Quand Didier Porte s’en prend à  » l’antisarkozysme de circonstance » de Stéphane Guillon

De passage à Montpellier, où il s’est produit vendredi 20 novembre 2009, Didier Porte, humoriste politique sur France Inter depuis plus de dix ans, s’est confié à la caméra de hautcourant.com.

Didier Porte a de la gueule ! L’humoriste en a une nouvelle fois fait l’éclatante démonstration ce vendredi. C’est au cours d’un entretien que les étudiants du Master journalisme de Montpellier ont pu constater le goût pour l’impertinence de cet « anti-autoritaire, libertaire, fumeur de joint et rétif à toute autorité » comme il aime à se définir.

Il est sûr que du culot, Didier Porte n’en manque pas. C’est à 12h05, dans l’émission de Stéphane Bern, « Le fou du roi », qu’on peut l’entendre vitupérer contre les invités du jour et le jeudi à 7h55 dans le « 7/10 » de Nicolas Demorand. S’il n’est jamais tendre avec les convives c’est surtout à l’égard de ses « camarades » politiciens, que le chroniqueur se montre le plus mordant. Des têtes de turcs ? Il dit ne pas en avoir. Des favoris ? Sûrement. Parmi eux, Nicolas Sarkozy figure assurément au premier plan.

Si l’humoriste se permet ainsi de tacler le président de la République, c’est que sa personnalité et l’usage qu’il fait des médias lui laisse la porte ouverte. A ce sujet, il précise que Sarkozy « est tellement transgressif qu’il nous autorise à aller plus loin qu’on a jamais été avec un Président de la République, parce que lui-même a brisé les codes et cassé les barrières de respectabilité ». A titre d’exemple, Didier Porte précise que lorsqu’un « président chope un mec dans le rue et lui dit « casse toi pov’ con », ça nous laisse la possibilité d’aller plus loin ». Mais l’arrivée de Sarkozy au pouvoir est finalement une aubaine, « Il a électrisé la scène politique et a relancé d’une certaine manière l’humour politique. Il a fait un appel d’air ». En somme, il reconnaît qu’« en tant que citoyen (il est) effondré mais en tant qu’humoriste – auteur (il s’en) réjouis ».

Mais très vite et sans grande surprise, arrive la question fatidique. Et Guillon alors ? Pas besoin d’insister lourdement, lorsqu’on évoque le nom de son confrère de la matinale de France Inter, pour faire réagir l’humoriste. Bien au contraire. « Je suis très client de Stéphane Guillon, […] il a beaucoup de talent, c’est un excellent technicien du rire » lâche-t-il avec spontanéité. « C’est un vrai bosseur, il passe des heures sur ses chroniques et a un très bon sens de l’angle » poursuit-il.

Des propos bienveillant pourtant rapidement tempérés par des critiques plus acidulées. « Il a un peu pété les plombs, il est sur un piédestal et commence à donner des leçons à tout le monde ». Un côté donneur de leçon que le camarade Porte ne saurait tolérer. « Je n’oublie pas de rappeler qu’il y a trois ans, Stéphane Guillon n’en avait rien à foutre de de la politique ». Et l’humoriste de s’en prendre à son « anti-sarkozysme de pure circonstance ».

Un anti-sarkozysme qui a pourtant fait le succès du chroniqueur de la matinale, en le dressant au rang des plus fervents opposants au président de la République. Pas si sûr si l’on en croit Didier Porte. « Je ne le considère pas comme le premier opposant à Sarkozy ; je ne le trouve pas fracassant sur le plan politique » confie-t-il.

Plus que de véritables chroniques politiques au verbe acéré, les chroniques de Stéphane Guillon seraient au contraire davantage « grand public » que les siennes. « Mes chroniques sont peut être plus politiques et plus subtiles » explique le chroniqueur du « fou du roi ». En effet, en plus d’un verbe « plus littéraire » que son collègue, il cultive surtout sa singularité de par sa connaissance et son expérience datée de la politique. C’est là, aux yeux de l’humoriste, ce qui le distingue véritablement de son rival de la matinale.

