Montpellier respire, Rennes toujours leader

Samedi soir, Montpellier a remporté à domicile sa quatrième victoire face à une équipe de Sochaux impuissante. Les buts sont signés Yanga Mbiwa (29ème minute) et Belhanda (43ème minute).

Au programme de ce week-end sportif, il y avait bien sur du football. Les équipes de ligue 1 disputaient la 9ème journée de championnat. Après la trève internationale, Montpellier accueillait Sochaux samedi soir. Le froid et peut-être les mauvais résultats ont eu raison du public montpelliérain qui n’était pas présent en grand nombre au stade de la Mosson. Onzième du championnat, les hommes de René Girard restent sur une lourde défaite 3-1 à Lille. Recevoir la meilleure attaque du championnat n’était pas chose facile pour les locaux. Sochaux sixième avec 16 buts inscrits démarre bien la saison. Mais les sochaliens n’ont inscrit aucun point à l’extérieur cette année. L’équipe de Francis Gillot se déplaçait à Montpellier alors que deux affaires extra sportives l’avait affecté durant la trève internationale. Chose inédite samedi soir, les deux entraîneurs étaient suspendus et coachaient des tribunes.

Les montpelliérains réalisaient une excellente première mi temps durant laquelle ils assommaient leurs adversaires qui se résignaient en seconde période. Sans avoir le monopole du ballon, ce sont les locaux qui se créaient les premières occasions, notamment par Marveaux et l’international chilien Estrada. Les sochaliens de leur côté inquiétaient peu Jourdren, le gardien montpelliérain, avec seulement deux tirs dont un cadré dans les 45 premières minutes. Après plusieurs tentatives, les locaux étaient récompensés à la 29ème minute par un but de la tête de Yanga Mbiwa. Juste avant la pause, les hommes de René Girard enfonçaient leurs adversaires en inscrivant un second but suite à une belle action collective conclue par Belhanda. La seconde période était plus fade.

A domicile, Montpellier remporte sa quatrième victoire de la saison. Cela permet à ce club de se replacer dans la première partie du classement (9ème). Une bonne nouvelle avant le déplacement chez le leader Rennes la semaine prochaine.
Deux rencontres importantes pour la tête du classement se déroulaient dimanche. Rennes concéde le match nul à Lens et les verts de Saint Etienne s’incline 2-1 à Nice, avec des buts de Payet pour l’ASSE et de Ben Saada et Mounier pour Nice. Rennes reste donc leader avec 19 points. A noter la belle victoire du PSG 0-2 à Toulouse qui se hisse à la troisième place et le premier point obtenu par Arles-Avignon sur la pelouse de Brest (0-0).

Montpellier – Nîmes : L’accent qui déchante

30 octobre 2008. Nîmes, ville antique, carrefour des cultures occitanes et romaines. Au-delà des arènes et des batailles épiques, une réalité contemporaine. Au local des Gladiators, point de Maximus et de Spartacus, l’histoire se montre bien plus chimérique, mais vingt-trois montpelliérains venus mettre à sac la permanence des ultra nîmois. Armés de battes de base-ball, les héraultais blesseront trois nîmois dans cette joute si équitable. Les vingt-six héros d’un soir, se retrouveront en garde à vue quelques heures plus tard, et n’assisteront pas à l’escarmouche du lendemain.

31 octobre 2008. Jour de match à Montpellier. Ce soir, La Mosson ne vibrera pas que pour ses Pailladins. Montpellier accueille Nîmes, son émule gardois. Une rencontre sportive aux allures d’héraut, d’étendard sportif de la région. Deux villes séparées par quelques douzaines de kilomètres qui alimentent ce même goût de la confrontation, de l’antagonisme et de la différence, et pourtant deux villes qui partagent historiquement un même amour du football. De ce Montpellier 1990-1991 qui tutoyait les sommets européens, d’un Laurent Blanc formaté et d’un Carlos Valderrama capillaire à souhait, de ce Nîmes des « sixties », éternel deuxième derrière l’inoubliable Stade de Reims.

