’intervention militaire de 1999 au Kosovo était motivée par la nécessité de protéger les droits des Albanais, qui subissaient alors des abus de la part du gouvernement serbe. Il est donc absolument impératif que le nouvel État du Kosovo respecte les droits humains de toutes ses communautés ». Les Ashkali, les Rom et les Egyptiens (des Rom ayant déclaré la nationalité égyptienne lors des recensements yougoslaves) font partie de ces communautés. Leurs conditions de vie ne s’améliorent pas depuis l’intervention militaire de l’OTAN en 1999. Leur présence au sein de la délégation serbe au cours des négociations internationales de Rambouillet (6-23 février 1999), dont l’échec diplomatique déboucha sur cette opération militaire, attise l’hostilité de la population albanaise, majoritaire et opposée à la Serbie.

Selon Human Rights Watch : «Impuissantes sur le plan politique et exclues des affaires économiques, elles (les trois communautés) sont victimes de discriminations et de persécutions. Les communautés Ashkali et égyptienne sont affectées de façon disproportionnée par les retours forcés depuis l’Europe de l’ouest (les Rom serbophones du Kosovo, jugés plus menacés, sont en revanche envoyés en Serbie). La faiblesse de l’aide apportée à ceux qui reviennent engendre une lourde charge pour des communautés déjà marginalisées».

Améliorer la situation des Rom qui vivent encore là avant d’accueillir ceux qui reviennent

Une situation préoccupante pour les minorités déjà présentes et un avenir qui s’annonce mal. Les Rom du Kosovo n’ont pas le statut de victimes de guerre. La communauté Rom se retrouve en diaspora à travers l’Europe et notamment dans les pays de l’Union Européenne. Leurs demandes d’asile et leurs statuts de réfugiés ne sont pas acceptées dans plusieurs pays et les Rom se voient renvoyés de force dans un pays où ils ne sont plus les bienvenus. Face à ce problème, Human Rights Watch recommande : la prise de mesures efficaces pour combattre la discrimination contre les communautés Rom, Ashkali et Egyptiennes dans l’accès au logement, à l’emploi et aux services sociaux ; la création par l’Union Européenne d’un moratoire sur le retour forcé des communautés vivant dans les pays de l’UE et ce avant que la situation du Kosovo se soit stabilisée. Enfin, tout retour devrait être basé sur une évaluation des risques individuels et la prise en compte de la capacité d’absorption de la communauté déjà présente ; des programmes d’assistance efficaces doivent être mis en place avant tout autre retour forcé.

Les retours forcés mettent en danger les minorités persécutées

Ce programme d’Human Rights Watch arrive en écho à l’alerte lancée par Amnesty International en décembre 2007. L’organisation mondiale lutte depuis 2004 contre le retour forcé des minorités au Kosovo alors que l’exode continue : « Amnesty International est cependant très préoccupée par le fait que, avant même l’examen d’une résolution sur le statut futur du Kosovo par le Conseil de sécurité des Nations unies, certains États membres de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe s’apprêtent à forcer au retour des personnes qui, selon Amnesty International, ont toujours besoin d’une protection temporaire, mais aussi des personnes dont la demande de reconnaissance du statut de réfugié doit être examinée. » (17 décembre 2007, [ [http://www.amnesty.fr/index.php/agir/campagnes/refugies_et_migrants/actualites/non_au_retour_force_des_minorites_au_kosovo ]]).

A l’heure où les pays de l’Union Européen débattent de la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, la communauté Rom accueille avec appréhension cette déclaration. Les procédures de retour forcé et le manque de structures d’accueil soulèvent le plus important chantier du Kosovo : la réconciliation nationale entre les différentes ethnies. Un objectif difficile à atteindre quand un grand nombre de responsables des persécutions envers ces communautés reste à ce jour non poursuivi par la justice kosovar.

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