Mais si Didier Porte sait se montrer critique à l’égard de son confrère, il ne faudrait toutefois pas y voir là un véritable conflit entre les deux. « Il n’y a pas de guéguerre, affirme-t-il, mais je ne vais non plus me faire marcher sur les pieds. Maintenant je balance quelques vacheries sur lui ». Et de poursuivre, « Je me lâche plus contre lui, il faut qu’il arrête, qu’il soit un peu bon camarade ».

Aussi, plus que la remise en cause du talent de Stéphane Guillon, c’est donc son insolent succès qui semble irriter quelque peu Didier Porte. « Il est au sommet, il est le roi du monde, mais il n’a pas à nous attaquer, François Morel et moi ».

Didier Porte serait-il jaloux de son camarade ? Peut-être bien. En tout cas, lorsqu’on lui demande quelle serait sa réaction si le patron de France Inter lui proposait la place de Stéphane Guillon à la matinale, il répond sans hésiter et avec un large sourire, « je dis oui et j’appelle Guillon après pour le narguer ! ». Provocateur jusqu’au bout…

Les vidéos de l’interview

Didier Porte donne son sentiment sur les chroniques de son confrère, Stéphane Guillon. Il revient sur le succès du chroniqueur de la matinale de France inter et explique leur différence de style.

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Le chroniqueur du Fou du roi rebondit sur le rapport des humoristes politiques avec Nicolas Sarkozy. Un président de la République qui a électrisé la scène politique …

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Didier Porte relativise le poids de ses chroniques et de celles de Stéphane Guillon. À ses yeux, les éditorialistes politiques représentent un danger plus important pour le pouvoir.

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Et la liberté d’expression dans tout ça ? Retour sur une chronique supprimée : un exemple significatif.

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Une guéguerre entre Guillon et Porte ? Non à en croire l’intéressé, et pourtant, ses propos ne sont pas tendres à l’égard de son confrère de la matinale.

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Patrick Timsit : « Sarkozy est un collaborateur »

Le roi du politiquement incorrect, Patrick Timsit, est de retour avec son « One Man Stand-Up Show». Jeudi 15 avril, l’humoriste sera sur la scène du Palais des Congrès du Cap d’Agde pour le 7eme Festival d’humour. Revenant sur l’actualité, il fait la part belle aux polémiques et autre débat sur l’identité nationale.

Etes-vous heureux de venir présenter votre spectacle au Cap d’Agde ?

Oui, ce spectacle est toujours un plaisir à jouer. Je devais le présenter deux soirs à l’Olympia. Résultat : cela dure depuis deux ans et demi. Là, c’est la dernière tournée.

Vous le réadaptez au gré de l’actualité ?

Oui. Aujourd’hui, il n’a plus rien à voir avec celui joué à l’Olympia. En réalité, il n’a même plus de nom. A présent, je l’appelerai Décomplexé. A chaque retour de tournée, je ramène des pans entiers de spectacle. Avec Bruno Gaccio et Jean-François Halin, nous avons vraiment été inspiré.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Le spectacle contient tout ce dont j’ai envie de parler : mes colères, mes doutes, ma vie… C’est un échantillon de mon quotidien : le couple, le non-couple, la famille, la mort, la vie, la religion, le racisme, les voyages… le Cap d’Agde !

Un sujet comme le débat sur l’identité nationale, ça vous inspire ?

Je l’évoque dans un sketch sur le match France-Irlande. De nos jours, on est décomplexé : on n’hésite pas à parler des étrangers, des Auvergnats et d’identité nationale. Alors, pourquoi se prendre la tête ? On marque un but de la main, pas de quoi avoir honte : on a gagné ! Vive la France !

Selon Stéphane Guillon, Sarkozy est le meilleur client qui soit. C’est vrai ?

Absolument. Il dit une chose le matin, on peut la mettre à coup sûr dans le spectacle le soir, telle quelle. C’est carrément un collaborateur, un auteur qui ne nous prend aucun droit d’auteur.