20h20. La Mosson accueille son premier derby depuis huit ans. Au cœur de la tribune « Etang de Thau », les fervents, les abonnés : la Butte. Des chants, des clameurs, des applaudissements. Le speaker pailladin barytonne une « mentalité sudiste ». Un tifo, une bannière aérienne de la Butte, se déploie dans toute la largeur de la tribune. Le bleu et le orange, couleurs de la ville et du club, s’immiscent dans le kop héraultais. Une phrase sur la toile, une provocation : « Ce soir à la Mosson rayonne l’unique blason de la région ». Dans la partie haute de la tribune, au sein de la « Petite Camargue », une douceur, un blason entouré de feuilles dorées. En face, tribune Corbières, les Gladiators nîmois tentent la riposte. Un tifo plus modeste dans l’esthétique comme dans la dialectique : « Range ton blason, seul le nôtre illumine la région. Des feuilles dorées pour une mentalité fanée ». L’âme de la Butte s’indigne et siffle. Les insultes fusent. Au milieu, un terrain de football. Les joueurs ne sont pas encore sur la pelouse.

20h30. Coup d’envoi du match. Les Pailladins en rouge, les Crocos gardois en blanc. D’entrée de jeu, une reprise de volée de Lacombe, feu follet montpelliérain, est détournée par Puydebois, gardien de la citadelle nîmoise (4e). Seule véritable action de la première mi-temps. Au cœur de la Butte, les supporters entonnent un « nîmois, nîmois, on t’encule ». En face, les « Gladiators » répliquent. Le ton est enjoué, lyrique, d’une prose à faire rougir Paul Valéry, le natif : « Montpellier, public de merde ». A l’est, sur le terrain, rien de nouveau.

Mi-temps. Score vierge à la pause. La température ne dépasse pas les cinq degrés celsius. Les spectateurs, impotents, transis par le froid, assistent tranquillement à cette rencontre apathique, discutent, parfois commentent, mais rarement s’emportent. Dans les travées, un homme habile, sûrement mandaté par le Loulou local, s’essaye au lancer de chouchous. Il ne manque que rarement son coup. Nuls doutes, le spectacle ce soir, se déroule en dehors du terrain.

21H30. Les joueurs des deux équipes rentrent sur la pelouse pour la seconde période. Le gardien nîmois vient se placer devant la Butte. Les sifflets enflent. Des torches sont allumées. Trois sont lancées sur le terrain. A quelques mètres du portier gardois. Les fumées toxiques s’émancipent. Le match peut reprendre.
A l’heure de jeu, Lacombe toujours lui, est lancé en profondeur et file seul au but, avant d’être bousculé par Sankharé. L’action est litigieuse et il semble y avoir faute, mais M. Duhamel, arbitre de circonstance habitué au plus niveau, en décide autrement. La Butte explose. Un supporter, à la voix fluette, mais avec cet accent du sud qui chante, déchante : « Oh, l’arbitre, tu ne vaux pas une merde ! ».

21H52. Action nîmoise. Malm déborde sur le côté droit avant de centrer au deuxième poteau pour Kébé qui se jette et ouvre la marque (65e). Stupeur à La Mosson. La lanterne rouge, rivale et voisin régional, vient créer la surprise sur les terres pailladines. Dans les tribunes, comme sur le terrain, la tension monte et les esprits s’échauffent. Les tacles glissent, les cartons s’inclinent. Pris par l’euphorie de la victoire, les Gladiators envoient dans leurs chants « Courbis en prison ».

22h08. Egalisation pailladine. Fana centre parfaitement au deuxième poteau et Lacombe, du haut de ses 1.64 mètre, reprend de la tête et ajuste magnifiquement Puydebois (81e). La Butte se lève et exulte. Les supporters s’enlacent et se congratulent. Les chants reprennent : « Allez hey, allez oh, allez Paillade allez, allez faut rien lâcher ! ». S’ensuit rapidement : « Nous sommes l’armée de Montpellier. Rien ne pourra nous arrêter. Les nîmois, c’est des pédés ».

22h22. Fin du match. Le score reste de parité. Sifflets du public. Jamais un match nul n’aura aussi bien porté son nom.

