Loppsi 2 : la mobilisation accouche d’un collectif

Plusieurs associations et collectifs se sont réunis ce jeudi 6 janvier au local du Nouveau Parti Anticapitaliste pour se mobiliser contre le projet de loi Loppsi 2. La résistance s’organise autour du rejet de l’article 32 ter A.

Rassemblés en collectif éphémère nommé Nomades et Citoyens en Mouvement, le NPA et Voisins & Citoyens en Méditerranée ont préparé lors de cette réunion la manifestation prévue pour le 8 janvier. La Cimade et l’association Cheyen n’étaient pas présent mais soutiennent ouvertement l’initiative. D’autres mouvements tels que la CNT, la CGA, Solidaires 34 et Don Quichotte sont venus en tant qu’observateurs.

L’article 32 ter A vivement contesté

Le projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi) 2, qui sera présenté le 18 janvier prochain au Sénat en deuxième lecture, fait l’objet de vives critiques. Notamment, l’article 32 ter A vise directement les personnes ayant choisi un mode d’habitat alternatif tel que les camions, yourtes et autres roulottes.

Dorian, la vingtaine, vit en camion, « non par nécessité, mais par choix ». Dans son appel, le collectif, créé il y a une quinzaine de jours, dénonce une loi « hyper sécuritaire […] qui méprise, bafoue nos libertés individuelles et publiques et instaure un contrôle généralisé de l’ensemble de la population avec ce nouvel État policier. » Si l’article 32 ter A concerne directement la vie des membres du collectif, ces derniers insistent sur le fait que la loi dans sa dimension sécuritaire concerne chaque citoyen, notamment à travers la vidéo-surveillance.

« On n’est pas malheureux en étant nomade »

DSCF5002.jpgLa conférence de presse s’est rapidement transformée en table ronde autour de la loi et ses travers. Chacun prenant tour à tour la parole pour exprimer ses positions. Claude, de Solidaires 34, dénonce le fait que « tout ce qui est considéré comme hors norme est considéré comme a priori suspect. » Pour Francis Viguié, représentant local du NPA, « il y a un racisme d’État », tandis que Marc Pralon, porte-parole de Voisins & Citoyens en Méditerranée, affirme que la loi créera « plus de précarité et d’insécurité ».

Les protagonistes défendent avant tout un mode de vie. Selon Paul, de l’association Don Quichotte, « on n’est pas malheureux en étant nomade, c’est un projet de vie à part entière et on en est fier. » Ils distinguent ce choix de vie du mal-logement qu’ils entendent dénoncer. À ce titre, l’INSEE a rendu dernièrement un rapport sur la condition du mal-logement en France. Selon l’étude, plus d’un million de ménages vivent dans des habitations de fortune, des logements sans confort ou surpeuplés. Anna, qui vit dans un camion depuis peu, s’indigne : « L’État place des gens dans des HLM miteux et après on vient nous dire que nos logements sont insalubres ! »

Plusieurs collectifs du même acabit se mettent en place dans toute la France et des manifestations s’organisent à Paris, Tours ou encore Orléans. Celle de Montpellier se déroulera ce samedi 8 janvier à 14h. Le rendez-vous est fixé à la préfecture et le cortège déambulera dans les rues du centre ville pour finir, à 16h, à la Comédie.

Les Enfants de Don Quichotte, des images et des maux.

Dans le cadre de la journée mondiale du refus de la misère, le 13 octobre, et des 25 ans de la Banque Alimentaire, la Mairie de Montpellier a souhaité sensibiliser ses riverains par le biais d’une exposition des photos de Daniel Bodin consacrées aux Enfants de Don Quichotte. Des clichés tirés des quelques jours qu’il a partagé avec les plus démunis : des visages abimés par la vie, des moments d’intimité, des instants de solitude et de solidarité…