CINEMED : « Le Bouton de nacre » illumine le festival de toute sa beauté

Le nouveau documentaire du Chilien Patricio Guzmàn était présenté en avant-première lors du Festival Cinemed et il n’est pas passé inaperçu. Le « Bouton de nacre » est dans les salles obscures depuis mercredi.

C’est une histoire sur l’eau, le Cosmos et nous. Aussi dense qu’est le sujet du film, Patricio Guzmàn nous emporte dans un voyage mystique et sensoriel pendant près d’une heure trente. L’occasion de mettre en relation deux pans de l’histoire oubliés du Chili : celui des indigènes de Patagonie et celui des prisonniers politiques. Deux populations reliées entre elles par ces mystérieux boutons de nacre.

Après Nostalgie de la lumière, le cinéaste offre un documentaire majestueux et atypique. Parsemé de paysages époustouflants, de photos magnifiques, de cartes grandioses et d’intervenants bouleversants, Le Bouton de nacre montre une densité narrative et visuelle rare, mais également sonore. Patricio Guzmàn y capte des bribes de sons fascinantes démontrant qu’en plus d’avoir une vie, l’eau a une parole.

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On y parle aussi de l’espace, du Chili, de la responsabilité politique des États-Unis concernant le coup d’État de Pinochet et du destin des indigènes de Patagonie. La minutie du travail de recherche et artistique est exceptionnelle. Plus de mille photos d’indigènes ont été retrouvées et des cartes immenses ont été façonnées par une artiste Chilienne. Il a également fallu retrouver parmi la vingtaine d’Indiens survivants du massacre ceux en mesure de pouvoir témoigner.

La force du cinéaste Chilien est d’arriver à intégrer toutes ces thématiques, pourtant diverses, et d’en faire un tout cohérent – l’eau – fluide et linéaire. Il nous parle de ce pays qu’il aime tant, à la géographie si particulière. Le Chili est en effet bordé par 14 000 kilomètres de mer et par la cordillère des Andes.

Le Bouton de nacre est très personnel mais aussi universel. La mélancolie et la poésie des images ne cessent d’accompagner le spectateur pendant ce beau voyage. Il restitue l’une des histoires volée à ce pays d’Amérique du Sud, en rendant le plus beau des hommages. Si le succès est au rendez vous, le cinéaste Chilien a pour projet de se recentrer sur la cordillère des Andes, sa vie et son histoire… À suivre.

La Bande Annonce :

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Second tour de l’élection présidentielle chilienne : vers la victoire de la droite

A quelques jours du second tour de l’élection présidentielle chilienne qui se tiendra le 17 janvier prochain, Hautcourant a donné la parole à deux étudiants chiliens qui font leurs études en France. Ils partagent leur vision de l’élection et, au delà, de l’avenir de leur pays. Tous deux craignent l’arrivée au pouvoir de Sebastian Piñera : le Berlusconi chilien.

Le Berlusconi chilien. C’est ainsi que la gauche qualifie Sebastian Piñera, le candidat de la « Rénovation nationale » (centre-droit) en liste pour le second tour de l’élection présidentielle chilienne qui se tiendra le 17 janvier prochain. Il affrontera le leader de la concertation (coalition de centre-gauche au pouvoir depuis 1989 et la chute de la dictature d’Augusto Pinochet), Eduardo Frei, membre du parti démocrate chrétien. Pour la première fois en 20 ans, la droite semble en position de l’emporter. En effet, Eduardo Frei est donné perdant dans la plupart des sondages). Hautcourant a donné la parole à deux étudiants chiliens de France. S’ils n’ont que peu ou pas connu la dictature de Pinochet, ils suivent avec attention, l’évolution de leur pays.

Elisa, étudiante à Toulouse : « Le gouvernement Piñera sera loin de changer l’inclinaison néolibérale du Chili »

L’élection de Sébastian Piñera aurait un coté très positif : le renouvellement de la sphère politique chilienne qui n’a pas changé depuis de l’arrivée de la démocratie, c’est-à-dire depuis 20 ans. Par contre, ma crainte réside dans l’énorme pouvoir que détiendrait cet homme. Propriétaire de grandes entreprises, d’une chaine de télévision, d’un club de foot, il est un mélange parfait entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi. Par exemple, Piñera envisage de faire venir des membres de l’opposition dans son nouveau gouvernement.

Les politiques qu’il prône, et notamment le libéralisme économique, ne feront que perpétuer l’héritage de Pinochet. C’est-à-dire, celui d’un système privé élitiste qui donne l’accès aux richesses à ceux qui en ont déjà les moyens. Le Chili est encore l’un des pays où les inégalités économiques sont les plus importantes du monde.