14 avril 1996. Retour à Nîmes, Stade des Costières. Demi-finale de Coupe de France. Nîmes Olympique, alors en National 1, et délaissé dans les méandres du football sans panache, bâtit une nouvelle épopée qui captive les étoiles. Le nîmois Christian Pérez lâche ces mots, après la victoire 1-0 de ses coéquipiers sur le Montpellier Herault SC : « J’ai attendu trente-deux ans pour pleurer pour un match de foot. Ce soir, c’est fou, ils m’ont fait chialer ! ». Pourtant, en cette soirée illustre, les insultes jaillissent et piquent. Des banderoles virevoltent sans pudeur ni valeurs : « Nicollin ne ramasse que la merde. Montpellier en est la preuve », « Nîmes, la honte du Sud ». Mais à l’époque, le terrain, le football, celui qui passionne et soulève, avait endigué la honte, le déshonneur de l’autre football, celui qui abaisse et discrédite sans concessions la beauté de ce sport.

Le « ras le bol » des arbitres de L1

Depuis la finale de la coupe de la Ligue, les critiques envers le corps arbitral se multiplient.

Le torchon brûle entre les arbitres de Ligue 1 et les clubs. Toute la semaine, entraîneur et présidents de clubs sont montés au créneau pour critiquer un corps arbitral jugé défaillant. Les polémiques se multiplient et le malaise, déjà bien palpable cette saison, s’est encore agrandi.

La colère de Gervais Martel, à l’issue de la finale de la coupe de la Ligue perdue par Lens contre le PSG samedi dernier au stade de France, avait donné le ton: «Il y a un penalty imaginaire de sifflé. C’est incroyable qu’un arbitre qui est soi-disant parmi les meilleurs arbitres français puisse prendre une telle décision (…) il faut le mettre six mois en National».

Mercredi dernier Antoine Kombouaré en a rajouté une couche, annonçant qu’il allait enfreindre le protocole en ne serrant pas la main des arbitres avant la prochaine rencontre de Valenciennes à Caen. Il compte ainsi protester contre «une nouvelle discrimination» à son encontre, la troisième suspension en un an.

«Mettons leur un chapeau et un costume et prenons les en photos»

Les erreurs d’arbitrages ne sont pas l’apanage de la Ligue 1. Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, Rolland Courbis, entraîneur du Montpellier Hérault, s’est également lâché. Revenant sur le penalty donné à retirer puis loupé par son équipe contre Reims, le coach montpelliérain a fustigé le corps arbitral. «Avant, j’avais envie de les aider mais désormais je vais arrêter, je vais être égoïste.» Il ajoute, provocateur comme à son habitude :«Mettons leur un chapeau et un costume et prenons les en photos. Normalement on ne doit pas parler de l’arbitre mais là on ne parle que d’eux». Il ne se fait pas non plus prier pour évoquer l’ensemble des erreurs ayant pénalisé son équipe au cours de la saison.

«Les conséquences de tels agissements sont incalculables et dévastateurs»

Le syndicat des arbitres de football élite (SAFE) n’a pas tardé à réagir et a souhaité «tirer un signal d’alarme pour que chacun retrouve sa sérénité après une recrudescence des dérapages verbaux et lbai_arbitre.gifcomportements agressifs» envers les hommes en noir. Pour le syndicat, remettre en cause «la probité et l’intégrité morale» des arbitres ne peut qu’être néfaste pour le football français. «Les conséquences de tels agissements sont incalculables tant par l’effet dévastateur sur le grand public que par la crise de confiance qu’ils insinuent entre les techniciens du football et surtout par leurs impacts déplorables sur l’arbitrage amateur». Dans ce climat tendu, le SAFE a même écrit à son « ministre de tutelle » Bernard Laporte pour demander sa «protection contre les attaques personnelles, en diffamation et injures publiques»

L’image des arbitres français auprès de l’UEFA ne risque pas de s’améliorer dans ce contexte alors qu’aucun représentant tricolore en sera à l’Euro 2008 en juin.

Marc Batta, ancien arbitre international et directeur national de l’arbitrage souhaite calmer le jeu et rendre les relations moins tendues. «Les insultes personnelles doivent être rejetées par la communauté du football». A quelques heures du très attendu Marseille-Lyon au stade Vélodrome, il n’est pas sûr qu’il ait été entendu. Entre clubs et arbitres, le divorce semble consommé.