Un mot sur la polémique Eric Zemmour ?

Lorsqu’il dit que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, ce n’est pas exact. Si les chiffres lui donnent raison, la réalité non. En vérité, s’ils sont plus souvent arrêtés, c’est qu’au faciès, ce sont eux qui sont les plus contrôlés. Cette polémique est un faux débat.

Et concernant la polémique Guillon/Besson ?

Eric Besson a le droit de ne pas trouver drôle la caricature de Guillon et de lui répondre. Par contre, que Jean-Luc Hees, président de Radio France présente des excuses, c’est pas possible. Cela veut dire qu’il a le cul entre deux chaises et qu’il est tenu par le pouvoir.

Les comiques n’ont jamais autant eu la parole que de nos jours. Pourtant, il n’y a jamais eu autant de procédures contre eux. Il y a une vraie volonté de nous contrôler. C’est ça qui fait peur

Recueilli par Julie DERACHE

Pour François Morel aussi, Stéphane Guillon a la grosse tête

En spectacle à Montpellier fin novembre, le journaliste et humoriste Didier Porte avait confié à la caméra de Hautcourant son agacement de voir Stéphane Guillon se prendre la « grosse tête ». Et recadré son petit camarade. Interview qui a crée un gros buzz dans le microcosme médiatique. Vendredi 4 décembre, c’est François Morel qui est revenu dans sa chronique de la matinale sur cette polémique, recadrant Guillon

Plus de 100 000 connexions directes et indirectes dix jours après la mise en ligne de la vidéo ! L’interview de Didier Porte réalisée par hautcourant (A LIRE : http://www.hautcourant.com/Quand-Didier-Porte-s-en-prend-a-l,902) a semé la panique dans le petit monde feutré des chroniqueurs et humoristes politiques, et a alimenté le mundillo médiatico-médiatique pendant plusieurs jours, de nombreux site reprenant l’information dont Rue89 (A LIRE : http://www.rue89.com/2009/11/27/france-inter-assaut-damabilites-entre-humoristes-du-matin-127738)
Lassé que le talentueux Stéphane Guillon, hypermédiatisé depuis une chronique sur les affres de la vie privée de Dominique Strauss-Kahn, soit considéré comme le dernier impertinent face au rouleau-compresseur médiatique sarkozyste, l’ancien journaliste de Culture Pub, chroniqueur à France Inter depuis plus de dix ans au Fou du Roi et le jeudi matin dans la matinale de Nicolas Demorand, a brisé le tabou en appelant son confrère à un peu plus de confraternité. Certes, Guillon est (très) bon, mais il n’est pas le premier à utiliser l’humour comme arme politique. D’autant qu’avant sa mise en avant dans la matinale grâce à l’ancien directeur de France Inter Frederic Schlesinger, Stéphane Guillon maniait peu la satire politique et était même d’une relative ignorance en ce domaine. Ce qu’ont rappelé les observateurs qui ont relayé l’affaire sortie par les étudiants du Master de journalisme de Montpellier 1 (A LIRE : http://www.lepost.fr/article/2009/11/27/1812143_didier-porte-l-anti-sarkozysme-de-guillon-est-de-pure-circonstance.html#xtor=RSS-37)
L’histoire aurait pu en rester là. La direction de France Inter se gardant bien de s’en mêler et Stéphane Guillon n’allant pas, au grand dam du Nouvel Obs (http://teleobs.nouvelobs.com/rubriques/vite-vu/articles/didier-porte-recadre-stephane-guillon) jusqu’à répondre sur les ondres de France Inter à Didier Porte.
Alors qu’on pensait l’affaire close, c’est François Morel qui a remis une couche vendredi 4 décembre 2009, dans sa chronique hebdomadaire de 7h55 (VOIR LA VIDEO : http://www.dailymotion.com/video/k5S9ur4xL7qoXn1i9SV). Faisant référence à une déclaration boursouflée de Guillon qui avait affirmé sur Canal + que les politiques n’osaient plus venir à France Inter le jour où lui y était de peur d’être éreintés, le « gentil » Morel a attaqué sa chronique par un « Vous avez remarqué le soulagement des gens du pouvoir ? (..) Ca fait deux jours que Stéphane Guillon, celui dont la verve risque de déstabiliser la République, n’est pas à l’antenne ! ». Pour enchainer que le jeudi et vendredi ce sont « les couilles molles » Porte et lui-même qui sont à l’antenne, pâles épouvantails selon les propos de Guillon. En trois minutes, François Morel a remis les choses en place, raillant la suffisance de celui qui a pris la grosse tête et appelant à d’autres polémiques. Car qui sont les vrais pourfendeurs du pouvoir, des pouvoirs ? Les Demorand, Legrand, Guetta comme le pensent Morel et Porte ? Ou les Guillon comme le sous-entend Guillon ? Peut-être les deux. Le mot de la fin revient cependant à François Morel dans la conclusion de sa chronique : « Un rigolo qui se prend pour sa statue c’est aussi drôle qu’André Santini qui se prend pour le nouveau Coluche ».