En clair, le gouvernement de Piñera serait loin de changer la direction néolibérale du Chili. Il privilégierait la flexibilisation du marché du travail en éliminant le salaire minimum avec l’argument fallacieux de combattre le chômage. Il libéraliserait également tous les marchés possibles et imaginables en soutenant que si quelques uns sont plus riches, cela profitera à tous. C’est pour cela que l’instauration d’un système d’éducation et de santé accessibles à tous, sont peu envisageables à court terme.

C’est la grande limite du système politique chilien. Il est fait de petits partis qui coalisent et ne font que des petites réformes d’un pays encore loin de changer en profondeur.

Felipe, étudiant à Paris : « Eduardo Frei ne fait pas trop rêver non plus »

Je suis assez désabusé par les deux candidats présents au second tour. Piñera est une sorte de Berlusconi chilien. Il est néolibéral, veut remettre en cause les petits progrès obtenus par le centre-gauche. Quand à Eduardo Frei, il ne fait pas trop rêver non plus. Il a déjà été président de la République (de 1994 à 2000) et n’incarne donc pas trop le changement. Le parti démocrate chrétien a eu une position ambiguë au moment du coup d’état de Pinochet. Ils n’ont pas trop rejeté le coup d’état car ils souhaitaient que l’on revienne sur les réformes « trop sociales » mises en place par Salvador Allende. Cela résume assez bien la position toujours timorée de ce parti dans l’histoire du pays.

Je reste quand même assez optimiste pour le Chili. Michelle Bachelet a su mettre en place des réformes positives sans aller assez en profondeur. Mais, le seul fait qu’une femme l’emporte dans un pays très machiste constitue un énorme progrès. On dit qu’elle pourrait se représenter aux prochaines élections (Au Chili, les candidats ne peuvent pas effectuer deux mandats d’affilé). Elle rebattrait alors la droite de Sebastian Piñera.

Le Dakar face à la polémique

En 2008, alors que les concurrents étaient sur la ligne de départ à Lisbonne, l’épreuve avait été annulée pour des raisons de sécurité. Cette année aussi le Dakar a succombé à la menace terroriste en Mauritanie. Mais pas question de ne pas courir l’épreuve. Pour la 30ème édition, ce n’est donc pas le continent africain mais l’Amérique du Sud qui l’accueille. Si ce n’est plus une menace d’ordre terroriste, c’est bel et bien la polémique qui pèse désormais sur l’édition 2009.

Le décès du motard français Pascal Terry a ébranlé le Dakar. Retrouvé mort dans la nuit du 6 au 7 janvier, le pilote avait disparu le dimanche 4 janvier lors de la deuxième étape disputée entre Santa Rosa et Puerto Madryn. Des morts, le Dakar en a connu depuis sa création, mais là n’est pas le sujet de la polémique. Ce sont les dysfonctionnements de la communication au sein de l’organisation qui sont mis en cause.

Pascal Terry « aurait pu être sauvé »

Retour sur les évènements. Dimanche à la mi-journée, Pascal Terry, informe l’organisation qu’il est tombé en panne d’essence mais qu’il en a récupérée auprès d’un autre concurrent. Pourtant, sa position n’évolue plus et les tentatives pour le joindre restent infructueuses. Dans la soirée, l’organisation à Paris est prévenue du déclenchement de la balise de détresse du pilote. L’organisation sur place ne sera au courant que le lundi en début de matinée. A ce sujet, le directeur du Dakar, Etienne Lavigne a déploré «un problème de la chaîne de communication entre le 4 et le 5 janvier» , en ajoutant qu’ «il y a des choses qu’on se n’explique pas» . Une information erronée annonçant la présence de Pascal Terry à Neuquen, la ville d’arrivée de la quatrième étape, aurait interrompu les recherches lundi à minuit et ce pendant plusieurs heures.
Il s’est ainsi écoulé 56 heures entre l’envoi de la balise de détresse et la découverte du corps du pilote. Les dysfonctionnements internes à Amaury sport organisation –organisateur du rallye- ont retardé près de 12 heures les recherches. Mercredi 7 janvier, le chef du département des opérations de la police argentine de La Pampa a annoncé que le motard français «aurait pu être sauvé s’il avait été secouru à temps» et si la police avait été avertie «suffisamment à l’avance pour commencer les recherches». Une enquête a été ouverte par les autorités argentines pour élucider les circonstances de la tragédie.

Une liste qui s’allonge

Un coup dur pour le Dakar qui a dû faire face à un grave accident causé le 9 janvier par un de ses camions de soutien logistique. Les deux passagers du véhicule entré en collision avec le camion sont morts. Le chauffeur est préventivement en prison pour les besoins de l’enquête. Ajouté à cela, l’état du motard espagnol Cristobal Guerrero dont le pronostic vital est engagé, le Dakar en Argentine allonge la liste, déjà longue, de ses morts. Depuis sa création, plus d’une cinquantaine de personnes sont mortes dont 19 concurrents, Pascal Terry étant le dernier.