« France Inter a une liberté éditoriale totale »

Frédéric Schlesinger, le directeur délégué de France Inter, s’est rendu à Montpellier le 6 février dernier. A cette occasion, il nous a fait partager sa vision personnelle du rôle d’un média public. Il a également tenté de nous convaincre : « France Inter n’est pas une radio d’État, c’est une radio publique, et on est absolument indépendant ».

Arrivé il y a trois ans à la direction de cette station, Frédéric Schlesinger est à l’origine du fameux : « France Inter, la différence ». Pour lui, cette radio se distingue par son rôle d’alternative, et par son détachement vis-à-vis de la logique de l’audimat… Le groupe Radio France tire ses principales ressources de la redevance, contrairement aux radios privées, dépendantes de la publicité. Et la publicité, pour la radio, « ce n’est rien d’autre que vendre des paires d’oreilles » résume-t-il.

Selon l’enquête Médiamétrie, France Inter est la deuxième station généraliste la plus écoutée. Un « programme de qualité », un « socle d’audience solide », et la voilà prête à contrer toutes les difficultés, y compris celles de la réforme de l’audiovisuel public… Mais pour F. Schlesinger, le problème de France Télévisions, c’est qu’elle ne s’inscrit pas dans ce modèle.


France inter, un média public réussi

Du côté de Radio France, la réforme « ne change pas grand chose » affirme le directeur de France Inter. Selon F. Schlesinger, le CSA et le Président de la République ont toujours décidé ensemble pour la nomination des présidents de Radio France… Jean-Paul Cluzel y
compris, du temps de Jacques Chirac.


La réforme ne change rien pour France Inter

Pourtant, la dernière apparition de J.-P. Cluzel, torse nu et affublé d’un masque de cuir, dans le calendrier de Act up, n’a pas plu à Nicolas Sarkozy. Le ton de Stéphane Guillon, à la matinale de France Inter, non plus. Le Président de la République a récemment jugé « inadmissibles » les propos tenus par l’humoriste sur Dominique Strauss-Kahn et ses mœurs. Ces deux événements pourraient coûter cher à l’actuel président de Radio France et restreindre ses ambitions… Ces faits auraient-ils pris la même ampleur sans la réforme ? Lors de sa visite à Montpellier, F. Schlesinger n’avait pas encore à faire face à ces affaires. Mais il apportait déjà un soutien inconditionnel au « cas Stéphane Guillon »…


Stéphane Guillon selon F. Schlesinger

L’affaire DSK a fait grand bruit. Pourtant, ce n’était pas la première fois que Stéphane Guillon faisait parler de lui. Ses petits billets au vitriol lui ont valu son succès. Mais F. Schlesinger nous l’assure, la seule fois où l’humoriste a été convoqué dans son bureau, c’était pour lui donner le job. Et jamais le directeur n’a cédé à une quelconque pression venue des milieux politiques…